AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782824714479
112 pages
Bibebook (07/06/2013)
4.2/5   5 notes
Résumé :


“Julia paraissait magnifiquement douée ; mais son naturel ardent et précoce s’était développé, grâce à l’éducation paternelle, comme en pleine forêt vierge, à tort et à travers.

C’était une petite personne brune et pâle, souple, élancée, avec de grands yeux bleus, pleins de feu, des cheveux noirs en broussailles et des sourcils d’un arc superbe. Son air habituel était réservé et hautain ; cependant, elle déposait en famille ces appare... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Julia de TrécoeurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On peut dire qu'au moins jusqu'à la Première Guerre mondiale, le navire Romantisme aura laissé un durable sillon dans l'océan littéraire. Julia de Trécoeur, paru en 1872, le démontre impeccablement.

C'est là un roman aux atours stylistiques remarquables, dont la trame, faite de sentiments tourmentés, peut sembler désuète de là où j'écris, mais qui, face au tourbillon de nullité contemporaine égocentrique, a encore de quoi emporter les lecteurs bien nés. Entendez par-là, ceux qui ne risquent pas la crise d'apoplexie en lisant une description excédant deux lignes !

Par ailleurs, ces romans d'un autre temps – dont un certain nombre est tombé, hélas, dans l'oubli – recèlent, en plus d'une force romanesque certaine, des phrases qui sont autant d'aphorismes : « Il n'est pas très difficile, en effet, d'aimer ses enfants ; il suffit de n'être pas un monstre. L'amour qu'on leur porte n'est pas en lui-même une vertu : c'est une passion qui, comme toutes les autres, est bonne ou mauvaise, suivant qu'on est le maître ou le valet. » Dans cet exemple, on sent aussi l'influence De Balzac, comme une ombre tutélaire de la littérature.

Tout commence donc avec les désillusions du mariage : « Madame de Trécoeur avait vécu avec son mari dans une région de tempêtes mauvaises où elle se sentait dépaysée et comme dégradée. Il la tourmentait de ses remords presque autant que de ses fautes. […] Elle eût préféré un malheur plus tranquille et sans phrases. »

La Madame de Trécoeur en question s'appelle Clotilde, veuve convoitée et mère de l'orageuse Julia, laquelle hante le récit de son instable humeur et sa beauté incomparable. Jeune personne qui n'est que passion, mêlée à une autorité qui la rend aussi irrésistible qu'effrayante. D'où les perturbations qu'elle inflige aux autres protagonistes, dans une sorte de quatuor des amours contraires. Ce qui plonge finalement le récit dans la tragédie irréversible.

Car la passion est souvent un champ de bataille, qui emporte tout sur son passage, ainsi que l'éprouve Lucan, personnage ébranlé par la jeune Julia : « C'était une ivresse folle que la saveur du crime exaltait. Devoir, loyauté, honneur, tout ce qui se dressait devant sa passion pour y faire obstacle en exaspérait la fureur. »

Petite anecdote : j'ai trouvé ce roman dans une ressourcerie où, désormais j'ai beaucoup plus de succès en matière de bonnes surprises romanesques que dans les rayons proprets d'une quelconque librairie parisienne très au fait de la mode idéologique. Et comme je ne suis pas un adepte de la « littérature » wokiste, je préfère aller boire à d'autres fontaines. Ce avant que les livres non conformes soient purement et simplement interdits, un peu comme en Union soviétique autrefois…
.




Commenter  J’apprécie          30
Julia trecoeur! Que dire de ce livre émouvant! Que de la surprise! Une belle découverte, je voulais dire!! Bien que l'écriture d'Octave Feuillet soit fluide, et que le personnage de Julia soit une jeune fille capricieuse et déséquilibrée, on se laisse embarquer par la trame de cette histoire astucieusement...Et quelle histoire d'amour nous réserve l'auteur, plus troublante que jamais... de l'amour impossible qui n'a qu'une seule issue: la tragédie....
Commenter  J’apprécie          130
Roman de belle facture : assez bref, au style sobre et soigné, sans point mort.

Raoul de Trécoeur fait souffrir sa femme, la douce Clotilde, en menant une vie déréglée, mais choie leur fille Julia. L'enfant a le caractère capricieux, farouche et passionné de son père. Celui-ci meurt subitement, et, après deux ans de veuvage, Clotilde épouse un ami de la famille, M. de Lucan. Ce second mariage était inespéré, Clotilde ayant d'abord cru Lucan indifférent. Surprenant une conversation entre sa mère et son futur beau-père, Julia s'évanouit ; elle décide d'entrer temporairement au couvent.

