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3,86

sur 717 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Caryl Férey est un auteur que j'aime beaucoup.Ces romans sont souvent noirs et il aime placer ses intrigues dans des pays étrangers, tel que l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, cette fois-ci se sera la Sibérie. Je sais pour avoir rencontrer l'auteur lors d'une dédicace, qu'il aime bien s'immerger dans les pays où se déroule l'intrigue. Ses romans sont toujours très documentés. le titre du roman Lëd veut dire en russe « Glace, » je dois dire que le roman porte bien son nom, il n'y a pas une température positive dans toute l'histoire.
Le roman se déroule à Norilsk, une ville à l'extrême nord de la Russie en Sibérie.C'est une ville minière et industrielle par laquelle on accède en hiver par avion et l'été par bateau enfin quand le temps le permet. Après un ouragan arctique, le corps d'un Nemets est retrouvé dans les décombres, suite à l'effondrement d'un toit d'un bâtiment. Les Nemets sont un peuple autochtone, ils sont des éleveurs de rennes qui vivent dans la toundra. Mais que faisais ce Nemets en ville ? A-t-il été assassiné ? C'est Boris Ivanov, flic, qui mène l'enquête.
Boris est un flic quinquagénaire, qui essaye de faire son métier au mieux sans participer à la corruption. Sa mutation à Norilsk est une sorte de punition, avant il exerçait dans la ville d'Iroustk. Un personnage qui m' a surpris à la fin de l'histoire. Dans les personnages qui m'ont marqués, il y a Gleb, jeune mineur qui doit se cacher pour vivre son homosexualité. Il y a aussi Dasha, jeune fille extravertie, qui part à la quête de son passé pour trouver des réponses et ainsi retrouver son équilibre dans le présent. Des personnages qui sont attachants, les personnages secondaires le sont tout autant. L'auteur a su leur donner une forme réel avec beaucoup d'émotions. L'amour, l'amitié, la solidarité tiennent une grande place.
Une intrigue, un peu longue a se mettre en place et qui parfois passe au second plan, reste assez classique.
Des descriptions sur les difficultés du travail dans la mine, des températures extrêmes qui donnent un cadre de vie très hostiles, nous plongent en tant que lecteur dans l'ambiance. A cela, il ne faut pas oublier la corruption à tous les étages aussi bien dans la police que dans la politique. A travers le personnage de Valentina, l'auteur aborde le thème de l'écologie et des conséquences sur le climat dû à la surexploitation minière, et aussi sur la santé des hommes et des femmes.
Dans un style d'écriture fluide, l'auteur nous en apprend plus sur l'histoire de la région, la situation politique, la société.
Un très moment de lecture
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Le changement d'ambiance a manifestement revitalisé Caryl Férey. Paz, malgré ses qualités, avait un air de « déjà vu ». La Sibérie offre un cadre géographique, culturel et politique qui permet au romancier de nous offrir une oeuvre qui ne peut pas être considérée, au sens strict, comme un polar. A vouloir le faire entrer dans une case, ce serait davantage dans celle du Western ou, en l'occurrence, celle du « Eastern ».
Le Grand Est russe partage avec son opposé géographique américain, les étendues désertes, la faune sauvage, le climat résolument hostile, les pionniers, ici davantage des mineurs que des vachers, des shérifs intègres, des marshals corrompus, un secret de Brokebake Mountain, des belles, des brutes et des truands. N'oublions pas les « natifs » opprimés tant physiquement que culturellement. Ici, comme ailleurs, l'alcool facilite « l'oeuvre » colonisatrice ou permet aux autres de supporter le déracinement.
Bien sûr, l'intrigue « policière » est maîtrisée et la chute intelligemment préparée mais Lëd est surtout remarquable par les portraits des personnages et par les descriptions de la ville et de son environnement. Ainsi, ce livre en dit beaucoup sur les « mémoires » russes. Sans dédouaner l'actuel dirigeant du Kremlin de ses responsabilités pour le chaos actuel, Férey rappelle aussi les crimes du passé, Katyn, le goulag mais son témoignage à charge ne parasite pas le récit.
Prétendre que Lëd donne envie de séjourner à Norilsk (et périls) serait sans doute prétentieux. le tableau de cette ville qui symbolise quelques uns des maux de la Russie (loi du plus fort, désastres écologiques, homophobie…) a de quoi effrayer. N'est pas Bernard Lavilliers qui veut malgré les frissons que l'on éprouverait à fredonner dans les rues de cette cité « Un grand vent glacial fait grincer les dents, Monstre de métal qui va dérivant ». L'allusion à mon Stéphanois préféré est tout sauf une plaisanterie parce que les passages consacrés à la vie industrielle et notamment minière sont loin d'être mineurs. A la manière de Zola, dans La Bête humaine ou bien sûr dans Germinal, Férey, fort de sa connaissance empirique du lieu et des hommes est capable de commettre des pages sublimes qui flirtent avec le fantastique. Oeuvre journalistique, tout autant que naturaliste et romantique, Lëd serait, à tous les coups, éligible au Prix Pulitzer outre-atlantique où l'audace à casser les codes est souvent récompensée.
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Norilsk est une des villes les plus froides du monde (jusqu'à – 60°) et des plus polluées avec ses mines de nickel, seules richesses de la région.
Deux morts suspectes, celle d'un nomade se déplaçant avec ses rennes, et celle d'une jeune étudiante, sont décrétées non reliées par le chef de la police, mais Boris, un policier muté à Norilsk car son honnêteté gênait, est persuadé du contraire, il va donc enquêter seul, à l'insu de son chef. Boris puise sa force dans l'amour de sa femme hélas gravement malade.
En effet, seuls l'amour, la poésie et l'amitié permettent de survivre dignement en ces lieux et, pour beaucoup, de supporter le travail dans les mines. L'amitié a ainsi réuni quelques couples soudés dans l'entraide et le goût de la vérité.
Toutefois, dans un régime où la corruption règne en maître, de telles valeurs constituent une menace, une forme de résistance politique. Elles seront donc écrasées, mais non sans y puiser leur ultime glorification

