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3,6

sur 148 notes
La plume si élégante et sensible d'Anne-Marie Garat me subjugue toujours autant, certains extraits méritent d'être lus à haute voix. En revanche, l'histoire met beaucoup de temps à s'installer. Il s'agit des origines du personnage et de la quête d'Onayepa, ou d'Anaïs Ardenne, la mère de l'héroïne du "Grand Nord-Ouest". Dans ce livre, elle m'a cependant semblé détestable et sa quête démystifiée par sa cruauté et sa folie. Adopté dans la petite commune du Mauduit, ce personnage insaisissable se retrouve au coeur d'une histoire-fleuve dont la source reste mystérieuse en dépit des pans, réels ou inventés, qui nous sont dévoilés par Lottie, sa nourrice devenue vieille dame. Contrairement au roman d'aventure qui m'avait tant plu, ce livre est le récit d'une famille, de ses secrets aussi longs et tortueux que la Flane qui coule derrière la maison des Ardenne. J'ai fini par sauter des mots, puis des pages... Par moments, la narratrice raconte l'histoire de Lottie, qui raconte l'histoire de quelqu'un qui raconte à son tour son histoire : on finit par s'y perdre, ainsi que dans l'arbre généalogique des uns et des autres. C'est un roman assez sombre sur la mémoire et la transmission, qui a mis ma patience à l'épreuve en dépit des décors somptueux.
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J'y suis rentrée confiante , dans ce roman d'aspect plutôt engageant et d'une longueur raisonnable pour moi qui n'aime pas les pavés .
Une cinquantaine de premières pages pour me mettre dans l'ambiance commencent à me faire douter de mon choix ....Que nous raconte-t-elle ? On parle la même langue ? Bon , pas de doute , il faut que je m'accroche pour capter ce discours emberlificoté et rentrer dans l'histoire .....
Histoire qui , au fil des pages vous ensorcellle , captivante et mystérieuse ! Je sens que je deviens accro , comme avec une bonne série ! C'est qu'elle a plus d'un tour dans son sac cette magicienne des mots .....Alors emportée par le cours débordant d'une histoire trop longtemps contenue , je lâche mes défenses et sans réserve je me laisse glisser dans la narration ...
Je retrouve mon âme d'enfant , on navigue dans la chevauchée du temps ! J'adore cette Lottie qui raconte , personnage principal du roman qui n'existe que dans les contes et les consciences collectives ....
Celle qui détient le savoir , la connaissance , le secret des familles ,
Celle qui détient le pouvoir de jouer avec le sens de l'hsitoire et d'offrir ce qui lui plait comme vérité , au gré de sa fantaisie de petite sorcière fantasque et irrévérencieuse ....Facétieuse au regard d'une longue vie de peines et de douleurs , c'est bien là une grande sagesse pour ne pas se noyer dans les tourments de la culpabilité et du regret ....
Choisir une parfaite inconnue pour offrir sa dernière vérité qui n'est peut-être que pur produit d'une imagination débridée , c'est aussi sa dernière liberté , une dernière audace !
Et comme le hasard chez Anne Marie Garat n'existe que pour se tourner vers la magie , il ne nous étonnera guère , à nous lecteurs , d'accepter que l'inconnue soit liée à cette toile baroque d'une histoire qui finit par se perdre dans des circonvolutions de plus en plus difficile à suivre ....Oui oui , elle exagère Anne Marie , elle n'en finit pas de finir !
Alors oui , Anne-Marie Garat j'aime votre audace , j'aime lire votre plaisir de jouisseuse des mots , votre imaginaire débridée , votre insolence dans cette écriture syncrétique charmeuse souvent , lourdingue et irritante après 300 pages ....L'inélégance affichée et revendiquée dans ce style baroque unique ! C'est peut-être bien ce qui m'a plu d'ailleurs ! L'irritation que j'ai ressenti à certains moments de ce "trop ; c'est trop" , a sans aucun doute quelque chose de positif ! C'est là votre talent et votre force !
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C'est à reculons que je suis entrée dans le monde d'Anne-Marie Garat. Il m'a fallu un peu plus de cinquante pages pour apprivoiser son style. Mais quand la "clé" de son écriture m'est apparue, je me suis immergée totalement, infiniment, presque béatement dans cette Source qui nous invite aussi à découvrir la nôtre. J'ai hâte de découvrir un autre de ses livres.
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Voyage au creux des phrases et des mots, on croit s'y perdre puis en remontant la source et l'histoire des deux héroïnes, on part dans un voyage tortueux parfois, haletant souvent dans l'espace et dans le temps.
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Une entrée en matière plutôt ardue pour se faire au style parfois poétique laissant une première impression d'affectation et de maniérisme. Depuis 'belle lurette' en 'gadoue' emporté par des phrases circonvolutives de pas moins de six subordonnées inversées et rythmées, franchi le seuil de résistance initiale et initiatique, le lecteur se laisse emporter par une histoire parmi les plus belles composée avec l'habileté d'une grande plume. Excellent roman où passé, présent et avenir ne sont que le banal artifice des esprits médiocres, notre réalité construite par les révélations au hasard d'une page tournée.
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La source que de synonyme source de la Flane rivière de Franche Comté , la source de l'existence tout coule dans ce roman plein de nature et de mystère avec un peu d'histoire de l'époque ( Fachoda, le Tonkin, la grande guerre) et Lottie qui conte leur généalogie . Un beau bijou de vocabulaire.
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Il y a des écrivain(e)s qui ont de belles histoires à raconter, intéressantes et enthousiasmantes ; le style par contre n'est pas toujours là... Et il y a des écrivain(e)s qui écrivent très bien, mais qui n'ont pas vraiment grand-chose à dire ; alors on s'ennuie un peu et le livre nous tombe des mains...
Anne-Marie Garat, formidable auteure peut-être pas assez connue, possède à la fois une écriture magnifique et des choses passionnantes à raconter ! Dans ce livre-ci, elle nous raconte l'histoire de Lottie : au début, une petite fille de douze ans maligne comme tout et qui n'avait pas ses yeux dans sa poche ; elle a vu un jour passer devant la barrière de sa ferme une "créature à deux têtes" - il faut dire que Lottie est souvent en train de "béer" - un inconnu portant un bébé sur son dos se rendant sans hésiter au domaine des Ardenne. La grande demeure étant vide, les Ardenne et le personnel absents, le voyageur dépose l'enfant, un portefeuille et une timbale d'argent aux initiales FA, et repart emportant un objet.
C'est Lottie qui sera la nounou du bébé grâce à son doigt magique sucé avec ardeur, une petite fille nommée Anaïs, qui d'après Madame Ardenne serait l'enfant de son fils François, parti depuis plusieurs années au Canada ; Lottie a subtilisé une enveloppe contenue dans le portefeuille de l'homme qui a apporté le nourrisson, mais il y reste un papier déclarant la naissance d'une petite Onayepa Anaïs, le 31 janvier 1904 d'une mère "native" décédée et de François "Arden", ainsi qu'une photo montrant un homme habillé en trappeur et son nouveau-né emmailloté, sur le seuil d'une cabane pleine de neige, exactement comme celle de la boule de verre que Lottie avait remarquée parmi les bibelots de la maison.