Quelques mois après le mariage, Julia, à seize ans, décide de prendre définitivement le voile : elle demeure hostile à M. de Lucan. Sa mère Clotide souffre de cette décision ; comment empêcher sa fille de renoncer à s'enterrer vivante, si jeune ? C'est sans compter sur Pierre de Moras, un cousin de Clotilde, qui, contre toute attente, confie à son vieil ami Lucan sa flamme pour la jeune fille. Au cours d'une visite au couvent, Clotilde s'empresse d'apprendre à sa fille que M. de Moras l'aime ; Julie renonce aussitôt à sa résolution et, trois mois plus tard, épouse Pierre.

Cependant, M. de Lucan se retire dans son domaine de Vastville, dans le Cotentin. Il le fait découvrir à Clotilde, qui en apprécie les beautés austères. Après avoir voyagé en Italie et en Suisse, Julia et Pierre de Moras annoncent leur arrivée à Vastville. M. de Lucan appréhende la visite de sa belle-fille. Cependant, il vient à sa rencontre, et tout se déroule correctement. Julia a grandi et ne manque pas de grâce. Mais elle est restée capricieuse, changeante.

Une relation trouble se développe entre Julia et son beau-père, jusqu'à ce que ce dernier prenne conscience qu'entre eux naît un inavouable amour. Lucan cependant la repousse. Elle se précipitera du haut d'une falaise avec son cheval, sans que Lucan, qui eût pu l'arrêter, l'en empêche : Moras, qui assiste à la scène et à tout deviné, retient le bras de son ami.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
M. de Lucan se demanda s'il devait informer Julia de la conduite qu'il avait arrêtée et des raisons qui la lui dictaient ; mais toute ombre d'explication entre eux lui parut souverainement malséante et dangereuse. Leur intelligence confidentielle sur un tel sujet eût pris un air de complicité que repoussaient tous ses sentiments d'honneur. Malgré les clartés terribles qui s'étaient faites, il restait cependant entre eux quelque chose d'obscur, d'indécis, d'inavoué, qu'il crut devoir conserver à tout prix. Aussi, loin de chercher les occasions de quelque entretien intime, il les évita dès ce moment avec un scrupule absolu. Julia semblait pénétrée de la même réserve et préoccupée au même degré que lui de fuir le tête-à-tête, tout en sauvegardant les apparences ; mais, à cet égard, la jeune femme ne disposait pas de la puissance de dissimulation que Lucan devait à sa fermeté naturelle et acquise. Il pouvait, quant à lui, sans effort visible, cacher sous sa contenance habituelle de gravité les anxiétés qui le dévoraient. Julia n'arrivait pas sans une contrainte presque convulsive à porter d'un front haut et riant le fardeau de sa pensée. Pour le seul témoin qui eût le secret de ses combats, c'était un spectacle poignant que celui de cette gracieuse et fiévreuse animation dont la malheureuse enfant soutenait péniblement l'artifice.
Commenter  J’apprécie          20
[Julia] devait son attrait rare et personnel à une sorte de grâce étrange, mêlée de souplesse et de force, qui enchantait ses moindres mouvements. Elle avait dans ses jeux de physionomie, dans sa démarche, dans ses gestes, l'aisance souveraine d'une femme qui ne sent pas un seul point faible dans sa beauté, et qui se meut, se développe et s'épanouit avec toute la liberté d'un enfant dans son berceau ou d'un fauve dans les bois.
Commenter  J’apprécie          20
Trécoeur avait épousé à vingt-cinq ans sa cousine Clotilde-Andrée de Pers, honnête et gracieuse personne qui n'avait d'une mondaine que les élégances. Madame de Trécoeur avait vécu avec son mari dans une région de tempêtes malsaines où elle se sentait dépaysée et comme dégradée. Il la tourmentait de ses remords presque autant que de ses fautes. Il la regardait avec raison comme un ange et pleurait à ses pieds quand il l'avait trahie, se désespérant d'être indigne d'elle, d'être victime de son tempérament et d'avoir vu le jour dans un siècle sans croyances. Il menaça un jour de se tuer dans le boudoir de sa femme, si elle ne lui pardonnait ; elle lui pardonna, naturellement. Toute cette partie dramatique troublait Clotilde dans sa vie résignée. Elle eût préféré un malheur plus tranquille et sans phrases.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : roman d'amourVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5270 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}