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sur 138 notes
Jérémy Fel, c'est un peu le Pierre Gasly de la littérature française : il roule depuis quelques années dans la cour des grands, mais tu sens qu'il en a encore sous la pédale et que son meilleur reste à venir. Et viendra. À coup sûr. À chacun de ses trois livres, il m'aura à la fois étonné – beaucoup - et agacé – un peu -, mais je sais qu'à son prochain, j'y retournerai !

Parce que comme souvent les Normands, le p'tit gars du Havre est plutôt du genre brillant et il le prouve encore dans Nous sommes les chasseurs : 710 pages particulièrement ambitieuses, à la construction chiadée comme dans ses deux précédents romans.

Fel, c'est d'abord une facilité à raconter des histoires, restituant et coordonnant toutes celles qui lui traversent l'esprit à longueur de journées ou de nuits. Ça bouillonne, ça foisonne et parfois, avouons-le, il me perd un peu au passage, notamment dans ses lâchages fantastiques. Pour me rattraper un peu plus loin.

Dans Nous sommes les chasseurs, il nous plonge dans une histoire impossible à raconter ici, tourbillon littéraire entre fantastique et réalité, machine à laver asphyxiante destinée à essorer son lecteur pour lui faire perdre ses repères et mieux jouer avec lui. Et ça fonctionne !

En dix – très – longs chapitres, il nous embarque dans une faille temporelle où ses personnages vont se croiser et se recroiser, traversant les époques, soumis aux forces du mal et de la peur : « Un équilibre s'était brisé, une brèche avait été ouverte, le monde était maintenant la proie d'entités malfaisantes ».

Vous l'aurez compris, âmes sensibles s'abstenir ! le monde de Fel est sombre, cruel et violent : ça blesse, ça tue, ça saigne, ça étripe, ça maltraite, ça torture. Mais ça aime aussi. Beaucoup. Damien, Gabriel, Ambre, Lucas, Thomas, Natasha, Mabel… Tous ses personnages sont bourreaux ou victimes, parfois bourreaux et victimes. Sauf Gregory.

Gregory, le double, l'absent, le jumeau défunt, dans le livre comme dans la vie. Jérémy Fel en joue et s'en amuse. Pour ne plus en souffrir ? Il le met en scène pour mieux se mettre en scène. Qui est Jérémy ? Qui est Grégory ? Et il y ajoute sa mère Dominique, dont chacune des apparitions est un moment de grâce dans ce déferlement de violence.

« Je pense que même les romanciers qui écrivent de la pure fiction comme moi, parlent d'eux, d'une façon ou d'une autre. D'ailleurs je ne suis pas loin de me dire que c'est par la fiction qu'on le fait de la façon la plus honnête, quand justement on n'en a pas trop conscience… ».

Alors on se laisse porter : le style est efficace et même parfois trop ; les repères habituels – loups, cinéma, famille – sont convoqués ; Natalie Wood, Heinrich Himmler, Les mémoires d'Hadrien traversent les chapitres sans que l'on s'en étonne ; et le château de Valdenaire intrigue un peu plus à chaque chapitre.

Il y a du Lelouch chez Jérémy Fel, dans cette façon de mettre en scène des personnages qui se croisent et se recroisent, dans ce tourbillon sans fin, laissant le lecteur spectateur d'une intrigue qu'il ne comprend pas toujours complètement, mais qu'il apprécie néanmoins.

Un dernier mot enfin, pour souligner la beauté du dernier chapitre, bienvenu, nécessaire atterrissage en douceur, qui nous abandonne sur une question : et si Natalie Wood n'était pas morte noyée au large de Catalina au siècle dernier ? Elle aurait dans ce cas et à coup sûr, tourné dans le prochain film de Jérémy Fel
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Je m'appelle Grégory Fel, je suis celui qui n'est pas. Celui qui vit à travers la pensée, le fantasme, l'amour, le manque. Je ne suis pas né, mais je suis pourtant là.

