Là où une série conventionnelle révèlerait que le Village est contrôlé par les Soviétiques (nous sommes encore à l'époque de la guerre froide), Le Prisonnier est une critique de la société en général et celle de la Grande-Bretagne en particulier (ce n'est pas un hasard si le Village parodie l'art de vivre de la bourgeoisie anglaise.) Le feuilleton dénonce la surveillance des citoyens, l'emprise des médias (paradoxalement, par le canal d'une série télévisée), le conditionnement social qui conduit au conformisme, la parodie de démocratie... Le Prisonnier est individualiste, il veut être considéré comme une personne, mais est-ce possible ? Jusqu'où un individu peut-il accepter d'être « fiché, estampillé, enregistré, classé, déclassé, numéroté » ? Peut-on se sentir libre dans une société où la satisfaction des besoins matériels a pour contrepartie une certaine docilité et où la révolte est sanctionnée par l'ostracisme ou pire ? Ces interrogations sont transposables à tous les pays et régimes démocratiques. En cela, le feuilleton acquiert une dimension universelle et intemporelle.
Extrait de « Le Prisonnier, feuilleton dystopique » de Franck Zaïtchick Jammes