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Transmetropolitan (collection Ve... tome 3 sur 5
EAN : 9782365774406
296 pages
Urban Comics Editions (06/02/2015)
4.43/5   44 notes
Résumé :
La Ville, antre de perdition et de fourmillements perpétuels, s'avère pour certains un lieu de solitude intraitable. Surtout pour un journaliste tel que Spider Jerusalem, vénéré autant qu'il peut être méprisé. Mais bien sûr, face à la récente élection du Sourire à la tête du pays, ses états d'âmes sont le cadet de ses soucis. Dans une société décérébrée où tout peut être acheté, volé et produit en masse, la Vérité est une denrée rare. Spider est pourtant bien déterm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce tome contient les épisodes 25 à 36; soit l'équivalent de recueils VO : Lonely city (épisodes 25 à 30) + Gouge away (épisodes 31 à 36).

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- Lonely city –
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Épisode 25 - Spider Jerusalem se tient sur la terrasse de son luxueux appartement dans le quartier le plus huppé de la ville : il laisse la pluie le tremper. Puis il rentre à l'intérieur et s'installe confortablement. Pendant tout l'épisode, il expose sa vision de la vie au travers de 3 exemples de décès. Il n'y a pas d'action, pas d'aventure, juste Spider qui évoque la mort de son grand-père, celle d'une nonne écrasée par un taxi et la dernière concerne un homme qui s'est suicidé après avoir procédé à des attouchements sur sa soeur pendant 2 ans.

Épisode 26 - Les élections présidentielles sont passées, le nouveau président s'installe au pouvoir et Spider Jerusalem prend des notes pour ses futurs éditoriaux. L'épisode se compose de 22 pleines pages, et de 21 notes (un court pavé de texte) sur des sujets comme les premiers changements d'ambiance dus à la nouvelle mandature, l'addiction aux technologies nouvelles, le travail des enfants (une page rendue insupportable du fait du produit fabriqué, on ne voit pas les enfants), les produits dérivés à partir de la célébrité de Spider Jerusalem (je veux absolument une figurine le représentant assis sur les toilettes), l'usage de la drogue, le sumo, etc.

Épisode 27 - L'un des sénateurs de la nouvelle administration est accusé d'avoir participé au financement de films pornos dans l'illégalité. Spider montre à ses assistantes comment pratiquer un journalisme agressif par le biais d'une investigation proactive.

Épisode 28 à 30 - Un jeune d'une communauté minoritaire a été tabassé à mort par 4 individus. Les faits se sont déroulés dans une grande artère bénéficiant de plusieurs systèmes de vidéosurveillance ; pourtant la police ne procède à aucune arrestation et ne donne aucun renseignement sur la progression de l'enquête. À nouveau Spider se lance dans des tactiques agressives et provocatrices pour mettre la vérité en lumière.

Enfin, Warren Ellis abandonne le format de l'aventure dans un monde de science-fiction pour n'en faire qu'à sa tête. L'épisode 25 constitue une prise de risque total puisque le personnage semble s'adresser au lecteur du début jusqu'à la fin pour essayer d'expliquer sa vision de la place de la mort dans l'ordre naturel des choses. Dis comme ça, ça ne donne pas envie, sauf qu'Ellis (à travers Jerusalem) ne se lance pas une diatribe ou une dissertation. Il prend 3 cas particuliers dont 2 subversifs pour utiliser une forme qui évoque celle du conte, de la fable ou même de la parabole. Ce mode narratif laisse la place à l'avis du lecteur. Ellis n'assène pas ses vérités, il propose sa façon de voir pour entamer le dialogue avec le lecteur. de la même manière, l'épisode 26 est présenté comme une série de notes rapides sur des sujets de société (très contemporain). Là encore, Ellis prend soin de mêler les sentiments de Spider Jerusalem à ce qu'il expose pour que le lecteur ait également la latitude de confronter son propre avis à ces points de vue.

