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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

A la fin des années trente, La Roumanie se prépare avec la montée du fascisme, à la deuxième guerre mondiale.
le récit est palpitant et riche, car mené rondement, et lucidement, par une jeune étudiante qui, dans la suite de son parcours, deviendra journaliste, et politiquement engagée, en raison de ce qu'elle vit dans sa ville et sa propre famille. Elle est attachante par son honnêteté intellectuelle et les liens qu'elle noue avec ses contemporain, chrétiens roumains et surtout juifs roumains.
Grâce à elle, nous vivons les événements au jour le jour, sans perdre le fil d'une analyse lucide. Sans doute faut-il aussi souligner l'habileté du romancier qui parle clairement et tire des lignes fortes dans une période chaotique. Là où beaucoup perdent leurs repères. Eugénia suit des exemples et forge sa personnalité et son discernement.
le lecteur s'instruit aussi, il voit les manipulations des groupes fascistes, les tergiversations officielles, et en vient à s'interroger lui-même sur la conduite à tenir dans des circonstances troubles. Il est si facile de s'égarer, faute d'une vue d''ensemble.
Pour ma part, j'ai été sensible au comportement d'écrivains réels confrontés à la tragédie de la guerre (Mihail ;Sebastian, Curzio Malaparte, Mircea Eliade et d'autres, je pense à Cioran), et à notre propre positionnement face aux événements que nous vivons par procuration... Au risque d'être victimes de révisionnismes et de manipulations. D'où l'intérêt de « tirer 'l'histoire au clair » !
c'est dire l'intérêt de ce beau récit.
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Pourquoi ?
C'est cette interrogation qui va guider les pensées et les actes de l'héroïne, tout au long du récit.
Pourquoi cette haine des Juifs ?
Pourquoi cette violence ?
Pourquoi battre, tuer ?
Pourquoi passe-t-on à l'acte ?
Pourquoi nier des faits ?

Jassy, Roumanie, 20e siècle.
Eugénie, jeune roumaine, brillante étudiante, prend vite conscience de la haine envers les Juifs qui anime sa famille et bon nombre de ses compatriotes.
La rencontre de Mihail, un jeune écrivain Juif, dont elle tombe amoureuse, va l'amener à s'interroger sur l'origine de cette haine et les mécanismes qui conduisent à la barbarie.

Ce récit retrace la politique menée en Roumanie à la veille et pendant la Seconde guerre mondiale avec, en toile de fond, la montée du fascisme en Europe. L'histoire se déroule à travers les yeux d'Eugenia, jeune héroïne pétillante, amoureuse, humaniste et soucieuse de connaître et rapporter les horreurs auxquelles elle assiste dans Jassy, sa ville natale.
Là, en Moldavie, où eut lieu en juin 1941, le massacre de quelque 12500 Juifs, tragédie racontée par Cursio Malaparte dans son livre, Kaputt.
Ce roman allie fiction et réalité de façon remarquable et même si le sujet peut paraître difficile, c'est un vrai page turner que nous livre Lionel Duroy. J'ai été emportée par l'histoire d'Eugenia, un personnage très attachant.
Une superbe lecture, passionnante et instructive.

Un dernier" Pourquoi ? " :
Pourquoi ce livre ?

Pour moi:
Parce qu'après la lecture Des Exportés de Sonia Devillers sur l'après guerre en Roumanie avec un antisémitisme qui, malheureusement, perdure, je souhaitais compléter mes connaissances sur le sujet.

Pour tous:
Parce que L Histoire tente à se répéter et qu'une mise en garde à travers notre passé est d'une grande importance. La connaissance que nous transmettent les livres est une porte vers une prise conscience.

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« Mihail est mort hier, le 29 mai 1945, renversé par un camion. » (p. 9) Lorsque Eugenia apprend la mort de Mihail Sebastian, un écrivain d'origine juive, ayant réellement existé, elle décide de raconter son histoire et celle de son pays : la Roumanie. Elle a aimé cet homme d'un amour éperdu, acceptant ses silences, ses absences et les sentiments indéfectibles qu'il éprouvait pour Leny Caler, une actrice. Elle l'a connu lorsqu'il a été invité, en 1936, par sa professeure de littérature ; il était venu présenter son roman : Depuis deux mille ans. Eugenia avait dix-huit ans.

