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4,09

sur 2215 notes
Roman de la mémoire, du souvenir, du temps qui fuit que nous n'attrapons jamais malgré tous nos efforts. Annie Ernaux retrace sa vie et son époque a travers des photographies ou des films familiaux, de son plus jeune âge à 2006, année durant laquelle elle écrit ce roman (en réalité depuis des décennies apprend-on). C'est passionnant, émouvant, jamais ennuyant ni auto-centré (ce qu'on pouvait craindre). Nous saisissons plusieurs époques à travers de multiples scènes (de la table des repas après guerre alors quelle était petite fille à celle des années 2000 alors qu'elle est grand-mère). Au delà d'une époque et d'une vie, c'est la nôtre qui file que nous voyons en filigrane. La nostalgie nous prend mais aussi une certaine douceur au coin du coeur, nous faisons partie de la même famille.
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Annie Ernaux a deux ou trois années de plus que moi qui suis née en 1943... elle parcourt toute l' époque en étant mon ainée de deux ans et donc où nous avons respiré le même air du temps ...semble-t-il ... or, ce n'est pas du tout l'impression que j'en ai.
Cette façon de raconter "les années " de façon très distanciée par l'utilisation du "on"qui, non seulement est impersonnel, mais aussi, fait penser que l'ensemble de la génération d'Annie Ernaux vit la même chose qu'elle ..
Je ne suis pas du tout d'accord ... bien sûr que dans le quotidien, je me suis reconnue dans ses évocations ... (tout le ronron qui fait l'environnement des jeunes filles en fleurs)
mais, pour moi et pour ceux avec qui je partageais ce qui m'animait, ce qui m'a marqué profondément, c'est la guerre d'Algérie, ce sont les départs des soldats croisés dans les trains, la lecture des journaux, les discussions lors du repas du dimanche, c'est l'OAS, les tortures, etc ... Toutes les familles étaient touchées ...les intellectuels prenaient position ..Comment Annie Ernaux a t-elle pu passer au travers de tout cela? pourquoi ce silence ?
Par l'utilisation de ce "on" j'ai eu l'impression que cet auteur m'avait dérobé
mes souvenirs d'adolescence et de jeune femme ...
sans doute, devrais-je lire un autre livre d'elle.......
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Une autobiographie collective ou un récit historique personnel?

Annie Ernaux témoigne encore à travers son vécu, des grands bouleversements de sa génération (juste entre celle de mes grands-parents et de mes parents!) de 1940 à nos jours.
Son écriture est comme toujours épurée, juste et pertinente.

Sa position clairement à gauche, son féminisme engagé tout y est toujours bien présent.

C'est un très beau témoignage pour comprendre les générations précédentes, ce qui a du être fait et défait pour en arriver là où nous sommes aujourd'hui.

Exemples en vrac:

Avènement de la société de consommation, apogée des médias et de la publicité. 'Les idéaux de mai se convertissaient en objets et en divertissements."

Le recul de la religion, qui a perdu petit à petit son emprise avec l'arrivée de la contraception et de la liberté sexuelle. Alors qu'en 1940: "Que des instituteurs ou des gens instruits, à la conduite irréprochable ne croient en rien paraissait une anomalie". Alors que dans les années 80-90: "En perdant son champs d'action principal, le sexe, elle avait tout perdu. Hors du cours de philo, l'idée de Dieu n'était ni franchement valable ni sérieuse à débattre."

Non, la contraception hormonale n'a pas été inventée pour empoisonner les femmes mais pour les libérer.

Le poids des batailles pour le droit à l'IVG.

La peur avec l'arrivée du SIDA.

L'horreur lorsque JM le Pen, "diseur d'horreurs antisémites et racistes depuis vingt ans, le démagogue au rictus haineux qui amusait la galerie" surgit sur l'écran à l'issu du 1er tour, face à Chirac et anéantissant Jospin? (là j'étais née je m'en souviens! ).

En conclusion, non "tout n'était pas mieux avant" et non "tout n'est pas mieux maintenant" mais que de bouleversements en 60 ans!!








