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4,1

sur 1042 notes
Une réflexion pertinente et inconfortable sur le racisme et la bêtise humaine, l'auteur nous plonge dans la lutte des noirs pour leurs droits civiques avec en point de mire l'assassinat de Martin Luther King, la guerre au Vietnam, et en France, « mai 1968 ». Avec derrière tout ça, l'idée d'un chien raciste et des tentatives pour le remettre sur la bonne voie, une idée percutante et très symbolique.
Romain Gary vit alors aux Etats-Unis, dans les années 67-69, en compagnie de son épouse Jean Seberg, il se raconte dans ce récit, et nous livre un regard humaniste et indépendant sur ces événements.
Un livre bouleversant, empreint d'humanisme, un témoignage "historique" saisissant.
Le récit est, il faut quand même le noter, quelque peu désordonné, des personnages rentrent en scène sans avoir été présentés, les lieux changent sans qu'on en comprenne toujours la raison.
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CHIEN BLANC de ROMAIN GARY
Chien blanc c'est Batka, un berger allemand recueilli par Romain Gary et sa femme, à l'époque, Jean Seberg. C'est un animal adorable, gentil avec tous sauf avec les noirs, c'est un chien du Sud dressé pour les agresser. Métaphore évidente avec les hommes, c'est l'évolution de cet animal que l'on va suivre avec un dresseur noir qui se fait fort de le rééduquer. On est à Los Angeles un peu avant l'assassinat de Martin Luther King, en pleine guerre du Vietnam et de lutte contre la ségrégation. Jean Seberg, très sensible, est la cible de tous les mouvements noirs qui viennent la harceler pour lui soutirer son support médiatique mais surtout ses contributions financières et elle donne beaucoup. Gary, écoeuré de voir tout ça( l'argent va rarement à la cause mais enrichit des petits escrocs) fuit régulièrement à l'autre bout de la planète. Car s'il est aussi révolté par le racisme ambiant que sa femme il est très lucide sur la récupération qui en est faite. On assiste parallèlement au dressage de chien blanc, à sa transformation et à la détérioration de l'état psychologique de Jean Seberg. Gary assiste impuissant à ces tragédies où la bêtise règne en maître. On sent progressivement monter tout son désespoir et s'il est un livre qui préfigure les drames qui amèneront le suicide de Gary et Seberg, c'est bien celui ci. La fin du « dressage » de chien blanc complétera son dégoût des hommes et de l'humanité.
Je joins en commentaire le très complet retour de Marc MG fait chez les accros.
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Le chapitre 1 pourrait constituer à lui seul une brillante nouvelle pour un très bon auteur mais pour Romain Gary, c'est juste une mise en bouche pour aborder le racisme en Amérique à l'époque de MLK et Malcolm X.
Écrit bien bien avant Black Lives Matters... et nous en sommes encore là...
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"Chien Blanc" de Romain Gary.
Je découvre l'écriture brillante de Romain Gary avec ce livre. Il se trouvait dans ma Pal depuis un an et j'en appréhendais l'écriture. Car comment un écrivain aussi renommé que Gary pouvait-il écrire un livre juste sur un chien, un animal de compagnie.
En deux mots, Batka est un berger allemand qui possède une terrible particularité: c'est un chien d'attaque qui ne s'en prend qu'aux gens de couleur. Il arrive par hasard chez RG qui au lieu de le faire piquer ou de s'en débarrasser, entreprend de rééduquer le chien via un dresseur très doué et .. noir. le livre est une critique de l'Amérique des sixties, sans complaisance, pour personne d'ailleurs. Ni pour un pouvoir exploiteur et une société bâtie sur la ségrégation et dans laquelle les morts de la guerre civile n'ont servi à pas grand chose sur le plan racial. Ni pour les hérauts de la jetset qui arrose la cause de ses $$$ facilement gagnés sur les plateaux & les tapis rouges. le chien blanc est évidemment une métaphore de la bêtise humaine, à cette époque-là (et au-delà aussi en fait).
Le style peut surprendre et moi, il m'a déconcerté. Gary utilise le modèle du "roman autobiographique" dans ce livre et il s'utilise donc comme personnage principal, à la première personne. Ainsi que sa compagne et actrice Jean Seberg, activement engagée dans la lutte en faveur des Droits Civiques. Cette prise de connaissance avec l'oeuvre de Romain Gary est une pleine réussite. le fait que je suis davantage friand de son style que du récit, est bon signe et me fera apprécier RG sur la longueur. Je vous laisse avec j'espère une bonne impression de ce livre et l'envie de le lire.
En guise de fin, ce passage étincelant de Chien Blanc: "J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. Comment peut-on s'étonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cerné de Cadillac et de magasins de luxe, bombardé à la radio et à la télévision par une publicité frénétique qui le conditionne à sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modèle annuel "obligatoire" sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vêtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres réincarnations saisonnières de gadgets dont vous ne pouvez vous passer à moins d'être un plouc, comment s'étonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer à la première occasion sur les étalages béants derrière les vitrines brisées ? Sur un plan plus général, la débauche de prospérité de l'Amérique blanche finit par agir sur les masses sous-développées mais informées du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la Cinquième Avenue sur un jeune chômeur de Harlem. J'appelle donc "société de provocation" une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires."
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Résidant alors aux USA avec sa compagne Jean Seberg, le romancier Romain Gary va un jour recueillir un superbe berger allemand avant de déchanter lorsqu'il découvrira que l'animal en question est un White Dog, un chien du sud spécialement dressé pour attaquer... les noirs.