Cette rencontre a changé le regard de l'étudiante. A la fin de la séance, des garçons ont envahi la salle. Ils étaient armés de bâtons. Elle a reconnu des amis de son frère. Ils ont insulté et battu l'écrivain. L'indignation de sa professeure a ouvert les yeux d'Eugenia « sur une vérité, ou plutôt un mensonge appris dès la petite enfance, à savoir que les Juifs étaient des êtres à part dont la vie n'avait pas le même prix que la nôtre. » (p. 39) Élevée dans une famille antisémite, elle comprend qu'elle a été aveuglée.

La réaction de Mihail Sebastian la déstabilise : il prend, avec humour, le déchaînement de violence dont il est la cible. Il cite une phrase de son livre : « Je voudrais être antisémite pendant cinq minutes pour sentir en moi un ennemi à supprimer. » (p. 52) Quand Eugenia deviendra journaliste, cette considération imprégnera son travail. Témoin du pogrom de Jassy (sa ville natale), elle tentera de pénétrer dans l'esprit de ceux qui ont massacré leurs voisins parce qu'ils étaient juifs. Les descriptions des évènements provoquent la douleur et la révolte. J'ai été très émue.

Dans cette foisonnante fresque historique, Lionel Duroy retrace dix ans de l'histoire de la Roumanie. Il décrit la montée de l'antisémitisme, l'attitude du pouvoir et de la population pendant la Seconde Guerre mondiale, la résignation du peuple juif et les exactions dont il était victime en s'attardant sur la tragédie de Jassy. J'ai été horrifiée par les crimes commis au nom de la haine de l'altérité. L'auteur montre aussi le positionnement vacillant des Roumains : l'Allemagne était le bourreau et le sauveur potentiel, une victoire soviétique évoquait l'espoir et la peur. J'ai été admirative de l'angle choisi par l'auteur, à travers le personnage d'Eugenia. Elle condamne, mais elle cherche à comprendre, pour expliquer et avoir des armes pour lutter, afin que l'horreur ne se reproduise plus. Cette manière de relater les faits m'a remuée.

J'ai été bouleversée par ce roman.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Emprunté à la Bibliothèque des Chartreux- Issy-
17 Mars 2023

Une lecture aussi flamboyante que très, très perturbante ... propageant une vaste mauvaise conscience, quant à la tendance, de chaque humain de déraper peut-être un jour, en jugeant un autre homme comme un "étranger", et de "crier avec les loups" !...

Ma récente lecture de "L'Homme qui tremble" a été déterminante dans l'emprunt de ce texte, car en prenant connaissance des passages où Lionel Duroy explique de façon détaillée la genèse de ses écrits "non personnels", j'ai été aussitôt interpellée par ce "roman" et par "L'Hiver des hommes"....

Me voilà donc immergée dans les sombres remous de l'Histoire de la Roumanie, dans les années 1930 jusqu'à après la seconde Guerre. Période historique d'une barbarie indicible... La Roumanie, pays malmené à l'extrême, coincée entre l'Allemagne et la Russie, sans omettre l'antisémitisme exacerbé de la majorité de la population, jusqu'à certains intellectuels, tels Cioran, Mircea Eliade...Ce dont je ne me souvenais absolument pas, d'où ma consternation absolue ( et bien plus !!) .

Heureusement, d'autres figures découvertes comme ce Mihaël Sebastian ( pseudo de Iosif Hechter) , écrivain juif roumain, deuxième personnage de ce vaste roman, avec l'Héroïne centrale, Eugenia... Lumineuse et téméraire !

L'histoire est racontée par cette personnalité féminine hors du commun, pourtant née et élevée dans un milieu (pas pire qu'un autre), toutefois "antisémitite", comme l'écrasante majorité des Roumains !

Eugenia naît dans une fratrie de trois enfants : l'aîné, Stefan, déploiera un zèle acharné dans la persécution des Juifs, finira haut-gradé dans la proximité de Goebbels(avec la chute inéluctable qui s'ensuivra, avec la défaite de l'Allemagne); Eugenia, l'unique fille, et enfant du milieu, et le petit-dernier, Andreï, le frère préféré, poète et jeune homme sensible !
Les parents, inconscients de la montée de l'horreur se rangeront du côté de l'aîné, Stefan... Eugenia, engluée dans cette atmosphère délétère, va prendre conscience de cette intoxication mentale grâce à son professeur de Lettres, Irina (communiste engagée et authentique) , qui n'hésite pas à inviter, en dépit du danger, un écrivain juif pour débattre avec ses élèves, afin de leur déciller les yeux, quant à cet insupportable antisémitisme national...

