L'Ardenne sacrée

Les croyances et le temps passent, mais les lieux et le sacré restent…
Un petit voyage en Ardenne, nous transporte par les âges à la rencontre de l'histoire des croyances de cette région située au sud de la Belgique, bordant la frontière luxembourgeoise.
Après des siècles de paganisme, la romanisation contraint les divinités gauloises à s'assimiler aux dieux romains. Intarabus (dieu gaulois local) devient donc Mars, de même Sinquatis porte le nom de Silvanus. Puis viennent les chrétiens, destructeurs des temples abritant les idoles païennes, accapareurs des lieux de cultes. Sous la plupart des églises gisent les vestiges d'un sanctuaire païens, derrière chaque croix plantée survit la trace d'une divinité tutélaire d'une colline ou d'une rivière, dans l'ombre des saints se cache un nom divin volontairement escamoté. Peut-être faut-il voir le bon côté des choses ? Grâce à ces usurpations, ces substitutions, tous ces endroits sacrés n'ont pas complètement disparus et ont pu continuer d'exister jusqu'à nous.
Plus qu'un voyage nous est proposé c'est pour ainsi dire un pèlerinage sur les traces effacées du passé. Les photographies dévoilent la nature dans toute sa sacralité et les textes dénotent un certain parti pris païen (que je ne peux que pardonner et partager !)
La partie concernant les saints et missionnaires m'a parue très fastidieuse à lire, sans doute à cause du massacre patrimonial engendré par les sauveurs chrétiens.
Ce livre m'a donné envie de prendre pelle et pioche non pour aller abattre quelques églises (quoique!) mais pour partir à la rencontre de notre passé, pour le mettre à jour sous les fondations de ces bâtiments écrasants. Les pierres levées, les tumulus, les fontaines et eaux guérisseuses existaient bien avant l'évangélisation et c'est à nous de nous réapproprier notre culture et de rétablir nos origines.
Merci à l'auteur et au photographe pour ce merveilleux pèlerinage !

J'ai découvert ce titre grâce à Masse critique. Il m'a délicieusement rappelé les recherches de ma Maîtrise d'Histoire sur les divinités gallo-germano-romaines. Petite madeleine pour moi !
C'est à la fois un livre d'art, de tourisme, de mythologie et d'archéologie. Les recherches historiques sont habilement utilisées, même si certaines formulations feraient bondir un universitaire : "rien ne permet de l'affirmer, mais l'hypothèse est séduisante", "la chose n'est pas invraisemblable, mais seule la découverte d'une effigie... ou d'une inscription... viendrait confirmer cette hypothèse"... Certes, sans document primaire, pas de débat possible à la fac ! le statut de livre d'art permet de s'affranchir de ces contraintes.
Les photographies sont extraordinaires, que ce soient les gros plans de monuments si difficiles à éclairer ou les paysages dont le mystère est sublimé.
Certains monuments païens sont réemployés dans les églises et les chapelles, quelquefois à l'envers, mais d'autres sont bien visibles. Apollon à la lyre sous le maître-autel, vaincu ou toujours présent ? Toute l'ambiguïté du syncrétisme religieux est mise en valeur dans ces monuments bien conservés.

L'Ardenne est un vaste territoire boisé, partagé entre la France, la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne. Peuplé tout d'abord par les celtes, qui y ont essaimé des autels et figures de leurs divinités. Lorsque les romains ont envahi le pays, ils ont assimilés ces divinités païennes avec les leurs. Ainsi Arduinna, déesse protectrice des Ardennes, confondue avec la Diane romaine. A l'époque mérovingienne, les missionnaires évangélisateurs chrétiens ont, à leur tour, tenté d'imposer leur religion, en détruisant les anciens sanctuaires.

Cependant, les villages et les sentiers gardent encore les traces de ces divinités. C'est le propos de cet ouvrage. L'Ardenne sacrée est le premier volume d'une série, axé sur les Dieux, les Saints et les sanctuaires. le second L'Ardenne merveilleuse est consacré aux Sites et légendes et le troisième L'Ardenne ancestrale convie le lecteur à la recherche des temps oubliés.

Dans ce volume, l'accent est mis sur les anciens dieux celtes et leur romanisation. Nous suivons les auteurs dans des lieux-dits, des anciens sites sacrés où demeurent des vestiges, tels que statues, sources ou pierres dressées. La seconde partie de l'ouvrage est consacrée au christianisme et la manière dont il intègre les vestiges des anciennes religions. Ainsi beaucoup de pierres aux quatre divinités, par exemple, se retrouvent sur les autels d'églises chrétiennes.

Les photographies de Benjamin Stassen sont magnifiques et les textes de Jean-Luc Duvivier sont très intéressants et documentés. J'ai beaucoup aimé découvrir cette région que je connais peu. J'ai juste regretté l'absence d'une carte pour situer tous les lieux présentés...

Ce livre m'a été envoyé dans le cadre d'une opération Masse Critique sur Babelio, que je remercie grandement, ainsi que l'éditeur Weyrich.
Lien : http://dviolante5.canalblog...