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4,1

sur 1034 notes
Pas la peine de prendre des gants: Chien blanc est tout simplement le livre définitif sur le racisme.
Définitif en ce que loin de se contenter de dénoncer la ségrégation des noirs et leur mise au banc social de la société américaine, il analyse la culpabilité blanche bien pensante qui en résulte et son exploitation par les extrémistes de toutes les couleurs.
Définitif parce que Gary met à nu, au travers de nombreuses péripéties et anecdotes d'une richesse émotionnelle incroyable, une machinerie d'une complexité telle que le phénomène ne semble pouvoir se prendre par aucun bout, se traiter par aucun moyen.

Dans cet ouragan de haine et de violence, de bonnes intentions et de cyniques calculs, de mauvaises consciences et de bonnes âmes, on croise Marlon Brando, Jean Seberg, Martin Luther King, Les black Panthers, La guerre du Vietnam et Mai 68 comme l'actor's studio, et aussi bien les ghettos noirs que Beverly Hills. Un des moments les plus passionnants de l'histoire américaine.

Définitif car la conclusion du récit est plus que noire, plus que tragique: désespérée. A se demander si Gary n'avait pas déjà un doigt sur la gâchette quand il a écrit cette fin.

Un livre d'un pointillisme indispensable en ces temps simplificateurs et manichéens.
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1968, aux Etats-Unis, à Beverly Hills. de retour après une escapade en liberté, Sandy le chien du narrateur rentre accompagné d'un grand et fort berger allemand. Ami des animaux, il l'accueille, le nomme Batka. L'animal a priori bien dans sa nouvelle demeure va soudain se transformer en fauve lorsque se présentent successivement deux employés noirs pour effectuer des travaux d'entretien. Batka révèle ainsi sa véritable identité de « white dog », un chien dressé pour tuer les humains noirs. Conduit au chenil, le chien est pris en charge par Key, lui-même noir, censé lui extirper sa haine .

Ecrit dans un contexte de l'assassinat de Martin Luther King, de l'embrasement de Washington et de l'Amérique en général, des divisions de la société américaine, aux côtés de son épouse Jane Seberg fervente militante, l'auteur émet une vive critique des militants qui utilisent leur militantisme visant à « soulager leur conscience ». Je sais qu'il y a dans les ‘bons camps' autant de petits profiteurs et de salauds que dans les mauvais ». Il pointe également le rôle parfois ambigu des médias (sans les réseaux sociaux à l'époque…). Dans ce « récit-roman », le racisme n'est donc pas le seul thème, la bêtise et « la connerie » humaine y tiennent de grands rôles.

De cette relecture, j'ai mesuré plus que jamais l'écriture touchante de sensibilité, d'ironie, d'optimisme, de réalisme offerte dans ce roman, comme en général dans l'oeuvre de Romain Gary. A lire et à relire, en 2023, il reste d'actualité.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Beaucoup de beaux retours sur ce livre étonnant ! Inutile d'ajouter une chronique. J'y suis venue juste pour le titre, sans en connaître du tout le contenu, juste parce que j'ai un chien depuis peu...et quel livre ! Vraiment intelligent, un de ces bouquins qui régale les neurones ! Féroce, drôle, lucide.
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Une magnifique métaphore sur le racisme, dans un style alternant le désopilant et le philosophique. Romain Gary a choisi de se placer au centre de l'histoire et nous le suivons dans sa vie privée. Les évènements s'enchaînent et nous découvrons la société de 1968, tant aux Etats-Unis qu'en France, ou encore au Vietnam. le peuple Noir se rebelle contre l'oppression et le chien "Batka" est un magnifique symbole pour illustrer ce récit. A lire absolument!
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Tout commence par la rencontre avec un chien...
Cette fois encore, le récit est autobiographique. Gary vit à Los Angeles avec sa femme, Jean Seberg, actrice. Ils ont une grande maison pleine d'animaux. Gary adore les animaux. N'écoutant que son coeur, il adopte illico le gros chien sans collier tout trempé qui vient se présenter à sa porte. C'est un beau berger allemand, doux et affectueux. Quelques jours après son arrivée à la maison, le chien attaque l'homme chargé de l'entretien de la piscine. Puis un livreur. Il ne faut pas longtemps à Gary pour comprendre que le gentil toutou n'est pas un chien ordinaire, il a été dressé à l'attaque. C'est un chien blanc: un chien de flic dressé à attaquer les noirs. Gary est profondément choqué par le dressage dont le chien a fait l'objet. Il se rend dans un chenil spécialisé pour faire re-dresser le chien. Impossible, trop tard, lui dit-on. Guérir le chien de la haine qu'il a en lui devient alors son obsession, pour ne pas faire piquer le chien mais surtout pour le symbole. On est en 1968, en pleine guerre du Vietnam, les mouvements civiques contre la ségrégation sont très actifs, Martin Luther King est assassiné, les émeutes raciales embrasent le pays. A la maison, Jean est très investie dans la cause noire. Elle donne beaucoup de temps et d'argent à des associations. Elle est constamment sollicitée, mais aussi beaucoup critiquée, on l'accuse (à tort) de vouloir soigner son image, de manquer de sincérité. On la menace de mort aussi.