Irina recueillera Eugenia chez elle, lui présentera cet écrivain juif roumain, Mihaël Sebastian, dont elle tombera éperdument amoureuse... Lui, restant obsédé par un Amour impossible et l'ECRITURE...

Eugenia partagera par périodes, sa vie, son quotidien; elle continuera à l'aimer, l'admirer, le protéger tout en poursuivant son chemin et son évolution intellectuelle et politique , à travers sa profession de " Journaliste"...aux quatre coins de la Roumanie...
C'est ainsi qu'elle devra se rendre dans sa ville natale, Jassy... où elle devra rendre compte de l'indicible : le "Pogrom de Jassy" ( 28 juin-6 juillet 1941), qui fit 13.500 de morts !

Je me permets d'intercaller un extrait très explicite du texte le plus connu de cet écrivain, Mihaël Sebastian...Le roman de Lionel Duroy est d'ailleurs "illustré" , tout le long de cette narration, d'extraits, soit de ce texte (ci-dessus cité), soit de son Journal...

"(*Citation prolongée d'un extrait de " Depuis deux mille ans" de Mihail Sebastian)

Quant à moi, avais-je pensé, tandis qu'Irina Costinas partait dans des explications de plus en plus obscures, ce qui m'a troublée dans " Depuis deux mille ans" c'est d'être précipitée dans la tête d'un juif, de devoir soudain regarder le monde avec les yeux d'un juif.J 'avais souligné un passage à cet égard, me demandant quelle question je pourrais bien poser à M.Sebastian après l'avoir lu à haute voix, et pendant que notre professeur parlait je le relis discrètement :

"(....) Pourquoi est-il si facile, dans une rue roumaine , de crier " A mort!" sans que personne daigne tourner la tête ? La mort, me semble-t-il, est tout de même une chose assez sérieuse. Un chien écrasé sous les roues d'une auto, cela suffit déjà pour un instant de silence.Si quelqu'un s'installait à un carrefour pour scander, par exemple, " Mort aux hérissons !", je suppose que les passants montreraient un minimum d'étonnement.
Réflexion faite, ce qui est grave, ce n'est pas que trois gars puissent se poster à un coin de rue pour hurler " Mort aux youpins!", mais que leur cri puisse passer inaperçu, banal comme la cloche d'un tramway."

Récits insupportables de ce "pogrom", de ces déferlements de barbarie et d'abjection. Fort heureusement , dans cette "nuit interminable", restent vaillantes les lumières de ces intellectuels, écrivains, journalistes dissidents, risquant leur peau, à chaque instant, dont les femmes, se révèlent aussi immensément combattives comme cette Irina, professeure, risquant son existence pour ouvrir les yeux de ses élèves, et de son élève préférée,Eugenia, devenue sa "disciple inconditionnelle"...

Eugenia, journaliste exigeante, protégeant jusque chez elle un écrivain juif, puis s'engageant dans la Résistance....puis revenant deux années après le massacre de Jassy, pour rendre compte plus précisément et plus profondément, de cet" indicible", en abordant de façon plus subtile mais aussi plus complexe son rôle journalistique : aller interroger , en tentant de se mettre à distance, les "bourreaux" ( militaires, milice, soldats, voisins, population civile)...

[J'allais oublier une part non négligeable et subtile de cette narration : la présence et le travail détaillé de l'écrivain- reporter italien, Curzio Malaparte... à la personnalité des plus complexes et déroutantes ! ]

Lecture des plus vibrantes et "grandioses", même si très , très éprouvante... ; texte-"pépite" de par les faits relatés...la somme d'informations, contenue, éclairés par l'énergie et la rage d'Eugenia ,magnifique portrait féminin... maintenant l'Espoir ...et la Flamme dans l'humain...
Pour cela, Eugenia, remet en cause vigoureusement son métier de "Journaliste" . le Journalisme, ce n'est pas seulement relater des faits... Il faut aller plus loin... pou éveiller les consciences et changer les choses !

Un grand livre,d'une sombre densité, inconfortable et dérangeant... ! Nous ne serons pas près d'oublier Eugenia... Merci à Lionel Duroy, pour cette "impressionnante lecture"...
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Avec ce roman, Lionel Duroy réussit le tour de force de mêler l'histoire à la fiction, d'apprendre tout en livrant une oeuvre passionnante !

