Elin est accessoiriste pour le cinéma et le théâtre et est amené à intervenir sur une pièce écrite par Ellen , une jeune autrice dont le père était un des plus grands auteurs islandais . Cela va bouleverser Elin.
Et soyons francs, elle n'avait pas besoin de ça, Elin , sombrant page après page dans la maladie de l'oubli ou la folie.
Si l'histoire est relativement simple , mettant aux prises deux femmes qui se sont déjà rencontrées par le passé , l'auteure nous perd littéralement avec ses aller retours , ses changements de narrateurs et quelques personnages qui n'ont un rôle que quelques pages.
Est ce pour autant insupportable ? Non , loin de là. L'ambiance instaurée est atypique et la description de tout ce qui peut rentrer ou sortir du corps humain très singulière. L'écriture est puissante et l'évolution de la narratrice et sa quête très bien menée.
Anecdotiquement, comme dans le livre précédent que j'ai lu et qui se passait en Islande , on remarque que les soldats américains ont laissé beaucoup de progénitures ....
On doit pouvoir détester ce genre de livres mais ce ne fut pas mon cas .
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Deux femmes qui ont partagé un évènement traumatique dans le passé, se retrouvent sur la scène d'un théâtre. Elin, bientôt soixante-dix ans est accessoiriste, Ellen, à peine vingt ans et fille d'un grand écrivain, a écrit la pièce de théâtre.
Les deux femmes artistes qui vont à peine se croiser et se parler, partagent la même solitude, la même incapacité à nouer de solides et vraies relations, le même vécu familial traumatisant, avec des pères absents qui ne les reconnaissent pas et des mères qui meurent trop jeune ou qui s'enfoncent inexorablement dans la perte de contact avec la réalité, sort qui guettera également Elin.
Les trajectoires fragmentaires, morcelées, en miroir, sont racontées par Elin. Elle s'identifie à la jeune fille et revit à son contact des épisodes douloureux de son adolescence. Les histoires s'entremêlent, s'entrechoquent et on ne sait bientôt plus qui parle, Elin vieillissante au bord du chaos ou l'écrivaine en rupture de ban.
Au delà de ce que relate ce livre sur la vie peu réjouissante des femmes en Islande, ce qui en fait la force et la beauté vénéneuse, c'est l'ambiance, poétique, surréaliste que l'autrice a su installer d'entrée de jeu. Elle construit un univers glauque dans lequel les personnages évoluent à la lisière de la folie et de la dépersonnalisation. Elle décrit notamment avec force détails les corps, les plaies, les saletés en tous genres et nous installe entre malaise et dégoût.
Un livre étrange à bien des égards, triste et baroque.
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Ce roman met à l'évidence l'étendue des talents de son auteure, surtout dans sa construction stratifiée de personnages féminins singuliers, entiers et complexes, chacune avec sa propre histoire, sa propre douleur et ses propres contradictions, le tout cadrant parfaitement dans cette Islande froide et sombre. le choix assumé d'une narration qui montre une déconstruction et une détérioration sensorielle et mémorielle au fil du roman, surtout dans le personnage de Elín, est une excellente idée qui malheureusement pèche par son exécution, et on finit par perdre un certain équilibre sans lequel ces personnages si bien définis deviennent trop flous et incertains, surtout vers la fin du roman. Une lecture imparfaite qui laisse entrevoir un grand talent.
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Dans une Reykjavík qui est loin de la carte postale, les deux personnages féminins de ce roman, luttant pour exister autant que pour se connaître — comme femmes et comme artistes, forcément fragmentées —, vont presque finir par se fondre en un seul. Poétique, chaotique et énigmatique.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Dès les premières pages de ce livre traduit depuis en neuf langues, l’écrivaine, née en 1981, embarque le lecteur avec sa narratrice, Elin, 70 ans, créatrice d’accessoires pour le cinéma.
Lire la critique sur le site : LeMonde
L'été arriva avec toute sa lumineuse impétuosité ; Ellen et Birta traînaient en ville entre deux soirées. Parfois, il se passait quelque chose de gênant, dont ni l'une ni l'autre ne se souvenaient précisément. Elles s'entraidaient pour oublier. Des scènes dans des jardins, des chambres d'enfants inconnus, chez des adultes qui riaient d'elles. Parce qu'elles détonnaient, de vraies dures à cuire dans des corps d'adolescentes. Comme des chiots avec des lunettes de soleil, ou des bébés en smoking. Elles dormaient souvent tout habillées, dans les bras l'une de l'autre. Juste quelque part. En public. Là où elles tombaient. Elles fumaient des mégots trouvés dans des cendriers, buvaient des verres abandonnés.
La réalité peut prendre tant de formes qu'elle est dans le meilleur des cas cubique . Dans le pire , prévisible. En tous cas , jamais plate.
La raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire ceci, c’est que personne ne le fera à ma place.