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4,27

sur 12234 notes
Chaud devant! poussez les murs , faîtes de la place ! La vie devant soi de Romain Gary/ Émile Ajar vient d'entrer dans mon petit monde étiqueté livres inoubliables! Maintenant "pondre "une énième critique sur ce magnifique roman je n'en vois pas vraiment l'utilité . Tout ici a été dit ou presque. L'histoire d'amour mère adoptive-Madame Rosa/ fils adoptif Mohamed dit Momo, elle juive, ancienne déportée, pute au grand coeur reconvertie en nourrice pour tous ces enfants de femmes qui se défendent et non pas le droit à la maternité, lui le gamin musulman qui accompagne, soigne veille sur Madame Rosa la prunelle de ses yeux. Cet immeuble véritable microcosme où d'un étage à l'autre on s'entraide... et cette route qui mène lentement mais surement vers le bout du chemin et l"avortement" qui est interdit pour les vieux mais recommandé pour les chiens. Gary ose aborder des sujets à l'époque tabou,je dis à l'époque mais ...: la prostitution, la transsexualité, l'euthanasie , entre rires et larme sil nous livre un roman magnifique ! .
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Passage à la vie adulte de Momo, enfant qui se retrouve périmé d'un coup.
Sûrement trop à l'étroit dans sa peau de gosse qu'il n'est plus.
Il lui faudrait une mue au petit Momo.


Entouré de personnages farfelus ; s'ils sont réalistes c'est dans leurs sentiments.

Madame Rosa, ses kilos en trop et ses peurs, ses maladies et sa tendresse.

Monsieur Hamil, avec sagesse et lucidité même dans sa déchéance.
Et avec une ironie mordante qui allège la gravité du propos.

« - Je suis beaucoup trop vieux pour me marier, disait Monsieur Hamil, comme s'il n'était pas trop vieux pour tout. »


Le docteur Katz, impitoyable retour à la réalité, quant à l'origine de Momo, certifiée, quant à la destination de Madame Rosa, avariée.

D'autres personnages fantasques viennent agrémenter le décor, tels madame Lola, ex-champion de boxe sénégalais du bois de Boulogne plutôt maternel(le), monsieur Waloumba et ses « frères » qui, sous prétexte de chasser les démons, arrivent au moins à éloigner le cafard.


Momo va y perdre insidieusement son vocabulaire inadapté, mais surtout ses illusions de mioche, qui ne se rendait pas toujours compte comme la vie peut être plus grossière que les mots.

« Si vous voulez mon avis, si les mecs à main armée sont comme ça, c'est parce qu'on les avait pas repérés quand ils étaient mômes et ils sont restés ni vus ni connus. Il y a trop de mômes pour s'en apercevoir, il y en a même qui sont obligés de crever de faim pour se faire apercevoir, ou alors, ils font des bandes pour être vus. »


Nous passons tout le livre avec Momo, narrateur, alors qu'une des réflexions les plus présentes concerne la vieillesse et même la fin de vie.

« Elle se réveillait en hurlant parce que chez moi c'était un rêve mais chez elle ça devenait un cauchemar et elle disait toujours que les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant. »


Cela crée un décalage peu crédible entre l'état d'esprit qui devrait être celui de Momo, même pas encore jeune, et des préoccupations de vieux qui vont accompagner ses journées.
Ou bien, vous êtes irrémédiablement sous le charme de Romain Gary, de sa sensibilité, et vous y voyez une empathie envahissante à l'égard de ses semblables.
Empathie qui vous rentre jusque dans les tripes lacrymales.

« Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux. »




Ce livre est celui pour lequel Romain Gary a reçu son deuxième prix Goncourt, en 1975, sous le pseudonyme d'Emile Ajar.

« Je n'avais encore jamais vu quelqu'un qui pouvait parler ainsi de lui-même comme si c'était possible. » (il s'agit toujours d'une citation de la vie devant soi).


A l'annonce du prix, Romain Gary s'est laissé avoir à l'accepter, l'obligeant ainsi à trouver un « visage » à son personnage, sous les traits de son neveu Paul Pavlowitch.

Ce qui lui a bien compliqué la vie. Il n'a jamais accepté ensuite, de son vivant, de révéler la supercherie, pour garder son honneur face aux compagnons de la libération, devant lesquels il ne pouvait assumer le mensonge commis.

