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Je lis ce recueil neuf ans après Serpentine, et je pourrais écrire à peu près le même prologue : je ne suis pas tellement fan de fantastique, mais la façon dont Mélanie Fazi utilise ce matériau brut pour bâtir des bijoux littéraires la qualifie en tant qu'artiste.

Mélanie Fazi est la maitresse du pronom « je ». Elle l'utilise pour vous donner l'impression que le personnage qui parle vous fait une confidence spéciale, de celles que l'on ne fait qu'à un ami très proche. Elle vous chuchote comment le fantastique peut s'emparer de votre quotidien.

Souvent, elle donne une conscience à des objets, à des choses qui en sont normalement dépourvus. Ici Venise qui refuse qu'on la pille des ses soupirs (La cité travestie), là une maison hantée, non pas pour l'horreur, mais pour l'art et le souvenir (Villa Rosalie), autre part un fleuve amoureux et manipulateur (La danse au bord du fleuve) et ailleurs la mer elle-même qui cherche à s'emparer d'un homme au grand dépit de son épouse (Noces d'écume).

Parfois la victime est totalement démunie et déclare forfait (En forme de dragon, où il faut se méfier de la musique). Parfois elle lutte farouchement, quelquefois l'emporte (Fantômes d'épingle, où il vaut mieux éviter d'enfermer ses émotions dans une poupée de chiffon), quelquefois s'épuise (Le noeud cajun, où il faut chaque jour abattre son épouse pour neutraliser l'étrange enfant qu'elle porte).

Mes nouvelles préférées ? le train de nuit – ou comment fuir ses responsabilité, se faire oublier et s'oublier soi-même dans un étrange train qui ne passe en gare que la nuit – est superbe, et le noeud cajun. Quant à la nouvelle éponyme du recueil – Notre-Dame-aux-Écailles – elle n'évoque pas une église, comme je le pensais, mais plutôt une statue qui m'a rappelé La Vénus d'Ille, de Mérimée.

Même si le fantastique n'est pas votre tasse de thé, je ne peux que vous encourager à essayer de lire la voix de cette auteure, un jour.
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Sur la quatrième de couverture, les éditions Bragelonne ont inséré un extrait d'une critique de Jean-Claude Dunyach pour L'Express. La voici: "Il y a chez Fazi une petite musique poignante, extrêmement lucide, et surtout un art de la fêlure qui transcende la moindre de ses histoires."
Trop souvent, je ne retrouve pas dans les textes des auteurs ce que les critiques y ont vu (surtout lorsqu'ils présentent X ou Y comme le nouveau Untel). Or, en ce qui concerne Mélanie Fazi, je ne puis qu'appuyer les propos de Monsieur Dunyach.

Notre Dame aux Écailles est le second recueil que je lis d'elle, après Serpentine. J'avoue que je craignais que le charme n'opère pas de la même manière puisqu'il n'y avait plus les prémices de la découverte. Heureusement il n'en est rien et j'en ressors avec le désir d'entamer son troisième volume denouvelles.

Chacune d'entre elles, dans Notre Dame aux Écailles, détient une étincelle de pure magie qui répand ses mystères et son atmosphère dans l'esprit du lecteur. Qu'ils soient homme ou femme, ses narrateurs sont bien incarnés et offrent de beaux portraits. Ce qui me touche particulièrement chez cette auteure, c'est l'humanité qui émane de ses récits. Il s'agit d'êtres, parfois plus ou moins humains, dotés de sensibilités et d'une lumière singulière qui éclaire les ombres qui hantent les recoins de ses histoires. Son fantastique a cette note de douce mélancolie qui donne, pour reprendre les termes du critique de L'Express "une petite musique poignante". En ce sens, "Mardi gras", qui évoque à travers le carnaval de la Nouvelle  Orléans les ravages de l'ouragan Katrina, en est un magnifique exemple.
"Le train de nuit" également avec ces wagons qui accueillent les fatigués de l'existence.

