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3,26

sur 1493 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsqu'un lecteur découvre un écrivain sur un ensemble de trois volumes qu'il lit d'affilée avec un plaisir qui ne faiblit pas jusqu'à la dernière ligne du troisième, on peut afirmer, indéniablement, qu'une immédiate et permanente empathie s'est installée entre eux.

Pourquoi? Comment? Quelle est la recette ?

Foenkinos est un romancier malicieux, qui vous entourloupe dans ses histoires dont l'originalité tient au fait qu'elles se fondent à la fois, paradoxe habile, sur l'imbrication d'une série de faits courants marquant la vie quotidienne du couple et de situations des plus inattendues accompagnées de réflexions et commentaires des plus surprenants (au sens propre de l'adjectif) frôlant parfois l'ubuesque le plus débridé.

Ainsi, quand le présumé cocu s'interroge sur le cinq à sept de son épouse:

"Dans le mensonge et dans la vérité, les femmes sont fascinantes. Brigitte avait donc des courses à faire et puis, en fin d'après-midi, de cinq heures à sept heures, elle verrait son frère. [Son frère] avait bon dos: qu'est-ce qu'elle pouvait faire avec lui un samedi après-midi? Non, ce n'était pas possible, personne ne voyait son frère ce jour-là. Les frères, ça se voit surtout le mardi midi. Alors le sang d'Hector fit plusieurs tours (au passage, il battait déjà le dicton). Il entrait de plein fouet dans le sursaut de dignité que tout cocu connaît bien..." (Le potentiel érotique de ma femme).

Foenkinos est un romancier impertinent, qui vous détourne sans cesse du courant de l'intrigue vers les méandres adjacents de la pensée faussement naïve d'un narrateur et vous y enfile avec une créativité débordante des perles époustouflantes ayant des airs de brèves de comptoirs.

Ainsi la scène classique de la première rencontre, que l'auteur situe, évidemment, banalement dans la rue:

"Nathalie et François se sont rencontrés dans la rue. C'est toujours délicat un homme qui aborde une femme [...] Quand un homme vient voir une inconnue, c'est pour lui dire de jolies choses. Existe-t-il, ce kamikaze masculin qui arrêterait une femme pour asséner: «Comment faites-vous pour porter ces chaussures? Vos orteils sont comme dans un goulag. C'est une honte, vous êtes la Staline de vos pieds!» Qui pourrait dire ça?" (La délicatesse).

Ou la relation de cette autre rencontre, à laquelle repense le narrateur, qui s'est produite quelque temps avant, au cours d'une soirée, évidemment, vulgairement, dans une cuisine, dans un cercle d'invités ne se connaissant pas où il a eu le coup de foudre pour une des filles lui faisant face:

"J'ai pensé: la prochaine fois que je tombe amoureux, je prends aussi le numéro de la fille d'à côté (on ne sait jamais: je suis peut-être destiné à ne rencontrer que les femmes qui sont juste à côté des femmes de ma vie)" (Nos séparations)

Peut-on ne pas s'ébaubir à découvrir ces notes de bas de page, illustration drôle de la relation que feint d'entretenir l'auteur avec ses personnages, comme si... ceux-ci n'étaient pas ses propres créatures?

1- C'est étrange de s'appeler Alice et de travailler dans une pharmacie. En général, les Alice travaillent dans des librairies ou des agences de voyages.
2- A ce stade, on peut s'interroger: s'appelait-elle vraiment Alice? (La délicatesse)

Foenkinos est, définitivement, le romancier des comparaisons incongrues, des rapprochements d'hurluberlu, des « comme si » qui vous décontenancent, vous désarçonnent et vous éberluent, vous laissent un instant perplexe, bouche bée, sourcils froncés, avant qu'une subite et irrépressible bouffée de rire ne manque de vous faire sauter le livre des mains, comme si... avait jailli de la page brusquement l'auteur déguisé en trublion soufflant tous azimuts dans une trompette... comme si...

" Ah, non, désolée, je ne peux pas. Je vais au théâtre! dit Nathalie comme si elle annonçait la naissance d'un enfant vert." (La délicatesse).

"Il arrivait fréquemment que je prenne en charge nos ébats, et j'aimais alors tenir sa nuque comme s'il s'agissait de son coeur" (Nos séparations).

"Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité" (La délicatesse).

Ne nous y trompons pas pourtant! Sous l'apparente absurdité de telle réplique, sous l'immédiate irrationalité de telle intrusion, sous le burlesque affiché de telle association d'idées coule un flux constant de tendresse, de détresse, de lucidité qui irrigue la narration et lui donne cette puissante tonalité tragi-comique qui est celle, fondamentalement, de toute relation amoureuse.

Car Foenkinos est le romancier du pire et du meilleur de la vie de couple.

"Nous sommes allés chez Ikea, et nous nous sommes disputés chez Ikea. Dans ce grand magasin, ils devraient embaucher un conseiller conjugal. Car s'il existe un endroit où le coeur des couples se révèle, c'est bien là." (Nos séparations).

Un plein coffret de « délicatesses » littéraires à offrir...
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Ayant choisi ce livre pour son titre presque comique à mon sens, je fus séduite dès les premières pages de ce roman. La plume si singulière de Foenkinos est étrangement apaisante, je comparais bien son écriture à un mélange entre du Nothomb et du Olivier Adam. Les tournures de phrases, les expressions utilisées, l'humour décalé de ce livre sont extrêmement touchants. Je pense que ce livre n'est pas adapté à tout type de lecteurs, il faut aimer le décalé et l'écriture osée, presque absurde. Pourtant, je n'ai pas du tout accroché à L'écume des jours de Vian pour son écriture trop rapide et beaucoup beaucoup trop étrangère à moi, à l'extrême de l'absurde, avec des machines et des pièces qui bougent toutes seules… Ici, avec Foenkinos j'ai réussi à apprécier de l'absurde, bien qu'il soit présent tout le long du livre je l'ai aimé, j'ai souri et j'ai surtout bien tout saisi.
Je pensais sincèrement au premières pages qu'on allait y conter l'histoire d'un sociopathe qui m'aurait mise un peu mal à l'aise… du tout, Hector est à la fin un homme sensé et intégré à la société. L'évolution de son cas est intéressante, tout comme sa relation passionnelle avec Brigitte.
Un roman très décalé que je recommande aux personnes comprenant le sentiment d'être un peu hors-norme, ou tout simplement ceux qui souhaitent un dépaysage stylistique.

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Après avoir cru mourir d'ennui en lisant "Les souvenirs", j'ai été enthousiasmé par David Foenkinos quand il s'est pris pour (s'éprit de?) John Lennon.
Alors j'eus envie de lire tout tout tout de David Foenkinos. A commencer par le titre accrocheur "Le potentiel érotique de ma femme".

Dépressif Foenkinos ? Que nenni ! Ou alors mais pas que... Quand il tourne sa dépression en autodérision, le récit devient hilarant pour celui qui apprécie l'absurde, genre Pierre Vassiliu.
Comme son idole Lennon, l'écriture a-t-elle été faite sous hallucinogènes ? Peu importe, le résultat est là : j'ai très souvent été emporté par d'interminables fous rires !

Le style y est sans doute aussi pour quelque chose : Foenkinos joue avec les mots, des jeux de mots qui ont donné des maux à certains commentateurs qui les ont trouvés lourdingues, mais qui moi m'ont fait sourire.

Bon, comme tout voyage sous coke il faut bien atterrir, et la fin m'a laissé sur ma faim. J'avoue qu'il m'était temps que ça se termine !
Mon prochain Foenkinos : "La délicatesse". J'espère ne pas être déçu...
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Hector est atteint de collectionnite. Il collectionne tout et n'importe quoi. Et cela le rend malade. A un point qu'il tente de se suicider. Mais il rencontre Brigitte et sa vie va changer car Brigitte lave les vitres comme personne…
Loufoque, absurde, drôle, mais remarquablement bien écrit, ce petit roman se déguste avec bonheur. L'auteur a une plume vraiment maitrisée qui donne tout son sel à cette histoire pas si anodine que cela. le roman est court, mais il n'en aurait pas fallu plus tant cette histoire est dense.
A lire pour passer un vraiment bon moment !
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J avais ete un temps intimidée devant ce titre, je lui tournais autour...potentiellement....
il m ' avait piqué au vif...potentia....
et rattaché à l 'Eros...cela me laissait perplexe

