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sur 12597 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mohammed est le fils d'une prostituée parisienne qui échoue dans la pension de Madame Rosa. Elle devient alors sa seule famille. Madame Rosa, ancienne prostituée elle-même, s'est reconvertie en garde d'enfants un peu particulière à Belleville… C'est une juive miraculée du camp d'Auschwitz qui porte en elle la terreur accumulée lors de cette tragédie. Fatiguée, grosse et malade, elle va nouer avec Momo une relation quasi maternelle forte et partagée. L'amour que lui porte Momo jusqu'à la fin lui permettra d'éviter ce qu'elle redoute le plus : finir comme un légume à l'hôpital.
Voilà bien longtemps que j'avais présent à l'esprit l'impérieuse nécessité de lire ce roman goncourisé en 1975. J'ai réalisé dès les premières pages l'erreur que j'avais commise de remettre cette lecture à plus tard…
Dans le roman, c'est Momo qui relate sa relation avec madame Rosa. L'auteur reprend donc l'écriture et les tournures qui pourraient être celles d'un jeune enfant. Cela donne un ensemble crédible et imagé, teinté d'humour et de drôlerie. le style est léger, la vision du monde celle du regard d'un enfant malmené par la vie et pourtant plein d'espoir pour le futur.
Les sentiments forts émergent derrière les mots enfantins, les bizarreries grammaticales et les vérités que seul un enfant est capable d'évoquer sans fard, à l'état brut. Loin des précautions d'écriture et des artifices littéraires traditionnels, le monde cruel de Momo et Rosa nous apparaît dans sa vérité nue, implacable et terrible où l'ironie et l'humour nous évitent de sombrer dans la plus inutile des compassions pour ces personnages si réels et attachants.
L'univers de ce Paris oublié de l'après-guerre, des petites gens, de la prostitution et des quartiers populaires nous apparaît au travers des yeux de cet enfant avec une précision historique et sociologique d'autant plus convaincante qu'elle émerge de ce filtre naïf qui déforme la réalité pour mieux nous la faire sentir de l'intérieur.
Ce beau roman fait d'espoir et de douleur, d'amour et de haine, transcende la nature humaine dans ce qu'elle a de plus beau et de plus haïssable à la fois. C'est une gifle autant qu'une caresse. Une oeuvre forte et originale. Un chef d'oeuvre d'écriture et d'humanité…

Michelangelo 2015

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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Maintes fois commenté, je ne peux rien ajouter de plus sur cet excellent roman que formidable.
La vie d'un jeune arabe qui vit chez une vieille juive élevant les "enfants de pute", pour reprendre les paroles de Momo. L'écriture naïve, simple mais belle est juste exceptionnelle, Romain Gary fait fort avec ce volume. Derrière le masque qui fait de lui un enfant renfermé sur lui-même se cache une véritable sensibilité, lui permettant de veiller sur Madame Rosa jusqu'à sa mort. Certaines phrases chocs nous permettent de réfléchir et de se poser des questions sur les préjugés, le racisme, la religion, le bonheur...
On ne ressort pas indemne de cette lecture. Un prix Goncourt mérité !
A (re)découvrir d'urgence.
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J'étais censé lire « La vie devant soi » au collège mais j'étais suffisamment malin pour que personne ne voit que je n'ouvrais pas les livres que je regrette de n'avoir pas lu plus tôt. Il y a peu j'ai été intrigué par l'histoire d'Émile Ajar alors j'ai fouillé dans ma bibliothèque.

