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4,27

sur 12234 notes
Beaucoup d'émotions à partager dans ce livre...

Parce que Momo, il est attachant ce petit homme, que même s'il est né sans nom c'est pas très grave parce que c'est juste la faute à la loi des grands nombres s'il a pas de père. Et puis que sa maman elle doit sans doute se « défendre » quelque part, sur les trottoirs de Paris ou d'ailleurs mais qu'elle doit quand même avoir un ami « proxynète » qui doit être là pour l'aider et même qu'elle s'appelle Aïcha, sa maman, le plus beau prénom du monde.

Parce que Momo, il est né arabe mais que là où il vit, au 6e étage de son immeuble parisien avec Madame Rosa, la Juive qui a connu les « foyers » en Allemagne et en Pologne pendant la guerre et qui est là pour s'occuper de lui et des autres puisqu'on la paye parfois un peu pour ça, c'est un peu la maison du bonheur, même si le bonheur c'est pas tout les jours dimanche. Mais y'a quand même Moïse, qui est juif aussi comme son prénom l'indique et puis Banania, qui est Sénégalais ou peut-être ivoirien, on sait pas trop et puis aussi Monsieur Hamil, qui récite à Momo le Koran et Victor Hugo, même s'il mélange un peu toutes les paroles... mais même que c'est pas grave non plus parce que arabe, juif, noir ou français, on s'en fout un peu dans la maison du bonheur !

Et Madame Rosa, elle a beau être vieille, grosse et moche, c'est quand même sa deuxième maman à Momo et qu'il l'aime quand même beaucoup, Madame Rosa... Et qu'il la quittera jamais, même quand elle sera trop débloquée du cerveau que pour rêver encore à demain.

Finalement, c'est pas si mal de ne plus avoir de mémoire un jour et de vivre dans l'ignorance. C'est comme quand on est petit. Momo, lui, il a cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et parfois ça lui manque.... Et à dix ans, t'imagines pas l'expérience de vieux qu'on a déjà ! Même si on a encore La vie devant soi !

Émouvant, humain, triste et drôle à la fois... un roman de Romain Gary qui a mon âge, qui fait voyager, qui fait réfléchir, qui fait sourire... Un roman écrit avec une plume d'enfant, qui m'a fait souvent penser, toutes proportions gardées, aux « Petit Nicolas » de mon enfance, que nous lisait notre institutrice sur le banc d'école... Si l'émotion atteint ce point-là, les cinq étoiles se méritent amplement !
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Un ouvrage qui m'a fait penser a l'ecriture d'Eric-Emmanuel Schmitt,avec quelques annees d'avance
J'ai apprecie le style simple;une lecture luide mais ô combien amenant a la reflexion quant aux enfants issus de la prostitution,la contraception,l'avortement,le respect de la vie,le droit de mourir dans la dignite et dans le respect des volontes des etres mourrants,des etrangers immigres...bref beaucoup de quiestionnements existentiels
C'est un livre qui me reconforte
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Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ce livre ! le personnage de Momo et celui de Madame Rosa sont tout simplement touchants, inoubliables.La galerie de personnages secondaires est savoureuse elle aussi, la solidarité qui s'installe envers Madame Rosa est solaire. L'inventivité du langage est jubilatoire.

Quand on sait que ce roman a été écrit sous pseudo par un homme qui se voyait vieillir, qui craignait la mort et qui cherchait le moyen de se renouveler dans son art littéraire, on ne peut qu'être ébloui par l'histoire et le langage qu'il a mis en place, sans compter la supercherie littéraire qui participera à sa légende et le rendra évidemment inoubliable.

Je n'ai pu m'empêcher de trouver des points communs avec La promesse de l'aube, dans le lien privilégié entre Momo et Rosa, un gamin sans père ni mère et une vieille Juive qui « se défend » bec et ongles contre le destin, dans les allusions à Nice (la ville où a vécu le jeune Romain Gary avec sa mère), dans l'abondance, le flot de mots un peu foutraque de Momo.

C'est un roman où la magie et les démons de Romain Gary se déploient pour un moment de lecture inoubliable, je le répète. « Parce qu'on ne peut pas vivre sans quelqu'un à aimer ».
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Mohamed, dit Momo, est un garçon de 9 ans, né de parents musulmans et comme beaucoup d'autres pensionnaires de Madame Rosa, c'est un fils de pute au sens propre du terme. Pour éviter l'assistance publique, Madame Rosa, une ancienne déportée juive de 65 ans et 95kgs recueille ces jeunes enfants et les élève parmi d'autres marginaux.

