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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il existe des gens très bien sur cette planète. Seulement, ceux qui dominent le monde, ne le sont pas. Forcément, seuls les haineux arrogants perfides dominent le monde. D'où ma question : à la Fin des Temps, lorsque les vivres manqueront, quel genre de personne restera-t-il?
****
Josef Horkaï se réveille d'un long sommeil en cryogénie. Il ne se souvient de rien et ne peut plus bouger ses membres inférieurs. Il se retrouve acculé à une tâche qu'il ne comprend pas. On lui demande de récupérer un cylindre dans un lieu particulier. Et comme il ne peut pas marcher, on lui octroie deux « serviteurs », appelés des mules, qui doivent accomplir leur raison d'être : transporter Horkaï d'un point à l'autre, et le ramener avec l'énigmatique cylindre. Qualifier des êtres humains de mules, déjà cela me fait mal au coeur. D'ailleurs pendant tout le trajet, Horkaï tente de comprendre leur raisonnement, absent de toute réflexion existentialiste. L'air est toxique, les mules sont sous scaphandres, tandis qu'Horkaï est « spécial », l'air toxique ne l'atteint pas. Pourquoi ? Est-ce un surhomme ? Un ange ? Pendant cette quête, Horkaï va découvrir un monde dévasté, dépeuplé, désertique, toutes constructions du passé en ruine, sans plantes, ni animaux. Lorsqu'il parvient enfin à destination, la personne qui le reçoit lui ressemble trait pour trait…. Tous ses mystères attraperont le plus haut niveau de mon attention jusqu'à la dernière ligne. Tandis que nous nous posons des questions sur Horkaï, nous nous en posons également sur le fond du roman :
- Si la religion n'avait pas existé, que serions-nous aujourd'hui ? (et j'ai pensé à Zarathoustra qui descend de la montagne pour nous apprendre la mort de Dieu).
- Si c'était la fin des temps, et que nous avions le pouvoir de redonner vie, le ferions-nous ?
- Si les anges existent vraiment, nous protègent-ils des malheurs de la Terre ou de nous-mêmes ?
- Dans La Bible, les justes seront ressuscités pour la Vie Eternelle. C'est quoi les justes ?
- Est-ce que j'ai envie de vivre éternellement ?
- Est-ce que la Vie Eternelle n'est pas une métaphore pour exprimer que l'être humain fera tout, quoi qu'il en coûte, pour assurer la survie de l'espèce?
- Si Dieu nous a fait à son image, est-il arrogant et perfide comme nous le sommes ?
- Et d'autres encore...

Toutes ses questions métaphysiques ont un sens pour moi. Et Brian Evenson, ancien mormon a de la matière a communiqué sur ce pan de spiritualité. Car, alors qu'il est peut-être bon de se questionner sur la naissance de l'humanité et son devenir, il est moins bon d'adhérer à une communauté dirigée par des êtres humains qui disent suivre la parole divine. En réalité, ses communautés ne suivent que ce qui les arrangent car les textes sacrés sont interprétables à l'infini… Les textes sacrés ont ceci de vicieux, c'est qu'ils sacralisent d'une certaine manière la place de l'Homme dans le monde. Derrière ses belles paroles d'humilité, se cachent le plus grand complot d'arrogance et de malveillance à l'égard d'une grande partie des êtres vivants. Et peu importe que Dieu soit Amour et qu'il a un plan pour l'être humain, ou qu'il soit inexistant. Peu importe, du fait que la vraie question que se pose Brian Evenson dans ce roman : le méritons-nous ? Avons-nous envie de réessayer ?
« Nous sommes une malédiction, un fléau. Nous avons commencé par donner des noms à toute chose puis nous avons inventé la haine. Puis nous avons commis l'erreur de domestiquer les animaux, une erreur presque aussi grave que la découverte du feu. A partir de là le lien est facilement fait avec l'esclavage, et une fois qu'on considère les hommes comme des animaux -comme des mules, par exemple, continua-t-il en lançant un regard à Horkaï -, nous devenons un bien jetable, la guerre devient monnaie courante. Ajoutez une religion majoritaire qui prêche la fin des temps et des livres sacrés utilisés pour justifier une atrocité après l'autre, et de là l'annihilation, il n'y a qu'un pas. Il est préférable de ne pas laisser la société se développer du tout, d'abandonner chaque personne à son propre sort, seule, tremblante, et effrayée au milieu des ténèbres. »
L'opposition des hommes restants, entre ceux qui se prennent pour des élus de Dieu et ceux qui se prennent pour Dieu en trafiquant la génétique, rendent les personnages (les plus enclins à survivre naturellement dans ce monde), d'abord Rykte, puis Horkaï, comme au contraire ceux qui pourraient sauver l'être humain des mauvaises décisions, dans un potentiel éternel retour. Je ne vais pas spoiler. Il faut le lire si vous voulez plonger dans cette réflexion.

