À l'adolescence, mes soeurs et moi avions acheté le microsillon Petit Matin, titre éponyme d'une chanson qui jouait alors à fond à la radio (1975). Un album dont toutes les chansons sont magnifiques, avec ce petit quelque chose qui n'appartient qu'à
Sylvain Lelièvre et qui a bravé toutes les modes : des mélodies accrochantes, des arrangements somptueux et des textes puissants et évocateurs. Sa voix chaude et enveloppante, d'une justesse totale, vient enrober le tout pour donner relief à sa poésie. Et récemment, en écoutant ses versions jazzées de son répertoire, j'ai eu envie de découvrir l'homme derrière l'oeuvre.
Toi l'ami, cent regards sur
Sylvain Lelièvre se veut un album-hommage plus qu'une biographie conventionnelle. À ce titre, on a tout de même droit à quelques incursions sur la vie intime et personnelle du chansonnier mais l'accent est plutôt mis sur les commentaires de ceux qui l'ont connu et apprécié (fans, professeurs, collègues, artistes, famille et amis). J'y ai appris plusieurs choses, notamment qu'il ne vivait pas à plein temps de son art, ce qui le rendait libre dans ses choix artistiques. de plus, il était loin de l'être torturé et déséquilibré qu'on associe habituellement aux créateurs et en ce sens, on comprend mieux les éloges chaleureux à son endroit. Enjolivé de diverses photos disposées autour des textes recueillis, l'album ressemble étrangement à un scrap-book d'antan que l'on aurait déniché dans un grenier, une trouvaille riche en souvenirs.
Sylvain Lelièvre nous a quittés en 2002 mais il reste toujours vivant à travers sa musique et ses rimes et c'est tant mieux pour nous!