J'ai été happé par le phrasé hallucinant de Momo, narrateur, fils de pute d'une dizaine d'années. Dès les premières lignes tout est là : « Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes […] Pendant longtemps, je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait […] Il était déjà très vieux quand je l'ai connu et depuis il n'a fait que vieillir ». Sans ces petites phrases délicieuses (une que j'aime beaucoup : « Je suis beaucoup trop vieux pour me marier, disait Monsieur Hamil, comme s'il n'était pas trop vieux pour tout ») que l'on trouve partout et jusqu'au bout, je n'aurais peut-être pas accroché car il faut admettre qu'il ne se passe pas grand chose et on ne reste évidemment pas pour le suspens. Pourtant, impossible d'arrêter, on tourne les pages, non pas pour savoir ce qui ne va, de toute façon, pas se passer, on reste parce qu'on s'attache, parce qu'on aime Momo comme il aime Madame Rosa, parce que sans s'en rendre compte on s'est laissé emporté petit à petit par la vie de ces personnages et parce que finalement, on est pris aux tripes à l'idée de lâcher ce petit bonhomme.
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Romain Gary ou Emile Ajar, peu m'importe, c'est juste un bijou ce livre et je pense qu'en livre audio, on doit pleurer, pleurer...Car évidemment Momo, 10 ans ou 14 ans, qui hésite entre le métier de terroriste ou de policier, qui monte les 6 étages pour aider Madame Rosa, qui va la torcher, la maquiller, lui mentir pour la faire rêver. Madame Rosa terrifiée à l'idée de vivre encore une rafle juive, et puis Monsieur Hamil et puis Amédée, le boxeur travesti, Banania, si attendrissant. C'est une fresque d'un monde si dur des enfants de prostituées qu'on veut si peu adopter ou aimer ou au contraire, tellement aimé que l'on veut les protéger et où pourtant on se sert les coudes. Dur, très dur mais avec heureusement un rayon de soleil à la fin. Bien sûr, l'écriture est extraordinaire puisque l'on dévalle Belleville avec Momo, on ressent tout grâce à ce style remarquable.
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Je ne vais pas être très original : ce roman est un chef d'oeuvre. Réussir sur près de 300 pages à faire parler un gamin des rues est une prouesse qu'on ne mesure pas forcément. Or ici tout est fluide, le discours est tellement travaillé qu'il semble usuel dans la bouche de Momo. Tout a l'apparence de la simplicité alors que tout est complexe. Et puis c'est une histoire d'amour peu commune que l'auteur nous livre. Non, vraiment, c'est un des livres qu'il faut avoir lu une fois dans sa vie !
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« La vie est belle, le destin s'en écarte,
Personne ne joue avec les mêmes cartes,
Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile,
Tant pis, on n'est pas nés sous la même étoile »

Tels est le refrain du morceau « Nés sous la même étoile » du groupe de rap marseillais, IAM.
Ces paroles me sont revenues en tête à la lecture de « La Vie devant soi ».
Ce roman nous donne l'impression de nous retrouver en plein Paris des années 60/70, attablés dans un café à boire un verre avec Momo, un jeune enfant d'origine arabe. Il nous dit avoir « à peu près » 10 ans, « à peu près », car comme il nous le dit : « Je ne suis pas daté ».
De son père, il ne connait rien. Idem pour sa mère, si ce n'est que cette dernière exerçait un métier qui consistait à « se défendre avec son cul » sur le boulevard de Pigalle ou aux Halles. Momo se définit d'ailleurs lui-même comme un « fils de pute ». Il sait aussi que vers l'âge de 3 ans, son père ou sa mère l'a placé en pension chez Madame Rosa, à Belleville dans le XXème arrondissement de Paris. Madame Rosa est une vieille grosse juive retraitée et qui, elle aussi de son temps, « se défendait avec son cul » et qui maintenant accueille « des mômes qui sont nés de travers », des enfants issus de grossesses non-désirées. Bref, Madame Rosa est devenue une sorte de mère adoptive pour enfants de putes.

À travers ce roman, Romain Gary, nous dépeint les jeunes années de ce Momo, qui a grandi trop vite, qui est doté d'une maturité et une lucidité désarmante pour un gamin de son âge :

« On a dormi à côté du sommeil du juste. Moi j'ai beaucoup réfléchi là-dessus et je crois que Monsieur Hamil a tort quand il dit ça. Je crois que c'est les injustes qui dorment le mieux, parce qu'ils s'en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l'oeil et se font du mauvais sang pour tout. Autrement, ils seraient pas justes. »

ou bien,

« J'ai souvent remarqué que les gens arrivent à croire ce qu'ils disent, ils ont besoin de ça pour vivre. Je ne dis pas ça pour être philosophe, je le pense vraiment. »

Momo nous balance des phrases fortes, des punchlines, comme on dit, aujourd'hui, en 2020.
C'est sans aucun doute lié à son quotidien, pour le moins inhabituel, qui ne lui a pas épargné ce que d'autres enfants découvriront bien des années plus tard et notamment les problématiques du racisme, de la pauvreté, et de la difficulté à s'intégrer. Ce qui fait la force de ces paroles, c'est aussi sa souffrance dû à un manque de repères, à un besoin de reconnaissance et d'attention toujours inassouvi en dépit du véritable amour qu'il voue à Madame Rosa, cette mère de substitution.
Malgré le ton grave que prend le récit, Momo ne manque jamais une occasion de nous faire rire par ces remarques improbables.

