L'Au-delà

Point final de la trilogie consacré au physiognomoniste Cley, "L'au-delà" a pour narrateur le démon Misrix, les chapitres alternant d'une part la vie de celui-ci dans les ruines de la Cité impeccable et ses relations avec les habitants de Wenau, et d'autre part le périple de Cley au sein de L'au-delà, quête qu'il mène à la recherche d'Arla Beaton.
La fin d'une trilogie d'envergure qui rassemble science-fiction et fantastique au sein d'un monde trouble et troublant, se jouant des espaces.
Misrix aspire à davantage d'humanité et de reconnaissance de la part de ces concitoyens; mais la différence est souvent rattachée au mal et le personnage devra lutter jusqu'à la fin, lors d'un rebondissement ultime qui remettra en cause tout ce qui a été livré au lecteur depuis le début du roman.
Les espaces intérieurs de Drachton Below parcourus dans le tome précédent laisse la place ici à ceux, infinis, de L'au-delà, mais une nouvelle fois, nous nous retrouvons face à l'imaginaire et au poids, à la puissance de l'imagination.

Cley, l'ancien physiognomoniste et héros des deux premiers tomes de la saga, est hanté par le souvenir d'Arla, la femme qu'il a jadis horriblement défiguré et dont il recherche le pardon pour obtenir la paix de l'esprit. Quittant son refuge de Wenau, il part pour une longue quête initiatique dans « l'Au-delà ». Il se retrouve dans des paysages fantasmatiques, rencontre des spectres sanguinaires et toutes sortes de créatures étranges. Les épreuves et les initiations ne manquent pas sur ce long chemin de rédemption. Pendant ce temps, le démon Misrix qui l'accompagne au tout début mais qui doit renoncer devant l'hostilité de ses frères, commence à tenir un journal intime où se devine de plus en plus son accession à l'humanité. Au fil des pages, il s'achemine vers un destin étrangement parallèle à celui de Cley…
Ce troisième opus est assez différent des deux premiers. Ce n'est plus Cley mais Misrix qui parle à la première personne. Ce changement de narrateur s'accompagne d'un changement de perspective et presque de registre de narration. Les thèmes du pardon, du rachat, de la rédemption et même de la victime expiatoire deviennent primordiaux. Ils soutendent une intrigue toujours aussi onirique, poétique et fantasmagorique en y ajoutant une épaisseur biblique ou christique à la Tolkien. L'imagination débridée et le talent de conteur de Jeffrey Ford font merveille. On ne sort pas indemne de la traversée de cet univers étrange et à nul autre pareil. Un livre magistral dans le registre de la fantaisie intelligente.
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Misrix, fils à moitié démon de Drachton Below, relate le périple de Cley dans l'au-delà en compagnie de son chien Wood, à la rencontre d'êtres merveilleux, de la tribu des Silencieux dans une geste chamanique, dans des décors fantastiques et exigeants. Misrix s'est installé dans les ruines de la Cité Impeccable sur les traces de son père et, dévoré par la solitude, il commence à fréquenter les villageois de Wenau. Les habitants de l'au-delà ne tolèrent plus l'installation des étrangers sur ces terres et Cley se retrouve au milieu de conflits sanglants.
Ce dernier tome de la trilogie déroule une fantasy poétique à la manière d'une initiation dans le voyage, d'un conte symbolique sur la culpabilité et l'autodestruction, les fondements de l'imaginaire, l'articulation entre microcosme et macrocosme, une ontologie universelle à base de concepts palpables et de matérialisme psychique. Les quêtes parallèles de Misrix et de Cley sur le chemin de l'humanisation et de la rédemption sont jalonnées par une nostalgie douloureuse et un fol espoir d'avenir, englobées par une cosmogonie métaphysique de corruption et de régénération.
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