Mélanie Fazi laisse dans son sillage une melopée douce amère, animée avec un style d'une grande élégance. Elle maîtrise l'art si difficile de la nouvelle, genre parfois boudé et pourtant si riche de promesses. En l'occurrence, Mélanie Fazi lui offre ses lettres de noblesse, tout comme au domaine de la littérature fantastique. Une femme écrivain à suivre avec attention.
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Après « Serpentine », voici le second recueil de nouvelles de Mélanie Fazi, jeune auteur et traductrice de romans de fantasy qui bénéficie déjà d'une certaine réputation dans le monde des littératures de l'imaginaire. « Notre-Dame-aux-Écailles » nous apporte une preuve supplémentaire de son talent grâce à ses douze magnifiques nouvelles dans lesquelles l'auteur met en scène des personnages touchants de vulnérabilité évoluant dans des décors familiers qui prennent pourtant des allures fantastiques et inquiétants sous sa plume. Venise s'y fait ville jalouse de ses soupirs dont elle punie sévèrement les voleurs, des mortelles y prennent des Fleuves pour amants, une maison y est capable de contenir les âmes de ses anciennes propriétaires... Tout au long de ce recueil, Mélanie Fazi nous donne ainsi à voir des paysages connus et parfaitement ordinaires qu'elle éclaire pourtant sous une lumière différente afin de leur donner un peu de magie, de mystère. Et le résultat est remarquable.

Dans tout recueil ou anthologie certains textes se font généralement plus marquants que d'autres, or force est de constater que ce n'est pas le cas ici, chaque nouvelle étant d'une qualité rare. Quelques unes ont tout de même davantage remporté mon adhésion, à commencer par celle qui donne son nom au recueil, Notre-Dame-aux-Écailles, nouvelle récompensée en 2009 par le Prix Masterton et ayant pour thème la maladie. Je me contenterais d'en citer quatre autres : « Noces d'écume », narrant le combat d'une femme se disputant son mari avec la maîtresse la plus impitoyable qui soir, la mer ; « Les cinq soirs du lion », texte très bref où une jeune fille se voit forcer de revenir sur ses épreuves passées afin d'acquérir son familier ; « Villa Rosalie », mettant en scène une maison pas tout à fait comme les autres, chaque pièce y renfermant l'âme de son ancienne occupante ; et enfin « Noeud cajun » mettant en scène le calvaire d'une famille en proie à une bien étrange malédiction.

Avec « Notre-Dame-aux-Écailles », Mélanie Fazi nous offre un recueil d'une beauté et d'une poésie remarquable et nous fait porter un regard différent, plus attentif peut-être, et surtout plus émerveillé, sur les choses et les gens qui nous entourent. Une magnifique découverte.
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Livre lu en ebook, je l'ai dans ma pal depuis l'OP de Bragelonne de 2017. J'avais besoin de changer d'air après le tome 2 du sorceleur. J'avais ce roman dans ma liseuse et cela correspondait à mon envie de légèreté. Je connais l'auteur de nom mais ça sera mon premier d'elle. J'ai vu après coup qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles mais en 160p, ça devrait quand même aider.

J'ai lu en entier la première nouvelle « La cité travestie », elle m'a paru très bizarre. J'ai été tentée de l'abandonner plusieurs fois malgré ses 6p tant son univers est glauque et son narrateur insupportable. Je n'ai d'ailleurs pas trop compris l'histoire racontée. Dès le début de la seconde (« En forme de dragon »), je n'ai pas adhéré au style de l'auteur. Il m'a paru trop hermétique ou venant d'un univers trop abstrait, je ne sais pas comment l'expliquer mais même en lisant en diagonale, je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire. Je l'ai donc abandonné. J'ai essayé la troisième nouvelle mais pareil que pour les deux premières, je n'arrivais pas à rentrer dans son univers : trop de descriptions, peu de dialogues, un style bizarre… Moi qui m'attendais à une lecture légère sur fond de fantasy, je suis passée à côté de cette lecture. J'avais acheté Serpentine et un autre de ses livres, je verrais plus tard pour lire, afin de me faire un avis global sur cette auteur. C'est difficile à juger avec des nouvelles très courtes et très particulières.

