Clément resta un instant abasourdi par ce dernier mot : « princesse ». Le fait est que ce mot sonnait singulièrement dans la bouche de ce pauvre petit être, qui grelottait sous ses haillons ; aussi, Clément, qui était un gamin de sens vif et décidé, eut-il bientôt honte de sa crédulité.
– C’est des bêtises ! dit-il tout à coup, le vieux s’est moqué de toi. Viens-nous-en à la maison : papa Cadet est à tous les diables, et, si maman Cadet ne veut pas de toi, nous nous en irons ensemble tous deux.
Il s’était levé, Tilde le toisait du regard.
– Tu es fort, toi, dit-elle, je t’aime bien. Ces gens-là, dont tu parles, est-ce ton père et ta mère ?
Clément haussa les épaules.
– Tu n’as pas l’air de les aimer ?
– La mère, si, un peu, répondit Clément.
– Tu m’as dit qu’ils te battaient aussi ?
Clément devint tout rouge, et ses yeux brillèrent.
Puis il haussa de nouveau les épaules, et répliqua d’un air fanfaron :
– La mère est trop malade, et le père se cache, de peur des gendarmes.
Évidemment, Clément trouvait cela tout simple.
Il n’en fut pas de même pour la fillette, qui fit la moue et dit :
– Alors, c’est du mauvais monde, allons-nous-en tout de suite, on se mariera quand on sera grand, nous deux, si tu veux.
Ne trouvez-vous pas que c’était sage ? Seulement, l’exécution de ce plan si simple fut entravée par l’entrée en scène d’un nouveau personnage.
"Il y a quelques années, « on » murmurait que Claude Mesplède pourrait bien recevoir la médaille des arts et des lettres. Et puisque qu' « on » m'avait demandé mon avis sur la question avant d'entamer les démarches afférentes à ce genre de circonstances, j'avais indiqué que Claude ne voulait de médaille d'aucune sorte. Il avait déjà refusé celle du travail malgré ses 40 années de labeur à Air France !
Ce que Claude aurait aimé, c'est le prix Paul Féval de littérature populaire. Mais ce prix n'est attribué qu'à des auteurs qui écrivent des romans populaires. Lui, écrivait À PROPOS des romans populaires et donc, n'entrait pas dans cette catégorie.
Aussi voir naître, grâce à Quais du Polar que je remercie très sincèrement, un prix portant le nom de Claude Mesplède qui récompensera au choix : essai, ouvrage historique, correspondance, document, enquête, traduction, édition originale d'oeuvres complètes ou inédites, traductions nouvelles ou encore travaux académiques et universitaires… c'est énorme !
Et c'est finalement, en honorant sa mémoire, un joli retournement du sort. Claude aurait très fier qu'un prix porte son nom et sûrement un peu ébahi devant tant d'honneur.
Et que celles ou ceux qui comptent écrire sur l'oeuvre de Paul Féval se mettent au travail très vite. On ne sait jamais..." - Ida Mesplède
+ Lire la suite