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4,1

sur 1042 notes
Je n'aime pas trop lire la phrase: "Chien blanc raconte l'histoire d'un chien..." car c'est faux! le chien n'apparait que rarement. Il sert plutôt le fond politique, l'éclaire, le dénonce en quelque sorte. En réalité, c'est l'histoire des Noirs des Etats-Unis à une époque de racisme exacerbé. Une histoire incroyablement bien écrite et tout à fait bouleversante, en plus d'instructive (car j'avoue, je ne m'étais pas sérieusement penchée sur le sujet avant cette lecture). Romain Gary, quelle plume!
Mais mais mais... si j'ai lu le livre, c'est à cause du film qu'il a inspiré: "dressé pour tuer" qui lui traitait exclusivement de l'histoire du chien (bien sûr le reste était en toile de fond implicite). Un film que certains pourraient qualifier de navet - je sais bien qu'il a mal vieilli - mais pour ma part il me fait toujours le même effet. Mais le livre ne raconte pas cette histoire-là.
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Romain Gary aborde l'épineuse question Noire aux Etats-Unis, mais aussi la question du "star system", la question de l'oppression de l'homme par l'homme, de l'humanité, du pouvoir des uns et des espoirs des autres, d'un rêve de fraternité impossible.

Gary nous fait part aussi, très largement, dans ce roman, de sa vie de couple tumultueuse et hors du commun; de ses questionnements d'homme public, diplomatique, d'homme de plume, de mari et de père. On retrouve ses thèmes de prédilection: la liberté, l'égalité, mais aussi la loyauté patriotique, l'amour, la mort, la fraternité même avec l'animal.

Encore un roman autobiographique de Romain Gary, croustillant de sarcasmes, de dures réalités et d'une analyse lucide des Etats-Unis des années 60 qui se déchirent entre guerre du Viet-Nam et assassinats de ses icônes, entre Blancs et Noirs; d'un monde qui fait voler ses valeurs comme autant de pavés sur la plage. Un roman qui se lit comme si nous étions assis au salon et que Gary faisait des confidences à un vieil ami. Un roman où les points de vue n'ont pas vieilli et dont la relecture, pour moi, prend une fois encore, une saveur différente de la fois précédente...

J'ai vielli, mon référentiel aussi, ma vision idéaliste des choses avec ...et puis oui, c'est vrai que depuis, Obama est président des Etats-Unis... Mais surtout je prends doucement conscience, en relisant encore Gary, qu'il a figé son âge à 66 ans et que moi, doucement, je le rattrape; que finalement, avec le temps, on lâche prise sur ces choses auxquelles la jeunesse s'accroche. On en vient alors à des considérations moins géographiques et plus universelles.

Avec "Chien Blanc" , le duo Gary-Seberg illustre bien ce clivage des générations. Avec "Chien Blanc" on voit bien que rien ne change au fond sinon les noms, les lieux et les couleurs... seulement ça...



Je ne peux encore une fois, et de façon complètement et délibérément subjective, encourager tout ceux qui n'ont pas lu Gary à le faire mais surtout, surtout à le REFAIRE, parce que chaque lecture est une nouvelle lecture... un nouveau bonheur!

Voici un excellent article biographique en cliquant sur l'image:

Lien : http://ecrireenplus.canalblo..
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«  the master's tools will never dismantle the master's house » (les outils du maître ne détruiront jamais la maison du maître). Audrey Lorde . New York. 1979
Écrit en 1969, « Chien Blanc «  de Romain Gary est un récit incontournable. Un regard lucide, un humanisme à l'épreuve de notre humanité. Incontournable.
1968, Californie/Paris.

