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le type est balaise !
Un livre étonnant, du pur Echenoz à bien des égards et en même temps un livre dans lequel ses qualités sont poussées au maximum et qui pourra dérouter.
Une histoire rocambolesque et riche, exotique à souhait. Et un style d'une virtuosité sidérante, et je pèse mes mots. Il y a tout à la fois une espèce de mise en scène cinémtographique dans l'écriture. Comment fait-il cela ? Mystère ! Et une sorte d'humour constant et élégant qui crée un décalage énorme avec ce qui est raconté. Typiquement par exemple : deux types en défoncent un autre et Echenoz nous raconte cela avec le ton détaché avec lequel il commenterait un diner mondain au Rotary Club. C'est vraiment très particulier, très très brillant. Je n'en vois pas beaucoup comme cela. Mais ce polissage de chaque phrase, cette distanciation constante, nous éloignent un peu de l'intrigue que l'on est fondé à suivre comme un prétexte. de ce point de vue ses romans plus récents sont plus équilibrés entre virtuosité et intrigue. le top restant toujours ses courts récits d'une intensité extrême (14, Ravel...).
On en ressort en tout cas avec le sentiment d'avoir côtoyé un très grand écrivain.
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Ils ont aimé tous deux la même femme. La belle a jeté son dévolu sur un troisième, qui s'est empressé, sitôt marié, de mourir dans un accident d'aéronef. Puis leurs chemins ont divergé. Jean-François s'en est allé faire pleurer les hévéas chez les malais alors que Charles optait pour l'ascétisme du clochard parisien. C'est le point de départ approximatif du récit savamment bancroche de Jean Echenoz. Ajoutez à cela une aventure calamiteuse de trafic d'armes et les hauts faits d'une bande de malfrats outre-Quiévrain, pieds nickelés qui déboulent dans ce salmigondis comme une meute de chiens dans un jeu de quilles.

Folle équipée donc que cette Équipée malaise, joyeuse école buissonnière d'un auteur qui gagne à être connu par l'habile usage qu'il fait du langage et l'agilité avec lequel il se joue de sa plume. On préférera néanmoins les récits biographiques de ce collectionneur de distinctions littéraires.
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Un vieux Echenoz imprimé en Normandie en 1986, trente-cinq ans déjà, format in-folio et dos carré collé. C'est donc un roman de jeunesse. Et déjà un souci maniaque des mots et des sonorités, de la surprise lexicale et grammaticale, sur un fond géographique bien précis et bien décrit, avec des personnages cocasses et désabusés, — ils ne croient pas vraiment au script —, et une intrigue minimaliste pour des actions qui même violentes ne sont qu'un prétexte à démontrer de l'inanité de nos gesticulations. Les noms propres témoignent de l'esprit taquin de l'auteur, van Os, Toon, duc Pons, Sapir, Bouc-Bel-Air, Odile Otéro..., et même le bateau, le Boustrophédon nous fera tourner en bourrique durant la tempête. Nous verrons qu'il est aussi mal aisé de monter une guérilla dans une plantation d'hévéa asiatique que dans le maquis bolivien. L'affaire tourne mal, mais sans drame, malgré de nombreuses armes dont le sinistre Tokagypt, — le Tokarev égyptien de 1958 —, nous sommes plus chez Courteline que dans Shakespeare. Un excellent moment de lecture amusante et instructive néanmoins.
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Administrateur d'une plantation d'hévéas en Malaisie, Jeff Pons subit les pressions de ses nouveaux patrons. Pour les contrer, il rentre en France et convainc des amis de repartir avec lui. L'équipée vire à la débandade. de retour en France, ils doivent affronter des malfrats belges.
Déroutante échappée au pays de Jean Echenoz... auteur que je découvre. L'auteur prend plaisir à nous perdre dans les situations rocambolesques que les personnages tous plus décalés les uns que les autres traversent dans un fondu enchaîné savamment maîtrisé. Maîtrisant à la fois une langue riche et un art du travelling cinématographique, Jean Echenoz nous immerge tantôt dans les bas-fonds parisiens tantôt dans une Malaisie post-coloniale douceâtre. Plaisir de s'embarquer avec lui sur le Boustrophedon, de renouer avec les tempêtes intérieures du Joseph Conrad. Plaisir de longues phrases savamment articulées, suggérant le tangage de vies chahutées, mais soutenues par un style structuré. Plaisir du roman noir et du contrepied, à la suite de ces anti-héros qui se donnent rendez-vous pour l'aventure au coin de leurs vies ratées. Plaisir d'une poésie de l'absurde cousinant avec Ubu. Echenoz se montre délicieusement subversif, développant un comique âcre, mais élégant. Un scénario fragmenté, des personnages fractionnés, des dialogues élliptiques... que seule la qualité d'écriture rassemble dans une dénouement inexorable.
Aventure dans le roman , plus que roman d'aventure, L'équipée malaise a su me déconcerter, puis m'attraper par sa verve nerveuse. Si le lecteur ne se laisse pas abattre par le malaise, il parviendra au bout de l'aventure, comme y parviennent Charles, Jeff Pons et leurs acolytes, malgré leurs bourdes et digressions d'humains à la dérive.
Bref, je suis heureux de cette rencontre avec Jean Echenoz, romancier décalé, et néanmoins primé depuis plus de 20 ans, regard affûté sur un monde contemporain riche de ses ambiguïtés et incertitudes.
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Echenoz est comme ses textes, insaisissable, on le quitte au Pôle Nord, il s'échappe en Inde puis on le retrouve en Corée !
Et en Malaisie maintenant.
Mais, quel que soit le théâtre des ses pérégrinations littéraires, de la farce au pastiche, de l'absurde au burlesque on est toujours et surtout chez Echenoz.

