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sur 132 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est plus aisé pour moi de chroniquer un roman qu'un essai. Cependant, j'ai beaucoup aimé ce livre malgré les écueils de la lecture d'un texte complexe et, sans tomber dans le travers de vouloir en faire un résumé, je vais essayer de faire un pas de côté pour vous exprimer les raisons pour lesquels ce texte m'a inspiré.
Ci-gît l'amer porte un sous-titre Guérir du ressentiment, et toute la portée de cet essai réside dans ce sous-titre. Cynthia Fleury est à la fois philosophe et psychanalyste. Spécialiste du soin, on a beaucoup entendu sa parole dans les médias durant la crise sanitaire que nous vivons encore.
J'aime beaucoup entendre sa parole.
Le soin bien sûr s'invite dans cet essai, j'y reviendrai.
Mais lorsqu'on parle de ressentiment, de quoi parle-ton au juste ? C'est un mal insidieux qui touche la personne qui le porte, et qui fait mal à son tour aux autres. On pourrait même parler de maladie. C'est un mal qui s'installe durablement à la différence d'une colère qui est plus spontanée et impulsive, le ressentiment est un mal qui se mâche, qui se remâche, qui tourne en boucle...
C'est comme une haine, un sentiment de défiance exacerbée ou d'envie, pire que la jalousie, parce que dans la jalousie on admire l'autre sans vouloir le détruire pour autant. Dans le ressentiment, l'autre est méprisé, devient l'ennemi qu'il faut détruire de manière symbolique ou physique.
Le ressentiment s'inscrit dans le temps et crée des fractures qu'on ne soupçonne pas.
J'ai aimé cette manière d'aborder ce thème du ressentiment sous l'angle de la personne et sous l'approche collective. Bien sûr, Cynthia Fleury aborde ici les régimes fascistes ou fascisants, rien d'étonnant ici depuis Étienne de la Boétie qui nous disait 450 ans plus tôt : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Cynthia Fleury nous confirme bien que les leaders en dictature assoient aisément leur pouvoir, non pas par grâce à leur charisme ou leur puissance, encore moins grâce à leurs compétences puisqu'elles sont inexistantes, mais par la simple frustration du peuple. D'un point de vue paradoxal, nos démocraties imparfaites et toujours en réalisation ne sont pas en reste, exacerbent le ressentiment. Pourquoi ? Parce que les inégalités en démocratie apparaissent injustes, comme des promesses non tenues. Rajoutez à cela les réseaux sociaux en caisse de résonance et vous obtenez là un beau terreau pour faire germer les ressentiments.
J'y ai vu quelques clefs intéressantes de lecture des maux de notre société à quelques mois des élections présidentielles où les ressentiments seront forcément exacerbés et récupérés par les candidats des extrêmes. Cela commence déjà, cela ne vous aura pas échappé, n'est-ce pas ?
C'est bien beau de parler du mal et Cynthia Fleury en parle bien, jouant de ses deux casquettes, la philosophe et la psychanalyste. J'avoue avoir un faible pour la philosophe, mais c'est intéressant de voir comment l'un vient nourrir l'autre. C'est bien beau de parler du mal, et si l'on parlait du remède, du contre-poison, de l'antidote ? Cynthia Fleury en parle tout aussi bien et de manière plus intime, j'ai été plus réceptif sur cette dimension.
Le remède paraît simple, si simple, trop simple. Bien sûr j'y crois sinon je ne pense que j'aurais écrit cette chronique, ni même lu ce livre. J'y crois, même si au fond de moi une petite voix obscure me dit au loin que c'est vain d'y croire, que cela ne changera pas le monde, ni les gens, que c'est une mission impossible. Allez ! j'y crois quand même et c'est tellement facile de l'exprimer ici, peut-être naïvement, vous en jugerez.
Bien sûr, ce livre regorge d'antidotes. Cynthia Fleury nous dit tout d'abord qu'il faut accepter le ressentiment, l'accueillir comme une épreuve pour mieux le combattre.
Le ressentiment, on ne doit pas le nier, mais le prendre à bras le corps, en faire quelque chose, pour le remplacer.
Ne vous êtes-vous jamais posé la question : et si c'était possible de revenir en arrière ? On ne peut pas revenir en arrière, les choses ne se réécrivent pas, les choses ne se réparent pas. Nous ne réparons pas ce qui s'est cassé en nous. Nous créons quelque chose de nouveau, faire advenir quelque chose de nouveau, tisser un nouveau récit qui va nous éloigner de la peine. Nous ne sommes pas des ordinateurs.
