Seule Venise de
Claudie Gallay, le roman d'une renaissance dans une Venise hivernale.
La narratrice, dont cette fois encore nous ignorons le nom, vient d'être quittée par son compagnon. Elle s'isole, elle s'enterre avant de se décider à tout quitter.
"Personne n'a étudié la douleur des humains quand ils sont ferrés du ventre. Cette impression de brûler, de se vider tout en restant vivant".
C'est à Venise qu'elle échoue.
Là, au fil des ruelles humides et des canaux, elle refait doucement surface. Chez Luigi, qui tient la pension de famille où elle loge, elle rencontre une danseuse et son amant "encore pris l'un dans l'autre. Jeunes, serrés. Accrochés. La vie ne leur est pas encore passée dessus" et un prince russe en fauteuil roulant dont la vie de dévoile au fil des pages.
Des liens se tissent entre confidences et silences, espoirs et déceptions.
Les mots sont justes.
Au hasard d'une de ces promenades, au cours desquelles elle compose un bouquet de trésors à offrir au prince (de la terre, une sous-tasse en papier, une boule de neige...), elle rencontre Dino Manzoni, le libraire au chat. Irrésistiblement attirée par cet homme, elle offre ses silences à l'écoute des passions de celui qui l'entraîne dans la lecture et la découverte de la ville, de l'art et de l'oeuvre de Zoran Music, peintre de Dachau.
"Il est des êtres dont c'est le destin de se croiser. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour ils se rencontrent".
Et dans cette Venise vide de touristes, offerte à l'eau et aux froides journées qui précèdent et suivent les fêtes de fin d'année, les chemins se croisent, les destins se mêlent, parfois intimement.
"Je crois qu'on est ensemble, déjà. Qu'on a sa place dans la vie l'un de l'autre. Même s'il ne se passe rien. Même si on ne se touche pas."
Les personnages apprennent les uns des autres, découvrent des sensations, des histoires.
Le prince est un personnage particulièrement riche et avide de faire partager ses expériences.
"Chaque vin que vous buvez doit vous rappeler un vin déjà bu, un parfum, une terre. de même que chaque chose que vous apprenez doit se rattacher à quelque chose que vous savez déjà. C'est ainsi que le savoir se construit."
Les histoires des différents protagonistes se décrivent avec pudeur sous la plume vive de
Claudie Gallay. Chapitres brefs, phrases courtes comme un cri. Beaucoup d'émotion, de sensibilité dans ce très beau roman que je viens de relire mais à voix haute cette fois, pour le partager avec mon auditrice préférée. le style rapide se prête vraiment bien à la lecture à haute voix. le plaisir a été entier, partagé.
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