Astrid Shriqui Garain
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Chien Blanc : Romain Gary (1914-1980)
Ce récit est d'abord l'histoire d'un chien berger allemand qui entre dans l'existence de Gary en février 1968 à Beverly Hills où demeure l'auteur avec sa femme Jean Seberg. Un chien qui s'est perdu et qui débarque un beau matin devant la porte de l'auteur avec Sandy, son autre chien qui était parti en cavale. C'est un coup de foudre : « Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable. » Il s'avère rapidement que Batka a été dressé à l'attaque à l'encontre des Noirs. le dilemme est alors à son comble car il faut savoir que Jean Seberg milite depuis plusieurs années pour la cause noire et contre le racisme et donc sa maison est un lieu de réunions diverses avec des Noirs. Que va faire Gary avec son chien Batka qu'il adore ?
On devine déjà en cette année 1968 des tensions dans le couple et c'est un peu aussi le thème d'une partie de ce livre de souvenirs. Jean Seberg s'est investie totalement avec les Blacks Panthers et la lutte contre le racisme.
Les jugements se Gary concernant l'intellectuel américain sont sans appel : « le signe distinctif par excellence de l'intellectuel américain, c'est la culpabilité. Se sentir personnellement coupable, c'est témoigner d'un haut standing moral et social, prouver que l'on fait partie de l'élite. Avoir « mauvaise conscience », c'est démontrer que l'on a une bonne conscience en parfait état de marche et, pour commencer, une conscience tout court. »
1968, c'est aussi l'année de l'assassinat de Martin Luther King à Memphis dans le Tennessee et Gary nous relate avec ses commentaires les émeutes sanglantes qui ont suivi ce drame. Gary déplore l'attitude de l'entourage de feu Luther King hormis celle de Coretta, son épouse. « La haine me prend. La vraie : celle du chien à la recherche d'une gorge, cette hargne qui me saisit chaque fois que j'assiste à la manifestation de la plus grande force spirituelle de tous les temps : la Bêtise. »
En mai 1968, Gary repart en France pour assister aux événements que l'on sait. Des événements qui le font sourire et qu'il commente avec un humour féroce allant jusqu'à la provocation comme toujours.
Sur la colonisation et l'islamisation de l'âme africaine, les Noirs africains ayant été jadis les premiers esclaves des Arabes Musulmans, Gary nous offre une belle réflexion avec cette phrase : « Rien de plus aberrant que de vouloir juger les siècles passés avec les yeux d'aujourd'hui. »
Toujours dans un style alerte Gary nous offre un album de souvenirs avec ses passions et ses convictions qu'il sait défendre souvent dans la provocation qui est sa forme de légitime défense préférée.
le sort de Batka revient comme un leitmotiv tout au long du récit et cette phrase en peu de mots résume le sentiment de Gary : « le seul endroit au monde où l'on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c'est le regard d'un chien. »
Écrivain français, pilote de guerre durant la Seconde Guerre Mondiale et instructeur à l'école de Salon de Provence, diplomate de 1945 à 1961, auteur et réalisateur de films (Les oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Romain Gary est né en Russie. Il est arrivé à Nice avec sa mère en 1928, Nice où il a fait ses études avant de faire le droit à Paris. Fait commandeur de la Légion d'honneur, il fut le mari de la comédienne Jean Seberg (À bout de souffle avec Belmondo) de 1962 à 1970. Jean Seberg connut une vie tumultueuse de par son engagement politique pour faire entendre la voix des Noirs américains alors opprimés.
Jean s'est suicidée en 1979 à Paris.
Romain Gary écrivit entre deux missions durant la guerre « Éducation européenne », Prix des Critiques 1945. Plus tard, il obtint son premier Goncourt en 1956 avec « Les Racines du ciel » et une seconde fois, ce qui est un cas unique, avec « La vie devant soi » sous le pseudonyme secret de Émile Ajar. Au total, 26 romans, essais et souvenirs. Il s'est donné la mort en 1980.
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"C'est assez terrible d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un chien dans l'homme et de l'aimer."

Fable cruelle, Chien Blanc aurait méritée d'être enchâssée dans les limites brèves d'une nouvelle. Cette incisive parabole d'un chien gris dressé à assaillir l'homme noir -d'où son surnom d'infamie "White Dog"- se suffisait à elle-même. Plaidoyer désespéré contre tous les racismes, sa conclusion lapidaire nous happe comme une morsure pour ne plus nous lâcher.