Le ressentiment, il faut l'accepter, on va en faire quelque chose, par la sublimation, la culture, l'éducation, le soin, ce sont les forces de sublimation qu'il faut réactiver dans notre démocratie.
Le soin, l'empathie, l'écoute, le soin au sens de prendre soin de la capacité de sa réaction, venir accompagner l'émergence de quelque chose, et faire en sorte qu'un sujet redevienne une puissance d'événement et de créativité. Justement la créativité est un magnifique antidote.
Prendre soin par la parole, par le non-verbal, par la simple présence, en faire quelque chose, le début d'une résilience possible.
L'attention à l'autre, l'amitié, l'admiration, l'éducation, la culture, la sublimation...
Une rencontre. Des rencontres.
Redéployer son corps.
Le mettre en accord avec le reste du monde.
Prendre soin par la parole, par le non-verbal, par la simple présence, en faire quelque chose, le début d'une résilience possible.
Chacun peut trouver son équation dans la sublimation en utilisant toutes ses potentialités.
Les passions tristes sont constitutives de la vie, de nos vies, il ne faut ni lutter, ni se laisser totalement submerger, engloutir...
La poésie est une forme de sublimation. Cynthia Fleury évoque la poésie de Rilke, sa découverte a été un choc pour elle, un pont, une possibilité d'attraper quelque chose, de cranter avec le monde, avec les livres.
Et puis elle ouvre un chapitre qui fut pour moi une magnifique rencontre, une découverte, celle de Frantz Fanon, psychiatre et militant anticolonialiste dont le parcours est un magnifique chemin de sublimation.
J'ai aimé aussi le propos de ce livre parce qu'il est un respect, un amour des singularités.
Récemment, sur une radio publique, - France-Inter pour ne pas la citer, Cynthia Fleury disait : « le soin est le premier geste politique, il nous permet d'habiter le monde. »
Je trouve cette citation fort belle et je voudrais conclure ma chronique par cette ouverture magnifique.
Habiter le monde.
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Bien plus qu'une simple lecture, CI-GÎT L'AMER a été pour moi, à titre plus personnel, une véritable expérience. Ceci dans le sens où on parlerait par exemple, lors d'une manifestation artistique, de "vivre une expérience artistique" pour évoquer cette dimension de proximité et d'intensité présentes et à laquelle aucune conception purement muséale de l'art ne pourrait normalement nous faire accéder...
Bien que la réflexion philosophique y soit approchée dans toute la complexité des notions qu'elle implique habituellement quand pratiquée à haut niveau comme c'est le cas ici, et bien que l'auteure ne cède à aucun moment à la tentation de les rendre à tout prix accessibles à tous, le développement de sa pensée philosophique ne se résume jamais à une spéculation purement abstraite, n'opposant à mon sens aucune résistance à pouvoir être incarnée et à intégrer la vraie vie. Cynthia Fleury n'hésite pas d'ailleurs, elle-même, à franchir parfois ce pas, et c'est alors de sa voix à elle, individuée – cette notion d'individuation étant par ailleurs un des socles de cette pensée libératrice face à l'individualisme croissant produit par nos sociétés actuelles néo-libérales- c'est de sa voix subjective que la démonstration s'empare subitement, rebelle à toute forme d'académisme. Pour l'illustrer, citons ce passage où elle s'exprime personnellement à propos de Rilke : «Moi, qui ne suis pas poète, je reste à l'écart de cette violence magnifique, que je perçois trop ardente pour ce corps ridicule qui est le mien, je me tiens à distance, incapable de vivre autant d'émotions sans en avoir la nausée, je me tiens à l'écart pour écrire, certes des choses plus insuffisantes, mais qui tentent d'expliquer (...) comment, malgré tout, on peut tenir dans ce monde, hors du ressentiment et même de l'amertume, hors de l'échine courbée devant l'absence de sens. L'Ouvert. L'Ouvert. Quand j'ai lu cela, à la fin de l'adolescence, j'ai compris qu'était là un salut, peut-être le mien. »