L'écriture de Caryl Ferey est sidérante de force et de beauté, elle est souffle de chaleur humaine, tempête arctique dévastatrice, poésie au coeur d'un monde détruit qui lui inspire colère et fatalisme, elle est amour envers ces hommes brisés qu'elle pleure et embrasse, elle est étoile filante dans une nuit sans fin.


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Du grand Caryl Ferey à nouveau ! Cette fois, l'auteur a choisi la Sibérie pour y planter le décor de son dernier roman.

Si vous aimez les intrigues bien menées, avec ce qu'il faut de rebondissements mais sans en faire trop, ce polar est parfait. Bien construit, prenant, une galerie de personnages attachants ou répugnants qui ne laissent pas indifférent, des histoires personnelles qui se mèlent à l'enquête, voilà ce à quoi on peut s'attendre. C'est réussi.

Et pourtant ce n'est pas là que réside la force du roman. Comme la grosse majorité des oeuvres de l'auteur, l'intérêt principal c'est le contexte, le décor.
La Sibérie, cette contrée lointaine n'aura plus de secrets pour vous.
Que ce soit d'un point de vue climatique, politique, économique, Caryl Ferey est maître pour rendre la lecture des ses polars enrichissante. C'est parfaitement documenté et je referme ce livre avec la confirmation qu'il y a des lieux qu'il vaut mieux éviter...si possible.

Merci M. Ferey de ne pas vous contenter de simples enquêtes comme tant d'autres et de nous apporter beaucoup plus.
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Quel roman ! Quel auteur aussi !
Décidément, j'aime beaucoup Caryl Ferey. Enfin, ses romans me direz-vous parce que le monsieur je ne le connais pas. Mais non, l'auteur quand même, je maintiens, pour ce qu'il laisse savoir de lui dans ses oeuvres. Auteur voyageur, qui nous livre la noirceur du monde, des mondes qu'il visite.

Lëd nous amène en Sibérie, dans un univers froid, mâle, dur, virile, extrême. Oui, mais les choses ne sont pas toujours comme elle semble être ; sinon, il n'y aurait pas de roman. Une fois qu'on a brisé la glace donc, on a accès à l'envers du décor et on est sous le charme, d'un certain sens. Caryl Ferey ose des thèmes pas faciles mais qu'il sait intégrer parfaitement, donc naturellement dans son histoire.

