Des milliards de tapis de cheveux

Une belle trouvaille ! On se demande tout au long du roman ce que sont ces tapis de cheveux, et la curiosité ne m'a pas fait lâcher le livre avant les dernières pages. Chaque chapitre peut être lu indépendamment si bien qu'on pourrait très bien envisagé de les lire dans le désordre. Ils ne prennent leur sens qu'à la fin du roman. La résolution est surprenante ! Gros coup de coeur pour cette histoire.

pour une fois je me lance à faire un commentaire "académique" sur un livre. Il s'y prête, car il a tout du conte philosophique, y compris sa volonté de démonstration. On ne peut s'empêcher de penser à Candide (de Zadig et Voltaire, comme le savent tous les amoureux du Sarkosysme).

On y voit comment la nationalité (la culture) d'un auteur peut transparaître à travers ses écrits: que ne fait d'autre cet auteur allemand que de transposer ce qu'ont vécu les allemands de l'est (les Ossies...) lorsque leur régime a basculé à l'Ouest. Et l'on voit partout affleurer les thêmes issus de cette période allemande, y compris le lointain tsar rouge tout puissant, écrasant, mais le vrai libérateur (penser au rôle de Gorbatchev vis à vis du régime d'Honeker, puis sabordant son propre régime) ...
Sans parler de l'empreinte de l'hitlérisme:
les peuples asservis à une production: penser aux slaves condamnés à la production agricole, leurs élites supprimées, ou de peuples livrés à la destruction "mécanique" (les tsiganes, les juifs)

Je pourrai continuer indéfiniment, avec une comparaison avec les thêmes si différents des auteurs américains de la même période ...

Si quelqu'un de plus sagace que moi a écrit sur ce thême, merci de me le signaler.

Des milliards de tapis de cheveux est un roman relativement court ( à peine plus de 300 pages dans mon édition ) composé de nouvelles se recoupant plus ou moins et formant en trame une histoire autour des tapis de cheveux.

Sur un plan littéraire, j'ai apprécié l'idée de composer un roman à partir de nouvelles. C'est une idée plutôt difficile à mettre en place mais qui permet de construire un récit à plusieurs niveaux.

Maintenant en terme de lecture ce roman me laisse quand même sur ma faim. La première moitié est lente, lourde. On sent bien l'aspect "nouvelle" avec des récits assez court mais demandant à chaque fois une présentation et une chute. Ce qui réduit d'autant plus la longueur que l'on peut donner aux développements.
La suite est déjà meilleure. On entre dans le récit à proprement parler tout en attendant les réponses aux questions que l'on ne manque pas de se poser.
Au final on aura la plupart des réponses à la fin, de la bouche d'un archiviste ... Et la fin est une blague.

Alors bon, c'est bien écrit et j'ai apprécié cette fin qui sort clairement des habitudes. Mais quelle lenteur et je ne parle même pas des récits qui ne servent à rien. Parce que franchement, c'est quoi l'intérêt de l'histoire du maitre flutiste ? Ou du marchand ? C'est malheureux parce que si l'on réduit le roman aux histoires qui bâtissent vraiment le récit, il ne reste pas grand chose. Je pense que l'auteur fait face à deux problèmes lorsqu'il livre ce roman : les histoires sont trop courtes pour développer ses idées ce qui donne beaucoup de pistes et très peu qui se terminent. Il est obligé d'étoffer son récit avec des histoires annexes qui vont donner une forme de consistance.

Bref, ça se lit bien mais j'ai été un poil déçu. Il y avait matière à faire beaucoup mieux.

Nous tissons tous, mais pour quoi tisses tu ?

une belle histoire décrivant, épisode après épisode, les croyances et la vie d'un vaste sytème galactique, à partir d'une de ses planètes.

une très belle idée: montrer comme il est difficile de se défaire de ses croyances, inscrites non seulement dans ses idées, mais aussi dans sa vie de tous les jours.

un beau conte philosophique doux amer.
mais avec la contre partie du genre: un certain schématisme des situations au service de la démonstration recherchée.

quelques épisodes sont particulièrement réusssis (les trois premiers, le collecteur d'impôt, l'archiviste et l'épilogue), mais la dernière partie du livre cherchant à fournir "une explication" est un peu "tirée par les cheveux", mais qu'importe ...
aux "puristes", qui souhaiteraient ne garder que le meilleur souvenir de ce livre, je conseillerai de s'arrêter à la fin du chapitre X (l'archiviste de l'emperur)

mais attention: ce n'est pas un livre "d'aventure", ni un livre "prenant", ni un livre délassant.
à lire la tête reposée, si vous avez envie de rêver.

