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3,86

sur 717 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Énorme coup de coeur pour ce livre. Je suis partie en Sibérie avec Caryl Ferey qui m'a bien envoûtée,j'avoue. Une histoire hors du commun. Ada m'a fait penser à Enki Bilal (auteur de BD) ainsi que l'ambiance générale. Les personnages sont excellents. Il n'y a pas de fausse note, c'est juste parfait. Bravo et merci à l'auteur pour cette merveille.
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En ce jour de grand froid sur le nord de la France, je vous invite à enfiler les moufles, mettre la doudoune, vous parer d'une écharpe bien chaude et visser un bonnet sur votre tête …

Nous, partons avec Caryl FEREY, en RUSSIE, à NORILSK, ville la plus septentrionale du monde aux confins du kraï de Krasnoïarsk.

Avec NORILSK, Caryl FEREY nous entraîne dans la ville la plus pourrie au monde selon lui et je ne vais pas le contredire vu la description qu'il en fait, l'hostilité à laquelle ses habitants sont confrontés, compte tenu des photos extraordinaires et des articles édifiants que ma curiosité m'a incitée à aller consulter sur le net.

Ce décor est prétexte à une plongée sombre et terrifiante dans le quotidien des habitants de cette ville cité où l'espérance de vie se réduit comme peau de chagrin à cause de la pollution, le froid tétanise les promeneurs et dans laquelle la corruption régit les relations .

Donc sous le soleil ou plutôt sous la glace rien de nouveau vous allez me dire …Et bien si ! Car Caryl FEREY associé à son éditeur fétiche Aurélien MASSON, passé de la Série noire de Gallimard à la collection EQUINOX aux Arènes nous offre un polar certes glacial mais surtout beaucoup plus rock'n'roll que d'habitude…

Il s ‘est un peu lâché, je trouve .En effet, il y a tout d'abord de nombreuses références musicales tendance Bowie mais aussi gros son métal, ensuite un petit côté encore plus trash qui n'est pas pour me déplaire et enfin un parti pris très gay friendly que je n'avais jamais rencontré dans les précédents opus de l'auteur .

Caryl FEREY malmène toujours autant ses personnages, n'hésite pas à appeler un chat un chat, il ne fait pas dans la dentelle et cette marque de fabrique se retrouve encore une fois ici et c'est ce que j'aime chez cet auteur.

L'esprit russe qu'il décrit longuement semble lui plaire particulièrement et fait l'objet de nombreuses digressions intéressantes et nécessaires à l'intrigue mais parfois un brin longuettes selon moi, il explique largement les grandes dérives poutiniennes et j'aurais tendance à penser que cela nuit au souffle de son enquête policière …car en effet, si le contexte singulier et les personnages attachants de NORILSK m'ont beaucoup plu , j'ai trouvé l'intrigue un tantinet poussive, parfois un peu enlisée dans la glace …

Il n'en reste pas moins que NORILSK est un bon polar qui frappe puissamment et juste comme un grand shot de vodka !

« Za zdorovie! »




Lien : http://cousineslectures.cana..
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L'action se passe dans la ville minière de Norilsk en Sibérie, la ville de plus de 100 000 habitants la plus septentrionale au monde, au nord du cercle polaire. Et aussi la plus grande mine du monde. Avec des températures négatives huit mois sur douze. Et un accès uniquement par avion (ou par bateau durant l'été). Norilsk, c'est l'enfer blanc. ‘Du blanc, une caserne désertée, des pylônes, des fils électriques, des pylônes, encore du blanc, une cité banlieusarde ou s'alignaient des blocs de béton aux fenêtres vides, du blanc toujours, une autre ville fantôme prise dans les bourrasques: une atmosphère post nucléaire s'étendait sous ces latitudes aplaties par quelque géant déprimé'.


Mais qui sont ces hommes et ces femmes assez fous pour vivre à Norilsk? Il y a d'abord d'anciens prisonniers du goulag, libérés, mais trop pauvres pour pouvoir quitter la ville. Il y a aussi des individus que le régime veut éloigner comme Boris Ivanov, lieutenant de police, ou Shakir Akram, chauffeur de taxi. D'autres ont été attirés par l'appât de salaires élevés à la mine, mais ont réalisé qu'ils s'étaient faits avoir, et sont restés quand même. Norilsk c'est une sorte de camp de concentration ouvert. La punition, c'est le paysage, le climat, la pollution (due à la mine), le délabrement, l'isolement et l'ennui. Cadre fort pour un polar polaire et, au passage, une diatribe contre les dirigeants russes depuis Staline (qui a bâti la ville) jusqu'à Poutine.


