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EAN : 9791092700107
280 pages
les edition le grimoire (01/03/2018)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Les mots manquent lorsque le hasard nous amène à cette terre étrangère. Zhang Zhung n’est pas hors du temps, mais elle se trouve dans un repli de l’espace, dans un continuum où une branche de l’humanité a trouvé refuge. Zhang Zhung n’a pas réellement d’histoire ou plus précisément ne l’écrit pas. Ses habitants, tant bien que mal, conservent la mémoire des gestes et des mots, transmettent les savoirs à celui qui les perçoit... La civilisation y est avancée, c’est dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avec Zhang Zhung, nous entrons dans une dimension plus aboutie de la lecture à réalité augmentée que proposent les éditions du Grimoire. L'auteur a travaillé avec un illustrateur et un musicien pour offrir au lecteur une expérience plus complète. La musique permet une immersion plus profonde dans l'histoire, elle permet de mieux s'imprégner de l'atmosphère. Au début, c'était un peu difficile car je ne suis pas habituée à lire en écoutant de la musique ; mais peu à peu, je m'y suis faite. Les illustrations sont aussi très bien pensées : les traits d'encre présentent un naturel primitif proche du sujet abordé. Les objets peints se retrouvent dans l'histoire que conte le chapitre. Chaque chapitre porte le nom de l'animal représenté au début et comporte une caractéristique de cet animal (voire l'animal lui-même, comme les chevaux présents dans le chapitre « Le cheval »). Tous les chapitres sont introduits par de courts textes poétiques et énigmatiques, sortes de paroles initiatiques.

Dans ce roman, l'auteur nous raconte l'histoire de Zhang Zhung, une civilisation chamanique perdu dans les montagnes tibétaines, dont les membres vivent en communion avec la nature. Jinkuaï, un soldat déserteur et profiteur, la découvre par hasard. Impressionné par les techniques inventées par ce peuple, Jinkuaï décide de conduire son général et l'armée de Shu à Zhang Zhung. S'en suivent pillages, massacres et trahisons, chaque camp luttant pour la survie des siens.
C'est donc au choc entre deux cultures qu'on assiste d'abord. Après avoir passé du temps chez les habitants de Zhang Zhung, Jinkuaï les qualifie de « moutons divins qui broutent l'herbe » (p. 35). le soldat est en effet incapable de comprendre qu'une civilisation soit mue non pas par le désir de s'enrichir et de tout s'accaparer mais par celui de faire profiter les uns et les autres de leurs dons. Un message à la Nancy Kress (L'une rêve l'autre pas) sur fond tibétain.

Le début m'a paru un peu long et trop fourni en informations sur l'histoire de la guerre entre les États de Qin et de Shu, que j'ai immédiatement oubliées.

Le ton universitaire, point que j'ai pu reprocher à la nouvelle dans du Plomb à la Lumière, revient par moments (comme pour la description de la charrue utilisée par un paysan de Zhang Zhung dans le chapitre 1, ou lors de la description de la spiritualité des Enfers de Shu dans le chapitre 9) mais il est bien moins prononcé : l'auteur a réussi à mieux intégrer ses connaissances scientifiques dans le récit.

Ce n'est que vers le milieu du roman que j'ai vraiment été captivée par l'histoire et que j'ai commencé à comprendre ce qui était en jeu.

L'invasion de Zhang Zhung par la violence des peuples extérieurs se fait très progressivement, un peu comme une gangrène. Mais une gangrène qui était déjà présente ; car Zhang Zhung n'est pas un paradis idyllique où tout le monde est bon et innocent (genre trip écolo manichéen avec le narrateur qui s'écrie « Regardez les méchants soldats piller et massacrer les gentils habitants de Zhang Zhung »). Pour protéger leurs terres, certains autochtones se montrent immédiatement capables de violence (parfois poussée à l'extrême) et d'avarice. Je dis « certains » car on voit la différence de réaction entre l'herboriste Visakta et le berger, dans la suite du texte, ou Bhainsi (p. 140 : il considère que tuer un homme est mieux que d'écraser une fleur ; encore une fois, une opinion trouble puisqu'elle est confondue avec celle de la tante et, plus tard, de Visakta (voir p.147)). On observe la ruse des uns et la candeur des autres : les plus malins mentent, les autres ne savent pas le faire. L'emploi du terme « malin » est sans appel : ce ne semble pas être un jugement de valeur négatif, au contraire. À l'opposé de ce qu'on pourrait croire en lisant le début, le roman n'est pas là pour dire que les humains sont corrompus par la civilisation et qu'ils restent purs s'ils gardent un contact de la nature. le message est plus subtil et complexe, et c'est ce que j'ai apprécié dans ce roman. Il y a un environnement et c'est ce que fait l'humain de cet environnement qui importe : plusieurs déclencheurs font des actes des personnages des actes bons, mauvais ou troubles. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié le dilemme de Ghoda dans le chapitre « Le Cheval » : il se demande s'il est juste, si c'est moralement acceptable d'empoisonner et de tuer, même pour sauver son peuple.

La légende du yardukota (pp. 183-184), la « chenille à deux destins », synthétise et métaphorise très bien la complexité du roman : ce n'est ni tout noir ni tout blanc. Je n'en dis pas plus et vous laisse découvrir.