Encore une très bonne lecture alors :
Au suivant !

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Un ethno-polar très " noir " passionnant de bout en bout ou l' on ne s' ennuie pas un seul instant. Caryl Ferey nous plonge avec délectation dans cette Sibérie aux confins de l' URSS et mène de mains de maître une intrigue à couper le souffle parsemée de fausses pistes.
LËD est aussi intéressant de par sa galerie de personnages gravitant autour de l' intrigue. Au travers du destin de chacun c' est un pan de l' histoire de l' URSS qui nous est donné à rencontrer. Les acteurs de cette histoire bénéficient d' une analyse assez fouillée de leurs fêlures et de leurs destins. Ils sont atypiques et dans l' ensemble tous très touchants de Boris à Dasha en passant par Nikita Gleb et d' autres....
Avec LËD on apprend à connaître une région avec ses coutumes et habitudes.....La dureté parfois au limite du soutenable d' un univers impitoyable : la ville de Norilsk ( la plus polluée du monde ) et sa mine aux conditions de vie dantesques.
Caryl Ferey....un écrivain de polars dont je recommande fortement la lecture.
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J avais gardé un bon souvenir du premier roman lu de Caryl Ferey (Zulu) il y a très longtemps. Après avoir lu de bonnes critiques sur ce roman je me plongeais donc dans ce Lëd. Et une nouvelle fois, c est une très grande réussite. l'intrigue est très bien menée, à un rythme relativement lent, mais cela s inscrit parfaitement dans l'ambiance. Les personnages sont tous très réussis, avec leur profondeur psychologique, leurs rêves, leurs désillusions, leurs failles. J ai également beaucoup aimé leur regard critique sur la Russie, sa politique et leur sentiment d abandon de leur mere patrie. Et que dire de l environnement de cette ville de Norilsk, ancien goulag, réhabilité en cité minière, dont l exploitant est à la fois un espoir et une damnation. l'auteur y aborde une partie de la société russe, mais également tout une part de tradition méconnue avec les éleveurs de Rennes. C est très bien écrit, avec une part de poésie. le climat rude et polaire contraste bien évidemment avec la chaleur de ses personnages. C est un roman noir, glacial, lent mais haut combien intéressant sur une frange de la société russe. A découvrir sans hésiter.
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Norilsk, la ville la plus septentrionale au monde, un lieu quasi apocalyptique que cette cité minière aux mains d'oligarques russes, siège d'un ancien goulag. Trois personnages vont dérouler pour nous leur vie : Boris, le flic taiseux, Gleb le mineur qui tait son homosexualité et Dasha, la belle rebelle. Dans un monde de totale corruption, Boris doit identifier le corps d'un éléveur de rennes dans les décombres d'un immeuble, le décor est en place, l'enquête peut commencer. Caryl Férey s'appuie ici sur un gros travail de documentation, tout est décrit avec minutie. Cet auteur courageux nous a offert des romans durs et vertigineux, Lëd en fait partie sans aucun doute.
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Dur, très dur, mais jusqu'où Caryl Ferey va t il nous emmener ?me demandais je en plaçant mon CD dans son lecteur.
Après Condor et les bas fonds du Chili,je m'étais préparée à redescendre dans les enfers, même si j'avais été portée par l'histoire de Gabriela et Esteban.
Avertie, l'abord de ce nouveau roman s'est avéré un peu plus aisé. J'ai d'abord été séduite par la poésie de cet univers sibérien, glacé,noir, pollué contrastant avec l' énergie de ces jeunes héros très attachants.
Puis touchée par le désespoir qui les étreint, collée à l'atmosphère tendue qui règne tout au long du récit,et emmenée avec l'auteur dans ses belles valeurs de tolérance.
Par delà,l'écriture courte et serrée se met au service de l'intrigue alternant avec un style plus descriptif.
Il faut alors souligner la riche documentation autour de cette région de la Sibérie si lointaine,son passé de goulag,son économie minière et la sociologie des mineurs qui se tuent au labeur,les minorités éleveurs de rennes ...

