Dans «
La maison d'à côté » à la lecture des premières lignes, l'attention du lecteur est immédiatement accaparée. En effet, figure de style osée,
Lisa Gardner fait parler sa victime Sandra Jones. Osée, car la maîtrise de l'auteure réside dans cette capacité à enfoncer le lecteur dans une toile mouvante où chaque phrase lâchée provoque des remous d'interrogations avec un rythme effréné.
Le lecteur devient enquêteur à part entière , comme s'il menait ses propres investigations en parallèle avec l'inspectrice chargée officiellement de l'affaire D.D. WARREN, qui elle-même est confrontée à une foule de suspects qui pourraient tous avoir une bonne raison de faire disparaître Sandra Jones. Mais le « boulot » du lecteur est ardu, car notre machiavélique
Lisa Gardner ne se contente pas de nous livrer les pensées de sa victime, elle nous immisce également dans les raisonnements et agissements de chaque personnages, comme pour nous dire : »alors, vous avancez, c'est plus clair ? » Et bien non Madame Gardner, c'est à en devenir carrément paranoïaque, toutes ces confidences ne nous aident pas bien au contraire, on passe du doute, à l'accusation, puis à nouveau au doute, puis à la culpabilité, et puis au final on ne sait plus…
Au fur et à mesure que l'intrigue avance le nombre de suspects potentiels augmente car même si les personnages semblent se dévoiler c'est pour mieux nous faire ressentir le poids de leurs secrets!
Lisa Gardner bâtit son intrigue autour de sujets brûlants, angoissants mais avec beaucoup de classe, de pudeur et de sensibilité. Pourtant l'inceste, la pédophilie, la réinsertion des délinquants sexuels sont des thèmes sordides et difficiles à évoquer sans choquer, l'auteure les aborde avec finesse et beaucoup de justesse.
Le terrible pouvoir du web plane sur le roman, c'est vrai qu'un écran peut devenir un enfer dans certains cas, on ne connaît pas toujours les limites et parfois cela peut devenir un cercle infernal.
Le poids des secrets au tréfonds de certaines familles, ces secrets que l'on garde comme des trésors maléfiques parce qu'on a peur de les affronter. Se pourrait il que l'on vive avec un proche et se rendre compte que finalement on ne sait rien de lui.
Lisa Gardner n'en fait jamais de trop, elle ne s'encombre pas de scènes sordides ou sanglantes pour laisser planer ce climat d'angoisse et c'est là que son écriture est grandiose.
C'est un roman dont j'ai trouvé l'intrigue excellente, intrigue qui m'a tenue en haleine sans aucun point mort, il m'a par certains aspects rappelé les romans d'
Agatha Christie, des huis clos où chaque personnage pourrait être coupable, des histoires où les suspects en s'alliant pourraient avoir commis le crime au même moment.
J'ai un tout petit regret pour la fin qui m'a laissée sur ma faim!
Un coup de coeur tout de même pour l'intrigue, originale, toute en finesse et froidement angoissante.
Un grand merci à Partage Lecture, aux éditions Albin Michel .