Telles les deux lèvres d'une plaie, le récit du dévoyé Batka -animal victime de la folie des hommes- s'entrouvre pour un fourre-tout typiquement garyen : ni reportage objectif (la part des élucubrations y est importantes), ni autofiction (les non-dits y affluent), le mille-feuilles brasse scènes vues, anecdotes édifiantes et coups de gueule sentencieux.

Dans le grand chambardement de 1968 -révoltes étudiantes, Biafra, guerre au Viêt Nam- Gary se montre passionnant quand il évoque les déportements des mouvements des droits civiques des noirs américains ou l'ineptie des engagements de "bonne conscience" de stars hollywoodiennes névrosées (Jean Seberg, sous couvert d'amour, et ses collègues en sortent étrillés). Je l'apprécie nettement moins quand il cabotine et nous ressort son "minoritaire-né", paillasse de notre grande foire aux vanités ("C'est terrible, l'émigration. Ça vous rend consul général de France, prix Goncourt, patriote décoré, gaulliste, porte-parole de la délégation française aux Nations unies. Terrible. Une vie brisée. Je sors mon mouchoir de soie de chez Hermès et je m'essuie les yeux.") Autodérision ou m'as-tu-vuisme ? Je ne saurais trancher.

Quelques portraits forts se dégagent de l'ensemble : le militant Red qui s'illusionne sur les engagements de ses propres fils ou le diabolique Keys aux visées sournoises sont porteurs des ambiguïtés d'une époque qui préfigurait la nôtre.

Quant aux femmes, soit Mater Dolorosa, soit Vierge de l'attente, elles illuminent -à l'instar de Coretta Scott King, dépeinte en sainte icône de la cause noire- le "roman". Jean Seberg, représentée le plus souvent repliée, recroquevillée, ramassée semble déjà préfigurer son destin de martyre.

Le personnage Gary, lui, se traîne de la rue du Bac à Beverly Hills en somnambule. Bouffon fantomatique, il exaspère autant qu'il émeut tant sa solitude semble incommensurable et son impuissance à vivre palpable.

Cet "objet" non identifiable, malgré ses imperfections, a du chien et de l'âme et c'est déjà beaucoup !