Insensiblement, au fil des pages, le récit change : c'est Lottie qui raconte et on comprend qu'elle parle à quelqu'un, une amie sans doute, elle-même en train de raconter l'histoire à son conjoint, Abel ; et donc, le lecteur suit en parallèle de celle de Lottie, l'histoire de cette jeune narratrice partie habiter Vancouver, dont la vie va se retrouver étrangement liée à celle de Lottie Carmeaux. Cette jeune femme est venue - ou plutôt revenue - dans le petit village de Mauduit (Franche-Comté) où elle a passé quelques temps enfant ; elle est professeur de géographie humaine à l'université et vient préparer une enquête de terrain à confier à ses étudiants. Elle loge chez une Lottie alors très âgée, qui devant le dîner puis le feu du soir, déroule sa vie, celle d'Anaïs et des Ardenne, tout en prévenant que souvent elle invente et qu'il ne faut pas la croire sur parole.
Mr Fernand Ardenne était un ancien militaire qui vivait dans un asile d'aliénés, et dans la grande maison il y avait à l'époque Mme Vitalie Ardenne qui dirigeait la propriété, deux tantes anciennes religieuses et infirmières venues vivre là, Delphine la principale bonne et le reste du personnel dont Lottie ; et au centre, la petite Anaïs, qui séduit tout un chacun par son charme et sa beauté extraordinaire.
Extrait p 148 : " Il fallait nicher au sein de cette famille et bien observer, comme je le faisais de tout dans cette maison, pour entrevoir que Vitalie ne les (les tantes) tolérait pas par bonté d'âme, que sa mansuétude à leur égard, et la leur envers elle, habillait un commerce sans merci, et sans même connaître à cette époque quel secret les liguait toutes trois, je sentais palpables entre elles les ondes d'un monde parallèle, duquel Anaïs était le centre. Et moi j'avais décidé par gravitation et révolutions successives de m'approprier cette enfant, quitte à la leur voler."

Un médecin est arrivé dans le bourg de Mauduit, le docteur Maître-Grand, dont les enfants (trois garçons et une fille) jouent souvent avec Anaïs ; les enfants grandissent, Anaïs aussi, et peuvent tomber amoureux... et certains révéler alors leur vraie nature.