Eugenia est encore étudiante quand elle rencontre Mihail Sebastian lors d'une présentation de son nouveau roman. Il est juif et la seconde guerre mondiale approche. Mais elle n'a pas encore conscience de l'ampleur du rejet du peuple juif par le peuple Roumain. Elle va doucement en prendre conscience…

Eugenia mêle tellement bien fiction et réalité que j'en suis venu à me demander si cette Eugenia avait existé, si cette histoire étant, en fait, réelle. A priori, ce genre d'histoire n'est pas fait pour m'intéresser mais la découverte de la montée de la haine envers les juifs, et l'aspect enquête qui finit par se faire jour lorsque qu'Eugenia devient journaliste, m'a totalement fasciné. Et les descriptions du pogrom m'ont horrifiés. Bien entendu, on n'imagine, mais en lisant des mots posés sur ces horreurs, on a l'impression d'y être. On ressent simplement cette rage, cette haine qui s'empare de Eugenia. Eugenia dont le frére méne justement les opérations contre le peuple juif.

Un roman trés fort donc, dont les plus de 500 pages passent à toute vitesse. Alors s'il peut être un peu compliqué de se lancer dans le livre du fait des nombreux personnages, on finit trés vite par s'y retrouver et le personnage d'Eugenia fait partie de ces femmes fortes, qui défendent leurs idées, et qui vont se battre de bout en bout. Pour leur amour, même s'il n'est pas réciproque, mais aussi pour un peuple, voir plus, pour l'Homme tout simplement. Et si on pourra reprocher que les personnages secondaires ne soient finalement que peu mis en avant, même quand ils ont un vrai impact, le résultat m'a totalement plu et fait parti des grands romans de ces derniéres années !

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Personnage féminin saisissant, Eugenia est libre, passionnée .... Elle veut comprendre ... Pourquoi cette haine féroce des juifs ? Comment l'Homme peut-il en arriver à cette extrême cruauté, à tuer toute humanité en lui ?
A travers ce personnage, bien des questions sont posées, sur l'acceptation des victimes entre autres.
Un livre fort, bouleversant, qui entre en résonnance avec l'actualité d'aujourd'hui, la montée en puissance du populisme en Europe ravive des craintes et nous rapproche de cette époque terrible
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C'est mon premier Lionel Duroy, je savais qu'il publiait des romans d'auto-fiction sur sa famille, qu'il était " écrivain fantôme " pour des autobiographies de personnalités, et je n'imaginais pas que j'allais découvrir un romancier aussi puissant, car Eugénia est un livre qui m'a scotché. C'est fort, très fort, passionnant, romanesque, historique. C'est à la fois facile à lire grâce à l'écriture et difficile par les événements qui sont relatés dans ces 500 pages.
Eugénia est une adolescente roumaine en 1935, lorsque que Mme Costinas sa prof. de lettre invite un écrivain juif Mihail Sebastian pour faire un exposé dans sa classe. Lorsqu'elle rapporte le livre dans sa famille, elle se heurte à la colère de son frère Stephan qui fait parti des légionnaires de la garde de fer, mouvement antisémite qui sévit en Roumanie. Sa famille habite Jassy, près de la frontière Russe, dans une ville avec une importante population juive. A partir de cet événement, elle va consacrer sa vie, jusqu'à la fin de la guerre, à lutter contre les idées de Stephan. Entrainée dans la guerre, elle rejoint Bucarest, et très jeune devient journaliste, elle tombe sous le charme de Mihail Sebastian, et n'aura de cesse de tenter de le séduire. Mais parallèlement à son histoire personnelle, elle nous fait vivre l'histoire de son pays qui sera déchiré pendant toute la guerre, après le renversement du roi Carol II, le mouvement fasciste prend le pouvoir et va s'allié à Hitler.
Eugènia a également un autre frère Andreï, qui se retrouve dans l'armée roumaine et embarqué dans l'offensive contre la Russie lorsque les allemands décident de rompre le pacte germano-soviétique, et d'affronter les troupes de Staline jusqu'à la bataille de Stalingrad, lors de laquelle il sera blessé. Eugénia est envoyée à Jassy, sa ville natale, par son agence de presse, car c'est de là que partent les armées roumaine et allemande. Mais il se passe alors un événement qui va marquer sa vie, au mois de Juin 1941, le massacre dans d'atroces conditions de presque la totalité des juifs de la ville. Ce qui restera dans l'histoire comme le pogrom de Jassy. Elle décide alors d'entrer dans la résistance et participera à plusieurs attentats, notamment le déraillement d'un train chargé de panzers allemands qui devaient rejoindre le front.
Dés le début du livre on sait que Mihail Sebastian meurt en 1945, je ne dirais pas dans quelle circonstance, mais ce qu'il faut dire surtout ce sont les moments d'une grande intensité qui jalonnent ce roman. Les discussions de Eugénia avec ses parents qui soutiennent son frère Stephan qui mourra dans les ruines de Berlin, et qui affirment que les juifs par leur existence même, ont une part de responsabilité dans ce qui leurs arrive, ainsi que quand vers la fin de la guerre elle tente de retrouver des habitants de Jassy qui , au moment du pogrom sont devenus des assassins et se sont accaparés les maisons des juifs qu'ils ont tués. Passionnant ses rencontres avec l'écrivain journaliste italien Curzio Malaparte, l'auteur de " Kaputt " son roman qui raconte ces événements. Palpitant également, la narration des attentats auxquels elle participe, notamment le déraillement du train. Ce livre montre bien la montée du mal antisémite et met en garde contre la résurgence de ses maudites idées.
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Eugenia… c'est la destinée d'une femme libre vivant en Roumanie pendant la seconde guerre mondiale. C'est une prise de conscience grâce aux modèles qui parfois dans la vie nous apparaissent comme tombés du ciel pour mieux nous élever. La puissance des mots, de l'expression, du récit qui s'impose sans forcément l'avoir envisagé ou recherché. Les faits historiques sont ancrés, il s'agit du passé oui, mais quelque part, le présent lui, fait toujours face à cette ignominie.