Bien que se drapant dans une amertume nihiliste, ce roman sera incontestablement dans mon top 5 de 2023. Incroyable road movie sans jambes, ni voiture.

Pour plus de contenances, je vous invite à lire la superbe critique de monromannoir.



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Cela devient presque une tradition de débuter l'année avec un ouvrage issu de la maison d'éditions Rivages et plus particulièrement de sa collection noire en évoquant des grands romanciers tels que Hugues Pagan en 2022 avec le Carré Des Indigents ou Hervé le Corre en 2021 avec le bouleversant Traverser La Nuit. Pour 2023, on s'éloignera de la littérature noire pour se pencher sur la nouvelle collection Imaginaire dirigée par Valentin Baillehache en se focalisant sur immobilité, un roman d'anticipation de Brian Evenson dont la parution dans sa langue d'origine date de 2012. Drôle de parcours pour cet écrivain, ancien prêtre mormon qui, après la publication de son premier recueil de nouvelles, doit choisir entre l'écriture ou la carrière ecclésiastique en se lançant pour notre plus grand plaisir dans la rédaction de récits étranges et dérangeants, à la lisière du fantastique, de l'horreur et de la science fiction, en collaborant entre autre avec des artistes tels que Rob Zombie ou James DeMonaco et dont certains ouvrages ont été traduits par Claro. Dans nos contrées brian evenson,immobilité,rivages imaginairefrancophones, Brian Evenson est principalement connu des amateurs du genre noire par le biais de la Confrérie Des Mutilés, un roman culte, qui semble désormais indisponible, nous plongeant dans l'étrange milieu d'une congrégation des mutilés volontaires. Hasard du calendrier ou démarche concertée qu'importe, il faut signaler que immobilité paraît en français en même temps que L'Antre, autre roman de Brian Evenson traduit et publié chez Quidam Editeur avec pour cadre commun entre les deux ouvrages, l'ambiance oppressantes d'un univers post-apocalyptique.

Un réveil brutal après une gestation de plusieurs dizaine d'années, il ignore qui il est et d'où il vient. Il évolue dans un environnement ravagé par une catastrophe qui a détruit le monde d'autrefois. Paraplégique, il lui faut accomplir une mission : rechercher un boitier au contenu mystérieux. le voici donc projeté dans un univers en ruine où l'air vicié annihile tous les organismes, en progressant sur le dos de deux hommes en combinaison qui semblent avoir été destinés à cette unique fonction. Il lui faut comprendre la raison de cette démarche étrange et plus particulièrement sa résistance à cette pollution mortelle alors que ses deux compagnons de voyage dépérissent peu à peu, en dépit de leurs protections, à mesure qu'ils progressent vers cette montagne abritant un bunker renfermant cet objet tant convoité qui semble être en mesure de faire basculer le destin de ce qu'il reste de l'humanité. Mais peut-il y avoir un avenir dans ce monde dévasté ? Il ne s'agit pas de la seule interrogation de Josef Horkaï. Obtiendra-t-il les réponses ?