Se mettant lui-même en scène dans son quotidien de l'époque (les 60's), le romancier brouille les pistes, nous balance inlassablement entre réalité et fiction, dépeignant la scandaleuse instrumentalisation de l'animal par l'homme, la bouleversante destruction psychique d'un chien pour qui l'homme n'est décidément pas le meilleur ami.

Un récit qui sert cependant de prétexte à Romain Gary pour livrer un réflexion pertinente et inconfortable sur la bêtise humaine, l'auteur ayant visiblement à coeur de dénoncer toute sorte de racisme et d'idéologie douteuse, pointant du doigt non sans humour une société hypocrite et complètement à côté de ses pompes, s'amusant, jusqu'à un certain point, de la culpabilité bienveillante des blancs, s'attardant en particulier sur le milieu du cinéma.

Loin de faire preuve de manichéisme, ne sombrant jamais dans la facilité "gentils noirs / méchants blancs", Romain Gary montre au contraire chaque facette du problème, et surtout l'incohérence et les paradoxes de militants se transformant rapidement en avatars de leurs propres ennemis, creusant avec plus d'ardeur leur propre tombeau, tout en mettant en parallèle les divers conflits de l'époque et l'étrange manie des peuples à se définir par leurs souffrances.

Extrêmement court et utilisant son point de départ avant tout comme déclencheur d'une réflexion sur notre propension à la connerie, Romain Gary signe là un pamphlet féroce d'autant plus efficace qu'il ne cherche jamais à se poser comme modèle de pensée, un constat effrayant malheureusement d'une brûlante actualité.
Lien : https://www.senscritique.com..
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À travers les yeux de Romain Gary, le monde de 1968 devient une grande scène d'affrontements tragi-comiques entre des racistes de toutes les nations et de toutes les couleurs de peau, unis par une Bêtise universelle. Ainsi, en cette année marquée par l'assassinat de Martin Luther King, le mouvement d'émancipation des afro-américains est rongé par la violence et les jeux de dupes. Vivant entre la France et les États-Unis, Gary est pris dans ce macrocosme. Sa femme Jean Seberg l'entraîne notamment à fréquenter des mouvements anti-racistes à la probité aléatoire, ce que l'autofiction (car c'en est une) permet de surligner, anticipant les conséquences malheureuses que cela entraînera dans la vie réelle.

La fiction permet à Gary de synthétiser les mécanismes de la haine à travers le destin d'un chien errant recueilli au sein de sa petite ménagerie. le conditionnement raciste de la bête par ses anciens maîtres permet de faire une analogie avec un esprit humain tout aussi vulnérable : « Les idéologies posent avec de plus en plus d'urgence la question de la nature de notre cerveau chaque fois qu'elles croient poser celle des sociétés ».

L'homme est donc un chien comme les autres, et vice versa. Quoique le chien soit un peu plus évolué : « le seul endroit au monde où l'on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c'est le regard d'un chien. » Cette réflexion sur la « chiennerie » (opposée à l'amour des chiens) constituera le fil rouge (ou plutôt blanc) d'un récit volontiers décousu, où le dénouement se dessine pourtant longtemps à l'avance, comme une sinistre évidence.

Les atermoiements de Gary entre ce récit principal et d'autres péripéties connexes (impliquant son couple à la dérive et une famille noire disloquée entre plusieurs pays et allégeances) alimentent l'incertitude dans les rapports avec les autres, hommes comme animaux. Des rapports décrits via un cynisme en perpétuelle tension avec les valeurs humanistes de l'auteur : « cette soif de pureté et d'authenticité absolues vous isole, vous éloigne, vous enferme à l'intérieur de votre petit royaume du Je et empêche tous les ralliements ».

Face à l'étroitesse d'esprit et l'hypocrisie, Gary grince des dents et ironise, allant jusqu'à jouer au nihiliste en attisant les émeutes de mai 68 par des provocations clownesques, sans doute elles aussi fictives. Mais on ne sait jamais, sa vie est un tel roman...