Eugenia ou Jana, aime démesurément, sans relâche l'être qui se détache doucement de l'existence même. Quelle force de donner sans compter, en attendant un jour peut-être, le fameux signe tant espéré. En tant que lecteur on se prend aussi à souhaiter ce retour - car grâce à la plume fabuleuse de l'auteur - on se sent à la fois platoniquement, modestement et complètement impliqué à travers la figure principale.

Eugenia Rădulescu à son tour, lutte avec ses moyens, se bat pour l'humanité contre les croyances aveugles et obsédantes auxquelles une grande partie de la nation a adhéré et qui sans regrets, le prône avec fierté. Notre héroïne découvre, rencontre pour mieux comprendre et élucider l'insensé provenant quelquefois des pensées artistiques renommées. En les prononçant à voix basse, je ne savais pas et je me disais à quel point, encore aujourd'hui ils sont admirés. Séparer l'oeuvre de l'artiste ? Une interrogation qui amènera continuellement un débat.

Alors en lisant, nous sommes révoltés du plus profond de notre âme, comment le coeur fait-il pour continuer de faire entendre ses battements naturels lorsque les coups machinaux s'abattent par millions ? Ainsi la vie continue avec pour certains l'hypocrisie comme allié nécessaire à la survie.

Un « GRAND » roman ! Une lecture intense et assurément très instructive. La profondeur du texte et des personnages, un style d'écriture savoureux, délicat et foisonnant. Il s'agit du premier livre de Lionel Duroy que je lis et je suis persuadée que cet auteur fera partie de mes « absolus ».
Lien : https://www.instagram.com/so..
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Tout a été dit dans les chroniques précédentes, je n'en ajoute pas une supplémentaire.
En revanche, je veux dire à quel point ce livre m'a bouleversée.
Je ne connaissais pas cette page d'Histoire de la Roumanie.
J'ai lu jusqu'à l'écoeurement ce dont l'être humain est capable.


"Ce furent les journées les plus bestiales de l'histoire de l'humanité"

Constantin Balmus
Un regret : que ce roman n'ait pas été écrit par une Roumaine.
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Grâce à Eugenia, j'ai redescendu l'avenue Victorei, déambulé dans le parc Cismigiu, visité mogosoaia, pris un café chez capsa, retrouvé l'ambiance tant aimée de Bucarest et de la Roumanie ... quel plaisir égoïste. Cependant la période décrite est oppressante et terrible avec la Montée de l'antisémitisme au sein même des familles , des « amis », du pays. J'ai beaucoup aimé, et l'écriture de Duroy comme toujours et l'histoire du roman avec un petit et un grand H.
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