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3,52

sur 685 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
un nouveau polar décalé et original d'Echenoz, magnifiquement écrit et délicieusement poétique, dans le style des "grandes blondes" et de quelques autres. Se dévore très facilement et quelques pages très remarquables par leur précision d'ambiance et le style unique de l'auteur. Drôle et aussi un peu absurde, ou du moins ne trouvant pas son sens uniquement dans une intrigue parfois étrange, mais surtout dans le phrasé et le rythme... à lire sans hésiter.
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Lorsqu'on rédige une critique, il est important, me semble-t-il, d'être honnête sur sa posture de lecteur/lectrice et de ne pas oublier voire renier le critère qui a prévalu au choix du livre, si tant est que ce critère en soit bien un et ne relève pas de l'air du temps, l'humeur du jour ou du clin d'oeil que vous aura adressé une couverture chatoyante ou un titre énigmatique, bref tout ce qui rend jubilatoire le fait d'entrer dans une librairie sans trop savoir ce que l'on vient y chercher.
Je sais exactement pour quelle raison j'ai choisi ce livre. Pour l'auteur, son style, sa flamboyance, sa virtuosité. J'ai été hameçonnée par la lecture d'un seul des ses ouvrages, Caprice de la reine, un recueil de nouvelles. Loin de penser qu'il s'agisse d'un art mineur, je considère qu'écrire des textes courts requiert un talent peut-être plus grand encore que pour écrire de manière plus développée, le lien avec l'intrigue, l'empathie avec les personnages pouvant alors supporter quelques bémols, excusables sur la longueur (pas trop tout de même).
Les Editions de Minuit savent qu'elles "tiennent" avec Echénoz, une valeur sûre en matière de style et ont d'ailleurs agrémenté le livre d'un bandeau bleu où apparaît le seul nom de l'auteur au cas où, sur la couverture assez sobre qui caractérise cette maison, celui-ci serait passé inaperçu (mais passons, ne soyons pas mesquine, le bandeau fait office de marque page, ni vexée d'être à ce point une cible "commerciale").
J'ai donc choisi ce livre pour la promesse du style de son auteur et le contrat de confiance (sans vouloir parler comme un SAV) a été parfaitement tenu. D'où me vient alors l'envie de poursuivre avec un "mais" ?
Est-ce à dire que la qualité de l'écriture sur plus de 300 pages n'est peut-être pas complètement suffisante ? La parodie (précisons qu'il s'agit d'une parodie de roman d'espionnage dont je ne dirai quasiment rien, le spoil ruinant ici tout particulièrement l'intérêt de l'intrigue) la parodie donc, peut-elle tenir la distance une fois que l'auteur a livré au lecteur tous ses codes ? Force est de constater que j'ai commencé à m'ennuyer aux environs de la page 200. Revenons d'abord à ce qui ne m'a pas ennuyée, bien au contraire : un vocabulaire pertinent, des phrases qui, même lorsqu'elles sont descriptives, sont virevoltantes, des digressions fabuleuses, des personnages assez loufoques dont l'auteur ne dévoile que partiellement l'identité permettant ainsi au lecteur de déduire progressivement les rôles respectifs des protagonistes. Tout ceci est parfaitement maîtrisé.
Cependant, avançant dans la lecture, j'ai commencé à me lasser de jouer aux devinettes avec les personnages, nombreux, très nombreux. le côté vraiment improbable de la dernière partie de l'intrigue m'a tenue à distance (oui, je sais, c'est une parodie) même si l'auteur anticipe ce côté un peu barré en adoptant dès le début un ton semi-ironique avec son histoire et ses personnages. Voilà pour le "mais". Maintenant, je vais placer un "cependant" pour contrebalancer le "mais". Autant prévenir, si vous vouliez une impression de lecture, entière, tranchée comme on dit, ce n'est pas trop ma marque de fabrique, je prends en effet souvent la liberté de mettre des nuances et des parenthèses.
Cependant, ce qui est particulièrement réussi dans ce livre, c'est que l'auteur joue avec notre complicité et nous invite dans les coulisses du livre. Il nous explique, par exemple, pourquoi il est judicieux qu'un personnage parlant coréen ait fait des études en Suisse ce qui lui permet aussi de maîtriser le français et donc à l'auteur de se passer des interprètes, "personnages secondaires encombrants dont nous ne saurions que faire ensuite". Il explique quel prolongement formidable il aurait pu donner à cette affaire d'espionnage si elle n'avait pas tourné au fiasco.
On l'aura compris, l'auteur s'amuse et, en nous dévoilant le making-of du livre, a la générosité de nous y associer pleinement. Cette parodie ne se limite pas qu'au contenu (le propos) mais joue aussi de son contenant, le processus d'écriture ou l'écrivain lui-même, principe de quasi auto-dérision qui fait du bien alors même que d'autres proposent sans complexe et jusqu'à l'écoeurement du lecteur, l'auto-fiction.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Cette chronique va être très difficile à faire parce que l'on ne peut que se délecter d'un tel style au service d'une brillante parodie d'espionnage mais finalement je n'ai que peu adhéré à l'intrigue.
Et personnellement, surtout dans ce style burlesque, j'ai besoin d'une vraie histoire et si possible d'un brin de tendresse au moins chez un personnage. Ici, ils sont surtout déjantés et burlesques.
Constance est une jeune oisive, épouse de Lou Tausk, homme riche depuis son seul succès musical planétaire ( genre Born to be alive de Patrick Hernandez).
» vie matérielle facile, vie maritale pas. »
Elle se fait kidnapper par Victor et ses deux acolytes ( face de lamantin et d'autruche un peu empotés mais sympathiques). L'histoire n'est finalement pas très importante. Demande de rançon auprès de Lou Tausk, qui, conseillé par son avocat et cousin Hubert, ne réagit pas. Et finira même par se consoler avec la secrétaire de l'avocat pendant que Constance apprécie sa captivité améliorée par ses deux geôliers amoureux.
Puis changement de décor. On passe de la campagne française à la Corée du Nord avec ses carences alimentaires, ses restrictions, ses mises en scènes, ces chemins balisés interdisant certaines villes de Province.
Constance doit séduire le premier conseiller de Kim Jong-un, Ce qui sera relativement facile pour cette belle femme ( » coupe à la Louise Brooks et courbes à la Michèle Mercier-ce qui n'a pas l'air d'aller très bien ensemble mais si, ça colle tout à fait. »)
Cette partie me rappelle le film The interview de Seth Roger et Evan Goldberg ( au moins sur le fond, mais sans comparaison sur la forme). Les occidentaux ne sont pas dupes des mises en scène, et l'auteur utilise aussi l'ironie comme dénonciation.
Jean Echenoz ne se limite toutefois pas à cette intrigue puisque l'on suit aussi bon nombre de personnages, tous aussi bizarres. Lorsqu'on force des êtres peu scrupuleux à devenir espion, il faut s'attendre à tout et à n'importe quoi. Plusieurs points de vue dont celui de l'auteur qui guide et motive son lecteur.