À en croire Gary, le texte paraît dicté par le besoin de se « débarrasser » de cette vie étouffante. Mais est-ce qu'il ne l'immortalise pas, à travers ce que ce texte peut avoir d'authentique ? À moins que la fiction ait pris le pas au point de rendre méconnaissable la couleur d'origine.

En refermant ce livre bien sombre, je pense à cette expression anglaise utilisée pour désigner un état de mélancolie délétère : « the black dog ».
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La perversion de certaines luttes sociales, ici celle pour l'égalité des noirs américains, décrites avec un humour corrosif par l'auteur. L'analyse de la société et son hypocrisie est bien vue. Un regard lucide sur le manichéisme et la bêtise. le sujet est toujours d'actualité mais l'auteur plaide pour l'espérance.
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Chaque fois que j'entame un roman de Romain Gary, je me souviens brusquement à quel point j'aime son écriture. Sa plume alerte, percutante et en même temps élégante, a le pouvoir de vous happer immédiatement dans ses univers. Dans "Chien Blanc", c'est en l'occurrence dans celui de l'auteur que nous pénétrons. Nous sommes plus précisément en 1968. Romain Gary vient de rejoindre sa compagne l'actrice Jean Seberg dans leur maison de Beverly Hills. Au retour d'une de ses escapades, son chien ramène un compagnon, un superbe berger allemand placide et sociable, jusqu'au moment où il se trouve face au jardinier noir qui entretient le jardin des Gary, dont la vue le métamorphose en bête haineuse et agressive, épisode qui révèle une bête dressée à attaquer les personnes de couleur, descendant d'une lignée forgée par les esclavagistes. Désarmé par la subite transformation de cette nature amicale en une furie hostile et sauvage, Romain Gary se convainc d'une rééducation possible de l'animal, qu'il confie à un expert du dressage.
"Le seul endroit au monde où l'on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c'est le regard d'un chien".

Cette mésaventure s'inscrit par ailleurs dans un contexte de tension : l'Amérique s'embrase au nom d'une lutte pour les droits civiques que l'auteur observe au départ avec distance, refusant de "souffrir américain", estimant que la France lui a déjà suffisamment fourni de motifs de désespérance. Mais arrive un moment où il devient impossible de rester indifférent, et parce la littérature est la seule manière d'évacuer ce à quoi il ne peut se résoudre mais qu'il ne peut changer, il n'a pas le choix : il va devoir écrire sur les noirs.

Il le fait avec l'indépendance d'esprit et le rejet du politiquement correct qui le caractérisent, abordant la problématique de la ségrégation raciale et du racisme sans tabou, désireux de comprendre les mécanismes de la violence opposant les citoyens américains. Sa capacité à prendre de la distance l'amène à exprimer une indignation constructive.

Et les raisons de s'indigner ne manquent pas, certaines défilant à longueur de temps sous son nez depuis que sa maison hollywoodienne est devenue un quartier général de la bonne volonté des libéraux blancs américains, aimantés par la générosité combative de sa femme. Cette dernière, engagée dans la lutte pour les droits civiques, est incessamment sollicitée pour signer des chèques.

Car si Romain Gary est d'une intransigeante férocité envers les racistes, qu'il juge eux-mêmes esclaves de leurs préjugés et d'un sentiment de supériorité transmis de père en fils, soumis à l'insoluble et universelle Bêtise qui gagne depuis toujours contre l'intelligence, il n'est guère plus tendre envers ceux dont les professions de foi libertaires naissent, estime-t-il, non pas d'une analyse sociologique, mais de failles psychologiques secrètes. Poussés par un sentiment de culpabilité, signe distinctif de l'intellectuel américain par excellence, c'est en réalité surtout eux-mêmes qu'ils soulagent en affectant une mauvaise conscience dont le but principal est de montrer qu'au moins, ils en ont une. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui s'indignent de la société de consommation et vous empruntent ensuite de l'argent pour faire de la spéculation immobilière… La philanthropie dont ils font obscènement étalage -et qui compte tenu de leurs niveaux de vie, ne leur coûte pas grand-chose-, et qui souvent s'accompagne d'une rhétorique paternaliste condescendante est dénuée de sincérité, et donc de véritable humanisme. Eux-mêmes font finalement preuve de ségrégation, en considérant les noirs comme une entité indistincte, les ravalant à un statut d'éternelles victimes les autorisant à tous les débordements, et versant dans une mauvaise foi consistant à excuser, au nom d'une iniquité certes bien réelle, mais sur laquelle on ne peut tout de même tout rejeter, des crimes de droits communs que l'on qualifie d'actes politiques alors qu'ils sont tout simplement abjects.

Au contact de représentants des différentes parties prenantes du combat qui se joue, l'auteur déplore par ailleurs la bêtise haineuse des uns, la violence aveugle des autres, également conscient des manoeuvres politiques qui pervertissent la justesse de la cause.