Un autochtone, venu en ville, est découvert mort, tombé d'un toit. Pourquoi cet éleveur de rennes avait-il quitté sa toundra? Une jeune femme, Valentina, écologiste active, disparait. A-t-on voulu la faire taire? Les deux affaires sont elles liées? Boris Ivanov, mène l'enquête, mais n'avance guère, entravé par son chef. On va découvrir la dure réalité de la vie à Norilsk. le travail pénible et dangereux à la mine. Les rares distractions: club de lutte cosaque, boîtes de strip tease et bars. Et l'alcoolisme pour oublier et tromper l'ennui. Dasha, la belle costumière, aime Gleb le boutefeu, mais Gleb aime Nikita un mineur de fond. Roman de l'amour impossible, roman de l'enfer blanc, roman de la corruption, roman du désespoir, ce roman est tout à la fois. Très grand roman.
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un thriller comme je les aime,avec du suspens, des personnages avec des caractères bien affirmés et attachants,une belle découverte de l'état d'esprit des personnes qui vivent en Sibérie
pour sûr, il décoiffe
la scène de description d'une sodomie partagée ne peut pas vous laisser indifférent
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Une fois n'est pas coutume, avec Lëd, Caryl Ferey nous emmène cette fois-ci dans une enquête près du cercle polaire, en Sibérie.
Comme dans ses autres romans, nous partons à la découverte d'un nouveau pays, d'une nouvelle culture, d'une Histoire du monde pas forcément connue et d'une histoire policière avec des personnages forts, atypiques, abîmés par la vie et auxquels on s'attache inexorablement.
Découvrir la Sibérie n'était pas très attirant au départ mais, encore une fois, Caryl Ferey a su planter le décor de façon superbe et nous faire vibrer pour cette contrée extrême.
On apprend une partie de l'histoire mouvementée de la Russie et de cette région particulièrement reculée.
L'intrigue est là. Les personnages complexes sont là. le suspense est là. le dénouement est inattendu.
Bref toutes les pièces du puzzle sont réunis pour passer encore une fois un agréable moment.
J'adore cet auteur et je n'ai vraiment pas été déçue avec Lëd.
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L'histoire :

La Sibérie, un lieu dur pour l'homme. On comprend pourquoi des camps de « rééducation » y virent le jour à une époque où il ne fallait pas que le peuple soviétique pense trop fort. Époque révolue ?
Sous Poutine non plus il ne fait pas bon être différents, dans ses amours, dans ses choix de combats. La corruption est partout et les accidents vite arrivés.

Une ville, Norilsk, la plus au nord de la Sibérie. La plus polluée. Un sol trop gelé pour offrir des fondations aux constructions : les gostinka, foyers de travailleurs construits lorsque la ville a grandi, ne sont plus que des carcasses vides, hors exceptions, qui abritent encore ceux qui sont nés là et n'ont pas d'autres horizons.
Puis des barres d'immeubles, qui eux aussi présentent des failles de construction. Des logements minuscules. Un univers gris, enseveli sous la neige et la glace et balayé par les vents.
L'économie repose sur les mines de nickel-cuivre-palladium. Raison de la pollution titanesque.
Extrait page 31 :
« Cent mille hectares de toundra avaient disparu, brûlés par les pluies acides autour de la ville, dans la rue les gens se cachaient le visage ou se ruaient dans les entrées d'immeubles lorsqu'un nuage toxique surgissait on ne savait d'où. »

A une autre époque, pas si lointaine, le goulag de Norillag a fourni de la main d'oeuvre gratuite aux mines et aux emplois connexes.
Extrait partiel page 290 :
« Norillag … comptait près de soixante-dix mille prisonniers dans les années 1950… Les zeks de Norilsk étaient utilisés principalement dans les mines et les usines de transformation… Un empire bâti sur l'esclavage. »

Gleb et Nikkita sont mineurs. Ils vivent là. Au milieu de cet enfer sur terre.
Sur leur temps libre, l'un est photographe, l'autre poète. Ils s'aiment, mais doivent le cacher. Car l'homosexualité n‘est pas acceptée sur les terres rudes de Sibérie.
Un soir de tempête, alors que le vent fait s'envoler un toit voisin, envol immortalisé par le Canon de Gleb, un cadavre glisse au sol avec le morceau du toit. Gleb, Ada (appelle-moi « Dasha ») une voisine de toujours, et un chauffeur de taxi font la macabre découverte.