Mais la performance de ce roman est essentiellement dans le ton et le style. L'auteur s'amuse avec ses personnages, dérive sur une image pour notre plus grand plaisir ( truculent parallèle entre les papillons et les phéromones d'éléphante, décrit à merveille rues, paysages et frontière entre Corée du Nord et Corée du Sud.
On en prend plein les yeux avec humour et élégance.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Un drôle de roman d'espionnage

Cette histoire commence fort avec la déclaration d'un général "Je veux une femme, c'est une femme qu'il me faut."
C'est ainsi que Constance va être enlevée. Elle a 34 ans, est "amoureusement insatisfaite", mariée à un compositeur de chansons. Elle est enlevée sous la menace d'une perceuse par trois hommes à la sortie d'une agence immobilière où elle venait de mettre son appartement en vente. Une rançon est rapidement demandée à son mari Lou Tausk qui bizarrement ne réagit absolument pas.

Les ravisseurs sont décrits comme extrêmement courtois, pleins d'égards pour leur otage, leur chef Victor est perçu par Constance comme un beau mec en bleu de travail.Nous allons découvrir des ravisseurs atteints du syndrome de Lima (je connaissais celui de Stockholm mais pas celui de Lima...) qui vont enfreindre "le protocole élémentaire du preneur d'otage".
Cet enlèvement va nous entrainer dans un voyage de Paris à la Creuse, dans une ferme puis dans la nacelle d'une éolienne, pour finir en Corée du Nord, pays dont Jean Echenoz nous fournit une brillante satire.

Voilà en gros pour l'histoire qui va s'enchaîner de chapitre en chapitre mais dans ce récit ce n'est pas cela le plus important...

Ce qui fait toute la valeur de ce roman c'est le ton employé par l'auteur, plein d'humour et de flegme britannique, un ton un brin détaché.
De plus, Jean Echenoz s'adresse régulièrement au lecteur en employant le "nous" "Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, explicitement, apparût un peu de sexe dans cette affaire..., Il fallait bien que tôt ou tard parût aussi, dans notre affaire, une arme à feu".
Il parsème son récit de détails incongrus et d'amusantes digressions par exemple sur les annonces automatiques des stations dans le métro, sur les boites de médicaments qu'on ouvre toujours du côté de la notice repliée...Cela donne un effet décalé, déjanté à ce roman rocambolesque, voire loufoque par moments, où l'on ne s'ennuie pas une seconde.

Une lecture qui ne restera pas inoubliable mais un bon moment de lecture quand même...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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