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EAN : 9782917689424
200 pages
Editions ActuSF (24/10/2012)
3.55/5   191 notes
Résumé :
Alors que deux jumelles viennent au monde, l'une d'entre elles bénéficie d'une modification génétique qui lui permet de ne plus dormir. Huit heures d‘éveil de plus par jour, un rêve pour apprendre, vivre et découvrir le monde... Huit heures qui feront aussi d'elle un être à part.

Nancy Kress, l’auteur de Danse Aérienne, Les Hommes dénaturés ou du cycle de la Probabilité, est l'une des belles voix de l'imaginaire mondial, développant une science fictio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 191 notes
« L'une rêve, l'autre pas » a reçu le prix Hugo (roman court) en 92, le prix Nebula (roman court) en 91, et le Grand prix de l'imaginaire (catégorie nouvelle) en 95. Autant dire que la novella de Nancy Kress a fait l'unanimité lorsqu'il a été publié. Après avoir lu ce texte, qui était aussi pour moi l'occasion de découvrir l'auteure, il ne fait plus aucun doute que cet engouement général était mérité. « L'une rêve, l'autre pas » est un roman court par la taille mais de grande valeur.

Publié au début des années 90 ce court roman aborde le thème du transhumanisme de façon très intéressante en s'intéressant aux conséquences sociales qu'une modification de l'être humain pourrait entraîner. le concept de base du récit est le suivant : des scientifiques ont mis au point un procédé permettant d'annihiler le besoin de sommeil. le procédé est testé sur quelques enfants à naître. C'est le cas de Leisha mais pas de sa soeur jumelle Alice. Leisha aura donc plusieurs heures supplémentaires par jour pour apprendre, travailler… L'argument initial est déjà prometteur mais le traitement est encore meilleur. Je m'attendais à ce que l'auteure s'intéresse aux relations des deux soeurs, et à l'évolution de leurs vies respectives. Ce n'est pas le cas. Kress a un propos plus ambitieux et plus profond. Elle va s'intéresser aux conséquences d'un tel procédé sur la société entière. En effet, cette modification n'est pas anecdotique et c'est presque une autre espèce d'humain qui apparait, suscitant jalousie et peur.
L'auteure traite avec brio son sujet en l'explorant dans sa totalité. Kress a l'intelligence de ne jamais prendre parti de façon tranchée, le problème est trop complexe pour cela. L'auteure préfère poser les sujets de réflexion, amener le lecteur à s'interroger sans lui dicter une opinion. Et ça c'est quelque chose que j'apprécie, j'aime qu'un auteur fasse confiance à son lecteur.

« L'une rêve, l'autre pas » est un récit brillant et intelligent, plus que jamais d'actualité. Il ne m'a manqué qu'un petit brin d'émotion pour être totalement comblée.
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Une nouvelle relativement longue sur la différence, la jalousie, la tolérance, l'acceptation...
L'auteur, sous couvert d'une histoire de mutation génétique, expose la différence entre les humains. Cette différence est plus flagrante que nos différences ordinaires, mais le résultat est le même. Jalousie, rejet de l'autre, peur des différences, incompréhension, etc...
Heureusement, il reste l'espérance du besoin de l'autre et de l'entraide.
A travers cette fiction, ce sont les sentiments humains qui sont décortiqués, et ce n'est pas très encourageant. L'humain changera-t-il un jour et acceptera-t-il l'autre sans préjugé ? Rien n'est moins sûr... mais un espoir subsiste...
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Deuxième novella que je lis de Nancy Kress. Je suis désormais convaincu qu'elle maîtrise parfaitement la forme courte.

L'auteure développe une hypothèse originale : Et si ne pas dormir n'avait que des avantages ? Et si des êtres humains dont le patrimoine génétique était traficoté pour qu'ils n'aient plus besoin de sommeil leur accordait des facultés augmentées, plus d'intelligence, moins de risque de dépression et bien d'autres choses ? L'hypothèse va à l'encontre de ce que l'on connait sur l'apport du sommeil aux individus, d'où son intérêt.

Cet atout compétitif serait recherché par les plus riches pour leur progéniture. Mais comment cette progéniture « optimisée » sera-t-elle reçue par la société ? Elle risque d'attirer autant la haine et la peur que l'admiration. On risque de les considérer comme des monstres, de les priver de droits civiques.
Cependant cette progéniture a les moyens de se défendre. du fait de la pression sociale, elle peut se regrouper, faire corps, se considérer elle-même comme espèce supérieure.