A la charité ostentatoire et sélective de ceux qu'il fustige avec un humour rageur, Romain Gary oppose son refus de hiérarchiser la misère, touché par toutes les formes de souffrances, qu'elles soient anodines ou spectaculaires -on peut aider le Biafra ET un aveugle à traverser la rue-, qu'elles soient humaines ou animales. Face à ceux qui jugent l'autre à l'aune de sa couleur de peau et adaptent leur comportement en conséquence, il rejette les visions identitaires, construisant ses relations avec autrui dans la proximité, la sincérité et la compréhension des contradictions et de la complexité individuels. Sa capacité naturelle à considérer tous les êtres sur un même pied d'égalité ne s'arrête d'ailleurs pas aux hommes, l'auteur étendant le spectre de son empathie aux animaux, allant parfois jusqu'à s'identifier à eux, semant la confusion en parlant de lui comme s'il était un chien.

"Tous les jours je me rends au chenil. J'ai envie de voir ce que je deviens"

"C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de de voir un chien dans l'être humain et de l'aimer"

C'est donc un Romain Gary à la fois triste et en colère qui s'exprime dans "Chien Blanc", mais pas seulement. Car en se posant la question de ses crimes, même de manière imparfaite et parfois sournoise, l'Amérique interdit le désespoir. La violence qui l'ébranle va enfin permettre qu'il s'y passe quelque chose de nouveau. Et l'auteur lui-même insiste sur la nécessité vitale de garder confiance en l'humanité, confiance qu'il définit comme une "source sacrée à laquelle il vaut mieux laisser les bêtes haineuses venir s'abreuver que la voir se tarir", et qui le pousse à croire, envers et contre tous, que son chien peut être "rééduqué".

"Il est moins grave de perdre que de se perdre"

Bon. J'ai une fois de plus été trop bavarde. J'avais pourtant encore beaucoup à dire, mais cela peut finalement tenir en trois mots : lisez "Chien Blanc".


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De l'intérieur, Romain Gary explore la tragique et révolutionnaire année 1968 : l'assassinat de Luther King, le Printemps de Prague et celui de la Sorbonne, l'interminable guerre du Vietnam ; bâtisseurs de leur territoire, une dizaine de personnages caressent l'espoir d'une identité américaine.
Lorsque les métaphores s'imposent d'elles-mêmes, l'écriture devient politique : le manuscrit comme abstraction. Chien blanc révèle ainsi l'étendue complexité de la lutte raciale : entre insurrections et politique à "long terme", actes coups de poings et démarches pacifiques.
Rugueuse et cruelle, l'oeuvre est sinistre par sa terrifiante actualité.
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Je profite du 40ème anniversaire de la mort de Romain Gary pour le découvrir avec ce roman qui pourrait être un essai autobiographique
rédigé par un intellectuel, témoin de la situation sociale de son époque et qui résonne encore particulièrement de nos jours.

Dans les années 1960, Romain Gary recueille un berger allemand, Fido qui deviendra Batka. L'écrivain découvre alors que le chien a été dressé à attaquer les noirs. Plutôt que de s'en séparer, il choisit de tenter son rééducation pour qu'il puisse continuer à agresser tout le monde mais « pas uniquement les noirs ».

Bien sur pour cet humaniste qui pense en homme d'action, la reprise en main de ce chien par un dresseur noir n'est qu'un prétexte pour combattre tous les racismes et les dialectiques qui y sont associées. L'accueil de cet animal se situe entre les émeutes raciales du quartier de Watts et celles qui suivent l'assassinat de Martin Luther King.

L'écrivain éclaire avec méthode le lien ambiguë tissé entre les personnes qui se présentent comme progressistes, notamment dans le milieu hollywoodien, et les groupements militants pour la défense des droits civiques des noirs. Il dénonce le fait que la haine et la névrose soient maintenues dans les deux « camps » et qu'à ce titre, l'animosité ne se transformera jamais en respect mutuel.

Patriote, l'auteur tient à être présent lors des « évènements » de 68 où les étudiants de la Sorbonne manifestent contre le capitalisme et l'état policier. A cette occasion, il participe à une scène surréaliste où il conseille un bourgeois sur le meilleur investissement que pourrait faire son manifestant de fils pour continuer de financer la grève d'une usine. C'est aussi dans ce contexte qu'un américain noir de ses relations renverra Gary à sa nationalité, lui faisant savoir qu'il ne peut pas comprendre le « problème » noir en Amérique.

Alors que le FBI met sur écoute son épouse Jean Seberg qui financent de nombreux comités de défense noire et que les campus américains manifestent contre la guerre du Vietnam, avec ce témoignage brillant rempli d'ironie et de sarcasme, souvent drôle, Romain Gary dénonce les hypocrisies de tous bords et son opus se transforme rapidement en petit précis de combat urbain contre la connerie humaine.
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