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EAN : 9782824714462
279 pages
Bibebook (07/06/2013)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Octave Feuillet,est un romancier et dramaturge français, surnommé le « Musset des familles ». Il fut membre de l'Académie française. On le destinait à la diplomatie, lorsque son père, à qui il confia son intention de devenir plutôt écrivain, le renia. Au bout de trois ans, son père lui pardonna et lui fit une pension. Feuillet put jouir alors d?une existence confortable à Paris et publia ses premiers romans. Il obtint un grand succès avec Sibylle. Extrait : Charmant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le roman raconte la vie de Sibylle de Férias, une jeune fille de la petite noblesse normande qui est élevée par ses grands-parents paternels car elle a perdu ses deux parents. Déjà toute petite, elle manifeste à la fois une grande intelligence, une vive sensibilité et un désir d'absolu hors du commun. Ces caractéristiques vont particulièrement s'affirmer dans le domaine religieux qui comptera beaucoup pour elle. ● Ce roman désuet est essentiellement une défense et illustration de la religion catholique, et pourtant il se laisse lire avec beaucoup de plaisir. L'écriture d'Octave Feuillet, que je lis ici pour la première fois, est superbe, raffinée, délicate : c'est une dentelle qui éblouit. Si les thèmes traités peuvent rappeler François Mauriac, auteur lui aussi bien injustement oublié aujourd'hui, le style d'Octave Feuillet rappelle par certains côtés celui de Jules Barbey d'Aurevilly. Octave Feuillet parvient aussi à rendre intéressants des débats qui sont depuis longtemps sortis de l'actualité et passionnante la vie d'une jeune fille de province pourtant assez dénuée d'événements. Sa plume se fait très caustique et acérée lorsqu'il dénonce le pharisaïsme et la bigoterie, ce qu'il ne fait malheureusement que dans la première partie dans des passages très comiques et bien vus. Une bonne surprise !
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Auteur précieux et convenable du XIXème siècle, devenu progressivement le chroniqueur émouvant des aristocraties déclassées, Octave Feuillet nous a laissé près d'une douzaine de romans parfaitement désuets, mais toujours charmants, pour peu que l'on goûte les sentiments délicats des gens du beau monde, ainsi que leurs mentalités un peu étriquées et mortifères. Octave Feuillet a d'ailleurs le mérite d'exploiter habilement ce contraste de nos grandes familles, soucieuses d'incarner les plus hautes vertus et néanmoins tourmentées et parfois morbides dans leurs intimités.
Oeuvre relativement tardive, "Histoire de Sybille" est, comme son titre, l'indique, un portrait de femme, que l'on suit de son enfance jusqu'à sa mort précoce. A travers ce portrait, Octave Feuillet se livre à un bilan mitigé sur l'aristocratie provinciale aux premiers temps de la IIIème République. Sybille de Férias est en effet une enfant déterminée et intransigeante, qui dès son plus jeune âge, manque de se noyer en voulant monter sur un cygne afin de le chevaucher. Cette anecdote, dont ses grands-parents, chargés de l'éducation de la petite orpheline, se sont longtemps amusés, révèle le caractère à la fois impérieux et irréfléchi de Sybille, dont l'âme est noble et pure, mais habitée d'une sorte de fébrilité nerveuse dans des moments de forte émotion.
De par sa haute lignée, Sibylle est éduquée dans une religiosité très forte, par rapport à laquelle elle se sent encline de par son caractère à pousser sa foi dans un certaine radicalité qui dépasse de loin celle de ses grands-parents.
La famille de Férias est d'ailleurs ici présentée comme un idéal, autour de laquelle gravitent des personnages du voisinage très divers : une voisine mauvaise langue, une tutrice protestante, un abbé débonnaire mais faible, une amie de Sibylle coquette et perverse, un marginal devenu fou depuis la mort brutale de sa femme et de sa fille, et qui croit la retrouver en Sibylle...