Nancy Kress brasse les thèmes du transhumanisme et de la peur de la différence au travers de Leisha, une Non-Dormeuse qui est aussi jumelle avec Alice, une fille tout à fait normale. Bien que la « rationalité froide » ait droit de cité, l'auteure conserve constamment une approche émotionnelle – à la manière d'un Robert Charles Wilson – en développant l'évolution des relations familiales et sociales de Leisha.
Cette situation intervient dans un contexte économique particulier : c'est le règne du Yagaisme, une forme extrême de libéralisme qui place la liberté individuelle et l'exploitation de tous ses avantages au pinacle. L'analyse de cette idée intervient en contrepoint de l'histoire principale. Nancy Kress procède en quelque sorte à un raisonnement par l'absurde : elle montre tous les aspects positifs de cette forme d'interaction sociale, mais petit à petit dézoome pour nous montrer que cette vision se concentre sur le sommet de la pyramide sociale et en ignore la base : la génération de la pauvreté, de l'échec.
La fin apporte plus une contradiction au Yagaisme qu'elle ne résout la situation pour les personnages. L'auteure nous montre la montée de la haine, de l'extrémisme dans les deux camps (les Non-Dormeurs et les autres) mais aussi le soutien, la compréhension, les actes généreux et gratuits.

Je trouve la traduction du titre très mauvaise. Le titre français a d'abord tendance à préparer le lecteur à une égalité de traitement des deux jumelles. J'ai même personnellement cru que l'on aurait affaire à un huis-clos familial. Mais non. Même si son rôle n'est pas négligeable, Alice a beaucoup moins droit de cité que Leishai qui est l'héroïne principale.
Le titre anglais, Beggars in Spain - « mendiants en Espagne », fait référence à un passage de la novella, mais aussi sous-tend la réflexion sur le libéralisme. J'ai été particulièrement perturbé par ce titre. Pourquoi les mendiants sont-ils « en Espagne » ? Ce pays est-il représentatif d'un pays du Tiers-Monde pour l'auteure ? J'ai même pensé un moment qu'il s'agissait d'une expression, comme nos « châteaux en Espagne », mais je n'ai pas trouvé d'autres occurrences que le titre sur Internet.

Mais cela reste un détail. Par son parfait mélange de péripétie et de réflexion, cette novella est une réussite.
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Une nouvelle très agréable à lire. le style est fluide et la trame est bien menée. Livre de science-fiction qui pose des judicieuses problématiques sur les rapports entre la société et les individus, le sort des minorités, des favorisés et défavorisés, avec des inversions bien vues. Des jumelles naissent, l'une ayant été modifiée génétiquement, l'autre pas. L'une ne dort pas, l'autre dort. L'une rêve, l'autre pas. En écrivant cela je m'aperçois que celle qui a la faculté de rêver n'est pas toujours celle qui dort et inversement. C'est en cela que j'ai beaucoup apprécié l'histoire d'Alice et de Leisha. de jolis prénoms pour ces petites filles. Alice et Leisha ont, selon certains sites, la même signification ''de genre noble''. C'est dans cet état d'esprit que le père des jumelles a vu Leisha, elle devait être une émanation parfaite de lui-même. Une individualité exemplaire qui pourrait porter en elle les réalisations qu'il n'avait pu parfaire, faute de temps... passer à dormir. Mais à quel prix ! Et pour le bien de qui ? Il a juste oublié qu'Alice signifie aussi vérité. En très peu de pages, Nancy Kress dresse non seulement une trame rigoureuse et un portrait fin des psychologies des différents personnages qui grandissent et deviennent adultes. Est-ce que les soeurs pourront s'aimer avec autant de différence et autant de traitement différencié ? Une bien jolie nouvelle.
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Que vous soyez sujets aux insomnies ou au contraire gros dormeur, une chose ne change pas : vous avez besoin de dormir. Or si cette période plus ou moins longue d'inactivité est vécue par certains comme un moment agréable permettant de faire le vide ou redescendre la pression, d'autres ne voient dans le sommeil qu'une perte de temps. Imaginez un peu tout ce que l'on pourrait faire en plus si notre corps n'avait pas besoin de ce temps de repos ? Aucune heure à consacrer au sommeil, c'est autant de temps passé à lire, à apprendre, à s'entraîner, à profiter de la vie.., bref, à aller au bout des capacités de notre corps et de notre cerveau. C'est en tout cas ce dont est persuadé Roger Camden qui entend offrir cette possibilité à sa future fille qu'il charge des spécialistes de modifier génétiquement directement dans le ventre de sa mère. Ce que le père exigeant n'avait cependant pas anticipé, c'est qu'un autre bébé parviendrait à se développer parallèlement au premier : or, si Leisha est bien ce qu'on appelle une « non-dormeuse », ce n'est pas le cas d'Alice qui, elle, a bel et bien besoin de sommeil. Novella bardée de prix littéraires plus prestigieux les uns que les autres (Prix Hugo, Prix Nebula, Grand Prix de l'Imaginaire...), « L'une rêve, l'autre pas » nous propose de suivre le parcours de ces deux soeurs au caractère diamétralement opposé et entre lesquelles se creuse un gouffre de plus en plus grand à mesure que l'on réalise les avantages que représentent le fait de ne jamais avoir à dormir. En seulement cent vingt pages, Nancy Kress aborde un certain nombre de thématiques qui interrogent aujourd'hui notre société et qu'elle traite avec beaucoup de finesse, qu'il s'agisse des dangers et potentialités de la mutation génétique, du communautarisme, ou encore de la différence et de ce qu'elle peut faire naître de pire ou de meilleure chez les individus.