Chien blanc est un récit assez touffu bien que court (220 pages), plein de personnages secondaires, notamment des militants de tous bords. Bien sûr, l'histoire du chien est emblématique, elle permet à Gary d'élargir la réflexion, de revenir sur l'histoire passée et actuelle des noirs aux États-Unis, de faire une étude de la société américaine. N'oublions pas qu'il est diplomate et qu'il voyage beaucoup, il a une vision du monde très globale, beaucoup de recul sur la situation (d'autant plus qu'il n'est pas américain). Pour ça, ce livre est hyper intéressant.

Cependant, j'ai été un peu gênée par le ton de l'auteur. Gary semble se sentir vieux et las dans ce livre, bien qu'il n'ait que 54 ans. Par moments, il est si désabusé et blasé de ses frères humains qu'il en vient à préférer la compagnie des animaux. Il humanise énormément ses amis à 4 pattes et ne cesse de raconter des petites anecdotes à leur sujet. Au risque de me mettre la SPA (et plein d'autres) à dos, je dois avouer que ça m'a agacée. Gary choisit un thème hyper ambitieux, développe son propos en prenant plusieurs angles d'attaque, plusieurs point de vue - des militants, des politiques - et il le fait vachement bien! Puis de conclure que les hommes sont vraiment des salauds avec leurs guerres et leur haine alors que les chiens...méritent vraiment tout l'amour qu'on leur porte. Je schématise évidemment. Mais vraiment...pour moi il y a trop de sentiments dégoulinants d'affection pour les animaux et de froideur vis à vis de l'Homme dans ce bouquin.

En fait, j'avais espéré (même si le thème ne s'y prête pas) retrouver l'humour et le ton que j'avais tant aimés dans la promesse de l'aube. D'où ma déception.

Je n'ai lu que des critiques élogieuses sur Chien blanc, il est donc probable que l'amour de Gary pour les bêtes (mais pas pour les humains) n'a dérangé que moi. Et il serait dommage de se priver de cette lecture pour cette raison, d'autant plus qu'il y a vraiment plein de bonnes choses dedans.
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Ce roman, en grande partie autobiographique, met à jour ce qui est sûrement la plus grande bêtise de l'être humain : le racisme et toutes les hypocrisies qui vont de pair.

L'histoire se situe dans l'année très tourmentée de 1968, lorsque Roman Gary vivait aux Etats Unis en compagnie de sa femme, la comédienne, inoubliable dans « à bout de souffle » de Jean-Luc Godard et qui mourra bien plus tard dans les années 70 dans des circonstances étranges, Jean Seberg, très engagée dans toutes les luttes en faveur des droits civiques. Un beau jour, ils recueillent un chien qui semble abandonné, ils découvrent petit à petit que ce chien, qu'ils ont baptisé Batka, a été dressé pour tuer les noirs. Gary décide de tout faire pour tenter de le désaliéner de cette éducation pleine de haine et le confie donc à une personne qualifiée dans ce domaine, une personne noire de peau.

Après une fin inattendue, ce livre révèle l'humanisme dont pouvait faire preuve Romain Gary, que ça soit pour les êtres humains comme pour les animaux car il prétendit à un moment donné qu'une personne aimant les animaux ne pouvait être foncièrement ou tout à fait misanthrope.
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Dans son oeuvre, Romain Gary démontre souvent de sa foi incorrigible en l'être humain, en lui même, son espoir définitif en la vie, malgré tout.

Ce roman-ci est très différent à mon sens, mais pas moins authentique. J'ai eu l'impression d'être face à un vomissement, si vous me passez l'image peu ragoutante.

