La religion est le terrain d'élection familial. L'enfant attend l'événement qui doit le bouleverser: sa communion... Or voici que rien d'espéré n'arrive... Décidément la réalité n'est pas à la hauteur de l'imagination ! Le rêve seul apportera un semblant de solution: une église y volait en éclats sous l'obus foudroyant d'un excrément de Dieu. Encore aurait-il voulu pouvoir en discuter ! Mais sur ce point sa mère, dans laquelle il voit également deux personnalités, l'une aimante et simple aux traits de bonne matrone suisse, et l'autre redoutable, ne peut guère l'aider. Quant à son père, "en matière religieuse il avait horreur de toute pensée parce qu'il était la proie de doutes profonds et déchirants. Il se fuyait lui-même, c'est pourquoi il insistait sur la Foi aveugle qu'il lui fallait atteindre par un effort désespéré et une contraction de tout son être."
Désormais, Jung confondra de plus en plus la libido avec l'ensemble de l'énergie psychique et cherchera de plus en plus un sens métaphysique à la vie. Freud au contraire, usa du narcissisme, de l'amour de soi, pour éviter de doter le Moi lui-même de propriétés sexuelles et pourtant garder son caractère sexuel à la libido. La surestimation du Moi, que l'on trouve chez les primitifs comme chez les névrosés, explique pour Freud la toute-puissance des idées qui domine à la fois dans la religion et dans la magie. Il envisage une libido, tantôt narcissique, tournée vers le sujet, tantôt objectable, investie dans des objets. Il demeure dualiste. Il y a le conscient et l'inconscient. Le principe de plaisir et le principe de réalité. Le Moi et le Ça. L'instinct de vie et l'instinct de mort.
la pierre à la fois est et renferme l'insondable mystère de l'être, la quintessence de l'esprit. C'est en cela qu'obscurément je ressentais comme une parenté avec la pierre. Dans les deux, dans la chose morte et dans l'être vivant, gisait la nature divine". Et encore: "Il est important que nous ayons un secret et l'intuition de quelque chose d'inconnaissable."
Deux guerres et plusieurs révolutions, politiques et technologiques, ont bouleversé le monde depuis la rupture de Freud avec Jung. Tous deux vivront très vieux, auréolés de gloire. Freud demeure le maître incontesté de la psychanalyse dans le monde et le "patron" direct des écoles psychanalytiques françaises les plus hardies, les plus novatrices. Jung a fait souche, principalement d'ailleurs aux Etats-Unis. Leurs disciples continuent à s'affronter. Les Freudiens trouvent "incontrôlables" les vues métaphysiques des Jungiens. Les Jungiens trouvent "étroites" les limites de l'analyse freudienne et accusent leurs vues de "matérialisme sordide du XIXe siècle".
À cinq ans il est "initié aux mystères de la terre" par son premier rêve mythologique d'un ogre phallique assis au milieu d'une cave sur un trône d'or. Sa vie religieuse s'en trouve perturbée: pour lui l'ogre ne peut être que le Jésuite entrevu peu auparavant, l'homme noir qui sortait de la forêt et lui avait fait si peur.