Pour les 2 histoires suivantes, Ellis revient à une forme de narration plus traditionnelle avec une intrigue comportant un début, des actions et une résolution en bonne et due forme. Il revient également à l'idée de journalisme gonzo et à la quête absolue de vérité de Spider Jerusalem. Il continue de creuser le thème de la responsabilité civile personnelle et de la responsabilité des élus et des officiels vis-à-vis de ceux qu'ils gouvernent. Il illustre l'obligation pour les administrés de rester vigilant et d'assurer un contrôle sur les individus à qui ils ont délégué leur pouvoir de décision (un thème d'actualité quelle que soit l'époque considérée, y compris la nôtre). Et il va au-delà de ce thème déjà abordé en montrant également que le journalisme pratiqué à la mode gonzo provoque des conséquences dont le journaliste peut être tenu pour en partie responsable.

Tous les épisodes sont dessinés par Darick Robertson et encrés par Rodney Ramos. J'ai retrouvé tout ce qui fait leur charme : des illustrations faciles à lire, une grande intelligence pour les expressions faciales, un sens du second degré qui n'est pas matraqué à la face du lecteur et une inventivité discrète et divertissante (par exemple la tortue volante glissée dans la case du bas de la page 89). Ce qui saute aux yeux avec ce tome, c'est également leur talent de metteur en scène. Alors que le scénario repose sur Jerusalem en train de papoter tout seul, que les décors disparaissent souvent, le jeu d'acteur, les mouvements de caméra et les expressions de Spider rendent cette séquence intéressante visuellement. Chaque invention futuriste semble aller de soi dans cet univers étrange et bizarre.

Avec ce tome, Warren Ellis s'émancipe des contraintes narratives traditionnelles pour écrire ce qui lui plaît. Même si la forme pourrait laisser supposer que le deuxième épisode est une collection de notes prises pour ses propres chroniques sur ses différents sites, il y a bel et bien une construction narrative très personnelle. Comme à leur habitude, Darick Robertson et Rodney Ramos réalisent une mise en image discrète et efficace, entièrement au service du récit.

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- Gouge away –
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Épisode 31 - Spider Jerusalem découvre avec horreur qu'il a été récupéré par la société de consommation, assimilé par la société du spectacle. Il existe une déclinaison en dessins animés de ses aventures. En surfant sur les chaînes de télé, il découvre même qu'il est le personnage principal de 3 autres feuilletons, chacun avec son ton particulier. Ces séquences sont illustrées par autant de dessinateurs différents : Kieron Dwyer, Lea Hernandez, Bryan Hitch et Fank Quitely. La conclusion est dessinée par Eduardo Risso.

Épisode 32 - Après ce terrible coup au moral et à sa crédibilité, Spider n'a plus qu'une seule solution pour se ressourcer : se promener à pied dans les rues de la Ville. Chaque page se compose de 2 illustrations de la largeur de la page, avec un texte en dessous reprenant le flux de pensées de Spider Jerusalem.

Épisode 33 - Yelena Rossini et Sharon Yarrow bourrent Spider de cachets et s'offrent une virée en Ville sans chaperon, entre filles pour se détendre. Au programme : alcool, shopping et conversations entre filles.

Épisode 34 à 36 (histoire intitulée "Gouge away") - Spider Jerusalem décide de mener une enquête de moralité tout seul. Sa cible : Alan Shact, conseiller du président et directeur de sa campagne électorale. Il secoue toutes ses relations jusqu'à ce qu'elles crachent ce qu'elles savent.

Dans la première moitié de ce tome, Ellis continue de creuser les motivations de Spider Jerusalem. La première histoire porte un coup terrible à Spider en le rendant banal et inoffensif ; ses propos font partie du bruit ambiant en ayant perdu toute dangerosité (le signal est noyé dans le bruit). S'il s'agissait d'un artiste de musique, on dirait qu'il est un vendu, qu'il fait du commercial. À la fin de cet épisode, Spider hallucine une forme d'épiphanie dans laquelle il se retrouve face à son public. C'est du grand Warren Ellis qui semble décrire à la fois ce que la reconnaissance dans le monde des comics lui a apporté et coûté, et à la fois une nouvelle phase de gestation de Spider. L'apport d'illustrateurs différents permet de donner du goût à chacune de ces parodies télévisuelles, parmi lesquelles je retiens surtout les pages de Lea Hernandez, Bryan Hitch, Frank Quitely (on dirait qu'il s'agit de Geoff Darrow) et Eduardo Risso.