Je suis l'alter ego, le frère jumeau de Jérémy Fel. Suis-je la meilleure personne pour parler de son nouveau livre ? Sans doute que non, sans doute que oui.

Il m'a offert le don d'ubiquité, entre le royaume des morts et celui des vivants, me faisant exister par ses mots. Je peux donc tout à fait être le conteur de ce conteur hors pair.

J'incarne parfaitement le concept même, de ce qu'a voulu faire passer Jerémy dans ce livre Monde, ce livre Monstre. Plus de 700 pages d'une fiction qui mange la réalité. Qui la façonne, la malaxe, la digère pour l'intégrer dans une oeuvre fictionnelle d'une ambition folle.

Moi le double qui n'est plus, je suis là, avec notre mère aussi, lors de passages qui créent une autre réalité. Mais je ne suis pas seul, loin de là, à avoir droit à ce traitement de faveur. Ce récit en 10 chapitres met de nombreux protagonistes en scène, imaginés, ayant existés, ayant pu exister autrement.

En entrant dans ces pages, Jérémy attend que vous lâchiez prise. Pour vous laisser porter, emporter. Vous laisser broyer, ronger. Vous laisser perdre, vous abîmer. Vous laisser pervertir aussi. Si vous acceptez ce parti pris, cette lecture sensorielle sera de celles dont vous vous souviendrez très longtemps.

Nous sommes les chasseurs est un roman qui ne peut être anticipé. 10 chapitres comme autant d'histoires qui pourraient être distinctes. Comme de longues nouvelles, de 70, 100 ou encore 150 pages. Sauf que des liens subtils apparaissent au fil du temps.

Jérémy nous balade. Nous ballote entre les époques, passé, présent alternatif, futur. A la (pour)suite de personnages d'un moment, ou d'autres qui traversent les périodes et les histoires.

Il attend de toi, lecteur, que tu te laisses porter, mais aussi que tu sois vigilant. Que tu suives les fils tendus, qui pourront (ou non) relier le tout. Mais, si tu arrives à te laisser emporter, te lier indéfectiblement à ces récits, tu n‘en reviendras pas du voyage proposé.

Le livre parle de violence. Endémique. Y figurent sans doute parmi les scènes les plus dures et les plus graphiques que tu vivras dans ta vie de lecteur. Une violence extrême mais pas gratuite, qui te poussera à ressentir autant de fascination que de rejet (âmes sensibles, blablabla…).

Une quête à la suite du Mal, protéiforme, pour questionner notre rapport avec lui. En poussant bien plus loin que la seule réflexion morale. Jérémy te fera côtoyer des personnes brutales, cruelles, mais pourtant pas si manichéennes. Ce roman noir est parsemé de zones de gris. Sauf concernant le Mal absolu, incarné par un personnage-lien, ange des ténèbres, sorte d'ogre moderne.

Oui, Nous sommes les chasseurs, est un livre de genre. Ou plutôt de genres, tous ces mauvais genres qui vont du Roman Noir historique au roman d'anticipation, en passant par une actualité crue. Transgenre, ce qui le rend impossible à ranger dans une case.

D'aucuns ont cité James Ellroy, Stephen King ou Lovecraft pour parler de ce texte. Il n'y a aucun doute concernant ces gémellités littéraires. Mais, de là où je l'observe (de près), je n'hésite pas à affirmer que mon frère est avant tout lui. Que sa manière de raconter lui est propre. Incomparable.

Cette histoire (ces histoires), est un passionnant travail sur la manipulation. Sous différentes formes, réalistes ou sorties d'une imagination fertile. Jérémy manipule ses personnages tout autant que toi, lecteur.

C'est à travers un chemin initiatique, imbrication de plusieurs sentiers, qu'il raconte autant qu'il questionne.

Jérémy est un prédateur d'émotions fortes. Puissantes, excessives, vraies. Il bouscule, ajoute de la tension sexuelle dans la violence, jusqu'à te pousser, lecteur, dans tes derniers retranchements.