Et je dois dire que je m'y sens bien.
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Un roman d'aventure raconté avec calme et détachement et un certain humour servi par un vocabulaire varié et parfois surprenant. Des personnages dont on se demande lequel est le plus paumé, qui semblent souvent utilisés à « contre-emploi » et qui ont tous un lien les uns avec les autres. Un roman curieux où je me suis parfois ennuyé sans pour autant avoir envie de le lâcher. Quant au titre, je ne sais pas s'il faut voir dans malaise un nom ou un adjectif… .
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Je n'ai pas complètement adhéré à ce livre de Echenoz. Et je crois qu'en fait c'est ce qu'il cherche. Les premières pages m'ont paru légères, fines, drôlatiques, je me sentais en terrain ami et aimé, celui des Brautigan, des Queneau, pour en citer. Puis, bam, insensiblement je me suis perdu dans le flou, dans son décalé subtil, comme l'explique fort bien l'occlusion par son commentateur. J'aime bien me perdre dans un livre, surtout quand je sens autour de moi la douceurs des qualités. Ce qui est le cas. Et en même temps, je n'aime pas me perdre dans un livre, parce que je reste sur le quai froid et venteux de la vie banale. Bref, mitigé plus.

Regardez tout de même ce à quoi vous n'échapperez pas si vous lisez ces pages : "Par une illusion parente de celle qui veut que deux segments semblables, pennés en sens inverse paraissent d'inégale longueur, leur disparité de taille état aggravée par ces chapeaux mêmes : celui de Plankaert le grandissait vraiment, comme d'un étage supplémentaire, alors que Toon semblait écrasé sous le sien dont il rabattait le bord. Plankaert avait une allure assez conventionnelle, placide. Son chapeau subsidiaire mis à part il était habillé, disons, comme le père fondateur d'une petite entreprise familiale d'auto-école, il avait l'air patient comme un moniteur d'auto-école ; il avait l'air intéressé par la musique."
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Quand pas le moral ,quand je ne sais plus quoi lire , je prends un Echenoz. Ce diable d'homme, on ne sait jamais trop d'où il écrit ,et nous lecteurs ,on ne sait pas où on est. Personnages silhouettes, imbroglios et toujours une femme improbable irréelle , juste une idée de femme qui fait peu et par qui tout arrive. On ferme le livre , on s'est laissé embarquer. Relire la phrase pour savoir par quel mot il gauchise le texte, le fait dériver dans l'absurde. Un bonheur ( pour moi).
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Un roman d'aventures déstructuré à la façon échenozienne, une trame loufoque qui ne sert que de prétexte pour nous servir un festival lexical, des calembours, des trouvailles, bref, une boîte de Pandora d'où sort une sotie, deux histoires d'amour en écho, un autre roman géographique de l'auteur, un roman ludique à la sauce éminemment littéraire, avec des références cinématographiques et tout le toutim.
Cette lecture fût volontairement très lente afin de rater un minimum de trouvailles et le résultat est que j'ai envie de relire d'autres Echenoz...
C'est fortiche tout de même.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Quand deux types aiment la même femme, quid de l'avenir? Pas de Jules et Jim ici, mais Jean-François et Charles. Et pas de rivalité, puisque la donzelle en épousera un autre. Affaire classée.

Chacun de nos deux gus reprend donc le cours de sa vie, bon an mal an. le premier fuit à l'autre bout du monde gérer une plantation d'hévéas en Malaisie, tandis que le second se marginalise et s'offre tous les ponts de Paris comme demeure.
Mais bien des années plus tard, le sort les réunira dans de trépidantes péripéties que nous conte Echenoz dans ce roman d'aventures épiques moderne.

Les mésaventures et situations improbables s'enchaînent donc sous la plume déjà drôlatique et fine de notre futur Goncourt qui l'ignore alors, le fameux prix n'arrivant qu'une grosse décennie plus tard.

Pseudos-ratés, tous les personnages croqués par Jean Echenoz n'en sont pas moins terriblement attendrissants et humains. Entre trafiquants d'armes à l'âme de midinette, petits caïds belges malins comme des sardines en boite, et mutins et rebelles aussi organisés qu'une classe de maternelle en cour de récré, une palette de protagonistes plus fantasques et pittoresques les uns que les autres traversent le récit. 
Aux rendez-vous manqués avec la vie, avec l'amour, et en décalage permanent avec leurs pairs, tous vont pourtant de l'avant, rêvassant et lunaires autant que pragmatiques.

L'air de rien, l'oeil observateur d'Echenoz et son sens affuté de la narration au travers d'une écriture aussi raffinée que précise font mouche.
Car l'air de rien, il construit un récit équilibré, aux multiples histoires qui se recoupent habilement.
Et l'air de rien, un récit qui se termine subtilement comme il débute.
L'auteur nous balade donc. Au sens propre comme au figuré. Inlassablement, on transite entre Europe et Asie à bord du Boustrophédon, passerelle littéraire sous forme d'un cargo léthargique au nom symbolique.
Echenoz se fait plaisir. Echenoz s'amuse. Echenoz me plaît. Somptueux.

Que cela reste entre nous, mais plus je te découvre, plus je te kiffe Jean, sache le. Ta place sur mon podium d'auteurs fétiches se précise livre après livre.

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