L'affaire est confiée à Boris, un flic arrivé à Norilsk car trop intègre. Une enquête précédente, alors qu'il était en poste à Irkoutsk, et qui impliquait du beau monde, dont son supérieur, lui a valu ce bannissement. Un point positif à cette punition : il a trouvé l'amour et une femme. Une fée au milieu de l'enfer. Une femme dont les poumons ne valent plus rien. Foutue pollution. Il doit trouver une solution pour la faire soigner, loin de cette ville où l'espérance de vie est aussi courte que la vue les soirs de tempêtes.

Avec l'aide de Léna, seule femme légiste du coin, Boris va tenter de découvrir les raisons de la mort et l'identité du cadavre.
Examens faits, avec les petits moyens à sa disposition, Léna est en mesure de confirmer qu'il s'agit d'un homicide. La date ? Avec des températures à -60°, impossible à déterminer. Pour l'identité mystère. Seule certitude il s'agit d'un Nenets*. Les vêtements du mort en témoignent.
Qu'est-ce qu'un éleveur de rennes est venu faire à Norilsk, et plus particulièrement sur un toit ? Et surtout, comment est-il arrivé là ? Pas de trace de moyen de transport !

Le flic, à qui tout le monde ment, va avoir du mal à progresser dans son enquête. Personne n'aime la police.
Gleb a son secret à préserver. Coûte que coûte.
Dasha est en quête de son identité. Sa grand-mère, dernier pilier de sa vie est morte récemment, sa mère morte aussi, depuis longtemps. Une famille de femmes. Puis il y a les soirées où elle pratique la pole dance. Elle la pudique, alors oublie tout.
Le chauffeur de taxi, Sakir, l'ancien soldat, lui le cul-noir, le basané, sait qu'il doit faire profil bas. Il a, pour seules compagnies, un magnifique chien, un alabaï tueur de loup, et ses fantasmes. Les seules choses qui le retiennent encore à la vie.
Sacha, le mari de la légiste, travaille lui aussi à la mine. La mine nourricière. La mine empoisonneuse… Il fait de la musique et pratique, pour se défouler, un sport de combat très viril. Il est ami avec Gleb et Nikkita. Lui qui aime tant à dire qu'il n'est pas un pédé.
Ils se connaissent tous, fréquentent les mêmes bars. Un microcosme uni.

Boris, pour avancer dans son enquête, va s'appuyer sur Gleb, ses photos, ses contacts chez les Nenets, son ex fiancée fervente écolo. C'est qu'il est tenace Boris. Puis il y a son beau-frère, Andreï, chef de la douane à l'aéroport. Lui est là depuis longtemps. Il peut l'aider.
Boris, qui attendait beaucoup de son entretien avec l'ex fiancée de Gleb, va constater son décès. Elle est là, le corps gelé dans une voiture. Elle, la fervente écologique, ne fera plus de tort au consortium minier pollueur. Elle semble avoir été violée. Et là encore, lors des interrogatoires de suspects, des mensonges. Suspects dont Sakir fait partie. Boris sait qu'il a récemment agressé Dasha. Tout l'accable…

Mais un coupable idéal ne fait pas forcément un coupable.
Les morceaux du puzzle vont se mettre en place petit à petit et conduire Boris jusqu'à la vérité. le mal est profond, le mal est contagieux. Seule la mort peut en délivrer.


Caryl nous offre, une fois de plus, un récit fort.
Il nous transporte dans un lieu où aucun être sensé ne voudrait vivre.
Il nous offre, comme toujours, des personnages attachants, brisés par la vie. Ici, ils survivent dans un environnement qui n'est pas fait pour l'homme. L'homme qui a rendu cet enfer encore plus invivable. Comme si le climat extrême de la Sibérie ne suffisait pas, la pollution est partout. Chaque bouffée respirée est du poison.
Nous découvrons les Nenets* qui tentent de vivre en préservant leurs traditions, alors que leurs terres attirent les spéculateurs. Les sous-sols sont si riches…
Caryl aborde également les horreurs de la guerre d'Afghanistan et l'histoire de la Russie, dont celle du goulag de Norillag.
Et la nostalgie fataliste de l'âme slave plane sur tout ce roman.
Du grand Caryl. A lire absolument.