Comme vous l'aurez compris, ce recueil de nouvelles a été une déception pour ma part. J'essaierai de lire un de ses romans, son style me sera peut-être plus accessible. Je vous conseille néanmoins de lire ce recueil pour vous en faire votre propre avis, tous les goûts sont dans la nature. Pour ma part, on verra plus tard pour un second essai mais peut-être pas avec Serpentine qui est également un recueil de nouvelles.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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J'étais tombé sous le charme de la plume de Mélanie Fazi avec le recueil de nouvelles Serpentine et je me demandais s'il était possible de maintenir ce niveau de qualité. Le verdict est impitoyable ! Oui, un très grand oui.
Quelle que soit la nouvelle l'auteure est capable de nous emmener dans des versions un peu décalées de notre monde. Un petit pas de côté de notre réalité, ces univers qu'on devine de temps en temps du coin de l'oeil, sans vraiment être sûr de ce qu'on a vu. Pas d'énormes bouleversements, juste des évènements, des lieux qui nous invitent à passer de l'autre côté du miroir, de la brume.
Pour mieux nous envouter deux ingrédients sont toujours présent dans les récits, l'ambiance et les sentiments.
Mélanie Fazi a cette grande force d'installer des ambiances, toujours enveloppantes , nous sommes où elle nous emmène, parfois même physiquement on ressent la pesanteur des lieux, les brumes du mystère.
Pour les sentiments, nous sommes dans la tête des narrateurs, leurs peurs, leurs doutes, leurs dégouts, leurs fascinations, tout est cohérent et l'on peut s'y retrouver à des degrés divers en fonction de son vécu. Tout ces univers nous parlent au plus profond car pas de Héros ici, mais des êtres humains qui doivent gérer ce qu'ils ont en eux.

Les nouvelles qui m'ont le plus happé sont :
- La cité travestie : la puissance de Venise si fascinante
- le train de nuit : fuir oui, mais s'abandonner ? Pas si facile
- Villa Rosalie : cette maison restera dans vos mémoires faites moi confiance.
- Notre-Dame-aux-Ecailles : dur récit, mais étrangement je pourrais envisager de la suivre.
- Mardi gras : mélange doux-amer qui donne à réfléchir.

Une autre grande réussite donc et oh joie, j'ai encore un recueil de l'auteure à lire.

Challenge multi-auteures sfff
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Notre-Dame-aux écailles . Deuxième recueil de nouvelles de Mélanie Fazi paru en 2008 aux éditions Bragelonne.
Fantastique. registre fantastique. Écriture fantastique. Serpentine, le premier recueil de nouvelles de Mélanie Fazi paru en 2004 m'avait enchanté. Ce second recueil m'enchante tout autant que le premier , si ce n'est plus, et il me propulse littéralement dans un champ littéraire de haut niveau.

