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sur 682 notes
Ce que Didier Eribon à vécu à Reims, j'ai l'impression de l'avoir moi-même vécu à Clermont-Ferrand. Grand lecteur (et brillant biographe) de Foucault, Eribon est issu de la classe ouvrière. Certains lecteurs lui reproche de se plaindre à chaque page, les mêmes qui sans doute ne supporte pas "Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis. Mais il faut de la force, il faut un bras de levier intellectuel et intime très puissant pour faire ce que ces deux-là ont fait. Il ne s'agit pas de reniement, il s'agit de comprendre sa différence et d'en assumer toutes les conséquences en tentant de garder un cap éthique, existentiel, honorable. J'ai lu ce livre à sa sortie, et relu récemment à l'occasion d'un séminaire : je m'y suis ressourcé.
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Un livre très riche, trop riche peut-être, ce qui le rend à la fois intéressant et confessant.
L'auteur aborde à la fois ses relations avec sa famille, sa vie entre le milieu intellectuel et ses origines ouvrières, l'évolution sur l'échiquier politique de se famille (et plus largement de la classe ouvrière), sa vie comme homosexuel, le hasard qui lui a permis de sortir de la condition ouvrière et toutes les chausse-trappes qu'il a du éviter pour rester dans un circuit de promotion, et j'en passe.

Bref, attendez-vous à une forme de journal dans lequel vous lirez ce qui vous intéresse et vous inspire.
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Mélange d'autobiographie et d'analyse sociale et politique. Ou comment les déterminismes sociaux et sexuelles s'imposent dans une vie. Excellent.
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Tout est entièrement prévisible dans ce récit où l'auteur s'écoute écrire. Il n'y a pas de chair. Les innombrables citations d'Annie Ernaux au fil des pages donnent à l'ensemble un goût de devoir d'étudiant appliqué qui veut faire plaisir à la maîtresse. Tout y apparaît simpliste et sans transcendance. Il manque le geste artistique.
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C'est un livre rempli de sincérité, de clairvoyance et de lucidité. Didier Eribon ne fait pas retracer un passé personnel et familial douloureux, mais analyse très sérieusement les causes sociologiques et politiques des agissements de ses proches et de son propre comportement.
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Je n'attribue pas une note excellente à ce livre parce que j'ai déjà beaucoup lu sur les thèmes abordés (homosexualité, la sociologie du vote FN, les déterminismes sociaux, etc.). Je n'ai donc pas appris grand chose mais c'est quand même toujours agréable de lire une critique de la méritocratie par exemple. Je conseille néanmoins ce livre car il peut être une excellente approche pour ces sujets, abordés avec sérieux mais de manière souvent claire.

Quelques passages que j'ai trouvé éclairants :

L'élimination scolaire passe souvent par l'autoélimination, et par la revendication de celle-ci comme s'il s'agissait d'un choix : la scolarité longue, c'est pour les autres, ceux « qui ont les moyens » et qui se trouvent être les mêmes que ceux à qui « ça plaît ».Le champ des possibles – et même celui des possibles simplement envisageables, sans parler de celui des possibles réalisables – est étroitement circonscrit par la position de classe.

C'est l'ordre des choses, voilà tout. Et l'on ne voit pas comment fonctionne cet ordre, car cela nécessiterait de pouvoir se regarder soi-même de l'extérieur, d'adopter une vue en surplomb sur sa propre vie et sur celle des autres. Il faut être passé, comme ce fut mon cas, d'un côté à l'autre de la ligne de démarcation pour échapper à l'implacable logique de ce qui va de soi et apercevoir la terrible injustice de cette distribution inégalitaire des chances et des possibles.

Wideman nous oblige donc à admettre ceci : le fait irréfutable que certains – nombreux, sans doute – s'écartent des voies « statistiques » et déjouent la terrible logique des « chiffres » n'annule en rien, comme voudrait le laisser croire l'idéologie du « mérite personnel », la vérité sociologique révélée par ceux-ci.

Les enseignants font de leur mieux ! Mais ils ne peuvent rien, ou si peu, contre les forces irrésistibles de l'ordre social, qui agissent à la fois souterrainement et au vu de tous, et qui s'imposent envers et contre tout.

L'influence que cette amitié exerça sur moi et l'aide que, sans s'en rendre compte, ce garçon m'apporta furent néanmoins déterminantes : mon habitus de classe me portait, au début, à résister à la culture scolaire, au type de discipline qu'elle exige. J'étais turbulent, indocile, et il s'en serait fallu d'un rien pour que des forces irrésistibles me conduisent à dériver vers un refus complet. Lui, c'était le contraire : la culture était son monde, depuis toujours.