Bien-sûr, il y a tout de même dans ce livre des développements, des passages où le lecteur (selon son «background» personnel en matière de concepts et d'histoire de la philosophie) pourra se sentir plus ou moins «largué». Mais serait-ce du fait que, parallèlement à une brillante carrière de philosophe, Cynthia Fleury exerce également en tant que psychanalyste, et que s'occupant en même temps de soigner -un rôle qui doit, selon elle, chercher avant tout à être « humble, simple et efficace »- , l'auteure sait se montrer à ce point attentionnée et apte à trouver dans le paragraphe qui suit les mots pour que cette pensée qu'on vient de lire et qui, à première vue, avait semblé si sophistiquée, prenne soudain corps, entraînant le lecteur à y voir plus clair et donnant même par moments l'impression (illusoire , certes, mais ô combien agréable et évocatrice !) que les mots lui sont directement et personnellement adressés, à «Moi, qui ne suis pas philosophe et qui reste à l'écart de cette démonstration magnifique, que je perçois trop dense pour ce corps ridicule qui est le mien (...) et m'invitant alors, moi aussi, à l'Ouvert »!!!

Quant à la démonstration elle-même, celle-ci n‘est pas, bien évidemment, ni à refaire ni même à résumer dans le cadre de ce billet. Je vous laisserai le plaisir de prendre le temps nécessaire pour la savourer, tout en vous souhaitant aussi personnellement qu'il m'a été donné à moi de la parcourir et de «vivre» cette belle expérience! Pour ce faire, je vous conseille, par contre, de laisser de côté tout apriori ou tout jugement hâtif concernant un pseudo intellectualisme ou un supposé «lacanisme» abscons dont certains lecteurs de ce livre ont pu affubler l'auteure. Ainsi par exemple des notions de « l'amer », «la mère » et « la mer », qui à mon sens ne constituent absolument pas un simple jeu de mots «lacanien» et gratuit, renvoyant au contraire, de manière très intense et polysémique, à la fois symbolique et imagée, à la question centrale de ce livre : comment dans le parcours qui partant de l'amertume (l'amer) laissée inévitablement par le sentiment d'incomplétude, de séparation à l'origine de la vie et représentée ici par la séparation avec la mère, le sujet pourrait-il réussir à s'individuer , à s'extraire de cette souffrance liée à son incomplétude et à sa finitude, non d'une fois pour toutes - mission impossible! -, mais à chaque fois que celle-ci est réveillée tout au long de son existence, comment arriver à tisser un autre lien avec le Réel dont le sens ne cesse d'échapper, lui permettant de se positionner en dehors de l'amer, de prendre le large et de goûter au sentiment «océanique» de communion avec le monde qui l'entoure (la mer) ? Comment éviter par ailleurs que cette amertume se transforme en ressentiment, «un des maux les plus dangereux pour la santé psychique des individus», mais aussi pour le fonctionnement de la démocratie ? Comment s'en prévenir individuellement et collectivement ?

Ce sont là les questions urgentes et cruciales posées par CI-GÎT L'AMER, à un moment de notre Histoire où nous sommes de plus en plus confrontés au développement effréné d'une économie néo-libérale et mondialisée, où les individus, devenus interchangeables, sont réifiés et, de plus en plus souvent, ne se sentent pas reconnus en tant que tels, à un moment où de nouvelles technologies, et tout particulièrement le développement exponentiel d'une intelligence artificielle, leur proposent sans cesse de nouvelles modalités «d'expériences dissolvantes» conduisant à un sentiment de vide et de non-sens...Et qui sont autant d'éléments, selon Cynthia Fleury, susceptibles de produire massivement du ressentiment et, à terme, de mettre en échec tout idéal commun de construction démocratique.
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J'avais déjà lu "Les Irremplaçables" de la même auteure, qui m'avait beaucoup intéressée ; Mais là, Cynthia Fleury arrive ici à la maturité flamboyante de sa pensée.

La première partie du livre traite du ressentiment individuel ; l'analyse est impeccable, mais un peu difficile, quoique le style en soit fort beau.

Là où l'essai prend tout son envol, c'est dans sa deuxième partie, très inspirée de l'Ecole de Frankfort, (qu'il n'est pas nécessaire de connaître préalablement, puisqu'elle en brosse les grands traits) , lorsque Cynthia Fleury aborde le thème du ressentiment collectif comme se trouvant à l'origine de l'émergence d'un leader "fasciste" (au sens large, celui-ci pouvant tout aussi bien s'afficher communiste) : le guide que le peuple choisit à sa ressemblance n'a pas besoin d'être charismatique puisqu'il est la personnification même du ressentiment populaire. Autrement dit, le peuple a le dirigeant qu'il s'est façonné sans se douter que sa créature lui échapperait bientôt comme un Frankelstein démoniaque.
Le "fürher", objet créé par le peuple, le réifiera à son tour. Il se lancera dans un programme paranoïaque et incontrôlable de destruction d'un bouc émissaire nominativement désigné (le juif, le bourgeois, le nanti, le basané, le koulak, l'intellectuel, l'assisté...). Habité désormais par un grand mépris du peuple qui l'a adoubé, il donnera libre cours à son appétit de pouvoir et de chaos.

La troisième partie traite du soin et de l'attention à l'autre, en donnant souvent la parole à Franz Fanon qui créa en Algérie une unité alternative de soins psychiatriques. Cette partie est lumineuse.

L'essai offre une réflexion rigoureuse et généreuse sur les pièges individuels et collectifs que représentent les ruminations "ressentimistes" qui étouffent individus et sociétés en les précipitant dans une spirale infernale et victimaire. Elle ne porte pas de jugement moral mais note le danger de ne pas combattre cette pente naturelle qui expose l'être humain à passer sa vie enfermé dans le cercle vicieux du ressentiment. Il faut renoncer à ce faux confort, pour s'exposer au risque de créer sa vie : personnelle, professionnelle, de citoyen dans la cité. Cynthia Fleury aborde également les enjeux de la démocratie et sait donner l'envie d'approfondir la question. Les éclairages apportés sont déjà très édifiants.

