Dans ce petit livre de moins de 100 pages, fatima Elayoubi nous raconte son parcours depuis l'enfance , elle est la seule des quatre filles à aller à l'école, malheureusement à 10 ans c'est déjà terminé :" trois ans à l'école, pas un de plus. Un regret sans fin".
En 1983, elle part en France avec son mari : "j'avais été élevée comme un être humain, et avec mon mari, j'étais devenue un animal ", elle se retrouve dans une chambre de 7m2 et devient femme de ménage.
Un travail dans trois communes différentes, ses deux enfants et le soir " le mari attend sa cuisine marocaine".
Après une chute à son travail, elle va rencontrer plusieurs médecins dont le docteur Adeline du service "souffrance et travail" qui va l'écouter avec bienveillance , en parallèle elle va écrire , en arabe, ses souvenirs d'enfance, ses espoirs, ses souffrances.
J'ai trouvé son écriture à la fois poétique et bouleversante.
" A 58 ans, je ne veux pas partir en silence, je parle au nom de toutes les fatimas qui travaillent dans l'ombre , seules, loin de leurs familles et se contentent de pleurer seules dans leur coeur".
Commenter  J’apprécie         80
Témoignage bouleversant et magnifique sur la double peine d'être femme et exilée. L'écriture est poétique et met en lumière le combat de Fatima pour trouver sa place dans une société qui la réduit à l'invisibilité.
Commenter  J’apprécie         40
Pour moi, toutes les femmes immigrés sont des arbres déplantés, transplantés, d'une terre à l'autre.
Beaucoup se fanent.
Mais s'ils trouvent l'attention, s'ils rencontrent quelqu'un pour ramasser la terre tout autour des racines, alors, je peux vous jurer que l'arbre va porter ses fruits, comme les autres.
La société parle de tout, de bien de détails. Elle a découvert les secrets de la terre. Elle est descendue au fond des océans, y a trouvé des richesses. Elle est même allée chercher des pierres sur la lune. Mais elle ne valorise pas les trésors qui l'entourent. Elle ne s'intéresse pas à ceux qui gardent son petit paradis, dépoussièrent son bureau et ses boulevards, ceux qui cuisent son pain.
On dit de nous, les immigrés, que nous aimons deux pays.
Notre rôle est de mêler leurs cultures.
Notre destin est de rapprocher ces deux pensées car, ici, se trouvent nos enfants, les morceaux de notre foi et la souffrance des années.
Le coeur est là-bas, l'âme et l'esprit ici.
La priorité pour les parents, c'est la nourriture, pas l'école.
A dix ans, la petite doit arrêter l'école car il n'y a plus d'argent pour les chaussures, les vêtements propres...
Trois ans à l'école, pas un de plus.
Un regret sans fin.
Je pense à une femme qui aurait le pouvoir d'un homme.
Pourquoi ? Qu'est-ce que je veux ?
Pourquoi est-ce qu'il faut suivre les autres ?
La femme doit dire qu'elle a un homme qui pense mieux qu'elle, qui sait plus qu'elle.
C'est lui le maître, le chef de famille.
Fatima (2015) - Bande-Annonce