*Les Nenets, sont un peuple nomade (un tiers seulement aujourd'hui) qui constitue la plus importante des 26 ethnies de la Sibérie. Leur activité traditionnelle est l'élevage de rennes qu'ils utilisent comme transport, comme moyen d'habillement, de nourriture, de campement.*

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Led signifie neige en Russe. Norilsk, Russie, 70°N : la ville la plus septentrionale et polluée du monde. Espérance de vie de dix ans de moins que le reste du pays. 8 Mois d'hiver et de neige, jusqu'à -60°C. Son peuplement a commencé avec les goulags de Staline, des centaines de milliers de prisonniers politiques, arrivés vague par vague. En toile de fond, les Nenets (premiers habitants et éleveurs de rennes nomades), chassés de leur terre, sédentarisés de force. Un site d'extraction minière très riche, aujourd'hui aux mains de privés proches du pouvoir, classé secret jusqu'à la chute du mur, hyper polluant. Tant pis pour dame nature, il faut "produire". Les habitants d'aujourd'hui sont pour beaucoup des descendants d'anciens prisonniers. Aujourd'hui la ville n'est plus "secrète" mais "fermée" : il faut une autorisation pour la quitter comme pour y aller. Caryl déroule son roman dans une Russie hyper corrompue et autant fataliste avec ses héros sacrifiés. Parmi ces derniers : les mineurs de Norilsk. A la recherche d'une identité, les nationalistes slaves, racistes, dépassent l'extrémisme de leur président. A travers sa trame policière, c'est cette ambiance que Caryl a su dépeindre d'une main de maître.
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Un livre de Caryl Férey offre toujours un voyage. Cette fois, l'auteur quitte l'Amérique latine pour tourner son regard vers l'est, la Russie, puis prend la direction du Grand Nord et la ville de Norilsk, en Sibérie. La découverte de cet univers industriel et pétrifié par le froid représente à mon sens un des intérêts majeurs du roman. L'auteur aborde de nombreux aspects de cette terre étrange, d'abord sa géographie au nord du cercle polaire et ses températures extrêmes (des records de froid à – 53,1 °C !), son urbanisme soviétique composée d'immenses blocs de béton, son économie reposant sur le complexe sidérurgique et minier le plus important du monde (extraction du nickel, entre autres…), son environnement dévasté par des pluies acides et gaz toxiques qui grèvent l'espérance de vie des habitants en plus d'avoir détruit toute la toundra sur des kilomètres, et enfin son histoire avec le goulag de Norillag et ses prisonniers, les Zeks exploités dans les gisements et la construction de la ville. Caryl Férey peint son tableau par petites touches, au fil du récit, en multipliant les points de vue de ses personnages, fluidifiant ainsi la lecture et ne la rendant jamais rébarbative. Je dois être un peu maso, mais j'ai aimé me risquer avec lui dans ces avenues battues par des bourrasques capables d'emporter des badauds, me réchauffer au Szaboy en buvant des bières tout en dansant sur le rock brutal des Zipper, trembler dans les entrailles minérales en compagnie des gueules noires, aller à la rencontre des Nenets et surtout apprendre à connaître l'échantillon de la population que l'auteur a choisi pour vagabonder dans ce cadre.

J'aborde ici la deuxième force du livre, les figures qui le peuplent. Je les trouve toutes très attachantes, que ce soit Boris le flic plantigrade, Anya sa conjointe lilliputienne, Dasha la jeune femme un peu perchée qui écoute Bowie en boucle, Gleb le mineur homosexuel et photographe à ses heures, son amant Nikita qui trime avec lui dans les galeries tout en s'adonnant à la poésie, ou encore Lena la légiste et Sacha son mari adepte des sports de combat cosaques.

Je n'ai jamais douté de leur existence. J'ai tremblé pour eux, espéré avec eux, leurs blessures m'ont fait souffrir et ils sont devenus, au fil des pages, des amis dont j'ai maintenant beaucoup de mal à me séparer.

Ce sentiment, je ne l'ai ressenti que rarement au cours de mes lectures et, même si j'ai apprécié les livres précédents de Caryl Férey, aucun n'avait jusqu'alors réussi à me happer à ce point…

Enfin, comme il s'agit d'un roman policier, il convient quand même de dire deux mots de l'intrigue. Boris l'enquêteur avance à son rythme, un pas après l'autre, réglant ses foulées sur ceux des ours blancs qui flânent parfois en ville, si débonnaires de loin et carnassiers quand ils fondent sur leurs proies. Là encore, l'auteur place la barre très haut en multipliant les fausses pistes et ce n'est qu'à la toute fin, comme il se doit, que les pièces du puzzle s'agencent pour composer un tableau tragique, glaçant à plus d'un titre, mais nous offrant néanmoins quelques graines d'espoir.

Je viens de refermer le livre et il me manque déjà.

La marque d'un grand roman.

Que dire de plus ?

Juste merci.

Et vivement le prochain !

Lien : https://noiraucarre.com/2021..
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J'avais déjà lu son livre sur la ville dans laquelle se déroule l'intrigue mais jamais un polar de cet auteur. Il est très bien ficelé, le suspens tenant le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Plus que tout, on en apprend beaucoup sur la Russie et la vie dans cette ville. J'en reste là et n'hésiterai pas à lire les autres polars de C. Ferey.
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