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Après avoir lu Annie Ernaux et Édouard Louis, on ne peut être qu'enchantee par ce récit d'une grande intelligence et d'une vraie subtilité. Ce récit d'un transfuge de classe homosexuel analyse avec finesse la domination de classe, les relations de la classe ouvrière avec les partis politiques et la sexualité, les sentiments mêlés de ceux qui choisissent une voie différente de la voie familiale, la découverte de la philosophie et de la bourgeoisie intellectuelle. Une lecture passionnante.
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Dans Retour à ReimsDidier ERIBON dissèque à travers le prisme d'une analyse déterministe très inspirée de Pierre Bourdieu son expérience d'ascension sociale, son vécu émotionnel, son écartèlement entre l'habitus du groupe familial originel, et celui des différents groupes de référence rencontrés de l'adolescence à l'âge adulte. Il constate l'existence de quasi frontières que d'aucuns considèreraient comme d'obédience psychologique mais qui pour lui relèvent des contraintes socio-culturelles et de l'oppression exercée par les classes dominantes sur les dominées, et des classes dominées sur leurs propres membres car il n'enjolive absolument pas le milieu socio-culturel dont il est issu: il en souligne les incohérences, notamment politiques – du vote communiste à la montée de l'extrême-droite , la brutalité machiste.....
Mais il insiste surtout sur l'ambivalence du système éducatif : Essentiellement fossoyeur de toute velléité d'ascension sociale pour le plus grand nombre des enfants issus des classes populaires il a aussi été sa chance d'ouverture à un autre possible ! la fréquentation des enfants de milieux sociaux culturellement favorisés, celle de quelques enseignants, lui ont donné la rage de s'approprier d'autres univers culturels.
On pourrait rapprocher cet ouvrage des romans d'Annie Ernaux mais il s'agit bien plus d'un essai sociologique que d'un roman ; le parcours personnel n'est qu'une illustration, l'objet, «la chose» qu'il analyse.
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Un livre vibrant, sensible sur un cheminement personnel. l'histoire aussi d'une ascension sociale...un tres beau livre où j'ai retrouvé dans la bouche des parents de l'auteur des remarques qui me furent faites à moi aussi dans l'enfance. En particulier la remarque sur la musique classique écoutée à la radio 😕...
Est ce Goethe qui a dit : "on est adulte quand on a pardonné à ses parents" ou quelque chose d'approchant ?
à lire absolument...
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À propos de Raymond Aron, qui évoque son absence de conscience de classe, Didier Eribon répond : “Il me semble surtout incontestable que cette absence du sentiment d'appartenir à une classe caractérise les enfances bourgeoises. Les dominants ne perçoivent pas qu'ils sont inscrits dans un monde particulier, situé.” p.100-101

Didier Eribon est un sociologue, né dans un milieu populaire. Dans retour à Reims, il questionne son milieu social, et sa trajectoire de classe.
Il y aborde les thèmes de l'homosexualité masculine, du racisme, du vote dans le milieu ouvrier ainsi que la place des femmes dans ce même milieu.

Je me suis un peu reconnue dans ce livre, notamment en ce qui concerne la volonté de m'éloigner de mon milieu social, de le distancier. Mais aussi concernant la question de l'extraction de son milieu. En effet, il évoque le fait que sans relations, sans capital social, les diplômes sont insuffisants pour faire une belle carrière. Sans les rencontres qu'il a faite dans le milieu homosexuel, il n'aurait pas pu s'extraire de sa classe. Il analyse son homosexualité au regard de sa trajectoire de classe, et pense que c'est élément qui l'a fait dévier. Ne s'intéressant pas, et ne se reconnaissant pas dans les codes hétérosexuels masculins, il a dévié. “Il se pourrait bien que, en ce qui me concerne, le ressort de ce “miracle” ait été l'homosexualité.”

Autre élément important et intéressant, il propose des éléments de compréhension sur le vote des milieux ouvriers blancs. Il y a le racisme, et il y a l'abandon de la gauche de gouvernement. Cette dernière a arrêté de parler de lutte de classe mais a préféré parler de “vivre ensemble”, ou encore ne parlait plus “d'exploitation et de résistance, mais de “modernisation nécessaire” et de “réformation sociale.””
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