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L'auteur : Originaire de Normandie, dans un milieu social modeste, elle est successivement institutrice, professeur certifié et agrégée de lettres. Très tôt dans sa carrière littéraire, elle délaisse le genre romanesque pour se concentrer sur l'autobiographie.

Le livre : Publié en 2008, il a reçu le Prix Marguerite Duras et le Prix François Mauriac. Il retrace à la fois la vie d'une jeune femme (l'auteur ?) née dans les années 1950 en France, jusqu'à 2006; en parallèle avec la vie sociale, culture et politique française.

Ce que j'en dis :

Attention, chef d'oeuvre !

A première vue, je n'étais pas très motivée pour le lire, malgré les bonnes critiques que j'avais lu, car je n'adhère habituellement pas aux projets autobiographiques menés par les auteurs contemporains. Cependant, les premières pages m'ont surpris, et puis rapidement accrochées au moment de la plongée au coeur de l'histoire et de l'Histoire. En réalité, la dimension autobiographique n'existe que pour donner l'occasion de faire l'analyse sociologique de l'évolution de la société française.

Ce livre se lit d'une traite, dans un grand mouvement où l'on embrasse en 200 pages un demi-siècle d'histoire, raconté par une écriture efficace et prenante. Mais surtout on est pris dans le grand mouvement du temps qui passe, de la mémoire qui risque de s'effacer, de la nécessité d'écrire pour se souvenir. On est saisi par le passage incessant et rapide des années décrites, qui ne se ressemblent pas, mais passent également.

Un grand frisson. Un vertige.

Par-dessus tout, ce livre permet de mesurer les changements énormes qu'a subi la société française, mais surtout de les vivre au quotidien à travers les yeux d'une femme qui y a assisté. Cela m'a fait prendre du recul vis-à-vis de certains événements qui sont magnifiés aujourd'hui et qui ont semblé si peu importants à l'époque.

J'ai également particulièrement aimé voir la manière dont la condition féminine a changé (alors que je suis très peu féministe ...), à travers la psychologie du "personnage"; ainsi que les moeurs et habitudes des jeunes à travers ce demi-siècle.

Pour conclure, c'est une magnifique fresque que nous a peinte Annie Ernaux dans Les Années; une fresque que, d'après moi, il est nécessaire de relire régulièrement pour s'interroger sur la manière dont on vit aujourd'hui dans la société. Lorsque l'on voit tous les bouleversements qui sont survenus depuis 1950, on peut relativiser ce que l'on vit à présent.

Il y a tellement de choses à dire sur ce livre, que je vais vous laisser les découvrir, avec ce conseil :

A lire (et à relire) à tout prix !

Plongée au coeur du livre :

"L'apparition de la nouveauté laissait les gens calmes et la certitude d'un progrès continu ôtait l'envie de l'imaginer."

"Les faits s'éclipsaient avant d'accéder au récit. L'impassibilité augmentait."

"Et on ne vieillissait pas. Rien des choses autour de nous ne durait assez pour accéder au vieillissement, elles étaient remplacées, réhabilitées à toute allure. La mémoire n'avait pas le temps de les associer à des moments de l'existence".

"Nous étions débordés par le temps des choses".

"Le clic sautillant et rapide de la souris sur l'écran était la mesure du temps."