Puis Warren Ellis remet Spider sur le trottoir pour une petite balade de réflexion. La force de l'écriture d'Ellis réside dans le fait qu'il ne s'agit pas d'un collage de pensées éparses, ou d'une dissertation interminable, mais d'une sorte de léger monologue intérieur adressé au lecteur. Sous ces dehors de causerie à bâton rompu, Ellis fait émerger une motivation plus profonde de Spider que la quête absolue de la vérité. Et pour finir, Spider redevient le journaliste gonzo que tout le monde déteste et craint, dans une belle résurgence d'esprit punk et nihiliste.

L'épisode consacré aux filles apporte une sorte de détente, mais aussi un autre point de vue sur les mêmes thèmes qui sont le refus de la compromission, le refus de l'intimidation, le refus de fermer les yeux. Avec les 3 derniers épisodes, Ellis reprend une forme de narration plus traditionnelle dans laquelle il y a une aventure, avec un début, et une résolution finale. Spider est redevenu dangereux, incontrôlable et intolérant. Ellis commence également à resserrer la continuité de sa série en évoquant des épisodes précédents qui semblaient jusqu'ici n'avoir pas de conséquences à long terme.

Dans l'ombre de ce scénario intelligent, irrévérencieux et provocateur, Darick Robertson et Rodney Ramos continuent de mettre en images des idées complexes, en développant de manière cohérente l'environnement dans lequel évolue Spider Jerusalem, et du reste de la troupe. Ils savent à la fois composer des images qui restent dans la tête et insérer des détails qui produisent un petit plus dans la lecture. Dans la première catégorie, le lecteur se souviendra de Spider prostré sur le carrelage de sa cuisine en pleine défonce, sous l'oeil de Sharon et Yelena, de Spider en train de pousser un moine bouddhiste sous les roues d'une voiture, de Sharon et Yelena en train de s'entraîner dans un stand de tir avec des mannequins particuliers, de Spider en train de défoncer le nez d'un individu à grands coups de talon, etc. Dans la deuxième catégorie, le lecteur découvre dans un coin de cases un détail qui tue : le retour de l'inscription "Stomp" (Écrase !") sous les semelles de Spider, l'inscription "Free Steve Chung" répétée sous forme de graffiti (en hommage à un correspondant obsessionnel du courrier des lecteurs), l'inscription "durée expirée" sur un banc public, les incroyables herbes dans la réserve communautaire Farsight, les bougies de l'autel dressé à la mémoire de Vita, etc.

Dans ce tome, Warren Ellis redonne du sens au mot "alternative", expose une nouvelle motivation qui définit les actes de Spider Jerusalem, avec des illustrations qui font plus que simplement mettre en images le scénario.
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Ouh, j'ai eu un peu peur au début de l'album, peur d'avoir perdu mon journaliste gonzo préféré car durant les premières pages, Spider Jerusalem nous parle de sa vision de la vie au travers de 3 décès.

Il pleut, il est dehors, il n'y a pas d'action, pas d'enquête, juste Spider qui évoque la mort. Malgré tout, vu que c'est Spider, ça reste assez trash.

Ensuite, nous revenons à ce que Spider fait de mieux : prendre des notes pour ses futurs articles car le nouveau président est entré à la Maison Blanche et il a tout l'air d'être encore pire que le précédent que Spider avait surnommé "La Bête".

Notre Spider est pareil et égal à lui-même : il cherche, il enquête, il fouille les poubelles afin d'expliquer à ses sordides assistantes (c'est ainsi qu'il les nomme) comment arriver à la Vérité grâce à son journalisme agressif.

Si le début tenait plus de la dissertation sur le sujet de la Mort, la suite est bien une enquête de Spider Jerusalem sur les magouilles des politiciens et sur certains arrangements pris par la police.

Avec son récit, l'auteur nous démontre aussi que toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire et que pour une vérité divulguée, ça peut donner lieu à des dommages collatéraux importants. Et Spider en est le principal responsable car c'est à cause de sa pratique du journalisme gonzo qu'il a déclenché ça.

Malgré tout, la conscience de Spider a dû se barrer il y a longtemps car pour lui ne compte que la vérité qu'il aime crier sur tous les toits, lui qui considère les gens comme des moutons, des crétins, des imbéciles, leur reprochant de ne pas surveiller les gens qu'ils ont élus.

