AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 101 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis
Le décor principal de ce récit est une profonde bibliothèque, "la cité des livres" érigée au prix de modiques pécules et d'un zèle infatigable, une collection qu'Hamilcar, le chat, défend contre tous vils rongeurs .
Le personnage principal de l'ouvrage est un philologue bibliophile, un vieux savant à la recherche de l'ancestral manuscrit de Jean ToutMouillé.
Sylvestre Bonnard, vénérable membre de l'Institut, a un peu peur de Thérèse, sa gouvernante.
Mais il sait mieux qu'il ne veut bien l'avouer déchiffrer le livre de la vie .
Il n'aime pas trop les gens raisonnables !
"Le crime de Sylvestre Bonnard membre de l'Institut" est un livre d'Anatole France, son premier roman, paru aux éditions Calmann Lévy en 1881.
C'est un livre à l'antithèse de la littérature d'aujourd'hui.
C'est un livre lent, sans véritable but mais tellement profond et agréable à lire.
Le mot y est éclairé par la lucidité souriante d'Anatole France.
Les réflexions à part, les conversations en font tout l'intérêt, plus que les situations et le fond d'un récit dont même son auteur semble peu se préoccuper.
"Nos passions, c'est nous.
Mes bouquins, c'est moi
Je suis vieux et racorni comme eux".
Anatole France a trente-sept ans mais son livre, déjà, est plein d'une sagesse désuète.
Il est entré de pleine plume dans le personnage de Sylvestre Bonnard.
L'ouvrage est composé de deux chapitres, qui pourraient être deux nouvelles distinctes mais qui, finalement, se tiennent et forment un roman par le ton, le style et le propos : "la bûche" et "Jeanne Alexandre".
La première partie présente avec gourmandise ce vieillard malicieux qui aime les livres et les gens, en même temps qu'elle démontre que le miracle de Noël n'est pas un mirage, et qu'un bienfait n'est jamais perdu.
La seconde est une longue réflexion, qui flâne le long de la vieillesse d'un homme qui reprend goût à la vie en arrachant de la misère une jeune orpheline.
"En vérité l'homme est fait plutôt pour manger des glaces que pour compulser de vieux textes".
Pourtant ce vieux texte d'Anatole France sait se faire profond, philosophique, sage et fou à la fois.
Il contient déjà en substance toute la pensée de celui qui deviendra une des plus belles plumes de son temps.
D'ailleurs "le crime de Sylvestre Bonnard", en 1882, a été récompensé par l'Académie française par son prix Montyon, le prix littéraire alors décerné à l'ouvrage "le plus utile aux moeurs".
Et pourtant, cet ouvrage d'Anatole France est déjà plein de la tranquille subversion que son oeuvre entière a portée sans jamais faiblir ...


Commenter  J’apprécie          581
Philologue et linguiste, l'érudit Sylvestre Bonnard vit avec son chat Hamilcar et sa vieille bonne Thérèse. Dans son appartement parisien, baptisé par lui, la "cité des livres, ce bibliophile passionné passe son temps le nez dans les inventaires et les catalogues à la recherche d'un livre rare, d'une pépite à acquérir. Malgré ses soixante ans bien sonnés, il n'hésite pas par exemple à se rendre en Sicile dans le but de mettre la main sur un exemplaire de la Légende Dorée de Jacques de Voragine qui de surcroît contient un texte inédit de Jean Toutmouillé ! Après bien des péripéties, le livre tant désiré finira par rejoindre sa collection grâce à une princesse russe. Si Sylvestre Bonnard est un vieux célibataire, il a connu lui aussi dans son jeune âge les affres de l'amour. La jeune fille aimée s'appelait Clémentine mais les aléas de la vie ne leur ont pas permis de concrétiser leurs sentiments naissants. C'est donc avec beaucoup d'émotions qu'il rencontre, tout à fait par hasard, la petite-fille de Clémentine lors de l'inventaire d'une bibliothèque près de Melun. Orpheline et pauvre, la jeune Jeanne Alexandre le charme immédiatement par sa fraîcheur et sa simplicité. En souvenir de son amour de jeunesse, Sylvestre prend l'engagement de lui assurer un avenir radieux. Mais Jeanne est sous la tutelle de maître Mouche, notaire austère qui la place dans la pension pour demoiselles de mademoiselle Préfère.