Sa construction labyrinthique est audacieuse mais jamais prétentieuse. Il cherche à ce qu'on vive son texte ; ressenti de l'extrême. Pour comprendre aussi, après avoir éprouvé. Jamais en s'enfermant dans une zone de confort, au risque que le monstre lui échappe. Risque maîtrisé, au final, mais ce n'était pas gagné d'avance !

Lui-même ne savait pas où l'emmènerait cette aventure littéraire, où le conduiraient ces personnages. La surprise est d'autant plus forte, à lire le dernier des dix, l'ultime chapitre qui n'est en rien imaginable. Une fin comme un sauvetage ?

Parce qu'il ne faut pas oublier ces petites lueurs d'espoir, cette lumière qui se bat pour traverser cette pénombre. Elle est bien là, parfois, quand il parle des liens entre les personnages. Quand il parle de moi aussi, son frère mort, dans une mise en abyme qui interroge notre rapport entre fiction et réalité. Je suis un peu son mantra face à toute cette noirceur.

Impossible de citer tous les sujets développés dans ce livre. Mais difficile de ne pas citer l'enfance, la notion de famille maudite, ou encore la mainmise des forts sur les plus faibles… Des sujets personnels ou plus universels, traités avec le même génie.

Et puis, l'amour de Jérémy pour le cinéma, omniprésent. La nuit du chasseur, évidement, d'autres références assurément (gardons la surprise).

Tant d'émotions, tant de sensations ! Avec ces personnages qui vivent toujours, une fois la dernière page tournée. Oui, nous sommes vivants grâce à toi, Jérémy.

Nous sommes les chasseurs est un roman ambitieux comme les auteurs américains osent l'être, preuve qu'on peut se hasarder aussi sur ce genre de terres en France. Un puzzle incroyable qui démontre à la face du monde combien tu as un talent unique.

Une lecture de celles dont on ressort sans doute changé. Un voyage littéraire, une expérience réellement singulière.

Je suis fier de toi, Jérémy.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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Meurtres de masses, suicides collectifs, parricides, infanticides, psychoses, commis par des hommes et des femmes dont le corps et l'esprit sont possédés par des entités maléfiques.

Une pandémie qui décime près de trois millions de personnes en Europe, sans que l'on puisse connaitre la raison de l'immunité de certains humains.

Une communauté recluse dans un manoir hanté.

Gore, horreur, fresque dystopie et fantastique, des petits morceaux de vie pris dans l'immense kaléidoscope de l'existence humaine où chaque étincelle aura des répercussions sur le destin des personnages qui peuplent ce roman diaboliquement malin.

Une exploration des comportements humains dans ce qu'il a de meilleur mais aussi et surtout dans ce qu'il y a de pire. Ambiance littéraire gothique, middle-Europe et romantique très noire et rouge sang, un drôle de mélange qui rappelle les potions et autres précipités saumâtres que des apothicaires, dans leurs lugubres arrière-boutiques, préparaient pour fabriquer la pierre philosophale.
Le lecteur, parfois déconcerté, incrédule, horrifié, mais toujours passionné, se demande comment l'auteur a pu les entrainer aussi facilement dans cette aventure.

Une plongée dans l'histoire, la grande et la petite, qui n'est pas sans rappeler la meilleure littérature de genre, Stephen King en tête, mais aussi le très controversé Maurice G. Dantec ou le cultissime Dan Simmons et son non moins cultissime « Echiquier du mal ».

Jérémy Fel est un écrivain malicieux, sorcier dionysiaque à l'indéniable talent de conteur, il nous emporte dans un roman diabolique, dans tous les sens du terme.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il était une fois, un écrivain à l'esprit tortueux déterminé à faire peur à ses lecteurs. Il s'y prenait tellement bien qu'ils ne pouvaient plus fermer l'oeil et avaient pris la décision de ne plus le lire la nuit. de jour, en plein soleil, d'autres phénomènes survenaient… des haut-le-coeur, des nausées et, parfois, de franches envies de vomir obligeant ledit lecteur à refermer, une fois encore, le terrible ouvrage qui serre le coeur et les tripes. C'est ennuyeux de le voir posé là, sur le bord de la table basse et de ne pas avoir le courage de l'approcher de peur qu'il vous brûle ou annihile toute forme de raison… C'est contrariant de ne pas pouvoir le résumer, c'est frustrant de ne pas savoir comment l'aborder. Et pourtant… une fois refermé, ce livre risque de vous manquer !