"Toujours cet infernal dilemme : l'amour des chiens et l'horreur de la chiennerie."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Dans ce récit, Romain Gary livre un épisode de sa vie en Amérique mais pour mieux raconter des événements historiques : le développement des mouvements noirs en Amérique, qui continuent de lutter après l'obtention des droits civiques et la mort de Martin Luther King : pour la reconnaissance des crimes perpétrés par les blancs envers les anciens esclaves noirs, le remboursement de leur dette envers eux, la fin de la pauvreté, contre les discriminations à l'embauche… Gary vit alors avec l'actrice Jean Seberg qui, de 20 ans sa cadette, a pris part depuis longtemps aux combats des américains noirs et les soutient financièrement. Gary aime Jean et soutient la même cause qu'elle mais explique qu'il n'a plus autant de hargne à lutter au côté d'un groupe, il sait que ça entraîne fatalement des désillusions et de la souffrance et il a fait sa part, en effet, il essaie de s'en préserver, même s'il ne peut s'empêcher au final d'y participer un peu.
Mais à distance, une distance railleuse, pertinente et lucide qui est souvent celle de cet auteur, et plus encore dans ce livre je crois, car il me paraît même également plus lucide sur lui-même que dans La Promesse de l'aube. Il ne s'y trompe pas, ces mouvements noirs qui fleurissent de partout abritent aussi des salauds, des salauds il y en a partout et de toutes les couleurs et il refuse de ne pas les voir sous prétexte que certains sont noirs et que leurs ancêtres ont souffert. Il raconte comment certains ont en effet été poussés au crime et à la haine à cause de siècles d'esclavages puis d'inégalités flagrantes. Mais il refuse l'extrémisme où qu'il soit, chez les blancs comme chez les noirs, dont beaucoup désormais méprisent Martin Luther King, jugé bien trop pacifiste par les mouvements visant à reprendre des droits par la violence. Cela dépend de chaque groupe, certains sont effectivement violents, d'autres ne le sont qu'en paroles, une façon d'exorciser le passé, et Gary le raconte très bien. Tout comme il raconte le mai 68 français qu'il voit de loin puis de près et ses contradictions. Un épisode est savoureux, dans lequel l'auteur s'amuse à tester la capacité des gens (autant les CRS que les mouvements étudiants) à cesser de juger sur les apparences et à voir au-delà, en s'habillant tour à tour comme un rebelle étudiant puis comme un bourgeois rétrograde au milieu de la cohue. Gary excelle aussi dans la provocation visant à recadrer des racistes et c'est vraiment très drôle d'imaginer leurs têtes !
Chien blanc, à présent, c'est le titre du livre et c'est également le chien adopté par Romain Gary. Un chien réel, autour duquel va s'articuler le récit, puisqu'il cherche à le faire rééduquer après s'être rendu compte que le chien avait été dressé à attaquer les noirs. Un chien aimé du couple et qui donne lieu à de belles pages trahissant la sensibilité de son auteur, et sa revendication d'avoir le droit de continuer à s'émouvoir pour les petites choses et des animaux, sans oublier pour autant les grandes affaires préoccupant les gens. Mais aussi un chien qui devient le symbole de la lutte contre le racisme mais aussi de la bêtise humaine universellement partagée. Je ne vous en dis pas plus (même si j'avais un peu deviné un élément de la fin) mais c'est un beau texte, respirant l'amour pour les bêtes comme pour les humains, ces derniers suscitant aussi souvent la colère.
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Romain Gary nous offre une analyse sentie de la situation des noirs aux États-Unies d'Amérique dans les années 60 ainsi que de leurs relations avec la majorité blanche. Il n'échappe pas a la globalisation politique du moment dans le monde. Ses commentaires souvent très crus demeurent tout de même très éclairants pour les lecteurs sérieux qui cherchent à comprendre les dessous du mouvement noir des ces années marqué par la violence.
On ne peut pas ne pas ressentir une certaine nostalgie alliée à un désabusement tout au long du roman, ce qui nous laisse en déséquilibre entre l'espoir et le désespoir, nous pourrions parler ici de cynisme.
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Un roman d'une grande intelligence, et rempli d'humanité. A travers l'histoire de Batka, c'est une année 1968 pleine de fureur, de confusion et de haine, que Romain Gary décrit, dans des Etats-Unis en proie aux violences raciales. C'est également l'histoire d'une femme (Jean Seberg) abusée par sa culpabilité luthérienne, et d'une intelligentsia hollywoodienne qui veut expier les fautes commises par les générations antérieures. Mais ce n'est pas déprimant, c'est au contraire plein d'humour, d'amour et de chaleur, d'entrain, de vivacité et de lucidité. Romain Gary n'a pas peur d'affronter les cons. C'est à la fois lourd et léger, un témoignage sur la bêtise et l'espoir, le roman d'un homme qui aime les chiens mais pas la chiennerie.
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Après avoir lu Gary étudier (et juger) de si nombreux discours au cours de ces quelques pages, je ne peux m'empêcher de ressentir sa présence au dessus de mon épaule à l'écriture de ces quelques lignes.

Avant d'ouvrir Chien Blanc, mon image de Romain Gary était celle d'un écrivain penseur, doté d'une solide capacité à se forger sa propre vision. Un écrivain pourtant prisonnier d'une société littéraire désireuse de le mettre dans une case bien définie.

Chien Blanc me renforce cette image d'un Gary humaniste, libre d'observer la bêtise et de la critiquer quelque soit le camp. Également celle d'un Gary doté d'un égo qui revendique la solitude liée à un réel esprit critique dans une société qui en manque cruellement. Intéressant également de remarquer la posture de Gary dans ce livre : en retrait, subissant les évènements (voire les fuyant), semblant se murer dans une intellectualisation aussi constante qu'acérée. Pour une homme dont la vie ressemble, sur le papier, à un roman d'aventure, le contraste est aussi saisissant que logique.

Le reste, c'est enfin et surtout une écriture lumineuse. On à l'impression que chaque sujet, chaque instant, est digne d'une réflexion savoureuse et pertinente.