Le registre fantastique n'est pas mon domaine de lecture privilégié. La science fiction n'est pas non plus le genre littéraire vers lequel le choix de mes lectures me conduit instinctivement.
Question de culture...générationnelle ? Faux ...et vrai - à la fois.
Faux parce que le fantastique existait déjà eu 19e siècle. Donc il n'est pas l'enfant spontané d'une nouvelle génération.
Rappelons nous ...Poe, Hoffman , Huysmans, Verne, Nodier, Villiers de l'isle Adam, et puis... et puis…. la liste est très longue.
Le 20e siècle ne nous a t il pas également offert l'honneur de lire l'immense fantaisie d' Italo Calvino ?
Le 18e, ne nous a t il pas livré le micromégas de Voltaire ?
Question Culturelle ? Plutôt vrai. Ma génération a été élevée dans un culture de désarticulation de langages. Là où nous convenions d'un chat nous émettions le chant d'un strapontin.
Façon post- surréaliste de décrire un quotidien post ou pré apocalyptique.
Nous triturions la grammaire celle des mots celles des images, celles des idées également.
Désarticuler un langage c'est déjà le désarmer , ce n'est pas le démembrer.
Ma génération est celle qui fut conçue par des enfants de la guerre. Ma génération n'est pas unique et malheureusement partout dans le monde notre famille s'agrandit….
Nous avons été élevés, éduqués , presque formatés par des adultes qui avaient tous joué un rôle durant la seconde guerre mondiale. Rôle de témoin, rôle de victimes ou rôle de meurtrier. Actif ou passif ils avaient tous été mis en scène lors de la seconde boucherie du 20e siècle.
Le rapport me direz vous ? le rapport c'est que pour comprendre un peu ce qui s'était passé il a bien fallu se regarder les uns les autres.
S'interroger, se percuter, s'affronter, se pardonner, se bercer, de laisser aller, et même se suicider parfois. du moins tenter.
Il aura fallu chercher dans les images, les phrases, et même les silences , les indices, les traces, les empreintes de ce qui allait advenir.
Le passé est symbolisé par l'enfance, la famille était pour nombreux le terrain d'investigation par excellence. L'origine. Nous sommes arrivés à vouloir écrire le film ou le livre des origines. Une horreur à couper le souffle nous avaient presque littéralement retirer le devoir d'imaginer.
Irai je jusqu'à dire que le nombrilisme a rempli nos espaces littéraires ? Cela serait exagéré, et faux sans doute. Mais il me plait d'évoquer cette éventuelle dérive.
Disons que parfois -reconnaissons le - il nous plait de nous reconnaître dans le nombril d'un autre.
le nombril étant de forme sphérique, peut être que le registre de certains romans tourne court face à notre oeil rond.
Et puis un nombril est plus léger qu'une poutre, et aucun nombril n'a envoyé un matelos à la mort, ce qui n'est pas vrai d'une paille, surtout lorsqu'elle est courte.
Mais là, je m'écarte...d'un pouce.

L'imagination fut reléguée au rang du registre « jeunesse ». de l'évasion ludique, du « pas tellement sérieux tout ça » , de la détente, du jeu.
Le jeu.
Comme si le jeu ne contenait pas toutes les arcanes des modèles éducatifs possibles.
Le jeu fait parti du domaine cognitif, on l'oublie trop souvent.
On apprend en jouant.
Il suffit d'observer tous les jeunes mammifères pour le comprendre.
Pas sur qu'un loup arriverait à se nourrir correctement sans avoir appris la ruse en jouant avec ses frères et ses soeurs…

Fantastique : science fiction, policier, science-fiction horreur, contes, romances, aventures ou encore merveilleux, tous les genres de ce registre peuvent être des terres fécondes de très belles et remarquables écritures.

Vous me pardonnerez le cheminement long et parfois tortueux de ma pensée, mais je souhaite avec vous tenter de comprendre pourquoi le registre fantastique est si rarement transmis par les voies académiques à nos enfants.

Pourtant très souvent on trouverait dans ce registre énormément de bases éducatives interessantes : tolérance, respect des différence, multiculturalisme, divers études psychologiques, technologiques, de bio-éthique, d'économie, de politique, de stratégie etc….La liste serait très, très, très longue.

