On prend les mêmes et on continue…
Mais pourquoi donc ai-je lu ce 2e tome, alors que j'avais déjà été si peu enthousiasmée par le 1er ? Et, plus encore, comment suis-je arrivée au bout ? Curiosité intellectuelle peut-être, par moments je me suis sentie comme un entomologiste qui étudie ses petites fourmis, ayant ce sentiment de lire ce livre avec la distance de celle qui observe (indirectement et avec une fascination étonnée) ces lecteurs qui, une fois encore, ont donné des notes affolantes à ce livre que je trouve pourtant accablant…
C'est que, pour ma part, je me suis ennuyée, mais alors ennuyée, terriblement ennuyée (et je pourrais répéter le mot encore 1.000 fois et plus encore).
Je ne vais plus m'étendre sur la relative « absence » de Loup, personnage principal en second, qui est indéniablement le plus intéressant, mais dont on n'a jamais le point de vue, dont on sait toujours aussi peu, si ce n'est à travers les yeux d'Adam qui reste personnage principal-principal et narrateur.
Adam quant à lui reste dans la même « dynamique » (le mot est exagéré vu le manque d'action, mais vous voyez l'idée – j'espère) : il pleure, il pleure, il pleure, et cette fois il ne forme plus un lac mais une mer entière ; et pour le reste il se plaint, se plaint, se plaint sur lui-même, sur son incapacité à communiquer et à être compris. Il y a quelques chapitres sur son retour en Finlande (assez tardivement dans le livre, cela dit), au cours desquels on se demande même s'il est capable de faire autre chose que pleurer et s'auto-apitoyer, c'est d'un pathétique à hurler !
La seule petite « avancée », c'est qu'on sait enfin, et assez tôt dans le livre en réalité, ce que l'on devinait dès le 1er tome : Adam est effectivement malade, et enfin des mots sont mis sur sa pathologie, ce qui éclaire bien des choses pour Loup… et soulage le lecteur, qui peut enfin essayer de comprendre !
Mais paf, l'autrice s'amuse à tout casser à nouveau, avec ce retour en Finlande, et l'attitude aussi immonde que puérile d'Adam envers ses parents. Malade, le gars ? Ok… mais cette maladie doit-elle vraiment tout excuser, tout le temps ? Zut quoi ! Je viens de passer moi-même presque un an en arrêt de travail pour burnout. Certes ce n'est pas la même maladie, mais on est aussi dans le domaine d'une maladie psychique et invisible. Les symptômes sont différents (quoique…), mais je sais ce que sont des crises d'angoisse, par exemple… et dans le métro, ce n'est pas très « pratique », pas plus confortable qu'une terreur nocturne telle que décrite dans ce livre, croyez-moi.
Je ne veux pas dire qu'Adam serait moins malheureux que je n'ai été, je ne veux pas être dans la comparaison qui serait de toute façon « foireuse », après tout chacun réagit à de telles pathologies comme il peut selon ce qu'il est… et on reste fragile, pour toujours.
Mais enfin… je n'ai pas passé cette année à pleurnicher et à attendre comme par miracle que les autres me comprennent ! Eh oui, je me réfère là à un passage particulier qui m'a définitivement dégoûtée de ce livre criant d'immaturité.
Juste une précision avant de citer ledit passage : ce livre est donc bien adressé à des jeunes adultes (le fameux « YA »), que Wikipédia (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_Young_Adult) définit comme âgé de 12 à 18 ans, tout en précisant aussi que « près de la moitié du lectorat est plus âgé que cette fenêtre cible ». J'ai quant à moi dépassé cette tranche d'âge, et depuis longtemps ; je ferais donc partie des « plus âgés » qui en lisent parfois – et parfois même avec bonheur, si, si, je vous le promets !