Le style narratif de « La Vie devant soi » m'a beaucoup fait penser à « L'attrape-coeurs » de J.D. Salinger mais j'ai préféré la compagnie de Momo à celle d'Holden Caulfield (protagoniste de « L'attrape-coeurs » ).

C'est le premier roman de Romain Gary que je lis et j'ai beaucoup aimé. J'espère que les prochains me plairont autrement.
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Il y a quelques mois, quelqu'un de fort avisé (et que je salue s'il passe par là !) m'a demandé si j'avais déjà lu du Romain Gary. Non ai-je répondu.
Quelques jours plus tard, me voilà chez Emmaüs et comme toujours, je termine par un passage au rayon livre où je pourrais passer ma journée tant ma liste de livres à lire est longue et leurs rayonnages remplis…
Bref… je trouve rarement ce pourquoi j'étais venue mais voilà que, devant mon nez, se pointe « La vie devant soi » de … Romain Gary !
Il n'y a pas de hasard dans la vie et je me suis dis que cette coïncidence était trop belle pour ne pas la saisir.
Le livre est resté sur ma table de chevet tout l'été et une fois ma pile estivale achevée je me suis tout naturellement tournée vers lui… comme si une petite voix me disait que cette lecture ne pouvait attendre plus longtemps.
Et cette petite voix avait raison ! Je ne pouvais attendre davantage de rencontrer Momo et Mme Rosa, Moïse, le docteur Katz et Mme Lola…. sans parler de tous les autres.
Comme je regrette de ne pas les avoir connus avant !
Ce livre est une pépite ! Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il fût Prix Goncourt 1975. Signé Emile Ajar, le nom d'emprunt de Romain Gary, c'est une histoire bouleversante étonnamment ancrée dans la société actuelle malgré qu'elle fût rédigée dans les années 70? C'est une ode à l'amour, à la tolérance, à la différence, aux petites gens.
C'est un livre fabuleux.
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Oh mon dieu quelle révélation !
En deux phrases, j'étais sous le charme.

J'ai complètement craqué pour Momo, le narrateur, son vocabulaire aussi fleuri qu'approximatif, ses réflexions poéto-philosophiques, sa vision du monde.
Une vision du monde qui paraît enfantine au début de la lecture, calquée sur les réflexions des adultes mais finalement si réaliste, si réfléchie, si crue parfois.
J'aime retenir les quelques phrases qui me font de l'effet dans un livre, les écrire dans un petit carnet pour les lire de temps en temps. Mais là, c'est impossible. C'est le livre entier qu'il aurait fallu noter. Chaque phrase porte un sens lourd, profond, beau. Tout tombe à point nommé.

C'est l'histoire de Momo, un enfant de « pute » (c'est pas moi qui le dis) musulman, de Madame Rosa, vieille juive et ancienne prostituée. Mais surtout c'est un roman qui aborde des sujets profonds avec des mots d'enfants.