Chacun de ces personnages à un rapport très personnel avec la foi religieuse, et Octave Feuillet ne se prive pas de souligner que les dévots les plus respectables ne sont pas toujours les personnes les plus saines. de ce fait, la toute jeune Sibylle, loin encore des tourments de la chair, est favorablement impressionnée par un jeune homme illustrateur qu'elle surprend en train de faire des croquis dans la propriété familiale. Celui-ci, charmé par cette petite fille pas farouche, lui fait son portrait et le lui offre en souvenir.
Douze ans plus tard, âgée désormais de vingt ans, Sibylle monte à Paris, et y recroise ce jeune homme, Raoul de Chalys, qui s'émerveille de sa beauté. Les deux jeunes gens tombent amoureux et se promettent le mariage, mais au cours d'un dîner, Raoul de Chalys révèle publiquement ne pas être croyant, même s'il a le plus grand respect pour la religion et pour la foi des autres. Mais Sibylle, saisie d'horreur par une telle confession, s'évanouit sous la table. A son réveil, elle annonce son retour définitif en Bretagne, et ne veut plus entendre parler de Raoul de Chalys.
Celui-ci, sincèrement amoureux, souffre atrocement de cette rupture brutale, encore qu'il ne garde aucun regret de sa confession. Pouvait-il mentir à celle qu'il aime ?
Un concours de circonstances fait que la petite chapelle du village breton où habite Sibylle recherche un peintre pour réaliser une grande fresque dans la nef. Informé par un ami, Raoul de Chalys parvient à s'y faire engager, et décide de gagner l'amitié des grands-parents de Sibylle, afin qu'ils influencent leur pupille. D'abord furieuse et hostile, Sibylle se laisse peu à peu reconquérir, mais une promenade nocturne avec Raoul dans une campagne marécageuse vient à bout de la fragile santé de la jeune fille, qui s'éteint doucement quelques jours plus tard, laissant Raoul inconsolable.
Malgré sa structure de mélodrame, "Histoire de Sibylle" est un roman plus profond qu'on ne le penserait, qui, loin de célébrer béatement les vertus chrétiennes, les remet en question avec une très grande habileté au service d'un souci constant de ne choquer aucun lecteur. le catholicisme, ici, n'est jamais véritablement présenté de manière mystique. C'est d'abord une caste à laquelle doivent jurer fidélité ceux qui se considèrent comme des âmes nobles, mais comme je l'ai souligné plus haut, Octave Feuillet ne se prive pas de montrer que certaines personnes adhèrent aveuglément à ces principes religieux, tout en s'autorisant à eux-mêmes bien des vices qui moralement y sont opposées. Inversément, il reconnait aux "mécréants" de ce roman une quête d'absolu, de vérité, voir d'amour fou. Il est intéressant de constater que seuls les personnages athées de ce roman sont véritablement capables d'un amour sans limite.
L'autre aspect plus inattendu du catholicisme, présenté dans ce roman et qui est adoubé par tous les intervenants, est l'objet du long pamphlet sur la religion que Raoul de Chalys prononce au dîner familial avant de révéler son athéisme : il présente la religion comme la nécessité de croire en une forme de "magie", de féérie, pour s'abstraire des dures réalités de la vie, ou d'une certaine monotonie du quotidien. Il en reconnait, de ce fait, l'utilité publique pour les esprits fragiles, ou durement éprouvés par l'existence (bien que le cas du marginal Jacques Rozay semble démontrer qu'au-delà d'un certain seuil de souffrance, la religion n'est plus d'aucun secours).
Ce discours qui semble passer comme une lettre à la Poste, et que nul ne contredit, est pourtant en soi une petite révolution, puisque de ce fait, il nie la réalité même d'un Dieu. La religion a ici une fonction purement onirique, "merveilleuse" au sens premier du terme, mais elle ne correspond à rien de réel. Les arguments avancés par Raoul de Chalys seraient sensiblement les mêmes qu'utiliseraient aujourd'hui des amateurs modernes de divertissements fantastiques, comme les romans d'heroic-fantasy, les mangas ou les jeux vidéos, et qui pourtant n'ont aucune illusion sur le caractère fictif, fictionnel plus exactement, de leurs passions.