L'histoire est parsemée de contes enchâssés, dont deux m'ont particulièrement frappée : le conte d'origine du chamanisme (que j'ai eu grand plaisir à découvrir) et celui de Santulana et des animaux, une version tibétaine du conte japonais qui décrit la naissance des signes astrologiques.

En revanche, la fin ne m'a pas trop convaincue (mais je préfère ne pas en dire plus pour ne pas spoiler).

Au final, Zhang Zhung est un roman qui n'est pas ce qu'il a l'air d'être. Je vous en conseille la lecture, notamment si vous êtes amateurs de culture chamanique ou si vous souhaitez en découvrir un peu plus à ce sujet à travers une histoire fictive.
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Ce roman d'Arnaud Gabriel nous conte l'histoire d'une invasion, celle de la non violente contrée de Zhang Zhung par ses voisins l'État de Shu, eux-mêmes en guerre contre l'État de Qin qui cherche à les annexer depuis 3 monarques. Jusqu'à présent, même si l'armée de Shu était en infériorité numérique, ils étaient protégés par la montagne. le danger se fait menace quand, grâce à une tromperie, les militaires de Qin découvrent un passage. le seul moyen de les est de s'approprier la technologie inventive de Zhang Zhung dont les savants ne sont pas restés figés dans des dogmes religieux interdisant toute innovation.

L'auteur, Arnaud Gabriel, fut le vainqueur de l'édition 2017 du prix Mille Saisons pour sa nouvelle Zhang Zhung dans du plomb à la Lumière (Éditions du Grimoire), lui donnant la possibilité de développer son monde en compagnie de l'illustrateur et du compositeur gagnants.

C'est donc avec intérêt, mais également une pointe d'inquiétude, que j'ai acquis le roman Zhang Zhung. Une pointe d'inquiétude, car j'avais trouvé la nouvelle très (trop) complexe. Bonne surprise, même s'il n'est pas sans contenir en soi une réflexion philosophique, le roman se lit sans mal ni prise de tête. Il s'agit bel et bien d'un récit.

Plus qu'un récit, c'est un conte initiatique tant l'écriture habile d'Arnaud Gabriel nous donne l'impression d'écouter une histoire riche d'enseignements que raconterait un vieux sage (ou un vieux chaman). En tout cas, c'est ce que j'ai éprouvé en lisant son texte, d'être là-bas, dans une montagne perdue au fin fond de l'Asie à apprendre un passé oublié.

Bien entendu, le contexte asiatique et la conquête en force d'un peuple pacifique ne sont pas sans évoquer le Tibet écrasé et à la culture pulvérisée par la Chine sans qu'aucun état ne s'en offusque officiellement. Zhang Zhung serait d'ailleurs le nom d'un ancien royaume qui aurait été conquis par le Tibet.

L'auteur ne fait pas pour autant l'apologie du pacifisme, en montrant les limites face à une armée belliqueuse et prête à toutes les exactions.

Chamanisme, lien avec le passé ou l'importance de ses racines ne sont que quelques autres thèmes développés dans ce récit qui nous conte également l'évolution de plusieurs personnages plongés dans ce conflit : Jinkuaï un déserteur qui tente de se racheter de sa monumentale erreur, Phak-Pah le chaman peu habile, Kukura celle qui le seconde fidèlement, Bondara la gardienne de la mémoire, Bhainsi le chasseur et bien d'autres. Tous ont dû faire des choix, renier ou non leurs principes, affronter ou non l'obscurité.

L'ensemble du texte est accompagné à chaque chapitre par une illustration de Romain Marty qui a aussi réalisé la belle et pertinente couverture. Chaque oeuvre reprend le signe zodiacal chinois qui donne son titre au chapitre. Un style qui s'accorde parfaitement au contexte de l'histoire. Ces simples natures mortes reprennent des objets souvent symboliques du chapitre qu'elles introduisent.

Autre bonus, les compositions musicales de Nicolas Felix qui rythment chaque sous-chapitre (ou presque) et dont la longueur se cale au mieux à celle du passage. À écouter en parallèle de sa lecture puisque le ton s'accorde aux événements avec un tempo qui s'accélère sur la fin, nous entraînant avec lui vers la conclusion.

Un beau triptyque d'artistes pour un roman original qui sort des sentiers battus sans nous perdre, bien au contraire, l'intérêt se renforce de chapitre en chapitre jusqu'à une révélation inattendue…
Lien : http://fredericgobillot.over..
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Arnaud Gabriel nous invite au travers de différents personnages qui correspondent tous à un signe chinois à une découverte du chamanisme. le lecteur se posera forcément la question: et moi dans cette situation qu'aurais-je fais? Un livre qui se lit bien et que je ne peux que recommander tant pour son sujet original que pour son style d'écriture.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Des petits bruits de grattement, avec la complicité des hululements, s'acharnent à couvrir mon corps bondé de cris. Je livre ma gorge aux griffes tendres ; mes mains arrachent le vide et laissent naître du sang.

Des petits gazouillements d'agonie, avec la complicité des hennissements, m'aident à ne plus être un enfant. Je lape la vengeance d'une petite langue noire.
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