Mais une deuxième vie aurait été de trop pour Gary qui décida d'écourter la sienne à soixante-six ans, à bout de souffle



« Il cherchait à me faire peur, ce salaud-là, ou quoi ? J'ai toujours remarqué que les vieux disent « tu es jeune, tu as toute la vie devant toi », avec un bon sourire, comme si cela leur faisait plaisir. »





Ça donne soif, tout ça :
« […]
Elle aurait pu l'écouter des nuits entières
En oublier de laver ses verres
Abandonner le bar à ses clients
Et avec lui s'enfuir éperdument
Mais quand c'est à elle qu'il a parlé
C'était pour dire « ma p'tite dame, combien qu'ça fait ? »
Alors elle a dit c'est pour la maison
Et dans l'bistrot ça a fait sensation
Alors il est parti comme il était venu
Arraché par la rue
Et depuis, elle ne pense qu'à lui
Sous le regard des autres
Et depuis elle ne pense qu'à lui
Et dans son coeur le manque se vautre
Et chaque jour elle entend tout bas
Ce petit refrain qui cogne à sa porte

J'ai soif de la vie qu'on m'en apporte
Et que dans un grand tourbillon elle me transporte
[…] »

Extrait de « Soif de la vie » de l'album « Dehors », Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤34De Boulogne 30¤££¤4


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La vie devant soi racontée par Momo, fils de pute, petit bonhomme musulman qui croit avoir dix ans, et habitant chez une ancienne prostituée juive, au gros cul mais au grand coeur, est une bouffée d'air frais, un bol d'oxygène. Une belle leçon de tolérance avec des questions existentielles, la quête du père, le droit de mourir dignement, ce livre est un petit chef d'oeuvre. Donner la parole à un enfant débrouillard vivant des moments tragiques avec déjà un humour féroce mais tendre est une idée de génie de la part de l'auteur. Une façon de remettre les idées en place…


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Quand le challenge multi-défis 2022 me propose « un livre que vous avez toujours voulu relire sans l'avoir jamais fait », j'ai hésité entre deux titres le monde selon Garp de John Irving ou La vie devant soi d'Emile Ajar, alias Romain Gary. C'est finalement sur ce Goncourt 1975 que j'ai jeté mon dévolu, plus de trente ans après ma première lecture.
Momo, « fils de pute » au sens littéral du terme est élevé par Madame Rosa, ancienne prostituée dans le quartier de Belleville à Paris dans les années 1970. Elle élève de nombreux enfants de prostituées, même si certaines ne paient plus la pension depuis de nombreuses années.
C'est l'histoire de l'attachement et d'un immense amour d'un petit Mohammed de 10 ans pour sa nourrice juive qui vit au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur peuplé de travailleurs immigrés venus pour balayer la France, il va la voir vieillir et approcher les cent kilos au point de ne plus pouvoir se déplacer sans aide. Alors avec l'appui de Monsieur Hamil, du docteur Katz, des frères Zaoum les déménageurs, de Madame Lola, ancien champion de boxe transsexuel et de Monsieur Waloumba, il va mettre en place, à sa manière un réseau de solidarité pour lui éviter l'hôpital.
Romain Gary a su, par son talent, écrire comme l'aurait fait cet enfant, il fait passer son lecteur par toutes les émotions, du rire aux larmes, une prouesse littéraire, un chef d'oeuvre sans aucune hésitation tellement c'est une belle et triste histoire racontée avec brio. Plus j'avance dans la lecture, plus je classe Romain Gary dans le top 5 des plus grands écrivains.
« Madame Rosa et moi, on peut pas sans l'autre. C'est tout ce qu'on a au monde ».
Trente ans après ma première lecture, la même émotion, intacte. Irving peut attendre !


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Momo , ce petit garçon arabe vit chez Madame Rosa , ancienne prostituée reconvertie en nounou pour « enfants de putes » L'état de santé de Madame Rosa va se dégrader et Momo va l'accompagner jusqu'au bout en respectant ses choix.
Beau livre, une belle histoire bouleversante, remplit d'amour. L'auteur a bien su dépeindre cet amour fusionnel. Comment rester insensible à cette lecture ?!
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Tout au long de cette relecture, j'ai repensé à ce que je connaissais de Romain Gary: son enfance et la manière dont il l'évoque dans Promesse de l'aube, son couple avec Jean Seberg, son suicide 5 ans après l'écriture de ce roman... j'en viens à la conclusion que Romain Gary fait partie de ces êtres multiples, changeants, capables de s'identifier au pluriel - ce que ses nombreux pseudos confirment.
Car, entre la Promesse de l'aube et La Vie devant soi, il y a quand même une sacrée différence stylistique, même si, c'est vrai, on y retrouve cet amour inconditionnel d'un jeune garçon pour une femme - une mère - seule et farouchement protectrice.
Comme lors de ma première lecture, c'est vrai que j'ai parfois trouvé éprouvant cette oralité de la langue et les multitudes de double sens qui en découlent, mais je ne peux qu'admirer ce travail d'orfèvre qui fait que d'erreurs syntaxiques, lexicales, découlent d'autres vérités subtilement subversives.
Mais, surtout, Momo est un garçon terriblement, terriblement attachant qui fout le cafard comme ce n'est pas possible... sans parler de madame Rosa, traumatisée à vie de la déportation dont elle est revenue à jamais changée.
Ce livre est d'une humanité incroyable, et il faut le lire et le faire lire à nos jeunes.

