Didier Eribon analyse ses origines, ce milieu ouvrier avec lequel il a coupé les ponts, pour mener une vie d'intellectuel parisien. il dissèque cet eloignement progressif dans le contexte social de l'epoque.
Le constat est très fataliste, il ne montre aucun attachement sentimental à sa famille, et on ne ressent pas non plus de reconnaissance . Pourtant le récit nous montre bien que ses parents, à leur manière, avec leurs moyens, l'ont soutenu dans sa réussite scolaire, là où il était plus courant de mettre fin le plus tôt possible aux études des enfants, en les encourageant à entrer dans la vie active très jeunes.
Le discours politique est aussi à charge, la bourgeoisie étant la cause de tous les maux, à la limite du complotisme.
Et dans tout cela on le voit seul : ce
retour à Reims ne semble pas avoir été l'occasion de se rapprocher de sa famille, de sa mère, de ses frères, de se sentir chez lui dans ce milieu social. Mais il n'est pas plus proche du milieu bourgeois, dont on n'est pas sûr qu'il a lui-même admis en faire partie. L'auteur ne fait donc partie d'aucune classe, il se traite comme une exception dans le système qu'il décrit, y compris en critiquant vertement le système éducatif alors qu'il explique y contribuer au niveau universitaire - pour contribuer à la continuité dans la domination bourgeoise?
De très belles analyses donc, mais un auteur aigri et acariâtre.