Des milliards de tapis de cheveux est un space opéra agréable. Original dans son histoire, mais aussi dans sa narration, il se lit bien, vite, et offre un beau moment dans un univers dont le potentiel dépasse sans doute le cadre du bouquin (ce qui est une bonne chose). Pour autant, j'ai été moins marqué que lors de ma dernière lecture, ce qui me conduit à me demander si je n'attends pas plus, désormais, de Sense of Wonder, et d'émotions liées aux personnages. Sans compter cette petite gêne sur le traitement des femmes, que je trouve assez inadéquat. Un bon moment malgré tout au final !

Lien : https://vivelasfff.fr/2022/0..

Un livre de science-fiction publié chez l'Atalante qui m'intriguait beaucoup. Je ne savais pas à quoi m'attendre et j'ai été surprise !
On est dans un texte sous la forme de « fix up », je ne connaissais pas le terme, on me l'a appris en commentaire. Il s'agit donc de plusieurs nouvelles qui sont liées par la même grande histoire et se déroulent dans le même univers. Il s'agit d'un roman (mais le terme roman n'est probablement pas très approprié, mais bon, est-ce très grave ?) de space opera très original dans lequel on découvre l'Empire. L'Empire est tellement vaste qu'on ne peut pas lui donner de frontières. Il est gouverné par un empereur qui passe pour être une sorte de demi-dieux dans certains coins reculés de l'Empire. Et justement, c'est dans un de ces coins reculés qu'on va se retrouver, sur une modeste planète loin de la capitale.
Sur cette planète on découvre une société qui a un mode de vie plutôt primitif, et dont un des pilliers de la vie sociale est la caste des « tisseurs ». Les tisseurs sont des hommes qui ont une mission sacrée : tisser des tapis pour le palais de l'empereur et pas n'importe quel tapis, des tapis en cheveux. Il y a tout un tas de règles autour de la vie des tisseurs qu'on va découvrir.
Cette histoire de tapis de cheveux qui peut paraitre anecdotique va prendre de l'ampleur et va être le fil rouge de toute la lecture car rapidement dans le récit la question va se poser : où vont vraiment les tapis de cheveux ? n'y aurait-il pas un truc caché sous cette pratique étrange ?
On a donc plusieurs nouvelles qui de personnages en personnages nous font découvrir cette planète, les tisseurs, puis l'Empire, l'histoire de l'Empire etc… et plus on avance, plus le mystère des tapis de cheveux s'épaissit.
J'ai bien aimé la construction du roman, avec ces différentes nouvelles qui nous font avancer vers le mystère et sa résolution. J'ai bien aimé cette originalité. Comment souvent avec les nouvelles je les ai trouvées inégales, certaines m'ont bcp plu et m'ont marquée et il y en a d'autres que j'ai totalement oubliées. Certaines histoires et personnages étaient très touchant, avec des pics d'émotions.
L'auteur a des bonnes idées ! Il y a des développements intéressants sur la vanité de l'existence humaine, sur l'orgueil, sur la foi. J'ai beaucoup aimé certaines nouvelles qui parlaient de religion, de fanatisme et du poids des traditions, parfois même leur absurdité.
Je regrette quand même l'absence de personnage féminin intéressant dans le livre. Les seuls personnages féminins présent ne servent à rien. Déjà elles sont peu nombreuses et quand elles sont là c'est relié à la sexualité/la romance. Il serait temps de percuter que les femmes aussi peuvent conduire des vaisseaux spatiaux et être des aventurières. Je n'en peux plus de ça ! Si on est capable d'imaginer un monde qui n'existe pas, et des tapis de cheveux, on peut peut être imaginer que les femmes ne sont pas totalement incapables ?
PEUT ETRE ?!
A part ça, j'ai été déçue de la révélation finale concernant les tapis de cheveux. A la fois, je pense comprendre l'idée de l'auteur mais j'ai eu ce sentiment de « tout ça pour ça ? ».
Une lecture originale et intéressante par certains aspects mais qui ne m'a pas transcendée non plus même s'il y a un indéniable charme. Je m'attendais à plus étant donné la célébrité de ce titre ! Toutefois je le recommande quand même, ça reste un beau voyage, poétique et qui a son lot d'émotions. Il faut simplement ne pas en attendre une montagne !