Anatole France n'est plus un auteur au goût du jour. Et pourtant, quelle belle plume! Amoureux de la langue française et des beaux livres, il décrit si bien les reliures, les velins, les enluminures, les gravures, et cela en maniant les subjonctifs présents et passés avec brio et sans lourdeur. le journal de son Sylvestre Bonnard nous emmène dans de Paris de la fin du XIXè siècle dans le monde des belles lettres. Passionné et passionnant, son héros à l'humour pince-sans-rire est un homme bon et généreux. Ne vivant que pour ses livres, il n'en est pas pour autant aveugle et sourd au monde qui l'entoure. Il peut ainsi offrir une bûche à des indigents vivant dans le grenier de son immeuble tout en restant assez lucide pour ne pas s'imaginer avoir fait là un geste héroïque. Il sait très bien qu'il s'est arrangé avec sa conscience chrétienne à moindre frais. Mais comment cet érudit, cet être pondéré à la vie bien rangée sera-t-il amené à commettre un crime?! Et bien sous le calme apparent de Sylvestre Bonnard se cache le feu des folles passions. Il n'est pas homme à se tenir tranquille quand le bonheur d'une jeune fille est en jeu! Il fera fi des convenances et même des lois pour arracher sa Jeanne des griffes d'un notaire véreux et d'une vieille fille acariâtre. Il y aura crime, mais qu'on se rassure, ce ne sera pas un crime de sang.
Le journal de Sylvestre Bonnard est un bonheur de lecture, un texte riche mais accessible qui se lit le sourire au lèvres grâce à ses traits d'esprit et son amour des livres. Chaque lecteur pourra se reconnaître en lui : vouloir un livre à tout prix comme on désirait un jouet lorsqu'on était enfant, se promener chez les bouquinistes ou dans les librairies et ne pas pouvoir partir sans un livre sous le bras : "...ils sont tous mes amis, et je ne passe guère devant leurs boîtes sans en tirer quelque bouquin qui me manquait jusque là, sans que j'eusse le moindre soupçon qu'il me manquât". On ne saurait mieux dire!
Alors même si les histoires sont assez attendues et que l'on en devine la fin assez rapidement, ce livre vaut le détour pour son personnage atypique et son style magnifique. Une très belle découverte.
Commenter  J’apprécie          517
Ah ce Sylvestre Bonnard ! Tout érudit racorni qu'il soit, il m'a fait passer de bons moments.
Il faut dire que son appartement sur le quai Malaquais regorge de livres – anciens, et surtout des manuscrits trèèès vieux, mais qu'importe. La passion des mots et de l'Histoire me relie à lui. Et puis, quelle vue quand on regarde par ses fenêtres ! La Seine, le Pont Neuf
Il faut dire aussi qu'il a l'esprit vif, ironique et plein d'autodérision, ce que j'adore.
Et quand sa bonté naturelle passe outre des récriminations de sa vieille servante, alors là, j'adhère complètement.

Son journal s'étend sur quelques années (nous sommes dans la deuxième moitié du 19e siècle) et nous donne à voir la mentalité de l'époque comme entre autres le fait de placer les jeunes filles en institution scolaire très comme il faut, mais les rétrograder au statut de servantes quand l'argent ne suit plus.
Ses pensées les plus intimes y sont consignées, et nous apprenons qu'il a connu un grand amour dans sa jeunesse, mais qu'il est resté célibataire. Et quand la petite-fille du grand amour apparait, cela nous donne des pages savoureuses et bienveillantes, honni soit qui mal y pense ! N'oublions pas que Sylvestre a le nom prédestiné de « Bonnard ».
Alors, ce crime dont parle le titre ? Lisez et vous verrez !

Je serai donc l'avocate de Sylvestre Bonnard, même si le style quelque peu ampoulé d'Anatole France m'a semblé si vieux – on dit d'ailleurs qu'il est le dernier des auteurs classiques-.

Heureuse d'avoir fait sa connaissance, moi qui n'avais jamais lu cet auteur !
Commenter  J’apprécie          445
Anatole France fait partie de ces nombreux auteurs français célèbres en leur temps, et en train hélas de plonger dans l'oubli à vitesse accélérée. Et c'est bien dommage car il y a là un vrai talent littéraire, un art consommé de la description, et cette précieuse lucidité ironique qu'il est si rare de rencontrer.

