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J'ai été d'emblée impressionnée par cette écriture masculine qui sait fort bien traduire les sentiments , l'intimité et la psychologie féminine.
Geralde, jeune femme camerounaise, enchaîne les déceptions amoureuses pour enfin trouver l'Amour.
D'une part, ce roman analyse avec justesse les relations hommes-femmes , et surtout la difficulté pour une femme à trouver l'homme qu'elle voudrait parfait (page 145 : parce que le type se révélait toujours soit trop stupide, soit trop compliqué. Soit trop vulgaire, soit trop coincé. Trop égoïste ou trop soumis. Trop immature ou déjà vieux dans sa tête. Pas assez gentleman ou trop obséquieux. Trop fils à maman ou trop de problèmes à régler avec son père. Pas assez d'ambition ou trop arriviste. Trop radin ou trop fauché. Trop débraillé ou trop strict. Pas assez câlin ou trop collant. Au lit, trop brutal ou trop doux, etc. Les gens te disent : "Tu crois que tu n'en as pas , toi, des defauts?
D'autre part, Nicolas Fargues pointe du doigt la différence de couleur qui n'aide pas à se sentir bien dans sa peau (page 40 : je ne dis pas qu'il ne m'arrive pas d'imaginer qu'il doit être beaucoup plus simple d'être blanche, dans la vie de tous les jours).

La chute du roman est un peu décevante, mais cependant une belle lecture.
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« Un livre qui parle d'amour et d'identité française » résume Nicolas Fargues, évoquant son dernier roman.
« Un livre au pari risqué ! » me suis-je répétée durant la lecture.
Se mettre dans la peau d'une femme en évitant les poncifs était un défi audacieux et admirablement réussi. Au demeurant, un pari peut en cacher un autre, car l'auteur a décidé que sa narratrice serait noire.
Loin de vouloir faire de son roman un essai anti-raciste, Nicolas Fargues s'intéresse ici au multiculturalisme : omniprésent aujourd'hui, comment l'abordons-nous ? Sommes-nous si à l'aise derrière nos grands discours ? Comment cohabitons-nous ?

Géralde n'a pas grand chose à perdre en quittant Paris pour la Nouvelle Zélande afin de rejoindre Pierce qu'elle connait à peine. Elle est parisienne, trentenaire et collectionneuse d'échecs sentimentaux. En première partie de roman elle visite son passé sentimental, ses amies, sa mère. Idéologique, il y a beaucoup de nous dans Géralde. Tenant constamment ses amants en joue sur les sujets sensibles, (origines, politique, féminisme, cheveux) elle quitte l'autre à la moindre déception. Et ce n'est pas pour Pierce qu'elle fera exception dans la deuxième partie. Même à l'autre bout du monde, Géralde s'en va car rien ne répond à ses attentes. Sur la route du retour, elle croise Hadrien, prof de conférence. Plus âgé, plus subtil, elle ose en tomber amoureuse et ouvrir ainsi « la porte » qu'évoque Marguerite Duras dans « L'amant », la porte fermée, celle de notre coeur immense que si peu d'hommes méritent.