A travers les yeux de ce Petit Prince de Belleville d'après la décolonisation, enfant malicieux et chapardeur, nous voyons évoluer ces marginaux, proxénètes, Arabes, émigrés africains polygames, travestis et prostituée retraitée dans un quartier de Belleville - pas le plus chic de la capitale. Avec humour et sur un ton décalé, Momo parle de son quotidien, de la vie de Madame Rosa, ses petites souffrances qui font l'objet de longues litanies et celles qui sont si profondes qu'elle n'a plus de mots pour les dire, et de la vie en général qui n'est pas toujours rose mais à qui ont peut quand même arracher quelques moments de bonheur et d'amour si on est assez chanceux.

Dans ce long fleuve pas si tranquille, Romain Gary aborde des sujets toujours d'actualité (l'immigration, le rapport des individus au passé, la parentalité, l'Etat, les communautés, les différences de classe, ...) mais aussi des sujets plus intemporels et profonds comme la vie, la mort, la maladie, l'euthanasie, la création artistique . Et il sait aussi nous réserver des retournements de situations comiques.

J'ai beaucoup aimé ce roman loin d'être conventionnel, drôle et tragique à la fois. C'est beau, émouvant, plein de vérités, très moderne pour son époque. Pas de grande destinée pour que la littérature en fasse des archétypes, mais des gens ordinaires pris dans leurs regrets et leur quotidien.
Je suis étonnée que cet ouvrage ne soit pas plus abordé en cours de français alors qu'il est bien plus abordable que certains classiques, plus travaillé stylistiquement et avec une profondeur psychologique sans commune mesure avec certains contemporains français qui ont apparemment leurs lettres de noblesse dans l'Éducation Nationale maintenant.
En bref, un roman qui se lit facilement et aussi une histoire et des personnages très touchants qui me donnent envie de découvrir davantage de romans de l'oeuvre de Romain Gary.
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Découvert en lecture audio
Quel génie ce Romain Gary ! Prendre Momo, un enfant confié à Madame Rosa, une ancienne prostituée, qui prend en pension, dans son modeste appartement, les enfants de prostituées,  pour un peu d'argent quand c'est possible mais aussi pour qu'ils ne soient pas confiés à l'Assistance Publique. L'auteur évoque l'enfance, une enfance pas ordinaire mais une enfance malgré tout mais également (et surtout) de l'amour qui lie ce garçon à une femme âgée, ayant connu les tourments des rafles juives pendant la deuxième guerre mondiale et qui, à sa manière, tente de créer autour d'elle une sorte de famille de coeur.

Momo, 10 ans (mais pas forcément) est le narrateur, c'est à travers lui et à sa hauteur d'enfant et avec ses mots à lui, que nous est retracée la vie de cette "famille" mais également la vie d'un immeuble, de ses occupants, d'un quartier, comme on pourrait les nommer : de petites gens, de la solidarité et l'entr'aide de ces exclus le plus souvent de la société, ayant peu mais donnant tout. Momo comprend mais avec ses mots à lui, à la hauteur de son âge, leur donnant une définition bien personnelle parfois, mais pour le lecteur révélateur du contexte et prenant encore plus de sens par sa voix.

Ainsi Momo apprend et va devoir grandir et faire face à Madame Rosa qui vieillit, Madame Rosa au grand coeur sous ses airs rudes, sous son visage et son coeur usés, Rosa fragilisée par une peur tenace de ce qu'elle a vécu pendant la guerre et Momo va devenir le "protecteur" bienveillant, attentionné de Rosa et va lui délivrer l'ultime preuve d'amour qu'elle attend de lui.  Roman d'apprentissage, apprentissage face à la vie, à la tolérance, à la déchéance et à la perte.

C'est à la fois un roman  plein de tendresse, d'humour, de poésie (d'une certaine manière), d'amour et utiliser un enfant, une sorte de gavroche débrouillard pour évoquer les thèmes des blessures qu'elles soient infligées par la guerre, par l'abandon, par l'âge et la déchéance sans en faire un récit pathétique, donnent à l'ensemble une force et une profondeur jamais affichées de prime abord mais plus suggérées par les mots, les situations et l'écriture inventive et créatrice de Romain Gary. Jamais triste mais émouvante, gouailleuse par l'énergie et la volonté de Momo.