« Je ne dis pas la vérité, je dis ce qui aurait dû être la vérité. » Voilà qui pourrait résumer le nouveau roman de Jérémy Fel. « Nous sommes les chasseurs » est une oeuvre atypique, écrite par un auteur atypique, habité par des démons intérieurs, des fantômes et des esprits, louvoyant entre réalité et fiction, jouant avec l'espace-temps, s'aventurant dans de nombreux lieux grâce à moult personnages. Il part à la recherche des origines du Mal, ce qui fait souffrir et ce qui est réprouvé par la Morale, en décrypte les différentes sources en créant un arbre gigantesque, aux ramifications complexes, dont les racines s'entremêlent, se brouillent et s'obscurcissent. Durant dix chapitres, il mélange fiction et réalité, insère l'un dans l'autre, utilise des faits divers qu'il tord à dessein, construit et déconstruit, s'autorise même des aller-retour « uchroniques ». Différents pays, différentes époques, différents personnages se séparent, puis fusionnent, laissant le lecteur à la fois circonspect et curieux. Dix chapitres, comme dix nouvelles, ayant chacun leur univers propre, une histoire à raconter, un évènement à éclaircir, une problématique à dénouer.

C'est cela que je retiendrai principalement de « Nous sommes les chasseurs » : Fel s'autorise tout, ne se fixe ni barrières ni limites, exploite toutes les formes de narration, tous les genres littéraires, toutes ses références culturelles en faisant toujours la place belle à l'imaginaire qui prend littéralement possession de cette oeuvre. Il n'hésite pas non plus à utiliser ses propres fêlures comme la mort de son jumeau, à nourrir une forme de schizophrénie narrative pour offrir un texte qui aurait pu s'appeler Enfer et Damnation.

Rejet ou admiration, l'oeuvre de Jérémy Fel ne laissera pas insensible, et c'est pour moi l'essentiel à retenir. À vous de placer votre propre curseur sur ce que vous pouvez supporter ou pas. Il me faut avouer que la lecture de certains passages a été insoutenable : rejet. Que certaines scènes atroces, les pires que j'ai pu lire sont restées gravées dans ma tête : rejet. Si j'analyse posément l'effet que le livre a eu sur moi et l'indubitable volonté de son auteur à marquer les esprits tant sur la forme que sur le fond : admiration. Naviguer à vue, sans savoir si je me trouvais dans un recueil de nouvelles ou dans un roman dans lequel j'avais l'impression de ne pouvoir suivre aucun véritable fil conducteur : rejet. Si je dissèque la qualité de l'écriture, l'audace de la narration, l'originalité, l'incroyable esprit d'initiative, parfois même l'insolence du récit : admiration. Si je reprends « Nous sommes les chasseurs » dans sa globalité : ADMIRATION TOTALE, une véritable ode à l'imaginaire.

Voilà comment je me suis sentie durant cette lecture, sans cesse entre deux eaux, constamment tiraillée par la décision d'un abandon définitif et l'envie d'en connaître la fin, admirative de cette capacité à inoculer, parfois par la force, des émotions totalement contradictoires, exaspérée par l'impossibilité de mettre le doigt sur ce que l'auteur cherche à nous dire, mais aussi bluffée par le génie créatif. Puis arrivent les deux cents dernières pages et avec elles, le sentiment qu'une boucle est en train de se refermer progressivement, la certitude que quelque chose de puissant et d'éblouissant arrive. le chapitre 9 qui prépare, puis le chapitre 10 qui clôture transforment ce qui s'apparentait à un recueil de nouvelles en roman. Avec cette boucle enfin bouclée jaillit la lumière tant attendue. Cette fin magistralement imaginée, originale, presque une déclaration d'amour m'a fait oublier le sentiment de rejet que j'ai pu avoir à certains passages où j'en voulais terriblement à l'écrivain de m'avoir collé de telles images sur la rétine.