La relation entre les deux soeurs est évidemment au coeur du récit, et si on se prend plus volontiers d'affection pour Leisha, on n'en suit pas moins avec beaucoup d'émotion l'évolution de leur relation. Nancy Kress possède une plume fluide mais aussi très sensible qui parvient sans mal à émouvoir le lecteur et donne vie à des personnages profonds et touchants (quand bien même les positions de certains ne les rendent pas particulièrement sympathiques). C'est le cas bien sûr d'Alice et Leisha mais aussi de leurs parents, l'un et l'autre reportant leur amour sur une seule de leur fille (la mère par rejet de la spécificité de l'une, le père par dédain pour la médiocrité de l'autre) ou encore des autres « non dormeurs ». Car à travers la vie de Leisha, c'est aussi celle de toute cette nouvelle communauté que l'auteur retrace, l'engouement et l'effervescence des premières années se transformant au fil du temps en méfiance, puis en peur et en haine dès lors qu'il apparaît que les capacités physiques et intellectuelles de ces enfants modifiés génétiquement surpassent de beaucoup celles des « simples » humains. La rapidité avec laquelle cette minorité se retrouve stigmatisée et envisage un repli sur elle-même est d'autant plus effrayante qu'elle paraît tout à fait plausible et c'est évidemment ce qui fait toute la force de ce texte. Malgré les drames qui s'accumulent dans le dernier tiers du récit, l'auteur prend malgré tout le parti de l'optimisme en refusant justement l'idée d'une séparation nécessaire entre les deux groupes et en mettant au contraire l'accent sur tous ce qui lient les individus les uns aux autres, quelque soit leurs différences. Un mot, pour terminer, sur l'aspect scientifique du récit qui est relativement léger mais est toute de même bien présent : jamais assez pour rebuter les lecteurs ayant peu de bagage dans le domaine, mais suffisamment pour lui apprendre des choses facilement assimilables sur le sommeil et certaines propriétés de notre anatomie.