Mais la spectatrice qu'est Lottie se pose bien des questions : Anaïs est-elle bien la fille de François Ardenne ? Pourquoi François a-t'il fuit si jeune et n'est-il jamais revenu dans sa famille ? Quel secret lie Vitalie à ses tantes ?
Et sa jeune amie, la professeure d'université, s'en pose beaucoup également, en particulier Lottie fut-elle vraiment capable de commettre un meurtre pour garder Anaïs ?
Jouant sur des époques différentes, Anne-Marie Garat fait progresser son récit par les questions que se posent les protagonistes ; un nom revient brusquement à la mémoire de la géographe, Luçon ; une petite ville de Vendée, un cimetierre, elle joue sur une tombe avec des perles. Pourquoi devient-il soudain urgent de s'y rendre, de retrouver ce lambeau de mémoire perdu ? Pour trouver quoi ?

Elle rencontre par hasard à Vancouver où elle est enfin nommée, Abel Maître-Grand, le petit-fils du bon docteur du Mauduit (!) et le fils de Jacques, pionnier de l'éthnologie amérindienne... Jacques, l'amoureux d'Anaïs pendant une période, celui qu'elle a fait tomber volontairement d'un cerisier et qui blessé à vie, n'est pas parti mourrir à la guerre de 39-45 comme ses frères...

Extrait p 112 : " ... il fallait plisser les yeux pour percevoir quelque détail disséminé dans la profusion du visible et je repensai à la paire de jumelles empruntée à Fernand par Lottie qui lui avait permis, disait-elle, de comprendre qu'on ne voit rien par soi-même si bons soient nos yeux, qu'au contraire l'acuité abuse, qu'il faut parfois l'égarer pour percer au-delà de la réalité, s'évader de soi par quelque ruse, de loupe ou de rêverie, et j'avais en effet le sentiment que le paysage dans sa splendeur cachait d'autres échelles de grandeur, cosmiques et microscopiques, condensées dans ce coin de campagne, l'intégrale présence du monde comprise dans l'accidentel aspect de ce jour."

Il y a énormément de choses dans ce livre foisonnant : nos relations avec notre propre enfance et les souvenirs que nous en gardons, l'accueil de l'autre, de l'étranger, les secrets de famille, les conséquences - encore - des guerres, le mensonge et la vérité, et de l'humour, souvent ; et surtout l'amour de la lecture :
Extrait p 184 : " le seul aspect des pages imprimées m'évoquait la promesse d'une liqueur forte qui se déversait en moi, assoiffée d'en savourer le liquide, de m'en gargariser, c'était dans ma gorge et dans ma bouche que les mots, les pages faisaient ce bruit de rocaille, de torrent d'eau froissée qui clapote et furieuse s'évade à toute vitesse... et cela allait, allait des heures entières, étourdissantes de lecture."

Un vocabulaire riche, original et toujours très bien adapté ainsi qu'un style magnifique ( la montée de Lottie à la recherche de la source de la Flane est remarquable) donnent au récit une tonalité très prenante ; recréant tout un monde dans lequel nous sommes attirés et finissons par pénétrer, l'auteure nous libère éberlué(e)s et ravi(e)s à la fin du récit.

Ce serait bien dommage de manquer cette lecture !
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Ardu (langue pleine de néologismes littéraires, phrases longues), lent, mais beau et poétique
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Nous sommes en Franche- Comté, dans un petit village, Mauduit, la narratrice professeur d'université s'y rend pour avoir l'accord du maire, afin que ses étudiants puissent venir consulter les archives.
A Mauduit, il n'y a rien. Sur les conseils de la secrétaire de mairie, elle se rend chez Lottie, qui parfois accueille des randonneurs.
Lottie est une nonagénaire qui habite seule une vieille maison de la famille Ardenne, près de la rivière.
Lottie va se dévoiler peu à peu et raconter sa vie, les bons et mauvais moments . Elle livre la clé des destins des hommes emportés par l' Histoire.
La narratrice passe du temps ici, pour retrouver son passé. Elle est sur les traces de son passé familial tortueux. Peut-être aura-t-elle des réponses ?
L'écriture d' Anne-Marie Garat ensorcelle le lecteur. On ne restera pas dans ce coin de France, l'aventure continuera dans des contrées lointaines, le Grand Nord Canadien, puis les forêts de Yukon apparaissent dans une boule à neige.
« Il faut parfois remonter le temps à sa source pour comprendre un peu mieux le présent des choses, murmure Lottie en jetant dans le feu une brassée d'ajoncs et de bruyère sèche. »
Lien : https://livresdunjourblog.wo..
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D'une écriture toujours aussi magique mais encore plus poétique, l'auteure nous emmène au fin fond d'un village de Franche-Comté, dans une demeure saisissante habitée par une nonagénaire, à l'écoute de secrets de famille tous plus surprenants les uns des autres mais tous liés. Avec la narratrice, nous remontons le cours de ces histoires pour en trouver la source et peut-être changer certain destins. La construction des phrases peut en ébranler plus d'un mais la richesse des mots est un vrai délice. A consommer d'urgence sans modération pour se sentir en vie.
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