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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce formidable roman d'Alaa El Aswany se déroule au Caire dans les années 1945-1950, la période pré-révolutionnaire qui entraînera la fin des dominations coloniale et monarchique, puis aboutira à l'arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser. Abdelaziz Hamam est d'une noble famille de Haute Egypte, ruiné, il est obligé de vendre sa ferme, pour subvenir au besoin de sa famille, élever et éduquer ses quatre enfants, il s'installe au Caire et devient serviteur à l'Automobile Club d'Egypte, dirigé par un anglais servile, James Wright et supervisé par l'intraitable Chambellan du roi El Kwo, dans lequel le Roi Farouk passe ses soirées à jouer au poker, boire de l'alcool et rencontrer des femmes. Les enfants d'Abdelaziz vont suivre des itinéraires très différents, Kamel étudiant en droit, s'engage dans l'organisation révolutionnaire, Saïd, l'égoïste, ne pense qu'à son profit, Mahmoud se perd dans la débauche, Saliha, la fille brillante étudiante est mariée sous la contrainte à Abdelberr, pour arranger les affaires de son frère Saïd. A travers l'histoire de cette famille et de tous les personnages qui l'entourent, Alaa El Aswany montre la construction des pouvoirs au sein de la société égyptienne de l'époque, le pouvoir des riches sur les serviteurs, le pouvoir de la puissance coloniale sur le pays, le pouvoir des hommes sur les femmes, et celui du souverain sur les courtisans. le décès d'Abdelaziz qui meurt de l'humiliation que lui fait subir le pervers El Kwo, déclenche le mouvement social des serviteurs pour l'abolition des châtiments corporels qui montrent à la fois leur niveau de soumission et de révolte. La construction du roman est géniale, il commence par une pirouette, l'écrivain est chez lui entrain de relire son manuscrit, lorsque 2 personnes sonnent à sa porte, ce sont les personnages de son roman qui viennent lui dire qu'il n'a pas suffisamment tenu compte de leurs sentiments, donc, il accepte des modifications et leurs donne la parole. Ensuite, pour expliquer pourquoi les européens, s'arrogeaient le droit de diriger l'Automobile Club d'Egypte, l'auteur démarre le roman au XIX ème avec l'invention de la voiture automobile par Carl Benz. Chaque chapitre est construit de tel manière que dans les dernières lignes, le lecteur reste en attente de la suite, mais cette suite n'apparaît que plusieurs chapitres plus loin, car entre temps on suit le déroulement d'événements différents, où la vie d'autres personnages. C'est une succession de situations dramatiques, burlesques, sentimentales, de liens familiaux forts où tendus, de rapports de force entre les différentes couches de la société. En situant l'intrigue de ce roman à la fin des années 40, Alaa El Aswany montre combien la construction de la démocratie pour laquelle il est engagé inlassablement, est difficile et semée d'embûches. 630 pages qui se dévorent, et qui permettent de mieux comprendre l'Egypte, et l'islam d'aujourd'hui.
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Le roman « Automobile Club d'Egypte » d'Alaa El Aswany reprend l'histoire d'Egypte là où nous l'avions quittée avec la Trilogie de Naguib Mahfouz. Nous sommes juste après la seconde guerre mondiale, sous le règne de Farouk qui vient souvent se mêler aux jeux des pachas, aristocrates et diplomates qui fréquentent l'Automobile Club d'Egypte, l'endroit le plus huppé de la capitale. le club est régenté par El Kwo, le chambellan du roi qui fait régner la terreur parmi le personnel du club, où travaille Abdelaziz, descendant d'une famille de Haute-Egypte ruinée venu au Caire pour assurer à ses enfants une bonne éducation. Ses enfants ont des tempéraments divers et suivront des chemins différents, mais se trouveront mêlés de près ou de loin à un complot qui vise à mettre à mal la réputation du roi. Alaa El Aswany qui connut le Club dans sa jeunesse puisque son père en était l'avocat, est un merveilleux conteur qui nous emmène par la porte de service dans cette institution, nous montre une société égyptienne qui est censée vivre sur plusieurs niveaux qui ne font que se frôler, mais dans laquelle poussent déjà les germes de la révolution.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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un vrais plaisir de lecture avec des personnages aussi différents qu'attachants et touchants...une vision d'une Égypte qui fut mais qui ne sera plus
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Ce livre nous permet de comprendre la manière de pensée orientale, comment la culture, la croyance, influencent la manière d'être au monde en général, vis à vis des autres et vis à vis de l'autorité. elle nous plonge littéralement au coeur de la societe égyptienne des années 50, dans un roman passionnant et formidablement écrit.
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1946 -L'Automobile Club d'Égypte, club fermé et huppé, à la fois Casino et restaurant, dirigé par un anglais, fréquenté par des aristocrates, par des diplomates, par le roi d'Égypte, qui vient jouer et "s'approvisionner" en femmes jeunes ou moins, sert de cadre à ce roman.
