Je commence à peine ‘'
Ouragan'' de
Laurent GAUDE, et dès les premières pages, je suis happée par ce livre. Je suis vraiment avec les personnages et je vis l'arrivée ce terrible
ouragan. Comme dans les autres livres que j'ai lus de
Laurent Gaudé, son écriture me séduit, toujours autant, et je n'ai qu'une envie, continuer à le lire. Je me régale de sa façon d'écrire qui fait que l'on n'a pas envie de quitter ce livre et cet auteur. Son écriture est envoûtante de bonheur.
Laurent Gaudé nous narre avec précision la peur des gens à l'arrivée de ce terrible
ouragan. La peur de Keanu, de Rose, du Révérend, alors qu'ils ont leur propre histoire, leur propre vie. Seule, Joséphine, la vieille négresse sait ce qu'il va se passer. Elle affronte une nouvelle fois ce qu'elle a déjà connu.
Il nous transmet avec génie cette peur, tout en nous immisçant dans la vie de chaque personnage.
Keanu Burns a quitté Rose, il y a six ans, pour aller travailler sur les plates-formes pétrolières. Il avait cru à une nouvelle vie, mais les plates-formes l'ont rendu fou. Il décide, alors, de retrouver Rose.
le révérend visite tous les mardis les prisonniers de la prison, mais ce jour-là, les prisonniers réagissent comme des chiens. Il prend peur et fui. Il regrette, un homme de Dieu ne doit pas fuir devant n'importe quelle situation.
Après le départ précipité de Keanu, Rose vit sans savoir ce qu'elle fait. Elle a eu un enfant et doit dire au tribunal que cet enfant est le fils de Mike. Mais, ce jour-là, sans savoir pourquoi, elle nie. Elle ne sait plus d'où vient cet enfant. Elle l'élève sans vraiment l'aimer, car c'est l'enfant de personne.
Tous ces personnages semblent basculer dans un autre monde en une journée. Ils en sont conscients, mais ne savent pourquoi ils réagissent ainsi. Une seule personne semble savoir, c'est le vieille négresse de plus de 100 ans. Elle est la sagesse même. Elle a enterré toute sa famille, son mari, ses enfants. Elle a tout vécu, et pressent beaucoup de choses, comme l'arrivée imminente d'un terrible
ouragan. Elle sait qu'il prendra tout sur son passage, hommes, maisons, la ville entière. Il ne restera plus rien. C'est la nature qui se révolte contre les hommes.
le déluge arrive et Joséphine l'observe. A peine la télévision annonce l'arrivée de cet
ouragan, qu'il est déjà là. le vent souffle et entre partout. La pluie se mêle au vent. Les gens fuient, se réfugient dans des hangars, des caves ou courent dans les rues. L'eau monte à grande vitesse dans les rues,, tel un torrent, s'engouffrant dans les maisons, transportant tout sur son passage. Les digues ont cédé par la pression de l'eau. Les arbres sont arrachés par le vent et transportés par des rivières d'eau sur les routes. Impossible à un homme d'affronter à pied ce vent tellement il est fort. Impossible de marcher dans ces rivières d'eau, et impossible de rouler en voiture sur une autoroute où l'eau force les véhicules à s'immobiliser. L'eau est, désormais, à mi-jambes. Les secours récupèrent les derniers habitants dans les maisons. L'église accueille une partie du village, mais l'immense porte et les murs tremblent sous la pression du vent et de l'eau. le révérend perçoit dehors comme des
cris de personnes désespérées. Il doit aller voir. C'est son rôle, son devoir.
L'eau est aussi montée très vite dans la prison, faisant sauter l'électricité et ouvrant les portes des cellules. Les prisonniers sont, désormais, libres, mais sont pris dans la tourmente du déluge. La liberté les rend fou. Ils dévalisent des bijouteries et se pavanent comme des rois. En visitant des immeubles vides, ils sont tombés sur une armurerie. Ils sont armés. Mais le déluge a fait sortir les animaux de la forêts, cerfs, flamants roses qui sont poursuivis par les dizaines d'alligators. Ceux-ci déchiquettent tout sur leur passage, animaux et hommes. L'eau devient rouge de sang.
Joséphine ne veut pas partir avec les secours. Elle veut rester avec les siens qui sont morts ici. Keanu arrive tant bien que mal, à pied à la maison de Rose, inondée comme les autres. Chacun est surpris de se retrouver. Malgré la terrible situation, leur amour refait surface, quand soudain, ils s'aperçoivent que l'enfant de Rose a disparu. Pendant ce temps, des maisons, des usines chimiques et de déchets s'effondrent sous la pression de l'eau. L'eau transporte les immondices des latrines. L'odeur est suffocante.
Les secours évacuent les gens sur les hauteurs de la ville, sur un stade. Tous doivent partirent en hélicoptères qui font sans cesse des allées et venues. Joséphine veut rester. Rose ne partira pas avant d'avoir retrouver son fils, même si elle a retrouvé l'homme qu'elle aimait. « C'est la nature qui se déchaîne contre l'homme » , pense Joséphine. Elle connaît très bien la colère de cette nature.
le révérend sort de son église pour sauver cette âme qui semble appeler. Il ne reconnaît plus rien dehors. Il rencontre un homme qui paraît fou. Lui-même ne sait plus ce qu'il fait. La folie le prend comme tous ceux qui sont dehors face à cette nature qui se révolte. Seul un enfant d'à peine six ans semble s'amuser avec cette nature en folie.
Encore une vraie pépite de
Laurent Gaudé.