Mais dans le cas présent, je suis moi-même aussi parent. Et donc, aux 76% du livre, j'ai cru tout à coup que les yeux allaient me sortir de la tête (et le coeur avec) :
« - Adam ! Ça commence à bien faire, les sautes d'humeur ! Exprime-toi, au lieu de seulement nous dire que tu n'es pas content. J'en ai marre d'essayer de lire entre les lignes.
- Et moi j'en ai marre que personne ici ne sache le faire, marmonné-je trop bas pour me faire entendre. »
Non mais mon gars, tu es sérieux, là ?
Les parents d'Adam ont pourtant tellement raison ! Eux aussi sont des êtres humains, peut-être pas malades (après tout, on n'en sait rien !), mais eux aussi avec des sentiments, des fêlures… et je ne peux qu'imaginer à quel point ça peut être difficile pour eux de faire face à leur grand garçon malade/différent, face qui ils ne savent plus sur quel pied danser, malgré tout l'amour qu'ils ont pour lui.
Quelle image l'autrice se fait-elle donc des parents en général ?...
Adam est malade, Adam souffre, Adam est incompris, tout ça je veux bien… mais nous parents, on n'est pas devins, ça ne fait pas partie du pack livré à la naissance de l'enfant, même pour plus tard !!! Alors, oui, on peut deviner des choses, des sentiments, des non-dits, parce que après tout, un enfant, même adulescent (il n'y a pas de faute, le mot est choisi), c'est la « chair de notre chair », l'expression n'est pas vaine, surtout quand on l'aime cet enfant (même maladroitement, mais qui aime parfaitement ?). Mais on a nous aussi nos limites, et là elles sont tellement dépassées… et ce pauvre petit garçon (de 18 ans quand même), certes malade, n'est toujours pas content – pas content – pas content (on se croirait dans « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre », passage mythique avec Isabelle Nanty en tête). Mais on arrête quand les frais ?
À nouveau, je suis atterrée par le message implicite que l'autrice fait passer : vous êtes malheureux, et même malade ? alors attendez (et de préférence pendant plusieurs années) que vos super-parents devinent tout, sinon soyez odieux avec eux encore et encore, et ça finira par sortir…
Au secours !
J'ajouterai à ça que, outre la facette terriblement égocentrée d'Adam lors de ce passage en Finlande, qui a sans doute ému une majorité de lecteurs (mais qui moi m'a presque donné des envies de meurtre), l'autrice donne aussi une image très négative de ce pays, et en particulier de Helsinki, soi-disant toujours grise, sale, et j'en passe. Helsinki n'est pourtant pas pire qu'une autre capitale, au contraire même, et si c'est pour comparer ville vs. campagne, c'est archi-maladroit de choisir pour cela une capitale nordique (qui a son charme, je vous assure !) et le sud méditerranéen français.
En effet, qui n'aime pas le soleil, la lavande, le chant des grillons, une mer chaude, etc. ? Moi aussi je veux bien y vivre, plutôt qu'à Bruxelles, capitale très verte mais aussi très grise et pluvieuse (en ce moment particulièrement !), mais jamais il ne me viendrait à l'idée de les mettre en concurrence, ça n'a tout simplement aucun sens !
Pour conclure, je comprends que l'autrice s'est attachée, peut-être plus encore ici que dans le 1er tome, à décrire le quotidien d'un jeune homme souffrant d'une pathologie anxieuse apparemment assez grave, et l'on peut dire que c'est « réussi ». Mais c'est aussi tellement excessif d'immaturité, de non-respect envers ceux qui veulent l'aider (parents en tête, qui acceptent quand même beaucoup-beaucoup-beaucoup de sa part !) ; tellement rempli de larmes, d'auto-apitoiement et d'égocentrisme, que la jolie plume ne suffit plus à sauver l'ensemble. Malgré la note d'espoir finale, j'en ressors dégoûtée de la vision puérile des choses par l'autrice, et ce sentiment que je me suis terriblement ennuyée à travers toute cette lecture.
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