L'Égypte est encore un pays occupé par les Anglais qu'on ne voit qu'au travers de la personnalité du Directeur de l'Automobile Club - ilot de luxe et de corruption au sein d'un pays pauvre. Raciste, il emploie des égyptiens venus de la Haute-Égypte et de Nubie, serviteurs zélés uniquement motivés par les pourboires, leur salaires très faibles ne permettant pas à eux-seuls de faire vivre leurs familles.
Ces serviteurs ont été recrutés par le Chambellan du roi, El-Kwo, homme tout-puissant qui exerce des chantages et les tient sous sa coupe en les battant, en prélevant l'essentiel voire la totalité des pourboires qu'ils perçoivent.
Un père de famille né dans une famille autrefois aisée, travaillant à l'Automobile club, meurt de honte après avoir été giflé publiquement par l'homme de main d'El-Kwo et laisse sa famille démunie. Ses enfants sont donc contraints de travailler, à coté de leurs études, ils sont les principaux acteurs de ce roman riche.
Mariages arrangés, relations anglais-égyptiens, premiers soubresauts des mouvements de décolonisation et de démocratie, filles arrivant vierges au mariage et hommes coureurs, traditions contre modernismes...un roman sur une période pas très ancienne.
Un livre récent, un auteur -menacé aujourd'hui par les frères musulmans - que j'ai découvert avec plaisir et dont je souhaite poursuivre la connaissance
Un gros coup de cœur

Lien : http://mesbelleslectures.wor..
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Avec un titre pareil et une illustration de couverture aussi laide- à mon goût, du moins-, je n'aurais jamais emprunté ce livre ! Heureusement que quelqu'un m'en a parlé ! Je serais passée à côté d'un roman passionnant, foisonnant de petits personnages et d'intrigues, sous le soleil égyptien de la fin des années 40. Je n'ai pas quitté ce livre et l'ai dévoré en 4 jours, malheureusement trop courts !
Sous prétexte de suivre les péripéties d'une famille noble déchue de Haute-Egypte venue s'assurer un salaire au Caire, l'auteur nous plonge dans l'Histoire du pouvoir en Egypte, tiraillée entre monarchie et impérialisme britannique. le roi Farouk se livre à la débauche (jeux, femmes) tandis que ses ministres et conseillers tentent d'attirer sur eux les faveurs du roi. Les Britanniques considèrent les Egyptiens comme des sous-hommes, lâches et paresseux qu'il convient de maintenir dans la terreur. Esprit de colonisation qui paraît complètement ahurissant 60 ans plus tard.
Plusieurs narrateurs s'expriment tour à tour, en boucle: un narrateur omniscient, puis chacun des membres de la famille Hamam. Des personnalités différentes émergent peu à peu au sein de cette famille très traditionnelle. On passe du rire aux larmes en quelques pages en découvrant par exemple les tentatives de séduction des femmes égyptiennes pour se faire épouser ou, autre exemple, les châtiments corporels infligés aux serviteurs de cet Automobile Club.
En plus de tous ces narrateurs, l'auteur brosse le portrait de nombreux personnages dont celui d'El-Kwo, être ignoble qui règne en maître sur les serviteurs totalement soumis du Club, ou celui de Mitsy, jeune britannique tombée sous le charme de l'Egypte et qui doit affronter un père horrible…
Un roman passionnant que je vous conseille fortement !
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EXCELLENT !!!
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Le cadre de ce troisième roman de Alaa El Aswany se situe au Caire à la fin des années 40, c'est-à-dire peu de temps avant le coup d'état de 1952 qui renversera la monarchie sous protectorat britannique. On découvre les dessous et prémisses d'une rébellion dans une société engluée dans les hiérarchies et les despotismes injustes. Les espaces-temps de tous ses personnages se concentrent peu à peu tout en gravitant autour de l'Automobile Club d'Égypte. Ce lieu est hautement symbolique car il représentait alors simultanément la domination anglaise et la toute-puissance d'un roi corrompu et les liens pervers et complexes entre les deux.
Au fil d'une dizaine d'années, nous suivons l'évolution d'une famille composée de quatre enfants : Saliha, la soeur brillante mais à l'avenir compromis de par son sexe, Mahmoud, le frère au physique imposant mais un peu naïf, Kamel, l'étudiant engagé qui combat secrètement le régime, et enfin Saïd, l'opportuniste égoïste. le père, Adelaziz Hamam, est décédé sous les coups du redoutable chef des serviteurs de l'Automobile Club, El-Kwo, bras droit du roi, et la mère, Oum Saïd, est un modèle de courage, de stabilité et de tolérance. Chaque enfant empruntera un chemin différent, selon ses limitations, ses convictions, son caractère. À travers eux, on retrouve le destin des Égyptiens essayant de survivre tout simplement, en profitant du système colonialiste, ou bien engagés à lutter contre le despotisme et la corruption. L'Automobile Club est lui aussi divisé en deux types d'hommes : ceux qui décident de réclamer leurs droits coûte que coûte et refusent la notion de serviteur au profit de celle de travailleur, et l'immense majorité, fataliste, résignée et apeurée, qui considère les frondeurs comme de doux utopistes et préfère s'incliner devant le pouvoir injuste symbolisé par El-Kwo. le dénouement est d'autant plus tragique que, a posteriori, on sait la victoire des rebelles proches dans le temps : mais combien d'activistes ont dû sacrifier leur vie pour qu'elle se produise ?