Ultra ancré dans notre époque, cette anti-héroïne avance et expérimente la vie entre deux Snaps et posts Instagram. Rire et réfléchir simultanément par ce roman était une expérience agréable et aboutie : c'est subtilement que ce livre emmène le lecteur à dépasser ses positions. J'admire l'acuité sociologique et féminine de l'auteur. Une très belle surprise !
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Mon héroïne 2017-2018 ce sera Nicolas Fargues. Bon, Nicolas n'est pas une femme, mais après avoir croqué, avec beaucoup d'ironie, d'affreux prototypes de misogynes dans ses précédents romans, il se met ici dans la peau d'une jeune femme, et plus encore (mais je ne le dirais pas). En observateur méticuleux des moeurs contemporaines, il brosse comme toujours des portraits multiples, avec la finesse d'esprit qu'on lui connaît, toujours critique, juste, parfois drôle : les jeunes, les vieux, les bourgeois, la société française - son rapport à l'étranger, mais aussi la Nouvelle Zélande (dont il nous avait donné un avant goût avec Écrire à l'élastique coécrit avec Iegor Gran en 2017 et qui était une drôle et belle vraie fausse correspondance - ou fausse vraie, à vous de voir). Il nous parle aussi du Cameroun, des relations familiales, pas toujours faciles, de la solitude moderne -celle qu'on retrouve à travers les réseaux sociaux, C'est que Nicolas Fargues donne a lire des romans hyper-contemporain, ce que je déteste, en principe, et pourtant, avec lui ça marche. Je ne lache pas le livre, tenu par une construction astucieuse, un va et vient de scènes qui en disent long sur les relations amoureuses, sur les petits concessions du quotidien, qui sont au final autant de défaites qu'on aimerait transformer en victoire histoire de sortir la tête haute de ce bourbier qu'est la vie transformée en enfer douillet fait de certitudes sans cesse remisent en question. J'aime bien ces romans qui inversent la vérité, la réalité, le sens moral, comme dans Les hommes tremblent de Mathieu Lindon, où les habitants d'un immeuble, pourtant de très bonne volonté envers leur prochain, se mettent à haïr le clochard ingrat qui squatte leur allée ; ou encore dans L'écologie en bas de chez moi, de Iegor Gran, où l'auteur déverse des tombereaux de mauvaise foi envers les écolos pour au final penser à la fois l'écologie, mais aussi l'autofiction - c'est génial. J'aime ces romans qui vous force à quitter votre rôle bien défini pour vous mettre dans la peau d'un autre. Dans le cas de Je ne suis pas une héroïne, c'est dans la peau d'une autre et c'est vraiment une réussite. Alors oui, en cette fin d'année 2017 (car j'écris ces lignes le 29 décembre), c'est bien Nicolas Fargues mon héroïne.
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Nicolas Fargues raconte la vie d'une jeune femme noire. Un test intéressant serait de faire lire ce roman, en cachant l'auteur. Je pense que beaucoup penserait que c'est écrit par une femme. Et pourtant non. Je me suis demandée plusieurs fois: mais comment il sait? Comment il fait? Il est certainement très sensible, observateur, à l'écoute.
Quant à l'histoire, elle n'a rien de très original, mais ce sont les réflexions qui en ressortent qui sont intéressantes. J'ai plusieurs fois sorti le crayon pour conserver des citations.
La fin est brutale, à la hauteur de l'ascension.
En somme, je ne m'attendais à rien de spécial avec ce roman et je suis finalement très agréablement surprise.
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Un bon roman, une héroïne à la fois banale, originale et profonde, cynique et touchante... Combo gagnant ! (https://pamolico.wordpress.com/2019/11/12/une-romance-pas-trop-romantique-je-ne-suis-pas-une-heroine-nicolas-fargues/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Sans l'avis de ..., le nom de l'éditeur et de l'auteur, je n'aurais pas pris garde à ce roman, qui pourtant ne mérite pas d'être ignoré comme cela semble.

Le problème c'est que pour préserver le plaisir de la découverte je n'ai pas envie de trop en dire; surtout que savoir que la narratrice est une trentenaire parisienne à bonnes copines, enchaînant les rencontres amoureuses et autant de déceptions (elle voudrait un Jim -le prince charmant, quoi- mais ne tombe que sur des Jimmy - alias ça va pour un temps- selon le classement en cours entre copines) ferait croire à un chick lit de plus. Que nenni! Géralde n'a pas sa langue dans sa poche et n'est pas toujours politiquement correcte dans ses pensées et ses dires.

Ce roman a été écrit dans le cadre d'une résidence en Nouvelle-Zélande et je peux vous dire que je n'ai qu'une envie, foncer là-bas! Sans que ce soit artificiel ou plaqué dans l'histoire, Géralde s'y rend ...

"Il m'avait pourtant semblé si naturel d'improviser ce voyage, aussi aisément que si j'avais décidé, mettons, de ne pas descendre à ma station de métro habituelle pour poursuivre jusqu'au bout, historie de voir à quoi cela pouvait ressembler, le terminus de ma ligne. Cela m'avait paru plein de sens, de ne pas procéder raisonnablement pour une fois, de prendre une telle décision uniquement parce que cela semblait une folle décision. Surtout, je ne me trouvais aucune bonne raison de ne pas la prendre. (...) j'avais beaucoup pensé à cette phrase de Jean Cocteau que j'avais un jour entendue citer par Christiane Taubira, sur France Inter : ' Dans la vie, on ne regrette que ce qu'on n'a pas fait.' (...) Je me disais: En partant tu n'appartiendras plus à la catégorie des gens qui disent J'aimerais bien , ou bien Je vais. Mais à celle qui fait."

