« Ferme tes livres. . . Rien de ce que tu m'as lu
N'a l'immense douceur des strophes murmurées
Par le jour qui descend dans les pins. . . Il a plu,
Dans les derniers rayons les plaines empourprées
S'endorment, l'horizon sans soleil resplendit.
l'air est plein de l'odeur des terres labourées,
Tout un soir lumineux sur les champs s'agrandit.
Je le sais, je le sais, derrière ce silence,
Pareil à nous, un monde, un ciel nouveau commence.
Ah ! qu'avec toi ce monde écoute mes aveux. .
De tout un peuple heureux mon fils sera l'ancêtre.
Tes fils laboureront ces champs selon tes vœux.
Ah ! prends-moi dans tes bras. Pleure avec moi. Je veux
Que tu sentes mes flancs qui vont trembler peut-être.
J'ai créé. . . Nous vivrons, tous deux, dans le même être.
Il aura ta raison, ta force, ta beauté.
Il sera le sauveur que tes vers ont chanté.
Pour la première fois, au fond de mes entrailles,
Il vient de remuer, il nous a répondu,
Je comprends le mystère auguste des semailles.
Je porte dans mes flancs de mère l'être élu. »
L'ENFANT
Et durae quercus sudabunt roscida mella.
Dans les batailles lyriques
Que le monde livre à Dieu
Les poètes magnifiques
Secouent des torches de feu.
Ils voient, dans leurs larges voiles,
Que gonfle le vent des mers,
Descendre avec les étoiles
L'Avenir, père des vers.
A leur voix, les cœurs se lient
Selon leur rythme immortel.
Et les cités multiplient
Se levant à leur appel.
Orphée agitait les pierres,
Pindare dictait des lois,
Saint-Jean cria des prières
Qui firent suer les rois.
femme, mon peuple ignore
Le son de mon âme encor,
Il ne sait pas que j'adore
Dans ta chair la race d'or.
La sainte aristocratie,
Peuple, roule sous tes Ilots.
Et le cœur de la patrie
Est déchiré de sanglots.
Mais avec le blé qui pousse,
Pour nourrir la nation,
Germe aussi, robuste et douce,
Une génération.
A la recherche de Paul
CézannePortrait du
peintrePaul CEZANNE.
Jean-Marie DROT revient sur les lieux que le
peintre a fréquentés à Aix-en-Provence et s'entretient avec des personnes qui l'ont cotoyé. Témoignages de Mme
Joachim GASQUET, qui a connu CEZANNE en 1896, de M. GIRARD (?), un voisin , qui l'a connu en 1901 et de M. ROUBAIX (maire du Tholonet).