Une oeuvre certes loin d'être aussi ambitieuse que les Racines du ciel ou la Promesse de l'aube, mais un superbe travail d'écriture tout de même. Très chaudement recommandé !
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Romain Gary vivait aux Etats-Unis, à Beverly Hills. Il avait rejoint en février 1968 Jean Seberg, son épouse, qui tournait un film. Il y rencontra d'autres acteurs dont il nous parlera.
Amoureux de la liberté, il laissait Sandy, son chien, vagabonder pour son pipi du soir, et un jour Sandy revint avec un copain trouvé sans doute auprès d'un lampadaire, un copain avec une verrue sur le nez, un superbe berger allemand gris, qui immédiatement fit partie de la famille. Il était si gentil, si calme.... Romain Gary, honnête, tente de retrouver son ancien maître. En vain.
Alors, Batka, ce sera son nom, fera partie de la famille...Un chien affectueux avec tout le monde, qui pourtant, un jour, fut prêt à manger crû le Noir venu entretenir la piscine. Après s'être rapproché d'un ami, dresseur de chiens, Romain Gary se rend compte que ce chien est prêt à attaquer tous les Noirs à portée de son museau.
Batka est un chien dressé par la police, à l'attaque des Noirs à l'occasion des manifestations. Pardon, les flics, les cops préféraient le mot Negroes, les Nègres. Spécialement dressé pour mordre, pour sauter à la gorge des Nègres, donc !
Quand on connaît un peu Romain Gary, on se doute que Chien Blanc n'est pas un remake de Lassie...Non, Batka est le fil conducteur pour l'écrivain engagé qu'était Romain Gary qui lui permettra de nous parler des Noirs au coeur de la société américaine. Une société bousculée par la guerre du Vietnam, une société qui méprisait les Noirs mais acceptait sans problème des Noirs dans les rangs de son armée, des Noirs chair à canon. Y compris des noirs gradés !
Oui mais des Noirs qui exigeraient plus de droits civiques à leur retour.
Sans aucune complaisance, il analyse les failles psychologiques et sociales de ce grand pays, leur origine : "Derrière chaque Noir qui brûle, viole ou assassine, il y a le crime des Blancs, notre crime. Nous les entassions dans des bateaux infâmes, nous les enchaînions à fond de cale dans l'ordure, sans air, si bien que cinquante pour cent de la « cargaison » crevait souvent en route...”.
Au cours du séjour de Romain Gary aux Etats-Unis, Martin Luther King fut assassiné d'une balle dans la gorge. Son meurtre donna lieu à de nouvelles émeutes, toujours plus violentes, toujours violemment réprimées par la police, qui tirait parfois...
Le cycle sans fin de la violence.
Son regard sur cette société est sans équivoque : "...le problème noir aux États-Unis pose une question qui le rend pratiquement insoluble : celui de la Bêtise. Il a ses racines dans les profondeurs de la plus grande puissance spirituelle de tous les temps, qui est la Connerie."
Ce regard humaniste conserve toute son actualité et pourrait s'appliquer, soixante ans après, à pratiquement toutes les sociétés occidentales : "J'appelle donc « société de provocation » une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires."
Notamment lorsqu'il évoque aussi le sujet de l'immigration dans nos société occidentales.
C'est également le diplomate qui analyse et qui parle sans langue de bois : il connait bien cette société américaine : il fut Consul Général de France à Los Angeles, à la fin des années 50. Il rencontra nombre d'hommes politiques dont John et Bob Kennedy
A son retour en France, quelques semaines plus tard, il participa sur les Champs Elysées, en qualité de Gaulliste convaincu, à la manifestation de soutien au Général de Gaulle. Il arborait fièrement sa Légion d'honneur obtenue à titre militaire...cela ne l'empêchera pas de recevoir un coup de matraque sur la tête.
Les plus anciens se souviendront de ce printemps où le monde s'agitait, de cette guerre du Vietnam, des manifestations étudiantes à Paris et dans de nombreuses villes de France. Ils prendront certainement plaisir à cette lecture.
Et le chien dans tout ça ? Il suivait son programme de rééducation, mais je n'en dirai pas plus..Attendez la fin !
Gros coup de coeur...qui fait partie des livres que je relirai, sans doute.
Avec un bonheur renouvelé
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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