Un grand grand livre : il m'est arrivé de me sentir en difficulté pour la compréhension de quelques passages de la première partie, un peu difficiles : je me suis alors mise en mode "lecture attention flottante" ; cela ne m'a pas trop mal réussi puisque les seconde et troisième parties m'ont apporté une grande joie de lecture, sans les trous dans la compréhension que je pouvais redouter du fait de ma façon d'aborder le début de l'ouvrage. Dans tous les cas, si vous décidez de lire ce livre, ne vous laissez pas rebuter par les quelques paragraphes un peu abscons du début...

C'est un ouvrage fondamental que je relirai.

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Cynthia Fleury, philosophe ET psychanalyste (ça fait toute la différence), explique le ressentiment. Ses mécanismes, le "piège" qu'il peut représenter, tant à titre individuel qu'à titre collectif, et donne quelques pistes pour en sortir, pour le "sublimer". Et notamment la littérature :
"Le territoire littéraire permet de sublimer tous les ressentiments et de goûter précisément l'amertume des choses, des êtres, des idées."
Nous autres, lectrices et lecteurs, avions déjà deviné n'est-ce pas ?
C'est accessible (avec un dico à côté quand même), éclairant et passionnant et, au bout du compte, apaisant, comme tout ce qui permet de mieux se comprendre, seul(e), ou les uns les autres, au choix...
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C'est ma première lecture de Cynthia Fleury et sa voix me paraît importante. Voilà quelqu'un qui peut nous aider à vivre, à comprendre, à comprendre ce que nous vivons.
Alors malgré les quelques bémols éprouvés lors de cette lecture j'ai mis cinq étoiles. de toute façon quantifier nos émotions littéraires ou intellectuelles est toujours arbitraire.
Ce que je trouve remarquable dans le propos de Cynthia Fleury c'est qu'elle propose une voie humaniste sans illusion ni faux-semblant. Elle met le doigt sur des mécanismes psychiques, ici le ressentiment, qui nous empêchent d'être nous-mêmes, qui nous enferment dans des modes de pensée toxiques, pour nous-mêmes et pour les autres. En faisant cela, elle entrelace l'intime, l'éthique et le politique. le moins que l'on puisse dire c'est que nous expérimentons ce genre de liaison depuis pas mal de mois maintenant. Et elle ne se contente pas d'un diagnostic, elle ouvre des voies salutaires pour se libérer de ces enfermements: l'humour, la créativité, l'amitié (et l'amour). Dit comme cela, cela peut paraître naïf, mais il n'y a aucune naïveté chez Cynthia Fleury, au contraire il y a toujours l'exigence du corps à corps avec les réalités psychiques. Elle ne propose pas de solutions toutes faites, elle connaît les difficultés, elle se heurte à l'inguérissable. J'ai eu un grand coup de coeur pour cette démarche dans laquelle je me reconnais, malgré ma grande méfiance pour la psychanalyse. J'ai d'ailleurs failli ne pas me lancer dans cette lecture pour cette raison. Il faut se méfier de ses méfiances.
Malgré tout il reste des bémols. le premier d'entre eux est peut-être lié aux méthodes de catégorisation psychanalytiques. C'est la tendance à essentialiser les individus en raison de leur pathologie. Ainsi l'individu qui éprouve le ressentiment devient "l'homme ressentimiste", il paraît réduit à cette seule dimension. On peut pourtant éprouver, heureusement, le ressentiment à côté de bien d'autres affects.
Le deuxième bémol est cette façon de picorer parmi une multitude d'auteurs ce qui peut servir à son propos. Certaines analyses sont un peu plus fouillées, mais généralement on passe vite, trop vite, sur des auteurs et des oeuvres très considérables. Parfois, ils sont cités de seconde ou de troisième main. Cela donne le sentiment que ces auteurs sont instrumentalisés au service de son propos et qu'on ne s'y confronte pas profondément.
Mais il reste que le parcours vaut la peine d'être suivi. Il suscite bien des interrogations, mais aussi une meilleure compréhension, sur soi-même et ses proches. Alors, allez-y, vous ne perdrez pas votre temps.
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Peu habituée ces temps-ci à lire des essais, j'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir avec Ci-gît l'amer même si l'accès à cet ouvrage n'est pas facile et si certains passages peuvent paraître assez ardus.
Philosophe et psychanalyste, l'auteure nous propose une étude passionnante en trois parties sur le ressentiment.
J'avoue avoir été plus à l'aise avec les première et dernière parties qui sont consacrées, respectivement, au ressentiment individuel et aux traitements, soins et thérapies qui peuvent être mis en oeuvre pour accompagner les personnes concernées par une problématique de ressentiment.
Nourrie par sa pratique de psychothérapeute et par de solides connaissances philosophiques et psychanalytiques, Cynthia Fleury dresse, au début du livre, un portrait saisissant des individus en proie au ressentiment, à la rancoeur, à l'amertume. Englués dans une spirale de haine, rejetant systématiquement la faute sur les autres, les ressentimistes, frappés par un manque d'intériorité, d'introspection et par un vide émotionnel, ont une vision paranoïaque et complotiste du monde. Ils ne recherchent pas de solutions à leur problème car ils se complaisent dans cette rumination victimaire qui donne un sens à leur vie.
Parmi les nombreuses références de ce premier volet, on peut citer Freud, Winicott et Nietzsche, dont les travaux viennent étayer les réflexions de l'auteure.
Le second volet est consacrée à une analyse plus politique, sociétale, collective du ressentiment, dans laquelle est établi un parallèle avec le fascisme. Là encore la démonstration est brillante.
Enfin, dans la dernière partie, la plus lumineuse, nous sont proposées les pistes qui sont envisagées pour se reconstruire et accéder à une ouverture aux autres, à la culture et au monde, grâce, notamment, au concept freudien de la sublimation et aux mécanismes de l'individuation.
Avec une approche humaniste, Ci-gît l'amer nous offre une très efficace grille de lecture, partant de l'individuel pour aller au collectif, qui nous amène à nous interroger sur la démocratie et à mieux comprendre les soubresauts et les mouvements contestataires qui traversent nos sociétés.
Seul petit bémol : l'impression parfois que différents textes "universitaires" ont été réunis et collés pour composer cet ouvrage et que cela nuit au déroulé et à l'approche globale du raisonnement.
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Tout observateur attentif de la vie publique y relève un mécontentement tangible à la source de manifestations collectives telles que le complotisme, le conspirationnisme, le populisme, voire le fascisme. Dans une présentation de "Ci-git l'amer", Cynthia Fleury exprime que ces phénomènes, certes différents, ont en partage d'être construits autour de pulsions de ressentiment qui entretiennent un rapport de victimes à bourreaux, appelant à la haine et à la réparation par la destruction de ceux-ci. Sur les réseaux sociaux, dans le débat public se développe une radicalisation qui conduit à ce réductionnisme victime/bourreau typique des sociétés du ressentiment et qui a pour effet de renforcer les pulsions qui en sont la source.