Je me sens bien en peine d'en dire plus. C'est ma révélation de l'année et des autres avant. Une claque, un des rares livres que j'aimerai relire car je pense que je suis loin d'en avoir saisi toutes les subtilités. Ou réécouter pour être exacte car je l'ai suivi sur Audiolib et je le conseille vivement. le narrateur est exceptionnel, il est fait pour le livre. C'est lui, Momo !
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A notre époque, ce livre met en scène différents protagonistes et un sujet toujours d'actualité, du moins c'est ce qu'on pourrait croire, cependant, il faut bien se laisser emporter par la candeur non moins piquante à certains égards, du personnage principal dit Momo ! Je ne sais pas tellement comment décrire l'impression qui m'a poursuivie tout au long de la lecture... Cependant j'ai été profondément bouleversé par cette histoire et la fin qui sonne tout simplement juste "Il faut aimer", malgré la douleur et la différence, les espérances déçues et les joies tourmentées, et à mon sens, Emile Ajar ou Romain Gary, comme il vous plaira, a résumé une bonne partie de la vie en elle-même !
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Dans l'histoire littéraire « La Vie devant soi », roman écrit par le mystérieux Emile Ajar, se présente comme un gag hénaurme, une supercherie XXL, une entourloupe de première, un pied de nez (pour ne pas dire un bras d'honneur) aux institutions, bref une mystification telle qu'on n'en avait pas vue depuis les « Chansons de Bilitis » de Pierre Louys (et encore, ce recueil de poèmes soi-disant traduits d'une poétesse grecque antique contemporaine de Sappho, ça faut le souligner, n'a jamais été primé). Bref Emile Ajar, qui reçut pour ce roman le Prix Goncourt, n'existait pas, il était le double de Romain Gary qui en fit l'aveu à sa mort en 1980. le plus drôle c'est qu'il avait déjà reçu le même prix en 1956 pour « Les Racines du ciel ».
Dans cette histoire, rien n'est bien clair, faut-il admirer ou dénoncer la supercherie ? Faut-il plaindre ou blâmer les académiciens Goncourt trompés dans cette histoire ? Peu importe après tout. En remettant le prix malgré les incertitudes concernant son auteur, ils se sont dédouanés en déclarant récompenser « une oeuvre », et non pas « un auteur ». Pourtant l'auteur Emile Ajar existe, il a laissé quatre romans, dont un chef-d'oeuvre (« La Vie devant soi » – 1975), et trois romans honorables (« Gros câlin » - 1974, « Pseudo » - 1976, et surtout « L'Angoisse du roi Salomon » - 1979).
Et à coup sûr « La Vie devant soi » méritait d'être primée, ou à tout le moins d'être célébrée comme un grand livre du XXème siècle.
C'est l'histoire de Madame Rosa, une vieille dame juive, rescapée d'Auschwitz, ancienne prostituée, grosse, laide et malade, qui s'est donné la tâche de recueillir les enfants de ses ex-consoeurs, pour les soustraire à l'Assistance publique ou aux souteneurs indélicats. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Momo (il a dix ans mais s'en donne quatorze), un enfant de cette « putain dont tu rigoles, parole, parole » comme chantait Brassens. Entre ces deux êtres bousculés par la vie, une relation intense va se former, jusqu'à les fusionner, une relation mère-fils encore plus vraie que s'ils l'avaient été vraiment. Une piété filiale exemplaire, comme quoi les classe de la société n'ont rien à voir dans les sentiments.
Emile Ajar nous donne ici un magnifique portrait de femme, à travers celui de Madame Rosa (inoubliable Simone Signoret au cinéma, et immense Myriam Boyer au théâtre). Les ravages de la vie – terribles en ce qui la concerne – n'altèrent pas la beauté d'une âme, ni dans l'amour général qu'elle met dans son sacerdoce auprès des enfants de prostituées, ni dans l'amour particulier, pas exclusif mais intense et profond, qu'elle voue à Momo.
Ne pas oublier non plus le portrait de Momo : criant de vérité, vibrant d'un amour éperdu pour cette mère-grand-mère d'adoption, à laquelle il s'accroche.
Emile Ajar (Romain Gary) dresse un tableau d'un réalisme parfait, décrivant la misère de ces quartiers plus ou moins déshérités, et surtout le quotidien de ces personnages tout à fait réels, à aucun moment on ne pense à des personnages inventés. La grande force de l'auteur est de nous faire partager une intense émotion, tant il arrive à nous insuffler une empathie complète avec la vieille dame et le petit garçon.
« La vie devant soi » : le titre est explicite : elle est double, la vie : celle que Madame Rosa a devant elle est courte, à brève échéance, et aussi triste devant que derrière. Celle de Momo est un boulevard qui s'ouvre devant lui. de quoi sera-t-il fait ? Un point commun les relie, ces deux « vies devant soi » : l'amour.
« La vie devant soi » est une leçon de vie. de vie et d'amour.

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