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sur 2327 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un Barrage sur le Pacifique est le deuxième livre que je lis venant de Marguerite Duras. J'avais lu en premier "L'Amant" et j'en étais sorti un peu dubitatif. On parle d'un joyau de littérature française, moi, j'y voyais des effets de style redondants, et, la plupart du temps, d'une lourdeur d'écriture "orale" assez pesante. Je m'attendais presque à la même chose dans UBCP (à ceci près que l'Amant est sorti en 1986, tandis que celui-ci est le troisième roman de Duras, sorti en 1950, je crois. Ainsi, le style s'acquiert et s'affirme avec les années) et j'ai été plutôt surpris de constater que Un Barrage contre le Pacifique était plutôt facilement lisible.

Une narration cruelle, des descriptions sèches et sans illusions sur le rêve colonial des années 1930 au Vietnam, et cette vision désenchantée s'affirme tout au long du livre. A travers des protagonistes tout aussi désolés que nous d'être projetés sur cette terre inhospitalière, nous pouvons y découvrir, en plus de la misère humaine, le caractère fondamentalement mauvais que tout être humain, poussé dans ses retranchements, peut avoir. Et ici, le premier problème se pose pour moi. Je ne sais pas quoi penser de la morale de ce livre. Que nous amène-t-il à penser des trois protagonistes ? Des agents du cadastre ? de M.Jo ? D'Agosti et son recel de Pernod ? Que doit-on penser de l'éthique de ces personnages ? de leur intégrité ?

La présentation des personnages et de leurs actes -pire encore, de leurs instincts et réactions- me laisse songeur. Je n'ai que des questions à poser à propos de leur comportement, et parmi ces questions, une seule arrive en tête : Est-ce bien moral ?

Est-ce que ce que l'on nous présente est censé, comme toute les histoires, nous présenter ses personnages en personnages attachants (qu'ils soient héros ou antihéros, les histoires les plus géniales étant celles qui arrivent à nous faire prendre en affection des personnages amoraux, transgressifs, subversifs) ? Car ici, j'ai juste l'impression d'assister aux actions cyniques, guidées par le matérialisme pur et simple. On y parle d'argent, de valeur pécuniaire, d'équivalent euros, dollar, c'en devient presque obscène tant c'est fait sans élégance. On peut aussi y voir une critique du capitalisme qui vampirise nos relations humaines pour les transformer en relations d'intérêt.

J'ai été séduit par ce livre. Mais devant la débauche cruelle de réalité que l'auteure nous offre, je ne saurais pas dire par quoi. Qu'est-ce qui a bien pu me plaire dans ce livre, pour que je l'apprécie ? Paradoxalement, je dirais la poésie. La poésie des mouvements. Chaque geste que les protagonistes font dans ce livre a l'air d'être plein, fort, frappant l'histoire de plein fouet, mais tout le monde est conscient que l'action faite est stérile. Rien ne change jamais, ou, tout du moins, comme les protagonistes le voudraient.
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Je n'ai pas très bien compris ce livre, quelle est la morale de l'histoire ???
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Le livre n'a pas su me transporter bien loin. Bien que je salue le style de Marguerite Duras, très concis, l'histoire m'a largement ennuyé, très certainement car elle vient lentement et avance à pas de tortue. Je ne me suis attaché à aucun personnage. Mme Duras reste cependant une grande auteure avec une écriture que je trouve formidable. En somme, le fond ne m'a pas plu.
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Marguerite Duras, à travers ce roman qui explore différentes visions de la femme, visions de la femme par l'homme mais aussi et surtout par la femme elle-même, adresse un message éthique voire politique. Il s'agit d'une lutte contre l'oppression, contre le cloisonnement de la femme dans un rôle prédéfini. Elle montre que le mariage arrangé est une réalité, seule issue perçue par une famille démunie, condamnée à survivre sur une terre stérile. Elle lutte aussi contre une vision idéaliste, en déconstruisant l'idylle amoureuse, en déconstruisant les schémas littéraires traditionnels. Elle s'intéresse aux femmes dans leur évolution. Elle met en scène Suzanne, la jeune fille à la robe à fleurs bleues, rencontrant Carmen qui gagne sa vie en montrant ses jambes et qui s'émancipe des hommes. Elle met aussi en scène la mère de Suzanne, une femme veuve, sans nom, qui fait de son mieux pour survivre malgré un mauvais investissement ; une femme escroquée par l'administration coloniale, qui a mené un véritable combat contre les administrateurs mais aussi contre les éléments puisqu'elle a tenté de faire un barrage contre le Pacifique avant de s'apercevoir de son caractère illusoire, avant de constater son échec. C'est une femme qui s'est sacrifiée pour mener à bien son projet, une femme qui reste jusqu'à la fin un modèle d'émancipation, malgré un projet illusoire.
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Très belle histoire, prenante, et magnifiquement écrite.
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Joseph, Suzanne et leur mère vivent au Viêtnam, au début du siècle dernier. La mère, veuve, a travaillé avec acharnement pour économiser un peu d'argent et l'investir dans une concession qu'elle a le devoir de faire fructifier pour la transmettre à ses enfants. Mais, quelques mois après leur arrivée, elle se rend compte qu'elle a été bernée. Sa concession n'est pas cultivable et les économies de toute une vie ont été investies à fond perdu.

Ce roman est celui de la misère, de la douleur et de la folie. Tout n'est que souffrance dans ces lignes. Tout espoir a été définitivement aboli pour la mère qui a abandonné la vie et se contente de subir son existence, n'aspirant profondément plus qu'à la mort.