Mais revenons à Notre Dame aux Écailles et à son auteure.
Ce qui m'impressionne peut être le plus chez Mélanie Fazi c'est réellement la construction de ses nouvelles et la qualité de leur écriture.
« La cité travestie » est une fabuleuse contre marche sur Venise. « En forme de Dragon « explore l'angoisse de la création artistique. « Le train de nuit » : la mort, le suicide, « Le langage de la peau », » les cinq soirs du lion « , la danse au bord du fleuve » : des appels et un éveil des sens. Mélanie se sert du merveilleux registre élémentaire qui est en nous , autour de nous pour nous faire traverser le miroir.
Cette sensualité est toute poésie. Rien ne paraît anormal dans les nouvelles de Mélanie Fazi. Tout paraît possible, imaginable, parce qu'elle sait regarder et dire la terre des hommes.
Leur chair, leurs pierres, le bout de leur chemins, leur peau, leur courant, leurs espaces, leurs saisons, leurs tanières, leurs ventres lourds et ronds, leur peur, leur soif, leur terreur, leurs bestiaires, Aussi bien concerant « Notre Dame aux Ecailles », ou « Mardi gras » , peut on parler de science fiction ? Oui nous sommes ,nous les humains ,des bêtes à fiction.
A rêver, à trembler, à espérer, à renaître.
Nous sommes phoenix, licorne, nous avons nos démons, nos anges, et nous y croyons.
Nous avons besoin de cela. Nous sommes fait de cette matière. de cette chair de possible.
Et plus nous sommes capables d'imaginer plus nous terrassons les dragons.
Si nous n'imaginons pas, nous n'inventons pas, nous ne créons pas.
Nous ne pouvons pas changer le court d' histoire. Si nous avons besoin de tellement de contes, d'histoires fantastques, c'est que nous avons besoin d'histoire à nous faire vivre debout, et non de prières à nous faire tomber à genou.
Je sais je parais excessive. Toujours. Sans cesse. Mais ce que je pense est peut être faux, mai je crois que c'est vrai. Vrai et juste.
L'imagination n'est pas le mensonge. le mensonge est une torsion de la vérité, l'imagination ouvre la possibilité de toutes nos projections. le mensonge tend toujours à la clôture du débat , l'imagination ouvre tous les débats.
Chacun a son idée, sa conception de la littérature. Pour ma part je crois que la littérature au delà de la qualité d'un style , est ce qui dans le domaine de l'écriture peut changer le court des choses. Changer la vie d'un homme, d'un peuple, d'une génération, changer les mentalités, les regards, changer la perception que nous avons des uns et autres, de tout ce qui nous entoure que cela soit animal, végétal, minéral, aérien, amphibien, sous terrain, céleste ou humain.
J'ai beaucoup aimé ce recueil. Par deux fois cette auteure m'a été recommandée par deux jeunes femmes, amoureuses de littérature et d'écriture.
Merci donc à Liza, pour Serpentine et merci à Anaïs pour notre Dame aux écailles.
Merci de m'aider à changer le court des choses. Découvrir un nouveau registre de littérature c'est un peu passer la porte des étoiles.
Lire Mélanie Fazi c'est faire de grands voyages.
Bonnes lectures !
Astrid Shriqui Garain

Lien : https://dutremblementdesarch..
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Mon premier roman de l'année, Notre Dame aux Écailles est un recueil de nouvelles qui m'a en premier lieu attirée par une citation de Jean-Claude Dunyach (L'Express), sur la 4e de couverture : "Il y a chez Fazi une petite musique poignante, extrêmement lucide, et surtout un art de la fêlure qui transcende la moindre de ses histoires". Rajoutez à ça un auteur reconnu, acclamé et aux multiples prix (Merlin en 2002 et 2004, Masterton en 2005, Grand prix de l'imaginaire en 2005 et en 2007), et il ne m'en a pas fallu plus pour me plonger dans ce livre, sans même savoir à quoi m'attendre.

Le problème avec les recueils de nouvelles, c'est qu'on n'aime jamais tout. Certaines nouvelles nous emportent et nous ravissent, d'autres nous laissent de marbre. Mais pas ici, avec ces courtes histoires de Mélanie Fazi, qui ne peuvent chacune qu'éveiller notre curiosité et notre intérêt. Je pense en particulier à cette histoire d'une femme qui a pris le Fleuve pour amant, celle de cette petite fille qui dessine ce qu'elle voit dans la musique, ou encore celle de cette maison qui se nourrit de la substance de ses habitants pour évoluer... Dans chaque nouvelle, l'auteur se plait à personnifier, que ce soit une ville, une maison, une musique, un dessin, une émotion... Tout prend vie sous sa plume et tous nos sens sont touchés et titillés par son écriture vraiment magnifique et poétique. Elle nous transporte sans effort dans chaque moment de ces intrigues fantastiques, et nous laisse avec l'impatience de commencer la suivante.