De ce fait, on est tenté de ne pas prêter plus d'attention que cela à ce discours, mais pourtant il représente véritablement une négation totale de la divinité. Seul subsiste en fait le culte, pour des raisons strictement psychologiques, que chacun peu tailler à son mal-être.
De là vient que la révélation de son athéisme est la conclusion logique de Raoul de Chalys qui, plus tard, se définit lui-même comme un "chercheur de vérité", laissant entendre là aussi que ceux qui ont la foi cherchent en fait à vivre dans un mensonge.
Tout cela rend assez ambiguë la fin du roman : de quoi Sibylle meurt-elle exactement ? D'un refroidissement ? de l'abandon de ses convictions religieuses ? Ou au contraire de l'abandon de ses sentiments amoureux, sans lesquels elle ne se serait pas trouvée en pleine nuit dans un marécage glacé, puisqu'elle aurait déjà épousé Raoul ?
Octave Feuillet a sans doute voulu que la mort de Sibylle soit diversement appréciée par un lectorat qui interprétera les choses comme ça l'arrange. Cependant, il est intéressant de noter le rôle très important de l'eau dans ce roman : Sibylle manque de se noyer enfant, elle rencontre Raoul la première fois autour d'une fontaine naturelle, elle rencontre aussi près d'un lac le marginal Jacques Rozay, dont la femme et la fille sont également morts de congestion après avoir été emportées par une crue. Enfant, Sibylle assiste au naufrage à quelques mètres de la côte d'un bateau de pêche durant une tempête. L'abbé Renaud tente de secourir les marins en vain : sa religion est impuissante face aux flots déchaînés. Enfin, Sibylle meurt de s'être exposée à un climat humide et à un sol détrempé.
L'eau représente ici les terrifiantes frontières de la société des hommes avec le monde réel. Mais néanmoins, Raoul de Chalys, lui, peut s'y mouvoir à volonté, puisque la religion ne le fragilise pas. Jacques Rozay, lui aussi, rejoint Raoul lors de la nuit tragique, sans que sa santé soit jamais altérée.
Ainsi, "Histoire de Sibylle" (on notera la neutralité du titre) peut être lu à plusieurs niveaux, mais se veut, n'en doutons pas, une critique adroite de la religion, ou plus exactement du mauvais usage qu'en font la plupart des gens. Il y avait entre Raoul et Sibylle la force d'un amour pouvant tout surmonter : la religion les en a empêchés. Une religion de castes, de convenances; une religion basée sur la peur de vivre, une religion sans Dieu ni apôtres, qui fragilise les petites filles qui se sentaient prêtes à chevaucher les cygnes, lesquelles bêtement, finissent par mourir d'un mauvais rhume et d'un excès de fébrilité.
Pour toutes ces raisons, cette "Histoire de Sibylle" est un livre envoûtant, quoique assez différent des oeuvres plus convenues de leur auteur, et qui témoigne à la foi d'une époque révolue dont les problématiques spirituelles ne nous sont plus familières, mais aussi de la volonté d'un auteur de chercher où se trouve réellement la vérité dans une société mensongère et frileuse. Une quête intérieure qui, elle, n'a pas pris une ride...
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Ce roman désuet est essentiellement une défense et illustration de la religion catholique, et pourtant il se laisse lire avec beaucoup de plaisir. L'écriture d'Octave Feuillet, que je lis ici pour la première fois, est superbe, raffinée, délicate : c'est une dentelle qui éblouit. Si les thèmes traités peuvent rappeler François Mauriac, auteur lui aussi bien injustement oublié aujourd'hui, le style d'Octave Feuillet rappelle par certains côtés celui de Jules Barbey d'Aurevilly. Octave Feuillet parvient aussi à rendre intéressants des débats qui sont depuis longtemps sortis de l'actualité et passionnante la vie d'une jeune fille de province pourtant assez dénuée d'événements. Sa plume se fait très caustique et acérée lorsqu'il dénonce le pharisaïsme et la bigoterie, ce qu'il ne fait malheureusement que dans la première partie dans des passages très comiques et bien vus.
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