La réification [réifier = considérer comme chose] et la non-reconnaissance de l'individu, de même que l'agression ou l'injustice, entraînent un ressentiment légitime. Mais il ne s'agit pas de «fabriquer» des ennemis. Il importe de ne pas s'enfermer dans une vengeance intériorisée, de verser dans la psychose, quelles que soient les raisons de la frustration et de l'amertume. Il y va tant de la santé et de l'épanouissement individuels que de l'avenir démocratique. C'est l'objet central de ce brillant essai.

Philosophie et démocratie, mais psychanalyse ? Elle est essentielle dans l'étude de la démocratie parce qu'elle peut éclairer sur les forces inconscientes qui empêchent les individus d'agir conformément à leurs intérêts rationnels. de sorte que les sentiments de finitude, l'angoisse de la mort, tous les fondements existentiels de la condition humaine devraient, selon l'auteure, être intégrés dans la façon de concevoir la démocratie dans son fonctionnement politique. [p 268] Considérant le passé, Fleury note combien le ressentiment a pu jouer un rôle déterminant : "ce qui sera un jour dénommé Histoire est souvent le théâtre d'un ressentiment libéré de ses verrous et se pensant précisément comme force historique de changement" et la thérapeute souligne que "sortir du ressentiment nécessite parfois plusieurs générations, la psychanalyse le sait par sa clinique familiale." [p 310]

Pour comprendre ce poison de l'amertume, la psychanalyste formule l'idée d'une membrane qui protège l'individu de la folie lorsqu'il est soumis à l'obligation de violence, de soumission, de vide : cette fine membrane lui permet de s'extraire. Dans le cas du ressentiment permanent, bien installé, il y a "une délégation à autrui de la responsabilité du monde et de soi, un oubli de la membrane qui sépare le dedans du dehors." [p 46]


Dépasser la prison du ressentiment implique donc un choix moral, l'affirmation d'une capacité personnelle au lieu d'attendre que réparation tombe du ciel. Plutôt que rumination victimaire et perte d'énergie à haïr, s'offrent des pistes vers l'ouverture, vers une créativité : la mer et non l'amer, le risque vers l'Ouvert (selon l'expression de Rilke). Pour y parvenir, l'amour, l'amitié, évidemment, mais l'expérience esthétique, l'art et la littérature sont des clés. La force de l'humour aussi : retourner la représentation du monde, "se tordre à l'oblique", par le rire, forme de sublimation.

[...]

