"Ces mots, liberté, dictature [...] Nous devons veiller à ce que le sens de ces mots ne soit pas oublié de nouveau"
Umberto Eco est connu pour biens des choses. Ses romans tels que
le Nom de la rose, ses essais sur le procédé de lecture tels que
Lector in fabula.
Mais si en ce moment nous parlons de lui, en particulier dans les milieux militants de gauche, c'est pour ses 14 points permettant de
reconnaître le fascisme. Points décrits dans son discours du même nom, prononcé en 1995 pour les cinquante ans de la Libération de l'Europe.
Voulant connaitre l'origine de ceux-ci, je me suis donc investie de la lecture de cet ouvrage.
Lecture intéressante. Car contrairement à ce que je pensais, le discours est particulièrement abordable.
Dans un premier temps Eco nous invite à parcourir quelques souvenirs de son enfance dans l'Italie de Mussolini. Il nous offre le point de vue d'un enfant découvrant la liberté offerte par la Libération. Il nous parle également des différents type de fascisme, celui de Mussolini comme celui de Franco, tout en soulignant que le fascisme possède bien des formes.
Pour Eco en effet,
"On peut jouer au fascisme de mille façons", à la manière de Franco comme à la manière d'Ezra Pround.
Mais il sera toujours possible de déterminer ces régimes comme fascistes car ils ont une essence en commun, ce qu'Eco nomme le Ur-fascisme, le fascisme primitif et éternel.
Ainsi dans un second temps, l'auteur nous décrit les points évoqués plus haut, déterminant ce fameux Ur-fascisme.
Le culte de la tradition, le rejet du modernisme, le culte de l'action pour l'action, le rejet de la pensé critique, le rejet de la diversité, l'exploitation de la frustration, l'obsession du complot, l'humiliation par la richesse de l'ennemi, la vie comme guerre permanente, l'élitisme, le culte de l'héroïsme, le contrôle des femmes et des LGBT, le peuple comme entité exprimant la "volonté commune", l'usage d'une langue appauvrie.
Tous ces points, je sais maintenant d'où ils sont issus. D'un ouvrage priant pour que nous n'ayons plus à lutter contre le fascisme. Priant de ne pas oublier le sens du mot liberté.
Hélas, au vu de la situation actuelle en Italie comme dans tout le monde occidental, ce discours est beaucoup trop d'actualité...