En quelques pages, on pénètre dans la vie de son héros : Sylvestre Bonnard, digne fils de l'école des Chartes, historien spécialisé dans l'étude du monde monastique. D'un âge avancé, il a accumulé honneurs et érudition, et vit paisiblement dans son appartement parisien, environné de livres chers et de domestiques grognons mais dévoués. Il est lucide sur sa vie de rat de bibliothèque, qui lui convient parfaitement du reste. Il a bon coeur, et au plus fort de l'hiver fait porter du bois au couple pauvre logeant dans le galetas. Mais coup sur coup, deux évènements vont l'arracher à cette vie paisible.

C'est d'abord l'annonce de la découverte en Sicile d'un rare et précieux manuscrit médiéval, ‘La Légende Dorée' de Jacques de Voragine. On a beau aimer son confort et ses pantoufles, quand on est un vrai historien c'est le genre de nouvelle qui vous jette sur la route séance tenante ! Tant pis pour le fauteuil et pour le chocolat chaud, en route ! Que viennent la fatigue et les punaises des lits d'auberge, que les calèches cahotantes nous entrainent sur les routes, dans la chaleur et la poussière ! Au bout du chemin, la plus précieuse chose du monde nous attend : un livre !

A peine rentré, sa quiétude est de nouveau troublée. Par hasard, il apprend la mort d'une jeune fille qu'il a jadis connue, la seule femme qu'il ait jamais aimée – fugitivement, entre deux années studieuses… Elle laisse derrière elle une fille unique qui, faute de mieux, a été confiée à une pension. Il lui rend visite, comprend vite qu'elle n'ait ni bien traitée ni heureuse. Peut à peut, une véritable amitié naît entre le vieil érudit et la fillette…

Difficile de ne pas être conquis par ce vieil homme touchant, lucide sur sa vie et naïf sur le monde, et par la relation filiale qui s'établit entre lui et cette adolescente disgracieuse mais aimante. Bien que le livre comporte en fait deux histoires sans grand lien entre elles, Anatole France réussit à lui garder une étonnante cohérence. Aragon peut en dire ce qu'il veut : en ce qui me concerne j'apprécie Anatole France, et je compte bien poursuivre sa découverte !
Commenter  J’apprécie          424
Un vieux savant philologue et bien entendu, amateurs de livres anciens, c'est Sylvestre Bonnard. Assisté par sa fidèle mais acariâtre servante Thérèse et par son chat Hamilcar, il vit une vie paisible au milieu de ses livres dans sa bibliothèque qu'il nomme un peu pompeusement « la cité des livres »…
Il lui faudra la découverte dans un inventaire de bibliophile de l'ouvrage tant convoité « La légende dorée » de Jacques de Voragine … Vous savez, le livre dont votre bibliothèque ne saurait se passer une minute de plus ; celui qui ne vous perturbait pas plus que ça jusqu'alors, mais dont l'absence vous gâte la vie… je parle là en bibliophile moi-même et collectionneur de livres… Mais revenons à notre brave Sylvestre : « Pourquoi ai-je appris que ce précieux livre existe, si je ne dois le posséder ? », se dit-il. Et cette simple question le conduira sur les routes jusqu'en Sicile ou vit, le sieur Angelo Polizzi, heureux détenteur du fameux codex.

« le crime de Sylvestre Bonnard » ne se limite pas à cette première partie bibliophile. Dans un second chapitre intitulé « La fille de Clémentine », on apprend qu'avant de tomber dans sa passion dévorante pour les livres, le vieux célibataire a connu l'amour, en la personne de Clémentine dont il apprendra le décès. Il se prendra d'affection pour sa fille, Jeanne, orpheline de père également et maltraitée par un tuteur véreux et une « éducatrice » vénale…
Quant au crime de Sylvestre Bonnard, je laisse au lecteur le plaisir de le découvrir… Ou non…

C'est un vrai régal de se replonger dans la prose si élégante d'Anatole France, j'ai déjà eu ici l'occasion de le dire (« le livre de mon ami »)… « le crime de sylvestre Bonnard » est le premier roman d'Anatole France, paru en 1881 ; à la même époque, Zola vient de sortir « Nana » et prépare la sortie de « Pot-Bouille », Huysmans s'apprête à sortir « À vau-l'eau », Jules Verne à sorti il y a peu « Les tribulations d'un chinois en Chine »… Quelle époque ! Alors qu'Hugo se meurt…