La littérature, porte possible pour échapper à l'enfermement dans le ressentiment, est d'un grand intérêt thérapeutique. Theodor Adorno condamné à l'exil : "La vie d'Adorno est passée au crible dans Minima Moralia [Réflexions sur la vie mutilée, un art d'écrire, à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre], elle y acquiert une forme de dignité nouvelle, sublimée, elle, et non réifiée, ouvrant à autre chose que soi, au lieu de jouir de sa mutilation et d'entreprendre le chemin d'une victime devenant bourreau." [p 128] Frantz Fanon a traqué les aliénations sociales et psychiques du colonialisme à travers des oeuvres exemplaires [p 199]. On trouve chez Cioran l'être abandonné par la vie et en même temps une capacité poétique qui vient contredire cet abandon : "cette grande capacité sublimante du créateur qui vient nous sauver alors même qu'elle ne le sauve pas lui-même"[p 249]. Cynthia Fleury ajoute cependant que Fanon qui savait avoir du style, qui savait le «soigner», savait aussi, à la différence de Cioran, porter soin à autrui de manière concrète. J-K Huysmans est aussi rappelé : "ce grand écrivain qui fera de l'itinérance dans la lassitude le grand leitmotiv de son oeuvre" [p 307].

[...]

Si on veut aborder sérieusement cet essai, il faut être déterminé à un effort d'approfondissement. N'étant ni philosophe ni intellectuel de profession, je l'ai lu à dose homéopathique, prenant le temps de l'intégrer patiemment. C'est un livre précieux parce qu' il «augmente» le lecteur.

J'ai malheureusement lu des critiques évoquant une essayiste élitiste, friande de termes complexes et de locutions latines. Personne n'est assez insuffisant – au risque, justement, de tomber dans une dépréciation personnelle revancharde – pour ne pas être à même de se procurer la teneur de quelques mots peu usuels. Que cet effort dérange ou ne soit pas accepté ne relève pas des lacunes d'un ouvrage présenté comme un essai.

Un travail copieux, certainement pas un livre pédant. Remarquablement énoncé, réparti clairement suivant des approches diverses, ce texte propose une formulation élégante et minutieuse qui débouche – tôt ou tard, le temps a un prix – sur une compréhension limpide.

"Ci-gît l'amer" est un livre réconfortant qui place les navrants ressassements ressentimistes à distance.

[Compte-rendu complet sur le blog]