Il faut savoir dans quoi vous vous engagez lorsque vous ouvrirez « Nous sommes les chasseurs ». À mon avis, ce n'est pas un livre qui se « dévore » en quelques heures, c'est un récit dense, complexe, aux ramifications multiples, sans unité de temps, sans unité de lieu (si ce n'est un manoir qui revient de manière récurrente) que traversent beaucoup de personnages (dont l'un d'eux revient fréquemment nous hanter). Vous devez accepter de ne pas tout comprendre, de combler les trous laissés par Fel avec votre propre imagination, consentir et admettre qu'il n'y a pas qu'une seule vérité de lecture, mais autant de vérités de lectures possibles que de lecteurs, qu'il vous embarque dans un dédale aux multiples déclinaisons, et que le Mal sous toutes ses formes peut à tout moment s'infiltrer sous vos chairs et accéder à votre âme.

Cette année, j'ai classé 3 romans dans la catégorie « ovni littéraire ». Je me dois de rajouter celui-ci.

Le propre de la littérature est de faire ressentir des émotions et dans « Nous sommes les chasseurs » elles sont innombrables, puissantes et souvent délirantes… Personne ne pourra mieux parler de ce livre que vous, lecteur. Tentez-le. Cette citation attribuée à un réalisateur vaut pour ce roman : « Le film doit pour lui se vivre comme une expérience sensorielle. le rationnel n'y a pas sa place. » Voilà le mot de la fin : une véritable expérience sensorielle.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Caramba, encore une lecture foirée ! Une fois de plus, je suis passée royalement à côté d'un roman, alors qu'il était conseillé par plusieurs blogueurs de ma connaissance.

Sur Babelio, la majorité des critiques sont positives, même…

Oui, mais voilà, je suis restée dubitative devant un tel récit, me paumant régulièrement, me demandant où j'avais mis les pieds.

Si mon précédent pavé (W3 – le mal par le mal) avait été lu facilement, dans celui-ci, je me suis embourbée assez vite, avant de m'extraire de l'ornière et puis d'y replonger ensuite.

L'écriture de Jérémy Fel est facile à lire, le problème n'est pas venu de là, mais de son roman, mélange audacieux de roman policier, de roman noir, gothique, le tout assaisonné d'une sacrée dose de fantastique puisque l'assassin spécial du chapitre deux, jamais Agatha Christie n'aurait osé le faire.

Ce roman est divisé en dix chapitres, chacun semblant indépendant des autres et donnant l'impression que l'on se trouve dans un recueil de longues nouvelles, chacune n'ayant aucun rapport avec la précédents. Oui, mais non, c'est plus complexe qu'un mélange de la réalité et de la fiction.

Il y a bien un fil rouge, ténu, qui relie le tout ensemble, la narration sautant dans le temps, avec les personnages, passant des ponts, mélangeant le tout, comme si l'auteur avait voulu me rendre soule avec son récit (ou que je lâche prise, ce que j'ai failli faire 36 fois) qui saute les époques et les lieux.

Les histoires s'entremêlent, les époques se chevauchent, les gens se croisent, le tout dans une atmosphère angoissante, puisque nous sommes avec le Mal sous toutes ses formes.

On pourrait dire qu'il s'agit d'une cartographie du Mal et que je n'avais pas le plan, ni de GPS, ni de petits cailloux blancs puisque j'ai loupé une partie des fils rouges, ce qui fait que je me suis perdue, que je me suis ennuyée, passant par des chapitres qui m'ont plu alors que d'autres m'ont laissées dans une torpeur littéraire qui a failli avoir raison de mon acharnement.