Qui sommes-nous ? Vers quel destin aspirons-nous ? Les questions existentialistes traversent ainsi ce récit d'anticipation apocalyptique où Brian Evenson posent ces interrogations par le prisme des aspects triviaux de l'amnésie de Josef Horkaï, personnage central du récit, et de sa quête mystérieuse le conduisant à traverser cette région de Salt Lake City dévastée par un cataclysme, tout comme le reste de la terre, et dont on ignore l'origine. C'est l'occasion pour Brian Evenson, prêtre mormon défroqué, de fustiger son ancienne congrégation en mettant par exemple en perspective les ruines du temple de Salt Lake City puis en déclinant le côté mystique de ces communautés survivalistes, que l'on désigne sous l'appellation de ruches, s'entredéchirant pour évoluer dans le déclin de cet univers dévasté. Autant dire que Brian Evenson ne se fait guère d'illusion quant au devenir de l'humanité qui s'ingénie à s'entretuer autour des reliquats d'un monde déclinant en projetant Josef Horkaï sur une route qui rappelle celle de Cormac McCarthy ou celles que parcourt Mad Max. Mais avec Brian Evenson tout est plus dérangeant et plus étrange, à l'instar de ce titre immobilité qui fait référence au handicap de Josef Horkaï ce qui le contraint à évoluer sur le dos de deux compères qui ont été programmés, et le mot n'est pas galvaudé, pour cette unique fonction. Ainsi pour l'auteur, le monde n'a donc pas fondamentalement changé, malgré le cataclysme et l'on découvre qu'iI existe plusieurs castes d'humains plus ou moins taillés pour résister à cette pollution suffocante et meurtrière qui enveloppe l'atmosphère en détruisant toutes formes de vie à l'exception de Josef Horkaï semblant bien plus solide qu'il n'y paraît. Allégorie ou conte cruel, on appréciera la sobriété d'une écriture au service de scènes effroyables et douloureuses qui font d'immobilité un texte puissant et perturbant ne nous laissant guère d'espoir quant à l'avenir de l'homme.


Brian Evenson : immobilité (Immobility). Rivages/Imaginaire 2023. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) parJonathan Baillehache.

A lire en écoutant : Blackstar de David Bowie. Album : Blackstar. 2016 ISO Records.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Dans un futur indéfini, suite au Kollaps (dont nous ne saurons rien !) la Terre est un champ de ruines fortement irradié où la vie a quasiment disparu. Seuls quelques rescapés survivent, ici ou là, enterrés dans des abris plus moins sûrs. Les seules sorties se font au péril de leur vie quand nécessité fait foi, dans des combinaisons intégrales. Voilà en quelques mots le monde dans lequel Brian Evenson nous plonge, un univers très flou, très vague qui sert de décor à son histoire, ou plutôt à celle de Josef Horkaï.

Le roman commence par la sortie de stase de celui qui se souviendra s'appeler Josef Horkaï. C'est à peu près son seul souvenir : il ne sait plus qui il est, où il est, ni à quelle date il se trouve, il a même oublié qu'il était paraplégique ! Seules quelques vagues images lui reviennent en mémoire sans qu'il arrive à les connecter à une réalité. Ceux qui l'ont réveillé ont une mission pour lui, mission dont il ne comprend pas la finalité, ni comment il pourra l'exécuter sachant qu'elle implique de parcourir plusieurs kilomètres en surface. Mais les membres de sa communauté ont tout prévu...

Dès les premières lignes l'étrangeté du récit ferre le lecteur, impossible de ne pas se projeter dans la tête de Josef Horkaï. de sa résurrection à son long périple semé d'embuches, nous découvrons en même temps que lui ce monde post-apocalyptique avec ses conventions et ses règles. Mais assez vite, ce n'est plus l'univers qui nous tient en haleine mais la question d'identité : qui suis-je vraiment ? Pardon, je voulais dire qui est vraiment Josef Horkaï ou plutôt qu'est-il vraiment ?