C'est l'histoire d'un monde qui s'échine depuis des milliers d'années à tisser des tapis à partir de cheveux de femmes en respectant des traditions et des codes profondément ancrés dans une population au coeur d'un empire dont les rumeurs disent qu'il s'effondre. On dit que ces tapis servent à décorer le palais de l'empereur mais qu'en est-il vraiment ? Qu'est-ce qui se cache derrière ses ramifications économiques, culturelles et politiques ?
Le livre est constitué de nouvelles alternant personnages, points-de-vue, lieux et dates toujours intriquées à l'histoire des tapis et à leurs tisseurs qui sert de fil rouge tout au long des pages. On est tenu en haleine par ce mystère. Petit bémol, un ventre un peu mou au milieu de ma lecture lorsqu'on quitte le monde des tisseurs pour être parachuté brutalement dans un space opera light déstabilisant. ça m'a complètement sorti de la lecture et entamé mon envie d'en savoir plus. Heureusement la résolution finale relance un peu la machine mais pas assez pour que la lecture soit réellement un coup de coeur. Il manque peut être aussi des personnages véritablement inoubliables, approfondis mais c'est sûrement le soucis principal d'un récit relaté en nouvelles. Heureusement la résolution du mystère est surprenante et satisfaisante, c'est pour cela donc que Je recommande quand même cet ouvrage !

Des milliards de tapis de cheveux est une de ces fresques à plusieurs voix qui s'étend sur plusieurs années et des millions d'années lumière (au moins).

L'histoire commence sur une planète désertique sous le joug d'un Empereur omnipotent, mais lointain, vénéré tel un dieu. La société entière s'y est développée autour d'une Guilde de Tisseurs. Un véritable sacerdoce transmis de père en fils qui consiste à passer toute une vie à créer un tapis fait des cheveux de leurs épouses et filles. Ces tapis sacrés, d'une valeur inestimable, sont destinés à décorer le Palais des Étoiles, là où vivrait l'Empereur.

Le roman peut se voir comme une succession de nouvelles. Chaque chapitre est une tranche de vie d'un protagoniste, insignifiant ou capital dans le déroulement de l'histoire : un tisseur, la fille d'un marchand, un collecteur d'impôt, un rebelle, des voleurs, etc. Chaque histoire est liée aux autres, s'entremêlant comme les fils sur un métier à tisser, révélant un peu plus de l'horreur et de l'absurdité de ce monde. Et comme le tisseur, le dos courbé sur notre livre, l'oeil fixé au-dessus d'une loupe épaisse, on chemine de fil en fil jusqu'au grand final où là, complètement courbaturé, on peut enfin prendre du recul pour contempler l'ensemble.

Cette façon qu'a l'auteur d'écrire ses personnages face à l'Histoire en marche peut être à la fois satisfaisante et énervante. Chaque petite histoire est douloureusement humaine, chaque personnage centré sur ses soucis, ambitions, jalousies, rancoeurs, regrets, etc. Des petits destins qui ne finissent généralement pas très bien, broyés par la machinerie bien huilée de l'empire.
Autant dans la première moitié, cela ne me posait aucun problème, bien au contraire, je m'en régalais tant la plume de l'auteur est agréable. Cela posait le décor et permettait de comprendre, touche après touche, l'emprise insidieuse de l'Empereur. Autant sur la fin, j'en avais assez. Par exemple, il y avait des choses bien plus importantes qui se passaient que les problèmes sentimentaux d'une historienne sans grand intérêt. En fait, je me suis attachée aux premiers personnages et dès que le récit s'est ouvert sur un space opera, j'ai pris de la distance avec lui… sans me perdre complètement cela dit. Parce que je tenais à mon dénouement.

Parlons-en justement ! Oui, mais pas trop, je ne veux pas vous spoiler. Disons simplement que, pour moi, le chemin a été bien plus intéressant que la destination et me laisse un petit goût de « Gné? » . Après je comprends complètement que cette fin soit à l'image de toute cette histoire bien qu'elle ne me satisfasse pas du tout.

Vous trouverez sur le web pléthore d'avis de déçus et d'enthousiastes. Pour ma part, je suis une déçue enthousiaste. Dans tous les cas, pour un premier roman, c'est un véritable tour de force et son écriture est très agréable. C'est donc pour moi un ouvrage à découvrir absolument.
Lien : https://wanderingcrossroad.w..

Beau souvenir de ce livre fascinant dont le dénouement laisse suffocant, même si la traduction et le style ne sont pas de grande qualité. Chaque personnage, chaque histoire finit par trouver un sens, entremêlé aux autres, sans qu'aucun d'entre eux n'ait conscience de l'existence de chacun.