Installer son récit au sein du monde des femmes de petite vertu, des étrangers permet à l'auteur de sublimer les sentiments, montrer que l'amour et la générosité n'est pas une question de classe sociale, d'argent ou de lien du sang, bien au contraire, il démontre et sublime les relations entretenues entre les personnages.

J'ai retrouvé sa façon presque pudique, comme dans La promesse de l'aube, en utilisant l'humour et la dérision, pour évoquer, l'amour même s'il n'a de maternel ici que le nom, disons l'attachement de cette femme vieillissante pour ce garçon, tout ce à quoi elle est prête pour l'avoir près d'elle mais également tout ce que Momo consent pour répondre à ses attentes et en version audio, la façon dont Bernadette Laffont prononce le prénom de l'enfant est lourd de sens.

Que d'amour, que d'émotions, que de sentiments provoquent ce roman, cela pourrait être noir, sombre et dramatique et la plume de Romain Gary en fait un récit lumineux, débordant d'humanité et de bienveillance. Momo est une sorte de philosophe de la vie, ne voyant que la beauté et rendant sa justice avec ce qu'il comprend, analyse, interprète et rend la vie belle même dans ce qu'elle a de plus cruelle.

Un récit pourtant réaliste sur la vieillesse, d'un réalisme restitué par une écriture très visuelle, on est plongé dans l'univers créé par Romain Gary et je dois avouer que l'écouter a été un vrai bonheur. J'ai retrouvé la voix de Bernadette Lafont dans le rôle de Madame Rosa, que je n'ai pu m'empêcher de rapprocher de Simone Signoret qui l'a incarnée au cinéma (je ne l'ai pas vu).
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Dire que j'ai aimé ce livre serait un euphémisme. La roublardise de l'auteur se cachant sous pseudonyme et recevant le Goncourt sous un faux nom avait déjà tout mon respect. Mais ce livre contient une telle sommité de belles choses qu'il serait difficile de les énumérer ici.

Ce "petit Momo" m'a touché en plein coeur avec son langage si particulier, imparfait mais si juste, insolent mais si tendre, irrévérencieux mais respectueux qui va être forcé par les événements à grandir (trop vite ?). Un panel d'origines, de religions, de statuts très différents et pourtant tous embarqué par ce petit bonhomme au caractère bien trempé. Une très belle histoire d'amour filial pas comme les autres, tendre, drôle, émouvante avec en toile de fond une société dans ses travers et ses joies malgré tout et une profonde réflexion sur la vieillesse. le langage de Momo permet de désamorcer le caractère dramatique des sujets abordés tout en douceur et en compassion, avec la passion et l'ardeur propre à l'adolescence.
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Le ton est volontairement léger et suit avec ironie et pseudo-détachement la vie d'un enfant de 10 ans qui a déjà vu et vécu plus qu'il n'en faut des misères dans la vie.
La peur est une constante, souvent évoquée, souvent présente dans le quotidien des personnages…

Madame Rosa, la rescapée juive qui élève l'orphelin musulman, est traumatisée par son passé et contrainte à vivre avec ses démons, sa maladie, ses difficultés …Momo lui, a peur de perdre Madame Rosa, tout ce qui lui reste…
La plume de Roman Gary allie d'une part sobriété et poésie, simplicité et leçons de tolérance.

D'autre part il y a énormément de théâtralité dans l'expression des sentiments, compensée par une grande sensibilité.

Jolie balade littéraire dans le bonheur des mots.


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Deux personnages inoubliables Momo le narrateur et Madame Rosa ancienne pute qui recueille les mômes de prostituées. Un clandé ou la vieille femme apprend les valeurs de la vie à des gosses en recherche de repère et d'affection.
Un roman qui brasse, avec une infinie tendresse et un humour épatant, des sujets difficiles : la prostitution, la Shoah, l'intégration des immigrés.
Tout est juste, sans fausse note, le langage imagé et naif de Momo est formidablement vivant, l'émotion nous envahit et l'on se surprend d'avoir le coeur serré entre deux sourires. Momo à qui on a volé l'enfance rejoint le Panthéon de nos personnages préférés. Romain Gary qui pour s'amuser avait réussi l'une des plus grande supercherie du monde de l'édition, réussit un roman ou l'espoir en l'être humain est peut-être encore possible. Magistral.
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❤️ 📜𝕸𝖔𝖓 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖎📜 ❤️

Au centre de l'affaire Ajar/Gary, ce roman sorti en 1975 sème la polémique.
Romain Gary se réjouit de ses deux prix Goncourt et de son pied de nez
au monde littéraire. Écrit sous le pseudonyme d'Émile Ajar,
La Vie devant soi est une réflexion sur la vieillesse et l'amour au grand sens du mot.

