Les nouvellistes, on les préfère généralement américains. En quelques pages, ils ont le chic de nous toucher au coeur directement. Peut-être cela vient du fait qu'ils ne s'embarrassent pas d'y mettre trop de forme. La vie, seule la vie vaut la peine d'être décortiquée par le petit bout de la lorgnette. Les Français parlent trop de ce que l'on connaît. On partage leur histoire, on partage leur culture. Ils sont trop souvent obligés de biaiser pour nous appâter et capter notre empathie. Or, heureusement, il en est qui nous surprennent encore en entretenant simplement la flamme d'un genre populaire qui nous rappelle en permanence la fragilité de nos existences. A l'exemple de
Patrick Eris et des nouvelles fantastiques qui paraissent sous le titre de "
Docteur Jeep" aux éditions Rivière Blanche. Avec ce recueil, l'auteur nous entraîne de noirceur en noirceur avec les mains d'une bonne âme qui nous proposerait des chocolats. Les cauchemars se succèdent, d'un camion du "Duel" de Spielberg à une ville carnivore à la
Jorge Luis Borges. On se surprend à en redemander.
Patrick Eris sait économiser ses effets et sait surtout faire en sorte que la littérature s'efface derrière le récit. Evidemment, il traduit de nombreux auteurs anglo-saxons. CQFD.