"La forme de son livre ne peut donc surgir que d'une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent."
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Véritable colonne vertébrale de son oeuvre, On trouve tous les éléments marquants de le vie de l'autrice, de sa naissance à la date d'écriture de l'ouvrage, ainsi que les évocations des livres qu'elle a écrit durant cette période. A la lumière d'expériences personnelles, souvent dévoilées à partir de photographies, mais aussi du contexte social, historique et politique de cette période, elle nous dévoile beaucoup d'elle même et de notre collectivité nationale. A lire pour établir des liens entre ses différents livres.
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Je ne suis pas entrée immédiatement dans ce texte dont j'ai craint au départ qu'il soit trop déprimant, à force d'aligner tout ce qui passe avec le temps, les oublis, les absences, les deuils... mais au bout de quelques pages, on finit par voir se dresser le tableau autrement : raconter environ 60-70 ans d'une société à travers les souvenirs d'un témoin, car la plupart de nos souvenirs sont partagés. Nos manières de parler, manger, travailler, nous détendre, vivre en famille, grandir... sont ici moins le fait d'une histoire individuelle que vue sous leur aspect sociétal : le fait d'une époque, d'un milieu social, d'une génération.
Au fil des années, deux questions émergent toujours, la condition féminine et les adolescents, la jeunesse et son désir d'avenir et de révolte contre la société qui précède.
Certes on sent pointer l'amertume souvent, au fil des désillusions sociales et politiques qui s'enchaînent à partir de 81, des deuils privés ou publics, des renoncements, mais c'est un sacré tour de force de raconter une société en choisissant des souvenirs aussi intimes que la série de photos de famille qu'Annie Ernaux a choisi pour jalonner son récit. Chaque époque est introduite par la description d'une photo personnelle, suivie de la tentative de faire revivre l'état d'esprit qui l'accompagnait, puis la société et ce qui l'agitait alors.
Et plus on approche de la fin, plus l'auteur nous explique la genèse qui arrive de ce texte que nous sommes en train de lire : la fin donne la règle du jeu auquel on assiste depuis le début, comme un éternel retour, puisque c'est finalement la sensation qui gagne la narratrice, cet éternel retour du temps qui passe et de nous qui passons avec.
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Des instants, des événements, des fragments d'époques, Annie Ernaux nous emporte des années 50 à nos jours, à travers des impressions personnelles et l'analyse du monde en mouvement. D'où l'intérêt d'une oeuvre chronologique et cette manière de se raconter individuellement et collectivement. Aprés un début un peu laborieux , on se laisse guider par l'auteur dans cette histoire passionnante.
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L'écriture, sobre (clinique), laconique, fragmentée est similaire à celle de « La place », que je viens de terminer et que j'ai beaucoup aimé. Mais là où « La place » racontait une histoire et dressait le portrait d'un père, par bribes, « Les années » ne semble rien raconter, on a l'impression de lire une suite d'impressions, voire de micro-descriptions, sans autre but que de planter le décor d'une époque. J'ai arrêté en cours, sans histoire à laquelle m'accrocher. Peut-être aurais-je dû persévérer ?
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Roman largement autobiographique pourtant écrit à la troisième personne, sans doute pour donner à l'ensemble un regard extérieur au personnage qu'elle était alors. Annie Ernaux raconte son histoire à travers les évènements qui ont fait les Trente Glorieuses et jusqu'à ceux du début du 21è siècle. Un bon roman qui joint mémoire individuelle et mémoire collective.
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Quelle plume ! Annie Ernaux a le chic pour capter et retranscrire les instantanés d'une époque, pour écrire une ambiance, pour dire un vécu à la fois universel et éminemment intime. Elle choisit d'écrire une biographie de femme née en 1940, à partir notamment de clichés pris à différentes époques de sa vie, en rattachant toujours ces tranches de vie à l'environnement économique, social, aux bouleversements de la vie quotidienne grâce au progrès, aux évolutions majeures dans les mentalités.
Au final, un véritable OVNI que ce roman ni autobiographique, ni chronique sociale, mais un peu des deux, et tellement plus encore. J'ai beaucoup aimé le début, consacré au années 50 et 6, j'ai eu l'impression de me retrouver aux côtés de mes grands-parents jeunes... Vers la fin, le texte m'a un peu rappelé "Regarde les lumières mon amour", de la même Annie Ernaux, plus récemment, centré que la société de consommation et ses néons...
J'ai aimé plonger dans cette conscience féminine érudite et perméable aux idées de ses temps vécus, dans cette magnifique écriture littéraire mais fluide et aisée, dans cette douceur, cette nostalgie, cette ironie parfois.
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