Durant une bonne partie de ma lecture, je devais me forcer à me souvenir que Nicolas Fargues est un homme, tellement il s'était mis dans la tête d'une jeune femme. Qui plus d'une jeune femme dont je choisis de ne rien dire de plus, avec ses prises de position parfois détonantes. Franchement, le lecteur est passé dans une sorte d'essoreuse, remettant en cause son ignorance potentielle sur les relations entre sexes, couches sociales et origines...
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Nicolas Fargues se met dans la peau de Géralde, une femme de trente ans, diplômée en lettres, enchaînant les travaux en intérim, toujours à la recherche du grand amour malgré ses nombreux échecs sentimentaux. Sur un coup de tête, elle décide de partir en Nouvelle-Zélande rejoindre son dernier amant, Pierce, qu'elle connaît très mal. Son séjour aux Antipodes sera jalonné de surprises…
Un roman, à la fois léger et dans l'air du temps, mais pas aussi superficiel que cela, tant il traite de sujets majeurs tels que le racisme et l'amour.
L'intérêt principal du livre réside dans le fait que Géralde est française d'origine camerounaise. Elle ressent tous les évènements qui lui arrive avec une sensibilité particulière, subit et analyse le racisme ordinaire.
Un homme blanc (Nicolas Fargue) est-il légitime à parler pour une femme noire ? question controversée à laquelle je n'ai pas de réponse. Une chose est sûre : Nicolas Fargue a une très belle plume, son roman est drôle, surprenant, malin.
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Premier livre de cet auteur. La première moitié du livre est tres bonne, on est pris dans la vie de cette jeune fille très rapidement ,Fargues nous décris la fille parfaite , envoûtante devant tant d'intelligence de modernisme et d'a propos.
Puis le rythme retombe gentillement sans pour autant enlever de la qualité à l'histoire, mais elle devient plus banale et la fin un peu prévisible.
Ce livre pose malgré tout la question ,Tres polémique en ce moment aux USA ,donc bientôt chez nous, de l'appropriation culturel.
Un peu mal à l'aise par rapport à cela.L'auteur usant TROP de généralité et de raccourcis pour certains cas. Dommage.
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Un roman très actuel où une jeune femme décide de tout quitter pour aller retrouver en Nouvelle Zélande un homme qu'elle connait peu...Les questions de l'amour et de l'identité sont au coeur de ce récit réjouissant.
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Je ne suis pas une héroine

Ce portrait de Géralde m'a touchée, cette jeune française d'origine camerounaise face à ses interrogations et ses questions existentielles, identitaires (sa couleur de peau lui étant sans cesse renvoyée à la figure) et amoureuses. Dans la première partie, cette trentenaire, face à ses nombreux échecs amoureux, se demande « si le grand amour partagé, l'écho des coeurs, le don à deux, la danse en apesanteur, la complicité de l'implicite, la merveilleuse bienveillance : si toute cette bonbonnière de mots n'était au bout du compte qu'un fantasme de petite fille capricieuse et autocentrée ? ». Par peur de la solitude (malgré les réseaux sociaux omniprésents dans sa vie), elle multiplie les mauvaises expériences, même si elle sait d'avance, lucide, qu'elles ne seront que galères, frustrations et déceptions. Géralde a arrêté Tinder : « C'est comme le McDo : tu salives avant et tu regrettes après. » Belle et cultivée, elle s'épuise pourtant à ne croiser que des « Jimmy », des types d'une nuit, d'une semaine, quelques mois au mieux, et désespère de rencontrer un jour un « Jim », « le vrai, le définitif, le solide, l'indubitable ».
Jusqu'à son départ, sur un coup de tête en Nouvelle-Zélande où elle va rencontrer, contre toute attente, Hadrien, un conférencier reporter, et trouver enfin – peut-être – son Jim et le chemin du bonheur. Nicolas Fargues nous offre alors de magnifiques pages sur l'amour, et sur « l'homme » par qui le bonheur peut arriver. « Tout ce que je peux dire, c'est que c'est un homme… Quelqu'un qui, pour une fois, ne te fasse pas entrevoir immédiatement l'envers du décor. Quelqu'un qui te donne envie de lui montrer qui tu es vraiment, pour de bon, sans craindre que tout cela ne tombe dans l'oreille d'un sourd et dans l'oeil d'un borgne. Qui te fasse prendre conscience de tout ce que tu as à donner mais que personne jusqu'ici n'aura su venir chercher… Quelqu'un qui te fasse enfin sentir que tu es de la confiture pour une autre confiture et qu'il est une pantoufle de vair à ton pied. »
« Je vivais ce que toute femme amoureuse rêve de vivre : des sentiments sans cesse confirmés et régénérés par des faits. Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. »
En prime, une belle balade en Nouvelle-Zélande qui donne à Géralde la distance nécessaire pour ouvrir la porte fermée, celle de son coeur immense.
Enfin, pour Nicolas Fargues, se mettre dans la peau d'une femme à la peau noire était un défi audacieux et c'est plutôt réussi. Un roman subtil, très ancré dans la réalité.

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