Le récit est assez violent, on a droit à tout : inceste, pédophilie, meurtres, cruauté, de barbarie nazie, de manipulations mentales, de tueur en série, de mère mettant leur enfant dans un four, de cannibalisme, de personnes se suicidant tous ensembles…

Un roman audacieux, je le conviens, mais qui ne me convenait pas du tout. Je conseillerai d'ailleurs aux futurs lecteurs et lectrices de l'aborder lentement, sans se presser, car si vous voulez le dévorer, il vous résistera et comme moi, vous passerez loin de lui…

J'avais l'esprit trop cartésien, sans doute, au moment où j'ai ouvert le livre. Ou alors, j'aurais dû regarder de plus près où je mettais les pieds, afin de ne pas me faire surprendre par un spectre, qui n'était pas celui de Scrooge.

C'est sombre, c'est tortueux, l'auteur ne se refuse rien, mélange les genres littéraires, nous faisant voir les racines du Mal, et moi, je suis resté en gare, laissant le train partir sans moi… Dommage, parce qu'il avait tout pour me plaire, ce roman mettant en scène divers prédateurs.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Nous sommes les chasseurs fait partie de ces livres qui n'a pas marché pour moi, ce n'est pas faute d'être écrit d'une écriture qui amène à lire, mais voilà l'histoire qui s'y déroule m'a laissé complètement dubitative et je n'ai pas compris ou voulait en venir l'auteur…
J'ai plusieurs fois hésité d'abandonner, mais l'écriture m'étais tellement facile et j'étais déjà bien avancé que je n'ai pas pu laisser tomber aussi facilement. Je m'attendais à ce que la fin soit le dénouement et ou j'allais enfin comprendre le tout, mais j'avoue que je termine ce livre avec un grand point d'interrogation...

En conclusion, c'est vraiment avec regret que je dois dire que ce livre ne fut pas ce que j'avais espéré, que j'ai eu un double sentiment avec ce livre que je ne peux pas dire que j'ai détesté mais que je ne peux pas dire non plus que j'ai adoré. Une histoire peut-être trop complexe pour moi!
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Un roman très sombre, sinueux, en miroirs, une mosaïque cartographie du mal.
Une lecture qui triture le cerveau, l'auteur va très loin dans l'imaginaire, et le lecteur est amené à se laisser glisser dans des univers parallèles et lâcher prise.

Superpositions d'histoires et enchevêtrement d'époques et de lieux.
Magnétique, la lenteur du récit instaure une atmosphère angoissante qui diffuse efficacement trouble, malaise et haut le coeur.
Des ombres spectrales planent...

L'auteur nous immerge dans un imaginaire où les ténèbres et la cruauté sont aux portes de frontières aimantées et dangereuses.

Des images d'horreurs – Cauchemardesques – Phénomènes paranormaux et esprits malins dans un manoir, lien ténu entre fiction et réel.

« Pourtant ce n'est pas un cauchemar, pourtant c'est la réalité, une réalité dont j'espère malgré tout me réveiller ».

Une exploration fouillée des pulsions de mort, de destruction, de la manipulation des consciences.
Le mal dominant et protéiforme au fil de machiavéliques histoires à la fois réalistes, vécues, imaginées, ou surnaturelles. Démoniaque.

Un canevas tissé autour des figures de la famille, de la mère ; de la violence endémique, de vision apocalyptique ; et thème du double, ambivalence.

« Je pense que même les romanciers qui écrivent de la pure fiction, comme moi, parlent d'eux, d'une façon ou d'une autre. D'ailleurs, je ne suis pas loin de me dire que c'est par la fiction qu'on le fait de la façon la plus honnête, quand justement on n'en a pas trop conscience… »

Entre proies et prédateurs ; le roman oscille entre Histoire, imaginaire et fiction et joue avec nos peurs les plus enfouies.
Une écriture cinématographique aux nombreuses références littéraires et musicales évocatrices, ainsi qu'aux actualités du monde, passé, présent, et futur…

« - Et d'ailleurs je viens d'apprendre sur Internet que mon nom, «Fel », voulait dire « cruel, impitoyable, violent » en ancien français. Comme quoi… »

Un roman pour des nuits blanches assurées.