Alaa El Aswany explore dans ce magnifique roman l'âme humaine soumise à la tentation, du sexe, de l'argent facile, face à une religion surpuissante et culpabilisatrice. Ses personnages sont humains, si proches de nous, même s'ils sont entraînés parfois malgré eux dans l'Histoire de l'Égypte : il y a des moments d'une vie ou de l'Histoire où il faut choisir son camp, comme les serviteurs de l'Automobile Club. Tous les rapports de force y sont décrits avec une grande subtilité et beaucoup d'humanisme, que ce soit les colonisateurs envers les Égyptiens, les hommes envers les femmes ou les parents sur les enfants.
Alaa El Aswany a utilisé la même structure littéraire que pour ses romans précédents, et, là aussi, elle fait merveille – impossible de lâcher le livre une fois commencée. Il fragmente les histoires individuelles en prenant soin de laisser le lecteur à chaque fin de séquence sur un irrésistible suspens. Peu à peu, tous ces parcours individuels, tels des morceaux de puzzle, semblent prendre un sens et fusionner en l'Histoire d'un pays à une période particulièrement palpitante.
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L'auteur a récemment publié ce roman tout à fait remarquable, dont l'intérêt égale celui qu'avait suscité "L'immeuble Yacoubian". Dans les deux cas, l'auteur se concentre sur un microcosme égyptien et, en dépeignant les nombreux protagonistes qui peuplent ces lieux, il esquisse une vaste fresque de la nation toute entière. L'Automobile Club d'Egypte (A. C. E.) a pour président d'honneur le roi lui-même, il est dirigé par J. Wright, un Britannique plein de morgue et il fait travailler des employés de tout rang, y compris de la plus humble origine; un chambellan impitoyable, nommé El Kwo, use et abuse de son pouvoir sur les employés. Avec ce petit monde, Alaa El Aswany déploie une large palette pour évoquer ce pays dans toutes ses composantes. L'action se déroule pendant les dernières années de la monarchie.
D'une manière étrange, ça commence par un prologue où deux des personnages créés par Alaa El Aswany lui apparaissent mystérieusement "en vrai". Ensuite le livre commence un peu poussivement et, au début, le lecteur peut se sentir un peu perdu parmi toutes les personnes qui apparaissent dans le récit et dont il n'a pas encore retenu les noms. Mais, très vite, on entre vraiment dans le roman qui se lit facilement; il a une structure de feuilleton. On suit la destinée d'Abdelaziz Hamam, venu au Caire parce qu'il se retrouvait ruiné, employé au A. C. E. qui, à la suite de diverses péripéties, décède en laissant sa famille dans le besoin. Mais ses enfants jouent un rôle encore plus important, notamment sa fille Saliha, une jeune fille douée qui finit par faire un mauvais mariage, et Kamel, un jeune homme intelligent et fin, qui participe activement à la résistance contre l'occupation britannique de son pays. Mitsy, proche du peuple égyptien (quoique fille de J. Wright), est une belle création de l'auteur. Par ailleurs, les difficultés et les travers de nombreuses autres personnes, jouant un rôle plus secondaire, sont aussi illustrés sans complaisance. Tout en montrant les spécificités de la société égyptienne de l'époque, Alaa El Aswany décrit plus généralement la nature humaine, avec ses grandeurs et ses petitesses.
Le roman est très prenant. Malgré sa longueur, le lecteur ne le lâchera pas car il s'immerge dans le foisonnement orchestré par l'auteur. On pourrait regretter que Kamel et Mitsy apparaissent comme des "héros positifs" trop parfaits; on note aussi l'admiration inconditionnelle du romancier pour le mouvement nationaliste (qui aboutira à la révolution de 1952), mais pourquoi pas ? de mon point de vue, "L'automobile Club d'Egypte" est indiscutablement le nouveau chef d'oeuvre d' Alaa El Aswany.
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Magnifique ouvrage que ce dernier livre d 'Alaa El Aswany écrit dans une langue riche et colorée.Extrêmement vivant par le foisonnement des personnages très attachants( Saliha,Kamel, Mahmoud) des femmes fortes et fières(la mère,Aïcha,Odette) les couleurs de l'Egypte, les descriptions de la ville du Caire. Ce roman est un mélange de fiction et de réalité.
L'auteur allait petit enfant à l'Automobile Club avec son père et se rappelle des histoires racontées par les serviteurs qui avaient côtoyés le roi Farouk.
Le prince révolutionnaire est inspiré d'un vrai prince qui a étudié à la Sorbonne,le prince rouge (communiste). Les questions posées dans le roman sont des questions toujours d'actualité : les Egyptiens veulent-ils la sécurité ou la liberté ?
L'élément humain est le plus important.C'est un hymne à la vie et à l'espoir malgré toutes les souffrances que subissent les personnages.
La philosophie du livre pour l'auteur est que "la violence n'est jamais justifiée, même si vous êtes privé de vos droits".
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