...le potentiel érotique de ma femme...où comment me glisser le temps d une lecture dans la tête d un homme subjugué par sa femme..
un moment de Délicatesse ...inédit...quelque chose de gracile et de touchant parsemé de petites parcelles d'humour...et qui m'a réconcilié avec certaines tâches ménagères ingrates...
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Rafraîchissant, piquant, humour de 2nd degré et grosse prise de recul obligatoires pour lire et apprécier ce livre. J'ai souri dès le début, et à plusieurs reprises tout au long du roman. Par contre je n'ai pas compris le choix de l'auteur pour terminer son histoire... plutôt décevant cette fin en comparaison à l'originalité du sujet, de la façon de narrer. C'était une belle découverte malgré tout.
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Rien qu'avec un titre comme ça, le roman de David Foenkinos « le potentiel érotique de ma femme » ne pouvait être que réussit.

Hector est un collectionneur compulsif et pour échapper à sa névrose, une seule solution : le suicide. Qu'il rate. Sa convalescence l'entraîne alors dans les bras de Brigitte, la Femme adorable et adorée. Ayant trouvé l'amour de sa vie, Hector se croit guéri de sa collectionnite aiguë, mais il rechute bien vite. Commence alors une nouvelle collection : les moments de sa femme, ses mouvements, ses expressions, sa respiration… le simple fait de la voir laver les vitres se transforme en orgasme mental. C'est l'extase absolue !
Décidément, Hector ne peut guérir et c'est très bien comme ça car c'est ce qui lui donne tout son charme.

L'écriture est inventive, drôle et fantasque et permet de passer un bon moment de lecture.
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Premier Foenkinos que je lis et si tous ses bouquins sont écrits de la même manière, je risque encore de m'amuser. C'est gai non de se rendre compte que l'on sourit à la lecture d'un roman... C'est une histoire tirée par les cheveux, écrite avec beaucoup d'humour, mais qui a cet avantage de lancer des clins d'yeux de manière originale à des évidences de vie... et puis ce côté décalé et surréaliste, j'aime ça moi...
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J'ai été un peu moins emballé par ce roman par rapport aux autres que j'ai eu l'occasion de lire de l'auteur. Je l'ai acheté intriguée par le titre du moins évocateur et plutôt intriguant. Bien-sûr, on y retrouve les élements que j'apprécie énormément chez Foenkinos, à savoir des personnages masculins originaux voir même marginaux. Ceux-ci toujours dotés d'une très grande sensibilité et d'émotions très vives ce qui je trouve est plutôt rare lorsque l'on portrait des hommes.

Cependant, comme d'autres critiques que j'ai pu lire, j'ai trouvé ce roman un peu lourd sur cette dite forme, j'ai même trouvé cela plutôt redondant. L'histoire est certe très originale mais en le finissant elle devient assez oubliable, voir même un peu niaise, avec une sorte de happy ending à la Disney "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Je me doutais bien qu'avec un titre pareil j'allais sûrement être déçu, comme si sa bizarerie compensait un peu le contenu plutôt fade du roman, je m'y suis d'ailleurs plusieurs fois ennuyé, je le trouve en réalité peu aboutit et trop simplet.

Peut-être que je fais tout simplement une overdose du style si spécial de Foenkinos qui peut parfois, je trouve, frôler la niaiserie. Sur ce roman, il a, à mon sens, trop tiré sur la puissance de son style d'écriture et de personnage, laissant un fond placide et oubliable. Cela reste tout de même une lecture passable et divertissante, pourquoi entre deux romans trop lourds. Je conseille à ceux qui souhaiterait commencé à lire de cet auteur de passer leur chemin et de plutôt se lancer dans Vers la beauté ou Charlotte, bien que globalement Foenkinos soit un auteur que l'on aime beaucoup ou que l'on déteste profondément.
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Récit insolite que celui de Foenkinos. le potentiel érotique de ma femme - le titre est prometteur - raconte l'histoire d'un homme, qui, après avoir tout collectionné, se réalise à travers le déhanchement sensuel de sa compagne lavant les vitres... Rituel, fétichisme, fantasmes, chacun y trouvera son interprétation mais le récit nous gagne. Foenkinos distille quelques salves comme autant de vérités où chacun se reconnaîtra...
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