Moderato cantabile, roman publié en 1958.
Anne Desbaredes, épouse du Directeur des fonderies d'une ville côtière, est avec son petit garçon pour la leçon de piano de ce dernier. Alors que l'enfant, buté, refuse de répondre à la question de son professeur qui l'interroge sur le sens de "
moderato cantabile" inscrit sur la partition qu'il travaille, un cri de femme vient ajouter à la tension.
Et la vie d'Anne Desbaresde bascule tout à coup, dans le rouge du sang versé.
Un crime passionnel a été commis dans le café d'en face. Une femme, tuée par son amant. Ce fait divers tragique exerce une véritable fascination sur la jeune femme qui revient dès le lendemain et les jours suivants dans ce café où elle n'a rien à faire. Les ouvriers la connaissent, elle n'est pas à sa place, là, devant son verre de vin. Pourtant elle vient, et revient, jour après jour, faisant abstraction de tout, sauf d'un homme avec qui elle entame un dialogue silencieux, Chauvin, un ouvrier.
Anne et Chauvin évoquent le crime, tentent de comprendre avant de laisser place à leur imagination. Ils créent une histoire qui peu à peu, par les effets du vin devient leur histoire. Se noue alors entre eux un lien très fort, presque violent, terriblement bien évoqué par l'écriture froide de
Duras. Une situation de tension de passion, portée par la couleur rouge, celle du sang, celle du vin, celle du magnolia qu'Anne porte accroché entre ses seins, celle du soleil couchant et jusqu'au tricôt rouge de la patronne du café.
Ce texte court porté par une grande tension et pose de nombreuses questions laissées sans réponse, à travers ces lignes,
Duras semble esquisser simplement l'idée que la mort peut ne pas être uniquement physique. le crime qui porte l'histoire ne fait que montrer la mort sociale, psychologique dans laquelle sombrent les deux principaux protagonistes.
A lire assurément !
A la fin de ma vieille édition, j'espère que les éditions suivantes ont conservé ces pages, on trouve quelques critiques de l'époque, je vous livre les premières lignes de celle de
Claude Roy pour Libération, le 1er mars 1958
" le nouveau roman de
Marguerite Duras,
Moderato Cantabile, pourrait se définir :
Madame Bovary réécrite par
Bela Bartok - s'il ne n'agissait, avant tout, d'un roman de
Marguerite Duras (qui ne ressemble finalement à personne) et de son meilleur livre (ce qui est dire beaucoup). "
Toutes les critiques ne sont pas du même avis, bien entendu !
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