Une très belle découverte que cette Notre Dame aux Écailles, qui me donne envie de découvrir plus profondément l'oeuvre de Mélanie Fazi.
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Une voix fantastique puissante et originale

Second recueil de Mélanie Fazi, paru en 2008, contenant six nouvelles parues entre 2000 et 2006 et 6 nouvelles inédites, cette lecture renforce nettement l'impression retenue à la lecture de « Serpentine » : nous avons là une voix fantastique vraiment originale, capable de forts contrastes tout en maintenant une remarquable homogénéité de ton.
« La cité travestie » (2002) voit Venise d'une bien sombre manière, résignée au désespoir et pourtant combattante, angle original qui n'est pas facile sur des pierres aussi fréquentées. « En forme de dragon » (2003) raconte la paradoxale naissance d'une artiste, avec une belle mise en scène du rôle de la musique (rock) dans l'éveil du talent. « Les cinq soirs du lion » (2006), « Langage de la peau » et « La danse au bord du fleuve », mettant en jeu avec force la rencontre d'un autre étrange et familier à la fois, et le rapport au corps et à sa métamorphose, m'ont un peu moins touché. « le noeud cajun » (2000), déjà ancien, parvient à susciter l'attente et l'effroi dans un contexte rural vaudou superbement rendu. « Fantômes d'épingles » est sans doute l'un des textes les plus étonnants que je connaisse traitant au fond de ce que veut dire « quitter l'enfance et accepter l'âge adulte » (avec comme un écho de la Lisa Tuttle du « Pillow Friend »).
Les plus belles réussites du recueil sont pour moi : « Notre-Dame aux Écailles », vertigineuse approche des réactions possibles face à la maladie, « le train de nuit », inquiétante et bouleversante variation sur la fuite, « Villa Rosalie » (2006), terrible et pourtant bien joyeuse relecture du thème de la maison hantée, « Mardi gras », étonnante manière d'honorer la mémoire du désastre Katrina à La Nouvelle-Orléans, et enfin « Noces d'écume », réflexion aux accents parfois lovecraftiens sur un sens caché de « chérir la mer ».
Une prouesse commune à l'ensemble de ces nouvelles est indéniablement la manière dont les personnages s'expriment, intérieurement ou non, en dévoilant les éléments fantastiques de manière insidieuse, sans les accepter d'emblée mais sans les refuser non plus... Impressionnant.
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En cette fin d'année, je déstocke un peu ma PAL en lisant des livres qui y étaient depuis longtemps comme ce fut le cas avec Riverdream, en effet j'avais acheté Notre-dame-aux écailles en décembre dernier chez Gibert. J'avais entendu beaucoup de bien de Mélanie Fazi que j'ai eu l'occasion de lire pour la première fois dans Les coups de coeur des Imaginales avec la nouvelle Trois renards qui reflétait bien les écrits de l'auteure, à la fois étranges et angoissants.

Ce recueil est composé de 12 nouvelles qui ont en commun le côté étrange même si les thèmes et les époques abordées sont différents. Les textes sont le plus souvent racontés à la première personne, ce qui va très bien avec le genre dans la mesure où l'on a un seul point de vue sur ce qui se passe. Ces nouvelles se situent vraiment dans le domaine du fantastique, le surnaturel y apparait peu à peu et on a du mal à savoir vraiment ce qui se passe.

La première nouvelle, La cité travestie, se passe à Venise et la ville y est un personnage à part entière qui se venge de ceux qui se comportent mal avec elle. le décor offert par cette ville est très bien utilisé avec les canaux et les légendes en rapport avec l'eau. Elle nous offre une ballade étrange et poétique au sein de cette ville si particulière.

La nouvelle suivante change de registre avec une histoire se déroulant dans une famille dont le père est un illustrateur de livre qui voit ses dessins s'effacer peu à peu. La musique a une grande importance dans ce texte comme dans Trois renards, elle amène la fillette de l'illustrateur à dessiner à son tour. Ce texte se situe dans un contexte ordinaire en y apportant une touche de magie.

La troisième nouvelle Langage de la peau est une de mes préférées. À nouveau les sens sont à l'honneur avec cette fois l'odorat. Cette nouvelle contient beaucoup d'émotions, de sensualité et de poésie, pourtant c'est un texte très court avec des lycanthropes.

J'ai moins aimé la nouvelle suivante intitulée le train de nuit peut être à cause des araignées ( c'est une phobie chez moi alors ces passages m'ont fait peur). L'ambiance de la nouvelle est assez dérangeante, on ne sais pas vraiment ce qu'est ce train mais plus ce qu'il représente, une forme d'oubli.

