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Citations sur Le jeu des ombres (91)

Irene était une lectrice indisciplinée et gardait un fouillis de livres à moitié lus près de son lit, mais aussi sur les tables basses et aux toilettes. Elle avait rarement la patience d’aller jusqu’au bout de ses lectures, même si elle prenait des notes sur des fiches. Des amas de fiches en désordre étaient entassés çà et là, déstabilisant les piles qui s’effondraient déjà au chevet du lit. Gil lisait avec davantage de méthode. S’il commençait un livre, il le terminait. Sa vénération pour les livres était née avec les merveilles mises au rebut que sa mère avait rapportées à la maison. L’odeur des pages moisies. Le dos cassé, déchiré, laissant apparaître le carton. Rien ne comptait sinon que le volume soit sauvé comme quelque chose d’humain.
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Gil songea qu'Irène tentait peut-être de lui adresser un message en relatant et en dénaturant cette histoire. Lui volait-il quelque chose en la peignant ? Fabriquait-il une sorte de copie d'elle habitant une autre dimension que celle des tableaux ? Avait-il mis tant de son être dans une image d'elle qu'il avait créée, qu'il affaiblissait ou diminuait la "vraie Irène" ? (p. 51)
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Je suis folle de rage contre toi, maman, mais tout de même: tu m'as confié la narration. Riel
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On lui avait déconseillé de peindre sa femme. ce serait dur pour leur mariage. Mais il avait commencé avant qu'ils ne soient mariés. (...) Et puis, même lorsqu'ils se disputaient, il était en paix quand il peignait Irène. Elle était là devant lui et il n'avait pas à se demander ce qu'elle en train de faire.D'ailleurs Hopper avait peint Jo, Rembrandt avait peint Saskia, puis Hendrickje. Wyeth avait peint Betsy et bien sûr Helga; Bonnard avait peint Marthe; il y avait l'immense et dévorant Picasso; de Kooning, Kitaj et Hohn Curtin avaient peint leurs femmes. C'était une façon d'atteindre l'autre essentiel, l'essence inconnue, et peindre était aussi un acte d'amour ébloui. (p.41)
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Gil, t'arrive-t-il de réfléchir à ce qu'est la vie privée, enfin, , en tant que notion, jusqu'où les gens y ont-ils droit ? Jusqu'où les gens y renoncent-ils quand ils sont ensemble, tu sais, jusqu'où la vie privée est-elle importante ou justifiée ? Gil ? (p. 37)
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J’ai demandé un jour à Florian si une flamme parfaitement stable était possible. Dans un vide sans air, a-t-il répondu, en théorie une flamme parfaitement stable est possible, et pourtant impossible. Il n’y aurait pas d’oxygène, et sans lui un vrai feu ne pourrait exister.
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Le kitsch […] existait dans les cultures maya, inca, aztèque. Ces coiffes géniales ! La mort collective. Arracher aux gens leur cœur encore palpitant. Le kitsch existait certainement dans ces cultures –sinon Mel Gibson n’aurait pas pu tourner de film.
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Il dessinait sa mère presque tous les jours, vêtue de belles robes. […] Dans chaque dessin, au bout de la main de sa mère, Stoney dessinait un bâton terminé par une petite demi-lune.
Avant le dîner, Irene était là en compagnie de Riel et de Florian. Stoney exposait ses œuvres. Il leur montrait son paquet d’images.
Ecoute, dit Irene quand elle eut feuilleté ses portraits et admiré ses tenues dessinées avec soin. Il y a ce truc dans ma main, comme un appendice supplémentaire, qui est toujours là. Dans chaque dessin. Qu’est-ce que c’est, Stoney ?
Le verre de vin.
Irene demeura silencieuse.
Il croit qu’il fait partie de toi, remarqua Florian.
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Les chiens déferlèrent sur elle. […] Elle attrapa soudain le plus âgé et le hissa sur ses genoux comme un chiot. Le chien se tortilla à la manière d’un enfant, inquiet et ravi. Malgré son poids, elle referma ses bras sur lui et le tint serré, en murmurant à son oreille jusqu’à ce qu’il se laisse aller contre elle, vautré et silencieux. Un peu plus tard, Irene s’aperçut qu’elle avait mis son chien mal à l’aise et le laissa se retourner jusqu’à ce qu’il pousse un grognement de béatitude. Elle plongea les doigts dans les touffes soyeuses qu’il avait derrière les oreilles et il ferma les yeux. L’autre chien posa la tête sur ses genoux et leva son regard vers elle. C’étaient des idiots savants sur le plan affectif. Ils savaient tout.
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Il fallait qu'elle rejette le poids du regard de Gil. Existe sans être observée. Elle parviendrait ainsi petit à petit à calmer la douleur causée par la conscience qu'elle avait d'elle-même. Les bains étaient donc spirituels. Ils faisaient davantage que laver, ils reconstituaient. (p. 26)
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