Il me restera en mémoire, après la lecture de ce petit bijou, comme une sensation de bien-être dans un texte au style magnifique, comme sucrerie dans l'acidité du temps présent… En même temps qu'une révision de conjugaisons aujourd'hui quasiment oubliées et quelques découvertes en matière de vocabulaire…
Commenter  J’apprécie          352
Nous voici dans le journal intime de Sylvestre Bonnard, érudit sexagénaire, éminent philologue, qui vit sa petite vie inoffensive et routinière au milieu de sa "cité des livres", sa bibliothèque emplie de livres précieux.
L'amour des manuscrits rares est son unique passion ; elle va l'entraîner dans une poursuite échevelée…
Alors non.
Ce n'est certes pas un roman d'aventures : Sylvestre va voyager, faire des rencontres et retrouver une personne qui lui évoque un passé aussi romantique que révolu. Mais tout cela se fait avec une tranquille placidité, dont il ne va s'échapper que lors de ce mystérieux "crime" que l'auteur, malicieux, nous fait espérer dès le titre.
Malicieux sans conteste, Anatole France, quand il nous dépeint cet attendrissant Sylvestre, dompté par sa sévère gouvernante Thérèse pour qui deux livres suffisent, son "Paroissien romain" et sa "Cuisinière bourgeoise".
Malice aussi dans la description d'une maîtresse de pensionnat enamourée ou d'un notaire véreux : "Il a des lunettes bleues et ses prunelles trottent dessous, comme des souris derrière un paravent."
Et ce style !
Ça, on savait écrire au 19ème. On est chez un philologue, alors j'ai appris du vocabulaire. J'ai vu émerger le souvenir bien lointain de leçons de grammaire en lisant des phrases comme "Capitaine, s'il est vrai que de votre vivant vous jurâtes comme un païen, fumâtes comme un Suisse et bûtes comme un sonneur, que néanmoins votre mémoire soit honorée."
Mais j'ai ri aussi, de ses images pleines d'humour : "Sa bouche était faite pour sourire comme une casserole pour jouer du violon."
J'ai tout de même un peu compati au sort réservé aux jeunes filles pauvres – mais bien nées, n'est-ce pas – privées de toute liberté.
Mais j'ai également beaucoup aimé ce Paris disparu, les quais de Seine fourmillant d'activité, les conversations qui s'enveniment entre voisins sur Napoléon et la royauté…
Un vrai plaisir de lecture.

Challenge Nobel
Challenge gourmand (Lunette de Romans : Un des personnages porte des lunettes)
Commenter  J’apprécie          3432
Anatole France... ce nom a une résonance particulière dans mon esprit. Il est associé avec quelques-autres, Colette, George Sand, Chateaubriand, Roger Martin du Gard... auteurs rencontrés sur les bancs de l'école primaire au hasard des dictées ou des récitations... Comme tous ces grands écrivains et ces textes magnifiquement rédigés, ont contribué à me faire aimer les livres, et la littérature!
Ce roman du grand Anatole France peut paraître certainement très désuet, mais empli de beaucoup de charme et merveilleusement bien écrit, il est aussi une ode à la fidélité, une magnifique histoire d'amour platonique. Un nectar!
Commenter  J’apprécie          310
Anatole France ! Voilà un auteur qui n'avait pour moi que la saveur de mes cahiers de récitations, avec Paul Fort, José Maria de Hérédia, Maurice Carême et d'autres… un auteur que j'ai ensuite zappé ma vie durant, pourquoi ? je l'ignore, sans doute m'apparaissait-il comme un Panthéon ennuyeux…
Un heureux hasard m'a permis de me plonger dans « le crime de Sylvestre Bonnard ». Cette histoire d'un vieil érudit, épris de manuscrits anciens ne m'a pas transportée d'emblée, mais la belle écriture, un brin désuète comme je les aime, a su me charmer et m'a permis de découvrir au final une histoire un peu plus complexe et intéressante qu'elle paraissait de prime abord et je ne l'ai pas regretté.
Le journal de ce vieux savant nous conte deux périodes de sa vie. Une première où il nous mène en Sicile à la recherche de « La Légende dorée », un manuscrit fort rare, de Jehan Toutmouillé et une seconde période sur fond d'un amour de jeunesse avorté mais dont les hasards de la vie lui font rencontrer la petite fille, orpheline. Deux épisodes qui sont en fait prétexte pour nous faire pénétrer dans l'intimité intellectuelle de ce vieux sage savant, non moins épicurien pour autant que libertaire : "On est sur la terre pour se plaire dans le beau et dans le bien et pour faire ses quatre cents volontés quand elles sont nobles, spirituelles et généreuses ».