Fascinant et déroutant comme l'est la novella L'Antre, immobilité est un roman brillant par sa noirceur et son étrangeté, un récit sans espoir qui amène le lecteur à s'interroger sur l'Homme et son humanité. En se lançant dans ce livre, ce ne sont donc pas des réponses que l'on viendra chercher, mais plutôt un questionnement sur sa propre existence. Questionnement qui restera probablement vain.


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Après le chinois Qiufan, la toute nouvelle collection RivagesImaginaire continue sur sa très belle lancée avec ce roman post-apocalyptique hyper abouti, qui nous plonge dans une atmosphère étrange et hypnotisante. le récit, à la 3e personne, est celui de Josef Horkai. Il se réveille après 30 ans de cryogénisation et d'immobilité, il va devoir parcourir des kilomètres pour récupérer un cylindre mystérieux, dans un paysage dévasté par le Kollaps et il ne sait rien, ou presque. Qui est-il ? Qui sont ceux qui l'ont révéillé ? Et pourquoi ses jambes sont-elles paralysées ?
Dans ce roman halluciné, Evenson élabore une réalité aux contours aussi flous que la mémoire de Horkai. Les souvenirs l'assaillent et l'interrogent sur son identité alors qu'il évolue dans un monde devenu toxique pour tous, sauf pour lui.
Un récit angoissant, à la construction très maîtrisée qui m'a fait l'effet d'une bombe !
J'ai hâte de continuer ma découverte avec « L'antre » publié chez Quidam Éditeur.
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"L'homme est un poison. Peut-être vaudrait-il mieux que nous n'existions pas du tout."
Josef se réveille, il ne sait pas où il est, ses jambes sont paralysées. Il n'a que de brefs souvenirs de ce qu'il s'est passé. le monde est en ruine et l'air est toxique. Nous n'en savons pas plus que lui.
J'ai adoré ce roman qui nous plonge dans une ambiance particulière, un monde de désolation. Josef ne comprend pas, nous non plus mais ce n'est pas grave. Nous lisons un passage de sa vie, nous suivons son aventure et j'ai trouvé que cela me suffisait.
Le roman est différent des romans post apocalyptiques que j'ai pu lire, c'est un ovni littéraire. Une petite pépite avec une plume très agréable à lire.
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immobilité est un roman de science-fiction postapocalyptique de Brian Evenson, dans lequel l'auteur met en scène un monde dévasté par une catastrophe nucléaire, le Kollaps, qui a détruit la plupart des espèces vivantes, et plongé les survivants dans un enfer de radiations mortelles.

L'humanité, ou ce qu'il en reste, s'est réfugiée dans les souterrains, où elle a bâti une société utilitariste à l'extrême, où les citoyens sont clonés et élevés pour accomplir une unique fonction, qui constitue leur « raison d'être », ce qui les aliène complètement.

Josef Horkaï, personnage amnésique tiré de son sommeil de trente ans, doit sortir pour ramener une graine à ceux qui l'ont réveillé. Cependant, il ne se souvient plus de rien et ne comprend pas le monde dans lequel on l'a ramené. Brian Catling fait usage du topos classique du personnage amnésique pour créer un effet d'étrangeté qui confère à son roman un aspect Weird.

Je ne connaissais pas du tout l'oeuvre de Brian Evenson, et la lecture d'immobilité fait que je vais poursuivre cette découverte ! Je vous le recommande.
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Je viens de lire ce livre de Brian Evenson, ou devrais je dire, dévoré.
Je connaissais l'auteur avec l'excellent "L'antre" (merci Quidam Editeur), et ça faisait un moment que "immobilité" me faisait de l'oeil, sorti début 2023.
Pour faire court, un homme sort de cryogénisation, paralysé des jambes, mémoire floue, un sentiment que quelque chose cloche.
Il a une mission, à dos d'hommes sur une terre dévastée par un cataclysme, récupérer un cylindre avec des graines ...
Non, ce n'est pas du déjà vu, c'est mieux que ça, c'est plus que ça, c'est au delà de ça ...
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