Le propos est bouleversant et le thème du roman d'une importance et d'une vérité capitales. La douleur qu'on ressent au cours de la lecture, c'est celle d'un réel sans fard.

Si j'ai apprécié cet ouvrage pour cette raison, j'ai cependant souvent été rebutée par l'écriture. J'avais beaucoup aimé « L'amant » (dans ma lointaine jeunesse) et je ne me souvenais pas de cette âpreté.

En résumé, c'est un livre dont on ne ressort pas indemne. Un livre qui marque mais dans lequel il ne faut chercher aucune légèreté.

Je suis heureuse de l'avoir lu mais tout autant de l'avoir terminé.
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Duras commence l'écriture de ce roman en 1947 et le publie en 1950. Elle l'écrit alors qu'elle vient de divorcer de son premier mari et de se remarier avec Dionys Mascolo, dont elle aura un enfant. Roman autobiographique, elle s'inspire beaucoup de la situation qu'elle a vécu au Vietnam.

J'étais assez enthousiasmée par ce livre au début ; j'ai beaucoup aimé l'écriture de Duras : cette simplicité toute poétique par moment – mais d'une grande intensité. Ça me faisait penser à Beckett : l'attente des personnages, leur folie, leur désespoir. Ce ne sont pas des sujets très joyeux, certes, mais j'avais quand même envie de les suivre, de savoir ce qui allait se passer enfin avec eux. Surtout avec Suzanne et Joseph. Allaient-ils quitter la mère ?

La mère est une ancienne institutrice du nord de la France qui, avec son mari, après avoir lu Loti, et éblouie par toutes les promesses des colonies, décide de partir au Vietnam dans l'espoir de faire fortune. Finalement, elle se heurte à la malhonnêteté de l'administration et fini dans une misère indicible. Contre toute attente, cela ne la découragera pas, et elle continuera à se battre contre l'impossible : faire un barrage contre le Pacifique pour permettre la cultivation des terres de sa concession.

Ce mélange de désespoir et de lutte acharnée des personnages est vraiment saisissant. On se sent happé par toute l'injustice de la situation, l'horreur de la colonisation : à la fois la grande misère des paysans indochinois, mais aussi la grande misère de ses français qui n'ont pas réussi à faire fortune sur la colonisation et qui restent donc en marge de la société coloniale. Et la mère qui lutte contre la mer, contre l'administration, parfois même contre ses enfants, qui veulent partir…

Comme je l'ai dit, je suis assez partagée par la lecture de ce livre. J'ai aimé l'écriture de Duras, certes, mais je ne dirai pas que ce fut un coup de coeur. J'ai fini par m'ennuyer au bout d'un moment et j'avais hâte de passer à autre chose. Ce qui, à bien y réfléchir, est plutôt une réussite dans ce livre : je ressentais finalement la même chose que les personnages. Je n'en pouvais plus de cette vie, de ce malheur accablant. Je me demandais sans cesse – vont-ils partir oui ou non ?? C'est une lecture très frustrante. Et je dis bravo à Duras pour ça, d'avoir réussi à me transporter dans la peau des personnages. En plus, je l'ai lu en grande partie pendant l'épisode de canicule que nous avons eu à Paris, donc j'étais vraiment dans l'ambiance…
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"Moi monsieur j'ai fait la colo,
Dakar, Conakry, Bamako.
Moi monsieur, j'ai eu la belle vie,
Au temps béni des colonies.

La chanson de Michel Sardou évoque les relents de cette blâmable nostalgie qui peut animer le vieux colon rentré en métropole et se remémorant l'époque glorifiée où il avait "pleins de serviteurs noirs" et "quatre fille dans son lit".

Marguerite Duras a bien connue cette époque. C'est celle de sa prime enfance dans les années vingt et trente, non pas en Afrique mais au Viet Nam, la Cochinchine de l'époque. Ce n'est cependant pas la nostalgie qui l'anime dans cet ouvrage en partie auto biographique. Il aura eu en tout cas, pour nous lecteurs de ses lendemains, le mérite de révéler son talent. Un talent qui lui vaudra plus tard le prix Goncourt, en 1984, avec L'amant.

Un barrage contre le Pacifique, c'est l'histoire d'un combat en peine perdue pour rendre des terres cultivables. C'est surtout le symbole du combat tout aussi vain contre l'administration, quand on n'a pas les moyens de la soudoyer. Voilà donc l'épreuve que vit "la mère", veuve que l'on ne connaîtra que sous ce vocable, et ses deux enfants Joseph et Suzanne, en butte à l'administration coloniale toute puissante et corrompue. Pour cette famille aux antipodes tant du monde que de la suffisance, le statut de colonisateur n'a rien du temps béni de colonies.

Dénonciation douce amère d'un climat qui a embrumé le paysage de l'enfance de Marguerite Duras et qui plus tard fera le sujet de l'une des nombreuses causes de ses engagements.

"Entre le gin et le tennis,
Les réceptions et le pastis,
On se serait cru au paradis,
Au temps béni des colonies.
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ou un nouveau point de vue sur "L'amant"
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Classique étudié à l'école je pense. Je le découvre seulement maintenant à l'occasion d'un club de lecture.

Je ne sais pas dire si j'ai aimé ou pas. Mais je pense que l'écriture de Marguerite Duras reflète bien la difficulté de la vie là-bas, la détresse de la maman aussi, et les injustices. On sent le poids de cette vie. Et cela à d'autant plus d'impact, quand on sait que le roman s'inspire de la vie de Marguerite Duras.
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