Puissant et singulier.

Bravo Jérémy FEL pour cette performance littéraire, et la belle rencontre dédicace en librairie qui a apporté de précieux éclairages.
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Hum hum, par où commencer ?
Que dire de ces dix textes, comment cerner cet étrange bouquin, quel point de vue faut-il adopter pour en avoir une vision d'ensemble ? En se livrant à un périlleux mélange des genres dans ce roman que, faute d'inspiration, je qualifierai de "thriller noir d'anticipation fantastico-horrifique", Jérémy Fel ne me facilite pas la tâche !

De même qu'il y a des bons et des mauvais chasseurs (sic ), il y a parmi ces dix chapitres certaines séquences plus réussies que d'autres...
Si je reconnais volontiers la grande force d'imagination de l'auteur, ainsi que son sens du rythme et de la "scène choc", mon sentiment final reste un peu mitigé. La faute principalement à une écriture que j'ai trouvée assez convenue et sans grand relief, faite de phrases courtes et sèches, parfaites pour faire monter la tension mais un peu lassantes à la longue.

L'ensemble reste néanmoins plutôt original et inventif : j'ai particulièrement apprécié les petits éléments de détails permettant de relier ensemble chacun de ces textes, qui dans un premier temps semblent n'avoir aucun rapport entre eux. Je me suis vite pris au jeu, guettant les traits d'union, les points d'accroche discrets qui, de chapitre en chapitre, assurent l'unité du roman.
Les lieux et les époques changent, mais une même menace diffuse et un même sentiment de malaise perdurent, centrés autour d'un vieux manoir chargé d'histoire, théâtre de nombreuses pratiques occultes, et de quelques personnages maléfiques récurrents...
Sorcellerie et satanisme de sont jamais bien loin, et dans son exploration du Mal sous toutes ses formes, Jérémy Fel n'oublie pas d'introduire ici un tueur en série , là un criminel de guerre de nazi , pour diversier un peu les pièces de son puzzle démoniaque... Il ira même jusqu'à mettre en scène son propre double (en la personne de Grégory Fel, romancier à succès habitué à "dépeindre des personnages confrontés à une sorte de monde parallèle abominable", tiens donc !), ou à offrir une carrière alternative et dystopique à la grande actrice Natalie Wood (à l'occasion d'un dernier chapitre qui, s'il dénote une très grande culture cinématographique, est clairement de mon point de vue le moins réussi...)

Tout ça constitue finalement un livre tortueux et assez inclassable, fourmillant de bonnes idées mais dont la découverte ne m'aura pas complètement convaincu.
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Cerveaux trop cartésiens, habitués des routes bien droites, amateurs de démonstrations évidentes et d'intrigues transparentes, passez votre chemin. Si vous connaissez un peu Jérémy Fel (Les loups à leur porte, Helena) vous savez son goût pour l'exploration du mal et ne serez donc pas surpris de replonger ici, ni d'y retrouver, au fil des pages quelques petits cailloux qui relient ce troisième roman aux deux précédents. Les obsessions, ça a la vie dure, et c'est peut-être aussi ce qui sert de socle à un écrivain. Chez Jérémy Fel, le socle est solide, suffisamment pour lui permettre de déployer à présent toute son ampleur. Ses personnages font souvent des cauchemars, et moi, ils ne m'ont pas quittée depuis que j'ai tourné la dernière page, y compris aux heures les plus profondes de la nuit. Pas de cauchemar néanmoins, mais une immersion au coeur des options dessinées par l'auteur, celles d'univers parallèles, d'espace-temps alternatifs, où tout est possible.