Prétexte aussi pour une livrer sa vision de l'éducation et de l'enseignement « on n'apprend qu'en s'amusant. L'art d'enseigner n'est que l'art d'éveiller la curiosité des jeunes âmes pour la satisfaire ensuite, et la curiosité n'est vive et saine que dans les esprits heureux. Les connaissances qu'on entonne de force dans les intelligences les bouchent et les étouffent. Pour digérer le savoir, il faut l'avoir avalé avec appétit ».

Mais la tranquillité et la sagesse de ce bon vieux et généreux Sylvestre n'en fait pas pour autant un saint naïf ou crédule, preuve en est que vieux célibataire ou pas, il sait apprécier les charmes féminins et qu'il sait parfaitement par ailleurs déceler les stratagème des filous et toutes les mesquineries humaines et à cet égard quelques dialogues sont une vraie réjouissance.
Quant à son crime, il vous faudra patienter jusqu'aux dernières lignes pour le découvrir, mais je ne doute pas que comme moi il vous tire un sourire entendu .

Au final, je me suis dit que j'avais eu bien tort de reléguer cet auteur aux oubliettes.
Commenter  J’apprécie          310
CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (14/15)

Moi qui, pour ce challenge, ne voulais pas trop remonter dans le temps par crainte de tomber sur une histoire complètement désuète, je viens de trouver une petite pépite écrite par le Nobel de 1921, à savoir Anatole France. Il s'agit de son premier roman qui date (je n'en crois pas mes yeux) de 1881. de lui, je ne garde que le vague souvenir de son nom, prononcé sûrement lors de mes années d'école.

Je suis totalement sous le charme de son héros, ce vieil érudit de Sylvestre Bonnard qui se complaît au milieu de sa "cité des livres", parle à son chat et persiste à vivre sous la coupole de Thérèse, sa servante aussi irascible dans son caractère qu'elle est irréprochable dans son travail. Une fois habituée au style qui m'a fait réviser des conjugaisons oubliées, j'ai pu savourer avec délectation ce mélange de philosophie et d'humour.
C'est le journal de ce bibliophile passionné que nous découvrons. Dans une première partie, il nous parle de sa quête d'un livre rarissime qui lui échappe sans arrêt et qui lui parviendra enfin en guise de remerciement pour sa bonté passée.
Dans une deuxième partie, il nous conte sa rencontre avec une jeune orpheline, petite-fille d'une jeune femme qu'il a jadis aimée. Mais quel est donc ce "crime", qu'il va commettre ? lui qui, sous son air bougon, n'est que bravoure et générosité. Cette aventure bouleversera son existence de vieil homme quand il prendra conscience que peut-être la vraie vie est ailleurs que dans ses grimoires anciens.

Tout cela aurait pu sentir la poussière mais l'auto-dérision dont fait preuve Sylvestre Bonnard donne un sacré coup de jeune à ce roman.
La passion des livres et des chats, les belles réflexions sur la vieillesse et la vie, tout cela mérite bien un 18/20.
Commenter  J’apprécie          263
Juste un petit rappel pour ne pas oublier que j'ai lu ce livre trouvé dans une vieille édition de poche il y a quelques années, chez un bouquiniste. Je n'avais en effet jamais lu Anatole France, académicien et prix Nobel. Il me reste peu de souvenirs de ce roman. Un vieil homme érudit, un vague voyage en Sicile à la recherche d'un manuscrit, une fillette dont il deviendra le tuteur. L'intrigue se tient encore assez bien. En fait, c'est surtout l'ambiance poussiéreuse d'une France début de siècle qui m'a gêné. Car j'ai lu plutôt avec amusement mais aussi avec une certaine curiosité et sans véritablement d'ennui ce roman. Mais A. France fait partie de ces auteurs que j'ai beaucoup de mal à lire tant ils me transmettent une image surannée d'un monde dépassé qui n'a plus court. Comment un écrivain, nobélisé, académicien, connu partout en Europe au début du siècle, notamment grand ami de Stefan Zweig, peut-il être aussi dépassé aujourd'hui ? Que reste t-il de cet auteur ? J'ai envie de répondre : rien. Pourquoi certains auteurs dépassent les siècles et d'autres non ? Mon propos n'engage que moi, bien sûr.
Commenter  J’apprécie          184




Lecteurs (248) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11105 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..