Ce tome comprend "Demon Annual" 2 (1993), "Batman chronicles" 4 et "Hitman" 1 à 3, épisodes parus en 1996.
Un soir quelque part à Gotham, Tommy Monaghan s'apprête à accomplir son travail : assassiner Robert Dulbez à l'aide d'un fusil à lunette. Monaghan est un tueur à gages et il a été engagé pour tuer un parrain de la pègre de Gotham. Malheureusement avant qu'il ne puisse exécuter son contrat un énorme monstre (Glonth) apparaît et tue Dulbez. Il aperçoit Monaghan de l'autre coté de la rue et se rue sur lui pour également lui sucer la moelle épinière. IMonaghan se réveille à l'hôpital avec des globes oculaires complètement noirs et 2 capacités paranormales : une vision aux rayons X et une forme modérée de télépathie. Il adopte le surnom de Hitman et décide d'abattre Glonth avec l'aide d'Etrigan, alors que la pègre est persuadée qu'il a tué Dulbez et que ses fils cherchent à se venger. Cette affaire réglée, Monaghan accepte un contrat du gouvernement pour abattre un homme ayant servi de cobaye pour des expériences biologiques, alors qu'une quarantaine pèse sur Gotham. Il croise Batman. Enfin il accepte un contrat pour abattre le Joker. Batman l'apprend grâce à un informateur.
De 1993 à 1995,
Garth Ennis (alors jeune débutant dans les comics américains) et
John McCrea ont réalisé une vingtaine d'épisodes de la série "The Demon" (personnage initialement créé par
Jack Kirby dans The Demon). Ils profitent d'un numéro annuel intégré à la création d'une flopée de superhéros (1993, initiative baptisée "Bloodlines") pour créer ce personnage très atypique. Hitman revient à une ou deux reprises dans la série "The Demon". À la fin de ladite série, ils continuent leur collaboration avec "Hitman" qui comptera 61 épisodes jusqu'en 2001.
Contrairement à ce que le point de départ pourrait laisser croire, Tommy Monaghan n'est pas un simple décalque du Punisher. Certes, il a la gâchette facile et tuer ne lui fait pas peur. Mais il n'est pas possédé par une soif inextinguible de vengeance, ou par un nihilisme quasi suicidaire ; c'est juste son métier de tuer des gens à la moralité douteuse. Il dispose également de 2 superpouvoirs mais il les utilise avec parcimonie. Dès le départ, Ennis montre que Monaghan ne les utilisera pas de manière conventionnelle. Par exemple, sa télépathie lui permet d'accéder aux pensées de surface de ceux qui l'entourent et il y a déjà un infirmier qui ne pense qu'à reluquer dans le décolleté de sa collègue chaque fois qu'elle se penche vers un malade. de la même manière, sa vision radiographique lui permet de visualiser les sous-vêtements de Wendy, le premier flirt de la série. Clairement, Ennis n'invite pas le lecteur dans une série de superhéros conventionnelle.
Malgré tout, Monaghan évolue déjà en plein coeur de l'univers partagé DC. Demon (Jason Bllod) n'est pas un personnage de premier plan, mais Hitman croise par 2 fois la route de Batman. Ennis joue à plein le contraste entre les superhéros traditionnel et Hitman. Au début de l'épisode 1, il extermine sans sourciller 6 supercriminels avec des balles bien placées. Et lors d'une rencontre avec le ténébreux et très sérieux Batman, il est pris d'un haut-le-coeur irrépressible qui l'amène à souiller les bottes du Dark Knight. Ennis repousse les limites du bon goût et du politiquement incorrect autant qu'il le peut dans le cadre rigide de l'univers DC. Il insère également une thématique qui lui est chère : celle des potes. Entre 2 contrats, Monaghan va descendre des bières et jouer au poker dans bar appelé "Noonan's", avec Sean Noonan, Pat Noonan (le neveu de Sean), Ringo Chen et Hacken.
John McCrea a un style à mi-chemin entre celui des comics traditionnels et celui de comics plus adultes. Il a gardé le dispositif de mise en place des scènes : un décor détaillé en début de scène pour définir l'endroit et l'ambiance, et de brefs rappels dans les cases suivantes pour gagner du temps en dessinant moins. D'un coté, il s'agit d'un raccourci qui permet au dessinateur d'aller plus vite, de l'autre c'est un tel pis-aller graphique que ça déprécie fortement la qualité de la narration. Par contre,
John McCrea semble encore assez influencé par Kevin O'Neill et
Mike McMahon. C'est à dire que McCrea ne dessine pas pour faire joli, il préfère mettre en avant certaines particularités, quitte à exagérer les représentations en déformant les morphologies. Son démon présente un visage très éloigné des représentations établies par
Jack Kirby. Son Batman est imposant, musculeux, avec une cape démesurément longue et parfois des muscles des cuisses surnuméraires. Il profite des yeux anormaux de Monaghan pour l'affubler en permanence d'une paire de lunettes noires, il lui dessine des expressions faciales souvent marquées d'un petit rictus de supériorité et il utilise les longs pans de son manteau à la fois pour lui donner une apparence remarquable, et pour le différencier d'un costume de superhéros traditionnel.
Avec ces premiers épisodes, Ennis attaque bille en tête en repoussant les limites du politiquement incorrect dans une série de superhéros.
John McCrea utilise sa vision assez personnelle de l'illustration pour combiner quelques raccourcis pénibles propres aux superhéros, avec des visuels déjà éloignés d'un style pour faire joli. Monaghan continue à jouer les tueurs et à faire le poil-à-gratter dans Ten Thousand Bullets (épisodes 4 à 8, et Annual 1).