Dix chapitres comme autant de romans qui pourraient vivre indépendamment mais dont l'auteur tisse habilement les fils qui les relient, donnant à voir une cartographie du mal dans ce qu'il a de plus quotidien et dans ce qui le nourrit. On y croise des vrais salauds, parfois pas tout à fait inconnus, mais aussi des lâches. Des légendes ancestrales, des demeures hantées qui n'ont rien de folklorique, au coeur de la forêt jurassienne. On s'y promène, du Chili à Paris en passant par la Franche-Comté et les États-Unis. Il sera question d'un virus qui cible ses proies, des dictatures, de la barbarie nazie et de la manipulation mentale. L'auteur joue avec les temporalités pour mieux explorer les racines du mal, interroger la nature humaine, n'hésitant pas à creuser des pistes visant à montrer que les puissances à l'oeuvre ne sont pas forcément maîtrisables. C'est le privilège de l'écrivain, et c'est peut-être tout le sujet de ce livre qui offre une mise en abyme renversante.

Jérémy Fel prend son temps. Sa plume épouse les contours d'une caméra, scrutant le moindre geste, alternant plans larges et resserrés sur un visage ou une main qui tremble, n'hésitant pas à recourir à quelques effets spéciaux de toute beauté. Ce n'est pas anodin, le cinéma est omniprésent dans la vie des personnages et de leur créateur, pour ceux qui le suivent un peu sur les réseaux sociaux. Il faut donc lâcher prise et se laisser aller, accepter d'entrer dans le jeu des images impulsé par l'auteur. Ainsi que dans le monde parallèle dans lequel il invite ses lecteurs. Là encore, si l'on connaît un peu l'auteur, impossible de ne pas être touché par ce qu'il met de lui, de sa vie, dans ce texte où se découpent en filigrane le thème du double et celui de la figure maternelle. Chez moi, le trouble est né de l'émotion bien plus que des cauchemars.

Si l'on questionnait Jérémy Fel, sans doute répondrait-il que l'écriture lui est nécessaire pour affronter ses démons et qu'elle offre le plus beau des privilèges, celui de ramener à la vie les êtres que l'on aime. Au-delà d'une formidable démonstration de l'écrivain démiurge, son livre est une ode remarquable à la puissance de la fiction et à son pouvoir d'apaisement autant que de jouissance.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Je crois n'avoir jamais lu aussi assidûment un roman de 715 pages ! Il m'a été totalement impossible de le lâcher – si ce n'est pour effectuer les gestes strictement indispensables du quotidien – ces deux derniers jours, tant j'ai été subjuguée par la construction, le style et l'écriture de ce(s) brillant(s) (et très noirs) récit(s) !

C'est du « lourd » ce nouvel ouvrage de Jérémy Fel, avec son premier chapitre chilien sur le régime de terreur du détestable général Pinochet, en place dans les années soixante-dix … Ça ne se relâche pas dans le second, qui débute en Allemagne et nous promène entre les deux guerres mondiales, puis sur un siècle complet, d'un pays à un autre … Ainsi en ira-t-il, au fil des pages – articulées telles des nouvelles – plus ou moins longues. Autant d'intrigues hallucinantes, mêlant inceste, crimes atroces, fantômes, démons et sorcières … ou encore de tristes faits divers qui nous ont marqués et dont l'auteur revisite chaque scénario … Il suffit juste que Jérémy Fel mette le bout de son nez (et son grain de sel …) dans une illustre affaire : dès lors, son incroyable (et inquiétante ?…) imagination s'occupe du reste ! À moins qu'il ne soit simplement à la recherche de la vérité ?…

C'est beau et effrayant, lucide et complètement perché, génial et monstrueux, lumineux et anxiogène, intime et imaginaire ! Un pot pourri entre réalité et fiction, passé et futur … Il nous ré-écrit le destin brisé des uns, l'histoire improbable des autres … le lecteur devra s'armer de patience avant de découvrir la relation existante entre hier et aujourd'hui, ou celle reliant les personnages récurrents, tels que Gabriel, Grégory, Damien, Lucas ou Natasha … J'en suis ressortie totalement sonnée ! Et pas tout à fait indemne non plus …

La littérature de Jérémy Fel n'a rien à envier à celle de son idole américain ! (Stephen King) J'imagine d'ailleurs fort aisément une préface de ce dernier pour une prochaine traduction outre-Atlantique !
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