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Il est rare qu'un livre basé à ce point sur l'émotion me plaise. Peut-être m'a-t-il plu parce qu'il n'est pas feel good pour autant, émotions et sentiments sont complexe et nuancés. Momo fait sourire, il attendrit, mais sa situation attriste, du début à la fin du roman. Au début l'auteur lui donne la voix d'un enfant qui maîtrise mal le français et, au fur et à mesure, il la fait évoluer avec lui, gagnant en maturité. Ce roman est un concentré d'émotion, il aborde un sujet grave sur un mode léger, avec toujours un petit sourire et de la bonne humeur. Avoir toute la vie devant soi cela fait aussi peur à Momo que d'avoir toute sa vie derrière elle fait peur à Madame Rosa. Entre ces deux-là tient toute l'histoire, celle d'un improbable amour fusionnel entre une ancienne prostituée juive reconvertie en nourrice et un petit arabe fils d'une putain. «La vie devant soi» est un condensé d'émotions et de bons sentiments, une magnifique leçon de vie. Tous les deux sont entourés de personnages hauts en couleur, les couleurs d'un quartier populaire de Paris, dont le mélange des langages a du influencer la langue de Momo. Un texte surprenant, atypique, qui touche droit au coeur.
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Romain Gary ou Émile Ajar.
Moi c'est Émile Ajar.
"La vie devant soi" a eu le prix Goncourt en 1975.
Momo, un "fils de pute" est élevé par Mme Rose, une juive des quartiers de Belleville, qui a eu la chance de revenir d'Auschwitz.
Il rencontre Mme Rosa à l'age de 3 ans et sera a ses cotés jusqu'au jour ou elle fermera les yeux.
Durant tout ce temps, Momo a été à l'école de la vie en observant son entourage avec ses yeux d'enfant ....
Il vivait chez Mme Rosa avec d'autres gamins arabes, noirs, juifs, paumés comme lui.
Profitez pleinement de ce livre qui mérite les heures que nous allons passer à le lire.
Bonne lecture à vous.
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Momo a dix ans (ou plus..). Il vit à Belleville avec Madame Rosa et d' « autres fils de putes » que celle-ci élève au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur. Elle-même, ex-prostituée juive, s'est reconvertie afin que les enfants ne soient pas embarqués par l'Assistance publique. Il faut dire qu'elle a peur de tout Madame Rosa : les services sociaux, la police. C'est que la police française l'a collée au Veld'hiv, livrée aux Allemands, puis embarquée vers Auschwitz…
Ils vivent chichement des loyers que paient parfois les mères des enfants. Et Madame Rosa avec ses mauvaises jambes, les escaliers… Et puis sa tension, son asthme, son coeur… et pour finir même sa tête qui bat la campagne.
Grâce à la solidarité des habitants de l'immeuble, du quartier, Momo s'occupe de Madame Rosa. Les hommes de la tribu des éboueurs chantent et dansent pour exorciser la vieille femme quand elle a des absences, les frères Zaoum portent le docteur Katz dans les escaliers lors de ses visites, et surtout Madame Lola ex-boxeur travestie du bois de Boulogne apporte de la nourriture, donne de l'argent…
C'est toute la communauté de ce quartier de Belleville où vivent Juifs, Arabes, Noirs, Viets que Romain Gary, par la voix et le regard de Momo nous fait découvrir.
J'ai enfin réparé une lacune dans mes lectures avec ces moments passés en compagnie de Momo, de son regard mature sur la vie. J'ai été touchée par ce gamin en quête d'amour qui tiendra coûte que coûte la promesse faite à sa mère adoptive.
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C'est sur ma terrasse et au soleil que je termine la lecture de ce superbe roman de Romain Gary.
Voilà un récit qui fait mouche en allant titiller le coeur juste là où il vibre le plus.
Cette histoire poignante qui voit sa trame se dérouler dans un milieu hétéroclyte et misérable est cependant narrée dans un style à la fois léger et naïf.
Un langage familier, brut de décoffrage, qui n'occulte cependant pas la violence de la situation vécue quotidiennement par ce petit monde paumé.

Momo adore les clowns, il y en a même qui lui tiennent compagnie dans sa tête dans les moments difficiles... et c'est bien un peu de cette souffrance au masque de clown qui envahit ce petit arabe de dix ans lorsqu'il pense à l'état "d'habitude" qui ne quitte plus madame Rosa, la mettant dans un "délabrement" tel qu'il faudrait "l'avorter".

Dans ce milieu hors normes, où l'on côtoie tous les jours drogue, prostitution, racisme et où les enfants font preuve de lucidité et de débrouillardise, l'entraide est naturelle et l'amour se vit sans se nommer.

C'est cet amour, cet attachement viscéral à madame Rosa, qui détermine Momo à aller jusqu'au bout du bout, m'arrachant par la même occasion des larmes d'une émotion attendrie.

Merci à toi qui m'as prêté ce livre et m'a permis de vivre intensément cette belle histoire !
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