Dans Les cinq soirs du lion, une jeune fille acquiert un familier qui n'était pas vraiment ce qu'elle attendait et doit pour cela revivre des souvenirs douloureux. L'histoire aurait pu être un peu plus fouillée mais cela reste une nouvelle d'un bon niveau.

L'eau est à nouveau à l'honneur dans La danse au bord du fleuve où une femme en proie à une crise sentimentale fait une rencontre un peu particulière lors de ses vacances en solitaire. La sensualité est également très présente dans ce texte qui aborde aussi la peur qui peut nous paralyser.

La nouvelle suivante Villa Rosalie traite du thème de la maison hantée mais sous un nouveau jour. Les habitantes de la maison y ont chacune laissé une empreinte et rendu la maison quasiment vivante. C'est un texte dans lequel il est un peu difficile d'entrer mais très poétique.

Le noeud cajun est parfaitement du domaine du fantastique car on ne peut pas vraiment se faire une idée précise sur ce qui arrive, si le personnage du père de famille est complétement fou et paranoïaque ou si effectivement le surnaturel est présent. le comportement du père de famille est vraiment mystérieux et angoissant tout comme la nouvelle assez glaçante.

La nouvelle qui donne son titre au recueil a pour thème la maladie et les relations avec les proches. le sujet est difficile mais l'auteure arrive à y insuffler une forme de poésie, même si le texte demeure très triste.

La nouvelle suivante a pour titre Mardi Gras et se situe à la Nouvelle Orléans après le passage de Katrina. On visite la ville après le désastre, où l'opposition entre les couleurs et la catastrophe est très marquante. C'est une très belle nouvelle très touchante sur la vie après une catastrophe.

L'eau est à nouveau au centre de Noces d'écume au travers de l'océan. La nouvelle parle d'un couple dont l'homme revient changer après une partie de pèche. Par amour, sa femme essaye de le sauver et le faire revenir comme avant. L'appel de l'océan est au coeur de l'histoire, la nouvelle m'a un peu fait penser à Lovecraft par moments.

La dernière nouvelle de ce livre intitulée Fantômes d'épingle est une des plus belles et poétiques. Une jeune femme ayant pris l'habitude d'enfouir ses sentiments depuis son enfance essaye de les faire ressortir. Ce texte parle de la mort qui est toujours présente et de comment on peut y faire face sans tomber dans le tragique.

Ce recueil de nouvelles de Mélanie Fazzi est servi par une très belle écriture remplie de poésie. L'auteure met au coeur de ses histoires les sens, plutôt que la réflexion. L'étrange et l'émotion sont aussi au rendez-vous. Même si je n'ai pas vraiment accroché à toutes les nouvelles, ce livre est intéressant et permet de découvrir l'univers si particulier de Mélanie Fazi qui porte un regard à la fois triste et émouvant sur le monde.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Je ne comprends pas trop mon ressenti après lecture de ce recueil...

Bien que je l'ai lu en une fois, ma lecture a été pénible. J'étais mal à l'aise, pas du tout charmée; je voulais savoir, j'étais intriguée mais je voulais aussi en finir...vite. Dix minutes après l'avoir refermé, mon avis s'est fortement adoucit.

L'écriture est poétique, certes mais à mon goût de manière surfaite, comme si l'auteur voulait faire ressortir son côté rêveur et imaginatif avec une écriture vaporeuse et venue d'un autre monde. Du coup, j'ai vu venir les mots et les quelques rimes, trop évidentes, m'ont agacée; l'atmosphère n'a pas pu m'atteindre à cause de cette "théâtralité" dans l'écriture.

Après, les thèmes abordés sont intéressants, c'est sûr, mais m'ont laissé un parfum d'inabouti. Parfois on a juste le temps de saisir le sujet de fond, que c'est terminé, sans amener de réflexion ou de révélation, juste un malaise et une incompréhension: " D'accord....et?".

Voilà, je sonne très négative et pourtant certaines de ces nouvelles m'ont laissé une empreinte assez douce quand même. J'ai aimé "Villa Rosalie", "Langage de la peau" m'a fortement parlé et j'ai apprécié la dénonciation de "mardi gras".

Je trouve que c'est à découvrir.
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