Lien : https://christianwery.blogsp..
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Après la lecture de cet essai que je qualifierai plutôt de « somme », j'ai laissé décanter un long moment avant de me lancer dans cette critique, en relisant mes notes de lecture. Il y a en effet de quoi être intimidé !
La question essentielle, brûlante d'actualité, et traitée magistralement dans cet ouvrage, ou plutôt dans « ses trois livres en un », est celle de savoir comment ne pas laisser le ressentiment s'installer, en nous, dans notre société, le comment est abordé clairement, c'est pour moi son grand intérêt, dans de multiples directions, y compris spirituelles.
Ce n'est en rien un traité pratico-pratique, il délaisse le pragmatisme ambiant approximatif pour aller au coeur, par conséquent il favorise la construction de son propre cheminement. Je prends donc le risque de partager ce que j'en ai retenu d'essentiel, en étant à peu près sûr que le résultat après une deuxième lecture ne serait pas identique ! C'est à la fois le fruit de mes ignorances et du menu foisonnant et généreux que nous propose Cynthia Fleury (CF). Son verbe est généreux et très marquant, je n'ai donc pas hésiter à l'employer, ce qui devrait vous inciter à vous plonger dans « Ci-gît l'amer »
L'ouvrage est structuré en trois livres d'une centaine de pages chacun. Seul bémol, je regrette l'absence d'une récapitulation des ouvrages /auteurs cités, je l'ai faite quasi-intégralement et la donnerai à tout babéliote qui me le demandera. Bémol sur le bémol : Même si l'inclusion dans le texte de multiples citations conjugué avec une certaine retenue dans les notes de bas de page facilite la lecture, il faut quand même s'accrocher ! Etant donné la multitude de philosophes, écrivains, psychanalystes, médecins, poètes, artistes que CF convoque et évoque dans ces propos.
Nouveau bémol ! : La forme reste à mon sens trop proche de celle d'une thèse universitaire, même si le fil rouge et le souci de clarté et de partage de sa propre expérience est très présent, la rigueur féconde de la démonstration argumentée, sous le modèle scientifique. le temps a peut-être manqué à l'auteure pour un exercice de re-écriture, Ah ces maudits lecteurs ! J'en ai fini des bémols, pour aborder la symphonie c'est mieux !
L'amer livre I
Il est constitué 27 parties, les 9 premières sont consacrées aux définitions, à l'exposition de la problématique, à la description des nombreux symptômes du ressentiment. La 10 éme me paraît essentielle, elle incite fortement à ne pas oublier la membrane, qui sépare le dehors, du dedans. le ressentiment naît du divertissement avorté, de la volonté de divertissement frustrée, de l'illusion de croire que le sujet peut se passer d'affronter sa propre solitude.
Dès lors c'est un appel à mobiliser que nous lance CF, toutes les ressources pour entrer en conflit avec le ressentiment, ne pas s'y soumettre tout en reconnaissant l'offense. Nous pouvons la sublimer, le ressentiment est un pretium doloris. La 13 ème partie explore la mélancolie en littérature, sont cités les hommes océans, les fous du désert, ceux qui ne cèdent pas au naufrage, pourtant bien réel, CF a cette formule ; « tout viatique est un viatique du soi ».
Deux idées très puissantes sont brillamment exposées : choisir le ressentiment consiste à choisir le non-action, à se réfugier dans l'imaginaire, et surtout choisir la voie en impasse qui constitue à s'opposer, ce qui est épuisant. Alors il faut avoir le courage de ne plus attendre la réparation ( piège mortel du ressentiment, cette attente devenant obsessionnelles), une fois ce détachement obtenu, on peut prendre le risque de la pensée et de l'action, sortir de la prison de ses propres représentations mentales (qui sédimentent les injustices ), se réparer ailleurs, cette lutte est l'objet premier de la cure analytique, il n'y aura pas de réparation, mais la création d'un avenir « le bonheur futur ne sera jamais l'ancien bonheur »
En conséquence :
- Saisir le tragique dans ce qu'il a de tonique, c'est ne pas laisser son venin nous atteindre, c'est faire place à une dynamique cathartique, plutôt que décupler sa rumination
- Utiliser son énergie psychique à autre chose que du pulsionnel régressif, répartir sa libido dans les champs culturels, la vie publique, la sexualité sans fixation unique
- Conjuguer l'effort personnel et l'effort sociétal et donc s'engager
- Garder l'espoir, les deuils sont dépassables, il y a toujours une joie possible, le ressentiment peut se taire
- Choisir l'ouvert, fait l'objet d'un chapitre entier, je l'ai trouvé magnifique, il nous rappelle que nous sommes reliés à nos prédécesseurs, ce qui nous sécurise ( à l'instar du soutien inaugural de la mère, dévouée entièrement à son enfant ce qui constituera le socle de la santé mentale et la continuité du développement) CF passe de l'individu personne au citoyen en permanence, sur cet aspect les rituels sont précieux, ce sont eux qui nous donnent la conscience d' être reliés. « le ciel des valeurs est un ciel déchiré, de quoi nous consoler d'avoir enfin renoncé à l'illusion suprême de la pureté ».
- Continuer à s'étonner, s'émerveiller du monde, ne pas se séparer de l'AGIR, travailler la qualité de l'attention, les modalités de l'éducation qui font l'objet de beaux développements sont à mettre en place pour réussir son enjeu majeur qui est d'enseigner la séparation, car naître c'est manquer écrit CF.
- L'analyse en psychanalyse peut permettre d'être apte au silence et surtout de le transformer de façon créatrice, au final, faire en sorte que le sujet de la cure « traverse son silence » et je cite CF « lui faire comprendre qu'il a en lui les ressources pour penser, affiner ce qu'il croit savoir et qu'il ne sait pas ».

Fascisme livre II
Il est constitué de 10 parties. le ressentiment fonde le fascisme. CF s'appuie largement sur Adorno et Wilheim Reich pour expliquer la montée du fascisme hitlérien. D'une maladie de la persécution, il déresponsabilise les individus, s'installe comme une peste émotionnelle. CF après d'autres nous avertit clairement : le fascisme en action existera à nouveau car il dépeint une situation psychique et non historique. Par conséquent le processus d'installation des réflexes conditionnés se modernise, s'adapte aux moyens : « Les vagues constantes qui affluent sur les réseaux sociaux, pour harceler tel ou tel, sans discontinuer, forçant la cible à fuir ledit réseau pour garder un peu de santé psychique- cela installe des réflexes conditionnés ».
Comment lutter ? Comme dans la première partie, au plan collectif, l'ouvert est le salut. La résistance, à ne surtout pas confondre avec l'excès d'optimisme des « habiles » comme l'écrit CF qui ne croient pas que le pire peut arriver, et qui par conséquent se dispensent d'agir, est à organiser sur deux plans :
- Entretenir l'aptitude générale à la liberté ce sui suppose une lutte quotidienne pour l'organisation libérale de la vie, les secteurs de l'éducation et des soins ont donc devant eux une tâche harassante pour résister et gagner contre les pressions de réification et de servitude
- Au plan personnel, ne jamais renoncer à comprendre, la condition nécessaire exprimée plus haut n'est pas suffisante, c'est là que le travail analytique peut notamment aider à cultiver en la reconnaissant la part de créativité de chacun.
C'est donc à un un appel à un nouvel humanisme, adapté à notre époque que nous invite CF, tout en en traçant les contours, c'est une contribution que je trouve particulièrement précieuse.

