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« Voilà les seuls souvenirs que j'ai de mon père. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui exprimer combien je l'aimais, ni même le soulagement de pleurer quand il est mort. Amoureux de mon père, je l'ai toujours été, je le reste. Ma mère, je l'ai admirée, je l'ai crainte, je ne l'ai pas aimée. Lui c'était l'absent et c'était le failli, l'homme perdu sans honneur. C'était le paria.
Jamais d'occasion directe devrais-je ajouter. Les personnages des romans que je me suis mis à écrire plus tard – héros fourvoyés, partagés entre la célébrité professionnelle et la flétrissure sociale – sont à l'image de la première idée que je me suis formée de mon père. Tous ils adressent, en quelque sorte, un message de solidarité à mon père. »


Tout est dit en quelques lignes. C'est avec émotion que j'ai parcouru l'enquête intime de Dominique Fernandez par laquelle, il tente de comprendre ce qui a amené son père, un grand critique littéraire, d'abord d'une sensibilité humaniste, à glisser doucement vers le fascisme. Pas évident pour Dominique Fernandez de reconstituer le parcours de Ramon ,de s'approcher au plus près de la vérité. Ramon dont le sang qui coule dans ses veines, est le même que le sien. Est-ce que cela s'attrape Docteur ?

Alors Dominique raconte ses rendez-vous manqués avec son père, le divorce de ses parents, un père qui ne s'est pas occupé de lui, une mère dont le regard lui interdit d'aimer son père, une absence terriblement cruelle.

Il ne cherche pas à dédouaner son père, loin de lui cette idée. Comment un homme, de la renommée de Ramon qui a fréquenté Proust, Aragon, Roger Martin du Gard, a pu, tout doucement écrire des articles qui encensaient Doriot. Collaborer avec l'occupant ? Qu'est ce qui peut justifier une telle dérive. Alors Dominique, il épluche tout avec frénésie!

C'est aussi une photographie pas toujours très reluisante des milieux intellectuels français de l'époque et de leur responsabilité.

J'ai bien noté parcouru. J'ai sauté certaines pages. C'est un gros pavé de 800 pages, tout est analysé, y compris les agendas de sa mère, les écrits des uns et des autres, les journaux, les correspondances, les témoignages. Dominique remonte jusqu'à ses origines mexicaines, ses investigations se veulent honnêtes.

Pourtant, j'ai ressenti à chaque page lue, l'espoir de Dominique de trouver, enfin, une once de justification.

Aujourd'hui, les écrits de Ramon sont ensevelis avec son passé.
Vous êtes oublié Monsieur Ramon Fernandez sauf pour votre fils et je lui souhaite d'avoir été quelque peu apaisé par cette enquête.
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Dominique Fernandez cherche à comprendre la conduite de son père, collaborateur durant la guerre.
Comment cet homme doué, qui commença à être de gauche a-t-il pu en arriver là ?
L'auteur nous livre un ouvrage fouillé, une brique de près de 800 pages, que je compare à un dossier de juge d'instruction, qui cherche tant les éléments à charge qu'à décharge.
Document très intéressant sur la situation familiale de Ramon Fernandez, sur les milieux littéraires et politiques de l'époque.
J'avoue avoir eu plusieurs fois la tentation, surtout vers la fin, de sauter des pages tant l'analyse est poussée mais je dois reconnaître que ce livre ne m'a pas laissé indifférent. On sent un véritable essai de comprendre, qui n'est en rien une volonté d'excuser, l'auteur pouvant avoir des mots très durs pour condamner certains agissements de son père.
J'ai beaucoup appris, je ne connaissais pas Ramon Fernandez, mais je ne soupçonnais pas non plus l'attitude de certains grands noms de la littérature française durant ces années troubles.
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Une introspection érudite pour trouver des réponses à une question essentielle : je suis le fils d'un traitre, quels sont les facteurs EXTERIEURS qui ont poussé mon père à devenir ce qu'il est devenu ? Bien que je comprenne parfaitement sa démarche, je ne suis pas parvenue à m'y intéresser vraiment....
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Dominique Fernandez nous entraîne dans une quête : la compréhension d'un père qui a été un mauvais mari, un mauvais père, s'est fourvoyé dans le parti de Doriot, et dans la collaboration, mais a toujours été un critique littéraire de qualité.

C'est un livre remarquable et passionnant. On sent toute la douleur de l'écrivain Dominique Fernandez (que personnellement j'apprécie beaucoup). Il a été l'enfant d'un couple qui s'est fait la guerre, et a dû supporter l'infamie d'un père.

Il est très honnête dans sa recherche ne charge ni n'excuse son père, cela donne toute la valeur au livre.
Lien : http://luocine.over-blog.com/
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" Je suis né de ce traître, il m'a légué son nom, son oeuvre, sa honte. Au centre de ma vie, depuis l'enfance : aimer ce qui est interdit, puisqu'on m'interdisait d'aimer l'objet de mon amour " : ainsi parle Dominique Fernandez de son père Ramon, à l'orée de cette enquête biographique, historique et intime.

le fils cherche à comprendre comment son géniteur, l'un des plus grands intellectuels de son temps, a pu être socialiste à trente et un ans, critique littéraire d'un journal de gauche à trente-huit, compagnon de route des communistes à quarante, fasciste à quarante-trois et collabo à quarante-six.

Pour saisir le destin énigmatique de Ramon, Dominique Fernandez tresse serré trois fils. Celui de l'histoire littéraire - nous voici de plain-pied avec Proust, Gide, Mauriac, Paulhan, Céline, Bernanos, Saint-Exupéry Malraux, Duras, et tant d'autres.

Celui de l'histoire politique en France et en Europe - le 6 février 1934, le Front populaire, la guerre d'Ethiopie, la guerre d'Espagne, celle de 1940, l'Occupation, sont autant d'événements auxquels Ramon est mêlé de près.

Celui de l'histoire privée - comment un play-boy dépensier d'origine mexicaine, amateur de tango et de Bugatti, fait brièvement le bonheur puis durablement le malheur de la brillante sévrienne, fille d'instituteurs pauvres, qu'il épousa en 1926.

Echec conjugal documenté jour après jour par les carnets intimes de l'épouse. Ces trois plans superposés, qui montrent comment les péripéties les plus intimes peuvent infléchir un destin, donnent à ce livre toute sa dimension romanesque.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Emission de radio, littéraire, réalisée par Peter détenu à la prison de Béziers.
Lien : http://desblablas.blogspot.c..
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Emission littéraire de radio, réalisée par Peter détenu à la prison de Béziers.

Lien : http://desblablas.blogspot.c..
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