Dans ces albums, il n'y a pas que les textes qui sont importants, il y a aussi les images et même si Spider se ballade seul dans la ville, il faut admirer les dessins et chercher des petits détails qui font que cette série n'est pas comme les autres (voyez dans l'illustration de la couverture : la trace blanche de sperme sur son short noir).

Si le nouveau président voulait faire taire Spider, et bien, c'est raté ! le voici encore plus incontrôlable que d'habitude, encore plus dangereux, plus fou, plus taré et bien décidé à faire éclater des vérités.

Une saga que je ne regrette pas d'avoir découverte, une plongée dans un monde futuriste mais tout compte fait, pas si éloigné du nôtre !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Youhouuu revoici notre journaliste gonzo préféré, après un début intimiste et contemplatif, moments où Ellis excelle à chaque fois et pose une ambiance qui nous immerge complétement dans son anti-héros, ses remises en question et ses pétages de plomb, ce volume s'attaque au gros morceau, le président des Etats-Unis !
Lien : http://www.psychovision.net/..
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critiques presse (1)
BDGest
25 février 2015
Cette Année Trois fait écho à nos problèmes contemporains, anticipant les moyens de communication modernes tout en se référant aux traditions de l’éthique professionnelle, le tout accompagné d’un zeste de drogues hallucinogènes, de vulgarité répugnante et de violence gratuite : le cocktail est explosif.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Monstruer. [...] C'est l'art de maltraiter les gens, de les prendre en embuscade avec des questions, de les traquer avec des questions, de les acculer avec des questions et de les enterrer sous des putains de questions. [...] Monstruer, au bout du compte, c'est se sentir concerné. C'est rendre à ces enflures [...] la monnaie de leur pièce. Leur faire sentir ce que c'est d'être nous. [...] On leur montre qu'ils ont des comptes à rendre. [...] C'est ça le journalisme affectif. C'est se soucier du monde dont on parle dans nos articles. Certains disent que c'est du mauvais journalisme, que la vision du monde dans le médias d'information devait être froide, impartiale. Et si c'est ce que tu veux, il y a des caméras de surveillance partout, t'as qu'à emprunter la cassette !
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Ils pensent, comme beaucoup de gens, que la peur suffira. Que la peur maintiendra tout le monde à sa place. Que la peur empêchera tout le monde de se concentrer sur ce qui se passe vraiment. [...] Je n'ai pas peur d'eux. C'est eux qui ont peur de moi. Ils ont peur de la vérité.
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Reculez ... Je vous préviens, j'exsude la syphilis, putain, je vous jure ...
ELOIGNEZ-VOUS DE MOI !

Mais c'est ça que tu veux, non ? Qu'on fasse tous attention à toi ?

Non ! Je voulais que vous m'ENTENDIEZ !

On t'a entendu, mais on n'a pas ÉCOUTÉ.

ENFLURES !

Et comment. Nous sommes le PUBLIC. Nous sommes ceux qui votent pour les fellations et les feuilletons télé. Nous sommes ceux qui prennent les informations pour argent comptant.
Nous sommes ceux qui jettent leurs papiers par terre. Nous sommes les violeurs occasionnels, les chômeurs violents, les parents que les enfants n'oublieront jamais, les enfants qui tabassent à mort les vieillards parce qu'ils sentent bizarre.
Nous sommes ceux à qui tu t'es toujours adressé. Nous sommes ceux que tu engueules chaque semaine dans tes articles ...
Mais putain, nous ne lisons PAS les JOURNAUX. Dieu nous en garde. Nous sommes ceux qui ne te voient qu'à la télé, ou à travers les versions abrégées des webcanaux.
Nous n'avons jamais rien écouté de ce que tu dis.
Nous sommes ton PUBLIC.
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La majorité de ces pauvres diables ont le choix entre ces appartements abandonnés ou la rue, et il y a un pan entier de la loi conçu pour tolérer le squat dans ce genre de circonstance... Et tout un autre qui dit le contraire. Votre politique en la matière dépend donc entièrement de votre placement sur l'échelle des ordures.
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La vie ça craint, et après tu meurs.
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