La Mer livre III

Il est constitué de 17 parties.
En quoi le monde constitue une ressource inépuisable pour nous ouvrir ? C'est aussi le développement d'options plus politiques, dont la pertinence sort renforcée, à mon sens, suite aux 18 mois de la pandémie du Covid-19 que nous traversons.
CF s'appuie sur Fanon, pour nous indiquer les voies de ce qu'il nommait la déclosion : la sortie de ce magma émotionnel dramatique qui produit l'identité qui enferme dans une culture. Il disait « Je suis homme, et c'est tout le passé du monde que j'ai à reprendre ».
Je vous livre ci-dessous les items qui m'ont apparu les plus importants :
- le travail de l'écrivain est déterminant, le style, la manière de dire nous apporte un cicatrisant après avoir eu l'effet de révélateur.
- L'éloge à la fois de la diversité et de l'universalité qui ont partie liée
- le soin ne doit pas un être une technique, il s'appuie sur la confiance dans la personne, c'est donc très humble en apparence, ce qui explique aussi, hélas, son manque de valorisation
- Comment notre société néolibérale produit du mépris de façon généralisée, et donc de l'asservissement et de la violence
- CF développe un exemple pour renforcer la santé psychique (thérapie de la décolonisation) en pratiquant simultanément les 3 temps : le chronos le linéaire, l'histoire, une pierre après l'autre ; le temps de l'éternité, de la plénitude, de la sublimation ; le kairos : l'instant à saisir, qui ouvre le droit de commencer
- En quoi écrire c'est retrouver le mouvement : lorsque l'homme est atteint dans sa capacité physique, il faut aller récupérer au fond du coeur et de l'âme le reste d'énergie psychique, ce souci d'impliquer le patient est illustré sur plusieurs hôpitaux, et CF nous parle de sa chaire de philosophie au GHU de Paris « Psychiatrie et Neurosciences » et de son ambition pour que ce lieu soit celui qui soutient tous les autres, si nécessaires et si épuisés.
- CF critique fortement la réification de la personne par les données numériques qui lui apparaît être l'exact contraire d'un processus analytique respectueux de la dignité et de la liberté de la personne humaine.
- CF aborde la voie sans issue, du raisonnement conspirationniste, et du ressentiment, fondé sur le mécanisme de la paranoïa qui restaure la pulsion narcissique du sujet, lui redonne le sentiment d'être intelligent, lui qui est bafoué et non reconnu. Là aussi s'engager dans une résistance active civique et démocratique est une forme de résistance à la soumission à la passion victimaire, dont il sera difficile de sortir tant elle installe l'individu dans le confort.
La conclusion ouvre les pistes d'un élargissement du moi par l'amour, l'amitié, l'expérience artistique, l'art, le rire..
En espérant ne pas vous avoir perdu dans la lecture de cette « critique » laborieusement établie, je vous souhaite une bonne lecture. Je suis certain que cet essai marquera notre temps, à ne pas rater, et combattons nos ressentiments qu'ils soient en germe ou déjà installés !
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Cynthia Fleury a la généreuse volonté de transmettre, dans une écriture abordable, des réflexions qui font grandir son lecteur au long de chapitres d'une grande densité. Cette lecture m'a donné l'impression d'en sortir meilleure et me pousse à la réitérer.
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Merci Cynthia Fleury pour ce bel ouvrage et cette magnifique expérience de lecture.
Merci de partager avec nous, lecteurs passionnés, vos savoirs, vos reflexions, vos expériences, vos convictions, vos analyses et bien sur votre belle écriture.
Je suis sûr que cette lecture, augmentera notre volonté "capacitaire", comme l'auteure y fait mention à plusieurs reprises, pour mieux comprendre la grande complexité du ressentiment et de son impact majeur dans notre histoire passée et future.
Cette lecture éveille notre vigilance, renforce notre volonté à toujours analyser les maux de notre société avec de la prudence, de la patience, et des connaissances protégées des croyances.  
Je dois reconnaitre que cette lecture est, pour certains passages, exigeante en concentration et en compréhension. Plusieurs relectures sont nécessaires pour entrevoir toute la richesse et le savoir des propos de Cynthia Fleury.
Le passage du livre sur l'action de soigner (page 254) est particulièrement émouvant, surtout dans les moments difficiles que nous vivons actuellement. Celui sur l'importance du langage (page 274) à l'ère des médias permanents et des réseaux sociaux est d'une force incroyable.
Les nombreuses références au psychiatre Frantz Fanon, avec les commentaires éclairants de Cynthia Fleury m'ont donnés une trés forte envie de découvrir de nouveaux térritoires de connaissance sur ce sujet.
Je recommande vivement ce livre à tous et à toutes
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