Une belle histoire d'amour naît entre Momo et Madame Rosa et c'est
un thème qui peut paraître banal: il s'agit d'une histoire d'amour.
"Encore!" diront les réticents, gavés par ces histoires fofolles, bonnes à émouvoir les petits esprits.
Mais alors quoi? Pourquoi prendrais-je la peine de vous dire de cette lecture qu'elle est belle ?
Parce que ,Momo à entre 10 et 14 ans ,et que Madame Rosa est une veille femme juive de 65 ans, ancienne prostituée, tenant un foyer où elle s'occupe des enfants
de la rue moyennant des mandats mensuels.(stop pour le résumé de l'histoire!!)
Parce que de l'infiniment simple jaillit l'infiniment noble.
Parce que c'est un ouragan de vie dans lequel nous sommes pris en ouvrant le livre.
Parce que Rosa aime Momo comme son fils et Momo aime madame Rosa comme sa mère
et chacun voulant préserver coute que coute la vie de l'un et de l'autre.
Je ne vais pas résumer l'histoire, ce serait se serait une gageure à l'égard de Romain Gary, tellement il y aurait à dire.

Il a réussi un véritable tour de force littéraire en créant
ce langage narratif de Momo ,fantaisiste, naïf, candide, goûteux, savoureux, …,
rempli de raccourcis et termes fulgurants, d'images lumineuses qu'il met dans la bouche de ce gamin avec beaucoup de finesse car ce langage n'est pas seulement destiné à nous émouvoir et nous amuser , il est surtout une épée tranchante pour asséner des vérités, parfois cruelles, que personne n'ose dire.

Ce texte est un rappel à la société pour qu'elle ne retombe pas dans les discriminations qui ont causé de si énormes horreurs quelques années seulement auparavant. '(déportation du val d'hiv par exemple et autres...)
C'est çà la littérature : se servir de tous les outils que nous donne notre si riche langue pour dire des choses, simplement, même si elles sont horribles de conséquence.
Car, oui! il y a dans ce livre , souvent, un langage assez cru, mais je pense que Momo ,réfléchit ,agit et parle avec une rage folle en lui même ;contre cette vie il a peur de ne pas être assez fort pour protéger Madame Rosa , sa seule bouée de sauvetage.
C'est mon avis ,Romain Gary nous donne là: une belle leçon de vie , mêlant, humour et franc parler naïf d'un enfant et des personnages qui gravitent autour de lui.
La beauté de l'écriture d'un poète, allié avec la sagesse d'un prophète ( osons le dire ! oui! Prophète)
fait ,le talent d'un très grand écrivain Romain Gary/ mort hélas encore jeune ,66ans !
Il nous a laissé une kyrielle de romans ,essais , poésies magnifiques que je vous engage à lire .
Voila allez rire et pleurer avec Momo et madame Rosa§
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C'est la première fois que je rédige une « critique » d'un livre de Romain Gary, qui plus est au sujet d'un de ses romans les plus connus !

La Vie devant soi est un récit mémorable, une description de l'enfance à travers le personnage (ô combien attachant) de Momo, mais avant tout une magnifique histoire d'amour entre Momo et sa « maman » par procuration, Madame Rosa, qui l'a recueilli à l'âge de 3 ans, l'a nourri, logé, éduqué, puis l'a vu grandir et occuper une place de plus en plus importante dans sa vie et son coeur.

Momo est un narrateur intelligent, mature pour son âge, curieux, fragile aussi. Car il ignore l'identité de ses parents ; car il prend conscience de la dégradation de l'état de santé de Madame Rosa ; car il sait qu'il ne pourra pas rester éternellement aux côtés de cette dernière ; car il connait toutes les inégalités du système ; car avant toute chose, c'est encore un enfant qui a tant à apprendre mais en sait déjà beaucoup (« croyez-en ma vieille expérience » !).

Enfin, la plume de Romain Gary sied parfaitement à cet enfant philosophe et nous décrit ses sentiments avec humour, honnêteté et justesse, tout en abordant des sujets toujours d'actualité.

Une oeuvre à part dans la littérature française, qui a largement mérité son Prix Goncourt !

A lire !

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