Gary dresse un portrait réellement au vitriol des Etats-Unis des années 60, au moment de l'assassinat de Martin Luther King. Vitriol qui n'épargne personne : lui-même, sa femme, leur relation absurde par moment, les blancs, les noirs, ceux qui récupèrent une cause juste de façon ignoble, les ignobles qui ont des réflexions justes. Personne n'est épargné.

Je parle de vomissement car on sent l'auteur véritablement désabusé, dégouté de ce à quoi il assiste, de lui même, tout en étant conscient de ne pas pouvoir se séparer de ce pays avec lequel il est toujours en amour. Conscient de ne pas savoir se séparer de lui-même, de ses rages, son impuissance, sa propre bassesse,...

Comme a son habitude, Gary ne se laisse pas décontenancer par les sentiments contraires et l'incohérence de l'esprit humain. Il exprime à merveille ses propres contradictions ainsi que celles de la société américaine, tout en prenant comme parabole un "chien blanc" c'est à dire un chien dressé pour "agresser (voir tuer) du noir".

C'est d'une intelligence magnifique évidemment (vous l'aurez compris, j'aime Romain Gary), mais c'est plus dur et moins optimiste que ses romans plus connus comme La vie devant soi.

Si vous découvrez Romain Gary, je ne commencerais pas par celui-là, mais si vous aimez l'auteur, ce roman me parait un incontournable pour (tenter de) comprendre qui il était.
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J'ai été subjugué par « Chien Blanc », un récit de Romain Gary publié en 1970 et qu'on trouve aujourd'hui en format de poche chez Folio. L'auteur se trouve à Los Angeles au début de l'année 1968 et il recueille un chien errant. Il se trouve que ce berger allemand est un « chien Blanc », spécialement dressé par la police des Etats du Sud des Etats-Unis pour s'en prendre aux Noirs qui manifestent pour l'égalité des droits. Il est probablement issu d'une lignée de chiens qui pourchassaient les esclaves en fuite. le chien est placé dans un chenil où l'un des aides du propriétaire va s'occuper du chien pour qu'il ne s'en prenne plus aux Noirs, cet aide étant lui-même Noir. En parallèle des péripéties liées au chien et à son dressage, l'auteur nous raconte les émeutes raciales qui secouent les Etats-Unis en 1968 ainsi que les « évènements » de Paris en mai de la même année.
Ce que j'ai trouvé de vraiment formidable dans ce livre c'est le mélange entre le récit historique, et l'auteur n'est pas n'importe quel observateur puisqu'il a été notamment consul général de France à Los Angeles, le récit autobiographique de cette année avec Jean Seberg entre Paris, Washington et Los Angeles et les analyses qu'il fait des émeutes raciales aux Etats-Unis comme des manifestations étudiantes et ouvrières à Paris. L'auteur semble constamment partagé entre la sympathie pour les manifestants des deux côtés de l'Atlantique, la distance qu'il prend avec la manière dont Jean Seberg, comme tout Hollywood, s'engage dans le soutien aux luttes raciales, l'inquiétude qui l'étreint quand Jean Seberg ou tel autre de ses amis se trouve menacé d'une manière quelconque par la police ou, surtout, par les rivalités entre activistes Noirs.
Et ce qui est encore plus fort, c'est l'actualité de cet ouvrage. On croirait que Romain Gary se mêle des débats contemporains sur l'appropriation culturelle, la cancel culture, le mouvement Black Live Matters. Et d'ailleurs il s'en mêle !
J'ai déjà envie de le relire !
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Quelle belle écriture avait Romain Gary! Très cynique, désabusée mais à fleur de peau. Cette tranche de sa vie, sur fond de révoltes des noirs américains, de guerre du Vietnam et de mai 68, met en évidence les perversions humaines de façon étonnament moderne. Gary écrit avec détachement l'absurdité, mais crie son amour du vivant avec force.
Plusieurs passages m'ont fait rire, notamment les discussions sans queue ni tête posées là, comme ça, comme un sketch. La fin est bouleversante.
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L'histoire d'un chien blanc dans l'Amérique des années 60.
Toujours aussi profond et étonnant, Romain Gary trouve toujours le mot juste pour décrire les hommes. Et je trouve surprenant de voir à quel point ces discussions sur le racisme et ces luttes sont toujours les mêmes, malheureusement... surtout aux États-Unis mais aussi en France maintenant.
Je me demande juste si il a un peu romancé son histoire personnelle ou s'il s'agit d'une pure autobiographie, si quelqu'un sait merci d'avance.
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