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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A l'exception d'Anna Magnani. Mais c'est une autre histoire
Ce numéro ne comporte que deux textes, une présentation d'Andrea Dworkin par Christine Delphy et un texte de l'auteure sur Israël.

Christine Delphy présente l'auteure et sa colère « colère de la femme-qui-ne-se-croyait-pas-victime-et-qui-se-reconnait-pourtant-dans-la-photo-du-meurtre ». Elle parle d'Andrea Dworkin, de l'anéantissement des femmes dans la sexualité masculine, de la pornographie, de l'obscène, du viol, du système de polarisation de la société entre hommes et femmes, de système de hiérarchisation et de domination… Des livres aussi de l'auteure, non disponibles en français en 1993 (la situation est presque la même, puisque seul « Les femmes de droite » est traduit en français).

Christine Delphy indique, entre autres, « Dworkin bouscule nos divisions confortables entre réel et symbolique comme entre réel et imaginaire ; à la lire on se demande si des expressions françaises telles que « violence symbolique » sont adéquates et même supportables, car ce qui a pour but de métaphoriser et donc d'euphémiser la réalité de l'obscène, est obscène », que pour l'auteure, la sexualité patriarcale EST violence… Il faudrait discuter de ce qu'a écrit Andrea Dworkin, « mais en discuter après l'avoir lue, et bien lue ».

Christine Delphy parle aussi du style de l'auteure, elliptique, cru, d'une force redoutable, sans déférence aux vaches sacrées ou à de fantasmatiques « intérêts supérieurs ». Une forte parole politique, « sans honte et sans effet rhétorique, simplement radicale »…

Je choisis, très subjectivement, de ne mettre l'accent que sur certains points du texte d'Andrea Dworkin : « Israël : franchement, à qui appartient ce pays ? ».

L'auteure montre comment dans son enfance on lui à fait croire que « Israël m'appartient » ; parle des arbres qu'elle y a planté, « Entendez moi : j'ai planté des arbres en Israël bien avant de pouvoir reconnaître un vrai arbre », les arbres s'élèvent dans le ciel et enfoncent leurs racines dans le sol, « ce qu'un poteau télégraphique, si magnifique soit-il, ne fait pas », les arbres dédiés à la mémoire des mort-e-s, « après 1946, les morts surpassèrent de beaucoup les vivants ».

Des arbres, des mort-e-s, des fosses communes, des ossements, des cendres, des fours, des matricules sur les avant-bras (personnellement, je ne peux oublier, l'inscription tatouée sur le bras d'une cousine), ce que les adultes disent et ne disent pas. « A la fois ils nous disaient des choses et ils ne nous les disaient pas. Ils parlaient, puis ils retiraient ce qu'ils avaient dit. Ils murmuraient et vous laissaient surprendre leurs murmures, puis ils déniaient. Il n'y a pas de danger ».

L'auteure parle de l'Ecole juive, des juifs américains, de celles et ceux qui « savent le nom de leurs morts », de sa famille qui commençait aux grands-parents, « Il n'y avait personne avant eux, et personne à coté d'eux », de la beauté d'une « éducation juive » et de l'apprentissage à argumenter (« Une bonne part de mon éducation provient de ce que j'avais des professeurs qui avaient trop vu la mort pour discuter juste par plaisir »), d'une discussion avec un professeur et son classement « identitaire », « Je dis que tout le monde était d'abord un être humain, un citoyen du monde ». Et comment ne pas partager la suite logique écrite par Andrea Dworkin « Je dis que s'il y avait un Etat juif, tout non-juif serait par définition un citoyen de seconde zone ».