En CD lu par les voix multiples de Pierre Lognay, c'est dur, très dur mais cette fois-ci je suis charmée..
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Wahou ! Je viens de terminer « Lëd » de Caryl Ferey, et je vous garantis que c'est du grand Caryl Ferey, du même niveau de « Mapuche » ! Un gros coup de coeur pour ce thriller glacial venu tout droit du nord de la Sibérie et en même temps d'une chaleur humaine incroyable. Ce que j'aime dans les romans de Caryl, ce sont les rencontres humaines souvent tendres, quelquefois dures et aussi parfois délirantes mais toujours pétries d'humanité, de chaleur, d'amitié et d'amour. Des vies brisées par l'environnement, le contexte, l'Histoire mais que Caryl nous raconte ses tripes, parfois avec poésie et qui restent à jamais gravées au fond de notre coeur. Et la magie opère encore une fois dans cette ville incroyable, abominable et dure qu'est Norilsk. J'avais déjà découvert cette ville minière, fermée au monde, au fin fond de la Sibérie par l'un de ses précédents livres, intitulé tout simplement « Norilsk » qui m'avait déjà laissé sans voix, tant la vie y est dure. Dans « Lëd », le décor est le même et l'hiver sibérien avec ses - 60° et ses blizzards, est un personnage à lui seul. Ce qui est encore plus épouvantable que ce froid intense qui mène la danse et a une emprise totale sur la vie des gens, ce sont les conditions de vie : des bâtiments insalubres, dégradés et non réparés, la pollution, partout cette pollution, dans les airs, dans l'eau, dans le sol, partout, envahissante et réduisant encore l'espérance de vie de ces habitants de Norilsk qui vivent dans une prison à ciel ouvert. Au travers de certains personnages de cette histoire, Gleb, Nikkita et Sasha, on découvre aussi les conditions inhumaines et dangereuses d'exploitation des mines qui sont la seule richesse de cette ville, née pour leur exploitation. Ces trois jeunes hommes forment un groupe d'amis avec Lena, Dasha et Anya. Ils se retrouvent régulièrement dans un bar, le Szaboy, pour faire la fête et oublier un peu leur vie particulièrement difficile. Un soir de grande tempête, en plein hiver, le toit de l'immeuble où vit Dasha s'envole et s'écrase en bas du gostinka. Gleb qui prenait des photos sur le toit de son immeuble, a vu toute la scène. Et au risque de sa vie, il se précipite pour voir s'il y a des personnes sous les décombres. Il y retrouve Dasha et Shakir Akram, un chauffeur de taxi, vétéran d'Afghanistan traumatisé. Ils n'ont qu'un instant pour apercevoir un cadavre avant de se mettre à l'abri. Ce cadavre est un Nenets, un éleveur de rennes autochtone. Que faisait-il en ville, et qui plus est, sur le toit d'un immeuble ? Commence alors pour le lieutenant Boris Ivanov, mari de la petite Anya, une enquête très difficile, parsemée d'embûches qui va l'emmener sur des pistes qu'il faudrait mieux oublier quand on vit en Russie, si on veut rester en vie. Et puis qui s'inquiète d'un vieux Nenets retrouvé congelé au bas d'un immeuble et dont on ne connait pas l'identité ? Autant on ressent l'immense empathie et tendresse de Caryl pour ses personnages, autant comme souvent il n'hésite pas à les malmener. La violence et la rudesse font partie intégrantes de la vie en Russie et on le vit à chaque ligne. L'écriture magnifique de Caryl peut se faire douce et poétique comme elle peut être aussi tranchante et glaciale que le froid sibérien et les destins de ses personnages. Caryl nous offre un grand moment de lecture et y a mis toutes ses tripes. D'ailleurs, à la fin de son livre, il nous avoue que « Les personnages de Lëd ont été imaginés suite à mon séjour à Norilsk, peut-être le voyage le plus émouvant que j'ai pu vivre à ce jour ». Et franchement cela se sent. Livre engagé qui dégage beaucoup d'émotions ! Que vous-dire ? Tout d'abord, un grand merci à Caryl pour ce beau moment de lecture. Et aussi, ne passez surtout pas à côté de « Lëd » qui veut dire glace en russe.
Je mets cinq étoiles sur Babélio car c'est le maximum, mais j'aurais aimé en mettre beaucoup plus.

Lien : https://mapassionleslivres.w..
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