Difficile de ne pas adhérer à l'engouement rencontré par ce texte lors de sa parution tant « L'une rêve, l'autre pas » propose une réflexion sensible et intelligente sur des sujets de société qui n'ont pas fini de nous interroger. A noter que cette édition proposée par la collection Hélios est agrémentée d'une brève interview de l'auteur permettant de retracer son parcours littéraire et de se faire une idée de ses thèmes de prédilection.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les riches ne modifient pas génétiquement leurs enfants pour être supérieurs – ils pensent que n'importe lequel de leurs rejetons est déjà supérieur. D'après leurs critères. Et les pauvres ne peuvent pas se l'offrir. Nous, les Non-Dormeurs, sommes issus de la bonne moyenne bourgeoisie, rien de plus. Des enfants de professeurs, de scientifiques, de gens qui attachent de la valeur à l'intelligence et au temps.
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Chaque semaine, le docteur Melling venait voir Leisha et Alice, quelquefois toute seule, quelquefois avec d’autres gens. Leisha et Alice aimaient toutes les deux le docteur Melling, qui riait beaucoup et dont les yeux étaient brillants et chaleureux. Souvent Papa était là, aussi. Le docteur Melling jouait avec elles, d’abord avec Alice et Leisha séparément et puis avec les deux ensemble. Elles les prenait en photo et les pesait. Elle les faisait s’allonger sur une table et collait de petites choses de métal à leurs tempes, ce qui semblait effrayant mais ne l’était pas parce qu’il y avait tellement de machines à regarder, qui faisaient toutes des bruits intéressants, pendant qu’on était couchée là. Le docteur Melling répondait aussi bien que Papa aux questions. Une fois, Leisha dit : « Est-ce que le docteur Melling est quelqu’un de spécial ? Comme Kenzo Yagai ? » Et Papa rit et regarda le docteur Melling et dit : « Oh, oui, absolument. »
Quand Leisha eut cinq ans, elle et Alice commencèrent à aller à l’école. Le chauffeur de Papa les emmenait tous les jours à Chicago. Elles étaient dans des classes différentes, ce qui désappointa Leisha. Les enfants de la classe de Leisha étaient tous plus âgés qu’elle. Mais, dès le premier jour, elle adora l’école, avec son équipement scientifique fascinant, ses tiroirs électroniques remplis de casse-tête mathématiques et d’autres enfants pour chercher avec eux des pays sur la carte. Au milieu de l’année, elle alla dans une autre classe encore, où les enfants étaient encore plus âgés, mais ils étaient quand même gentils avec elle. Leisha commença à apprendre le japonais. Elle adorait dessiner les magnifiques caractères sur de l’épais papier blanc. « L’école Sauley était un bon choix », dit Papa.
Mais Alice n’aimait pas l’école Sauley. Elle voulait aller à l’école dans le même bus jaune que la fille de la cuisinière.
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Il y a toujours eu des gens haineux, Stewart. Haïr les Juifs, haïr les Noirs, haïr les immigrants, haïr les Yagaiistes qui ont plus d’initiative et de dignité que soi. Je ne suis que le dernier objet de haine en date. Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas remarquable. Cela ne représente aucun schisme essentiel entre les Dormeurs et les Non-Dormeurs.
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Le couple était assis, l’air guindé, sur ses chaises Eames anciennes, deux personnes qui auraient préféré ne pas être là, ou bien une personne qui ne le voulait pas et l’autre que cela contrariait. Le docteur Ong avait déjà vu le cas.
En deux minutes, il en fut convaincu : c’était la femme qui résistait si fort en silence. Elle allait perdre. L’homme paierait plus tard, petit à petit, pendant longtemps.
« Je présume que vous avez déjà effectué les vérifications bancaires nécessaires, dit aimablement Roger Camden, alors passons tout de suite aux détails, d’accord, docteur ?
– Certainement, dit Ong. Pourquoi ne commenceriez-vous pas par me dire quelles sont toutes les modifications génétiques qui vous intéressent pour le bébé ? »
La femme bougea soudain sur sa chaise. Elle approchait de la trentaine – visiblement une seconde épouse – mais avait déjà l’air fanée, comme si elle s’épuisait à suivre le rythme de Roger Camden. Ce qu’Ong n’avait pas trop de mal à imaginer. Mme Camden avait les cheveux bruns, les yeux bruns, sa peau avait une teinte brune qui aurait pu être jolie si ses joues avaient eu un rien de couleur. Elle portait un manteau brun, ni à la mode ni bon marché, et des chaussures à l’air vaguement orthopédiques. Ong jeta un coup d’œil à ses notes pour y trouver son nom : Elizabeth. Il aurait pu parier que les gens l’oubliaient souvent.