L'auteure parle, entre autres, du racisme, de la haine envers les Noirs aux Etats-Unis, de la ségrégation légale dans le Sud, de son ignorance de l'existence des palestinien-ne-s, de son silence sur les femmes, « Mais politiquement parlant, les femmes n'existaient pas, et franchement, comme êtres humains, les femmes n'existaient pas non plus. On pouvait passer toute sa vie parmi elles et ne jamais savoir qui elles étaient », de bigoterie religieuse, de lutte contre le racisme, « la lutte contre le racisme était un véritable processus, quelque chose avec quoi il fallait se débattre activement », de préjugé et d'ignorance…

Puis la lecture de livres écrits par des Palestiniens, la compréhension des mensonges et des actions des gouvernements israéliens, un préjugé contre les palestinien-e-s « qui est en définitive de la haine raciale ». Non, « le pays n'était pas vide ». Andrea Dworkin parle d'impérialisme, « S'emparer du pays et en faire Israël », de l'humiliation d'être défaits, d'être conquis, d'être nié en tant que peuple, de castration…

Il n'y avait pas d'égalité des sexes dans le New Jersey, « une fille n'avait pas le droit de rien faire d'important ». L'auteure parle des kibboutz, des projections d'égalité, de « tante Helène et Golda Meïr », femmes associées à Israël, seules femmes perçues comme « formidables » par leur engagement, pour une autre exception citée, voir le titre de cette note…

En 1988, à l'âge de 42 ans, « le jour de Thanksgiving, où nous célébrons notre conquête du pays sur les Indiens », Andrea Dworkin va en Israël. Les approches de l'auteure sur les femmes et les féministes israéliennes sont particulièrement intéressantes. Elle parle, entre autres, du « droit au retour », de la surveillance des filles, du gouvernement des femmes par la loi de l'Ancien Testament, du statut personnel, de subordination sur le plan civil, de mauvais traitements, de viol dans le mariage légal et illégal, de pornographie, d'enfer vivant pour les femmes, de misogynie religieuse, du placement de tous les Juifs sous la juridiction des tribunaux religieux. Elle souligne particulièrement la « pornographie de l'Holocauste », « Des femmes juives sont transformées en objets sexuels comme victimes de l'Holocauste afin que des hommes juifs se masturbent devant », la violence sexuelle inouïe, « Ce que je sais, c'est que cette sexualisation de l'holocauste constitue un traumatisme insupportable pour les femmes juives, la place que cela occupe dans la vie courante en Israël est elle-même une forme de sadisme »… Harcèlement sexuel, viol, inceste, prostitution… le lancement de pierres par des hommes « orthodoxes » sur des femmes est considéré comme inoffensif, d'autres lanceurs de pierre sont traités comme des terroristes…

Andrea Dworkin parle aussi du mouvement des « Femmes en noir », des pancartes en hébreu, arabe, anglais « CESSEZ L'OCCUPATION »… « Je savais déjà que j'avais du sang palestinien sur les mains. Ce que j'ai découverte en Israël, c'est qu'il n'est pas plus facile de s'en laver que du sang juif – et que c'est aussi le sang des femmes ».

Au delà de certaines appréciations, un texte passionnant et bouleversant. « Je n'ai retrouvé aucun de mes arbres ». Il faut lire Andrea Dworkin.

Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A la fois ils nous disaient des choses et ils ne nous les disaient pas. Ils parlaient, puis ils retiraient ce qu’ils avaient dit. Ils murmuraient et vous laissaient surprendre leurs murmures, puis ils déniaient. Il n’y a pas de danger
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Mais politiquement parlant, les femmes n’existaient pas, et franchement, comme êtres humains, les femmes n’existaient pas non plus. On pouvait passer toute sa vie parmi elles et ne jamais savoir qui elles étaient
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Je savais déjà que j’avais du sang palestinien sur les mains. Ce que j’ai découverte en Israël, c’est qu’il n’est pas plus facile de s’en laver que du sang juif – et que c’est aussi le sang des femmes
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Des femmes juives sont transformées en objets sexuels comme victimes de l’Holocauste afin que des hommes juifs se masturbent devant
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Vidéo de Andrea Dworkin
Dans le webinaire trimestriel de notre revue Prostitution et Société, Harmony Devillard nous parle du premier livre de la féministe radicale états-unienne Andrea Dworkin : Woman Hating, de la misogynie. Harmony a co-traduit avec Camille Chaplain cet ouvrage magistral écrit en 1974. Où l'on apprend qu'en ce qui concerne les femmes, contes de fées et pornographie racontent la même histoire : une femme bonne, c'est une femme morte...
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