À côté d’elle, Roger Camden rayonnait de vitalité, homme d’âge mûr dont la tête en forme d’obus ne s’harmonisait guère avec sa coupe de cheveux soignée et son costume italien en soie. Ong n’avait pas besoin de consulter ses notes pour se remémorer des informations au sujet de Camden. Une caricature de la tête en forme d’obus avait été l’illustration principale de l’édition électronique du Wall Street Journal de la veille : Camden avait mené un coup exceptionnel d’investissement en limites croisées d’un atoll de données. Ong ne savait pas très bien ce qu’était « un investissement en limites croisées d’un atoll de données ».
« Une fille », dit Elizabeth Camden. Ong ne s’attendait pas à ce qu’elle parle la première. Sa voix fut une seconde surprise : celle d’une Anglaise de la bonne société. « Blonde. Aux yeux verts. Grande. Mince. »
Ong sourit.
« Les gènes de l’aspect physique sont les plus faciles à obtenir, comme vous le savez déjà, j’en suis sûr. Mais tout ce que nous pouvons faire pour la « minceur », c’est de lui donner une prédisposition génétique en ce sens. La façon dont vous nourrirez l’enfant va naturellement… »
« Oui, oui, dit Roger Camden, c’est évident. Et maintenant de l’intelligence. Une haute intelligence. Et le sens de l’audace.
– Je regrette, Monsieur Camden : les facteurs de la personnalité ne sont pas encore assez bien connus pour permettre une manip…
– C’était juste pour voir », dit Camden, avec un sourire qui, d’après Ong, devait se vouloir enjoué.
Elizabeth Camden ajouta :
« Des aptitudes musicales.
– Encore une fois, Madame Camden, nous ne pouvons garantir qu’une disposition pour la musique.
– C’est bon, dit Camden. L’éventail complet de rectifications de tous les problèmes de santé potentiels liés aux gènes, bien sûr.
– Bien sûr », dit le docteur Ong. Aucun des clients ne parla. Jusque-là, leur liste était plutôt modeste, compte tenu de la fortune de Camden ; il fallait convaincre la plupart des clients de renoncer aux tendances génétiques contradictoires, à la surcharge d’altérations, ou aux espoirs irréalisables. Ong attendit. La tension montait dans la pièce. « Et, dit enfin Camden, aucun besoin de dormir. »
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Quatre hommes et trois femmes étaient assis autour de la table en acajou ciré de la salle de conférence. Docteur, avocat, grand sachem, pensa Susan Melling, regardant Ong puis Sullivan puis Camden. Elle sourit. Ong surprit son sourire et prit un air glacial. Connard guindé. Judy Sullivan, l’avocate de l’institut, se tourna pour parler à voix basse à l’avocat de Camden, un homme mince et nerveux ayant l’air d’appartenir au plus offrant. Son propriétaire, Roger Camden, le grand sachem en personne, était celui qui avait l’air le plus heureux de la pièce. Le petit homme mortellement redoutable (quelles qualités fallait-il pour devenir aussi riche, en partant de rien ? Elle, Susan, ne le saurait certainement jamais) rayonnait d’excitation. Il resplendissait, il flamboyait, si différent des futurs parents habituels que Susan en fut intriguée. En général, les pères et mères prospectifs – surtout les pères – se tenaient là, l’air d’assister à une fusion d’entreprises. Camden avait l’air de fêter un anniversaire.
Et c’était, bien sûr, le cas. Susan lui sourit, et fut contente qu’il sourie en retour. Rapace, mais avec une sorte de joie qui ne pouvait être qualifiée que d’innocente – comment serait-il au lit ?
Ong grimaça majestueusement et se leva pour prendre la parole.
« Mesdames et messieurs, je pense que nous sommes prêts à commencer. Des présentations seraient peut-être de bon ton. Monsieur Roger Camden, Madame Camden sont bien sûr nos clients. Monsieur John Jaworski, l’avocat de Monsieur Camden. Monsieur Camden, voici Judith Sullivan, la responsable du service juridique de l’institut, Samuel Krenshaw, qui représente le directeur de l’institut, le docteur Brad Marsteiner, qui n’a malheureusement pas pu être présent aujourd’hui ; et le docteur Susan Melling, qui a mis au point la modification génétique affectant le sommeil. Quelques points de droit intéressant les deux parties…
– Oubliez les contrats un instant, interrompit Camden. Parlons donc de cette histoire de sommeil. J’aimerais poser quelques questions.
– Que voudriez-vous savoir ? » dit Susan. Les yeux de Camden étaient très bleus dans son visage aux traits accusés ; il n’était pas tel qu’elle s’y était attendue. Mme Camden qui manquait, semblait-il, et de prénom et d’avocat, puisque Jaworski avait été présenté comme celui de son mari et non le sien, avait l’air soit boudeur soit effrayé, c’était difficile à dire.
« Alors nous devrions peut-être commencer par une courte introduction du Docteur Melling », dit Ong d’un ton aigre.
Susan aurait préféré un système de questions et réponses, histoire de voir ce que Camden aurait demandé. Mais elle avait assez contrarié Ong pour une séance. Elle se leva obligeamment.
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